AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,69

sur 517 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
L'auteur est née « par accident » à Hanoï, de mère vietnamienne et de père français. Sa vie s'écoule avec insouciance, au sein de la bruyante et chaleureuse tribu familiale où, entre grand-mère, tantes et nourrice, elle compte « plusieurs mamans ». La soudaine décision de ses parents de partir s'installer en France fait exploser l'univers de la fillette. A onze ans, Line se retrouve brutalement transplantée dans un environnement inconnu et froid, loin de ses attaches. C'est un déracinement culturel, mais surtout une déchirure affective qui va la dévaster : Line sombre peu à peu dans un insondable trou noir, irrésistiblement aspirée vers un néant mortifère. L'anorexie la détruit.


Le récit s'ouvre sur le retour de Line à Hanoï. Elle a maintenant vingt-trois ans et est déjà revenue une fois après le début de sa guérison, à la recherche de ce qu'elle a quitté bien des années plus tôt. Hélas, la vie ne l'a pas attendue, et Line s'aperçoit bien vite qu'elle est désormais autant française que vietnamienne. Alors elle raconte : la vie de sa grand-mère, de sa mère et de ses tantes pendant les guerres qui ont ravagé son pays d'origine, sa propre enfance dans un bonheur coloré et turbulent, tout ce qui a constitué « ses os », même si cela a disparu aujourd'hui et si elle doit apprendre à en faire son deuil.


Les deux parties du livre sont aussi fascinantes l'une que l'autre : le récit du passé familial et de l'enfance vietnamienne de Line plonge le lecteur dans un tourbillon de vie et de couleurs dépaysantes ; l'anorexie racontée de l'intérieur ouvre des abîmes terrifiants de noirceur et d'impuissance. L'on ne peut que rester sans voix devant tant de souffrance et tant de force, dans cette guerre toute intérieure qui menace la vie de l'adolescente.


Les livres ont été le seul point d'accroche de Line pendant son désespoir. Et l'on comprend toute l'importance de la rédaction de son histoire pour la reconstruction de l'auteur. L'écriture possède un style très personnel : elle alterne constamment entre le "je", le "tu" et le "elle", dans une courageuse tentative d'exploration de soi, de cette fille fragile et forte qui avait perdu le contrôle et qui cherche à tâtons à se réconcilier avec elle-même.


Tout le livre n'est-il pas finalement que le rassemblement des pièces éparses du puzzle qu'était devenue l'auteur ?
Quoi qu'il en soit, jamais ce récit ne pointe du doigt ni n'accuse, jamais le moindre ressentiment n'affleure : Line ne règle ses comptes qu'avec elle-même, sans une once d'auto-apitoiement et sans une plainte.


Voici au final un roman fort et courageux, celui d'une résurrection personnelle effectuée avec une dignité qui force le respect. Il se dévore dans un souffle de sidération, celle que l'on ressent, impuissant, devant la souffrance la plus brute. Coup de coeur.

Lien : https://leslecturesdecanneti..
Commenter  J’apprécie          13219
Parler d'anorexie n'est pas facile...
Pourtant, Line Papin a réussi cet exploit.
Souffrir d'anorexie, c'est comme se trouver à la jonction de problèmes inextricables... et l'on se perd. Mais, heureusement, on peut aussi se retrouver. C'est ce que montre Line Papin dans son ouvrage.
C'est fort...
Les larmes coulent facilement à vrai dire.
Lisez le.
Absolument.
Commenter  J’apprécie          292
Un merveilleux moment de lecture pour le roman " LES OS DES FILLES", titre qui prend tout son sens au fil de la lecture.

Un véritable coup de cœur pour l'écriture de Line PAPIN mon premier de l'auteure un roman court et captivant divisé en 3 parties bien identifiables.
je l'ai lu en 3 jours c'est rare que j'accorde dés le premier roman 5 étoiles alors je dis oui je vous le conseille.

