« - Allo Ray ?
- Oui j'écoute.
- On a un homicide au 1547
Castilla Drive… Une bagarre qui a mal tourné.
- OK, j'y vais. Je ne suis pas loin »
…
Dans une petite ville américaine de banlieue.
Sally Sallinger tente difficilement de joindre les deux bouts. Son mari l'a quitté, la laissant seule avec deux adolescents à élever et un prêt immobilier à régler. Sally n'a toujours pas retiré la plaque de détective privé de Robert ni fait le tri dans le petit local que Rob louait pour ses affaires.
« Je suis plutôt spécialisée dans les adultères ou les arnaques à l'assurance… pas d'armes à feu ».
C'est pourquoi, quand Osvaldo Brown se présente à elle et lui demande d'enquêter sur la tentative d'assassinat dont il a été victime, elle commence par refuser. Mais l'hiver est très froid cette année-là, les clients se font rares et elle n'a aucune épargne qui lui permette de fêter Noël comme il se doit. Et Noël, c'est dans moins d'une semaine. L'histoire d'Osvaldo l'intrigue. Malgré elle, elle veut en percer les mystères et afin d'avoir plus d'éléments qui lui permettraient de refuser définitivement le contrat de son client, Sally contacte Ray, un homme multiple. Outre le fait que Ray en pince méchamment pour Sally, il est aussi le meilleur ami de son ex et un flic de la Criminelle…
-
Son troisième album,
Las Rosas, avait été nominé à Angoulême en 2010. Ce « western tortilla à l'eau de rose » pour reprendre les termes de l'éditeur, offrait au lecteur l'occasion de se plonger dans un thriller prenant. Avec
Castilla Drive,
Anthony Pastor revient une nouvelle fois sur un registre narrative qu'il affectionne : le polar.
On plonge très facilement dans cet univers et dans le quotidien de l'héroïne. L'auteur nous permet rapidement d'accéder à une vision assez précise de sa vie et de son état d'esprit, sans trop en faire. de quoi avoir des bases solides avant de se frotter à l'intrigue qui démarre dès qu'Osvaldo raconte l'événement qui a fait basculer sa vie. J'ai ressenti de l'empathie pour cet homme qui nage entre deux eaux, ne sachant pas le situer clairement : pervers ou pathétique ? Victime ou dangereux déséquilibré ? Enfin, et malgré tous ses défauts, Ray, le flic de la Crim' ; on investit également ce personnage antipathique qui vient fausser le jeu. C'est par lui que Sally accède à de nouveaux éléments pour mener son enquête et c'est finalement vers lui que convergent beaucoup de choses… mais n'est-ce pas Sally qui tire les ficelles et le manipule ??
J'ai apprécié les interactions entre chaque protagoniste et les rebondissements car au final,
Anthony Pastor tire son épingle du jeu en utilisant moins d'une dizaine d'individus. Je me suis laissée prendre au jeu des fausses pistes, influencée en cela par les variations de teintes qui nous accompagnent tout au long de la lecture. Un rose-rouge vient régulièrement exciter nos nerfs mais la plupart du temps, on navigue dans des teintes douces jaunes, verdâtres et bleu-violacées nous traînant entre langueur et mélancolie. de plus, les gros plans et angles de vue très cinématographiques nous empêchent régulièrement d'avoir une vue d'ensemble de la scène, nous forçant à supposer les éventuelles intentions malveillantes de la gente masculine. Sally est-elle en danger ? Osvaldo est-il un mort en sursis ?
(...)
Lien :
http://chezmo.wordpress.com/..