La première partie se déroule dans un village proche de Hanoï où elle voit le jour:
elle nous raconte le Vietnam celui de sa grand-mère, de sa mère de ses proches le Vietnam de la guerre qui affame et fait saillir les os des corps on revit la guerre d'Indochine contre les Français la guerre du Vietnam contre les américains ... un quotidien de guerre fait de labeur, de privations, de chaleur, de travail dans les rizières mais aussi un quotidien de liberté, d'insouciance, de partage, d'amitié et d'amour.

c'est aussi un livre de courage un livre de femme pour les femmes: elle rend un bel hommage aux femmes de sa famille, sa grand-mère vietnamienne lettrée et enseignante, sa mère mariée à un français, ses tantes ambitieuses et sa nounou.

2ème partie est plus axée sur le déménagement brutal à 10 ans en France le pays de son père, le déracinement et le dépaysement qui suivent sont alors dévastateur. Elle se retrouve brutalement dans un nouveau pays froid loin de tout ce qui faisait sa vie.

Line Papin n'emploie à aucun moment le mot exil mais il s'agit bien de souffrance et de douleur de quitter son Vietnam pour un autre pays.

La renonciation s'empara de cette jeune fille de 15 ans. Elle plongera dans l'anorexie qui la glissera presque vers la mort.

J'ai particulièrement aimé l'écriture émouvante sur l'anorexie cette maladie ce combat on n'en parle si peu si mal.
Line Papin s'exprime avec justesse.

et enfin 3 ème partie la renaissance la guérison qui marque la victoire de la vie cette vie difficilement changeable qui mérite pourtant d'être vécue comme un cadeau une délivrance près de ceux qu'elle aime et qui l'aiment et le retour au Vietnam, qui n'est plus du tout le vietnam de ses souvenirs, mais qui garde le parfum de l'essentiel.

Merci encore pour ce roman Line PAPIN
j'ai envie de découvrir les 2 autres et je vous conseille la lecture de celui-ci!
Commenter  J’apprécie          240
La narratrice raconte l'histoire des femmes de sa famille sur trois générations. Les os de la naissance, les os squelettiques à force d'avoir faim, les os des morts, les eaux qui donnent la vie et qui permettent la vie.

Une histoire captivante qui se déroule pour une partie à Hanoï au Vietnam, une deuxième partie en France et pour terminer, entre les deux. On part de la vie de la grand-mère, Ba, de ses trois filles, les trois H et de sa petite-fille qui a vécu une relation fusionnelle avec Ba, ainsi qu'avec sa nounou.

Un témoignage très fort d'une fille qui vivra très mal le départ de Hanoï, vers l'âge de 10 ans, pour la France. Oh, ni cris, ni pleurs, ni violence, simplement une âme qui s'étiole, qui tout doucement s'éteint. Vraiment ? N'y a t-il pas une petite lumière au bout du tunnel ? Mais qui l'allume cette lumière, qu'est-ce qui redonne le goût de vivre ? Combien passe à travers, ne la voit pas alors qu'elle est là ? Témoignage poignant sur la douleur intérieure de bien des jeunes.

« elle ne crache pas dans la soupe » comme le dit une critique sur Babelio. Au contraire, elle dit aujourd'hui que c'est une chance. Simplement, elle a vécu son enfance dans un cocon dont elle a été arraché du jour au lendemain, sans explication, sans préparation, perdant tous ses repères , ses amis et l'amour de sa grand-mère et de sa nounou. Je défis quiconque aujourd'hui de savoir comment réagir devant une rupture aussi brutale et devant l'anorexie. Même les médecins s'y fracassent.

Magnifique écriture de Line PAPIN, un roman autobiographique de sa famille et de son enfance jusqu'à son devenir de femme.
Commenter  J’apprécie          220
Je tourne la dernière page et suis encore sous le coup de l'émotion de cette lecture. Comment l'autrice, si jeune, parvient-elle à écrire dans ce récit la vie telle que je peux l'appréhender aujourd'hui, comment peut-elle mêler autant de maturité à un espoir aussi vivace et intense ? Elle dit les choses avec une sensibilité à vif mais aussi avec des mots magnifiques, des mots simples mais magnifiquement agencés, des images qui percutent ou caressent mais touchent chaque fois leur cible... Elle sait dire la douleur inexpliquée, le manque, la peur, l'insouciance, le noir désespoir, la joie qui revient, elle sait dire son histoire pourtant si courte mais qui embrasse celle de sa mère et de ses aïeules, elle sait dire la chaleur d'une famille et la solitude au milieu d'une famille...Un livre qui remue et qui chamboule mais qui donne aussi à la littérature son éternel pouvoir de petite lumière dans la nuit. Un très très beau roman.
Commenter  J’apprécie          181
Je suis subjuguée et admirative, cette jeune auteure a énormément de potentiel et une plume singulière. Dans ce court roman intimiste, Line Papin nous narre l'histoire des femmes de sa famille, mais aussi et surtout sa lutte, son mal-être, sa tristesse et son deuil. Deuil d'un pays. Deuil du Vietnam auquel elle a été arrachée sans explication. Deuil également de sa jeunesse et de son insouciance.
Les phrases sont incroyablement belles, les mots justes et marquants, les métaphores très bien utilisées. J'aime beaucoup la sonorité des phrases, les enchaînements, il y a une certaine poésie dans la plume de cette auteure. Ce texte pourrait être psalmodié !
Le récit est bouleversant et nous touche profondément. Nous ressentons de la compassion, souffrons avec cette petite fille, regardons impuissants sa descente aux enfers et l'incapacité de ses parents à dialoguer avec elle et à la comprendre.
Outre cette intimité et sa lutte pour la vie qu'elle nous partage, Line Papin rend un très bel hommage au Vietnam et à Hanoï, ville grouillante de vie, pleine de saveurs, d'odeurs, à la chaleur suffocante, cette ville "brouillonne" tellement éloignée de Paris à tout point de vue.

**box littéraire**
Commenter  J’apprécie          171
Nous sommes sur un roman familial et autobiographique, racontant la vie de 3 générations de femmes, 3 portraits très différents les uns des autres mais dont le titre n'aurait pas pu être plus juste car il a un rapport aux 3 femmes de façons différentes pour chacune.

J'ai trouvé que l'écriture était belle et poétique, parfois avec force, parfois avec tendresse, avec joie ou tristesse, toujours avec justesse.

La deuxième moitié du récit m'a mis les larmes aux yeux plus d'une fois (ce qui n'est pas facile à faire), vraiment difficile à encaisser sur certains passages, certaines phrases, mais qui reflètent le ressenti viscéral du moment, la réalité dont les mots sont posés avec le coeur, sans fioritures et sans tabous, simplement.

« Les os des filles » est un coup de coeur que je n'oublierai jamais.
Lien : https://unbouquinsinonrien.b..
Commenter  J’apprécie          160
Une drôle de naissance, une belle enfance, et un douloureux atterrissage loin de son pays, dans une France un peu grise pour qui a vécu dans un pays comme le Vietnam.
Line , née de père français et de mère vietnamienne, a connu l'amour et la joie, entourée de sa grand-mère, qui a connu la guerre, de sa nourrice, vietnamienne, et de nombreux amis dans un cadre doré, dans la débordante ville d'Hanoi.
Et puis elle doit quitter cet Eden, en même temps que son corps se transforme, elle a dix ans, elle n'est plus une petite fille, elle va vivre en France et alors commence la descente.
Dans ce livre Line Papin se raconte, avec des mots simples, parfois crus, et sait toucher la lectrice que je suis, avide d'en savoir toujours un peu plus sur ce Vietnam qui me fascine.
Mais le plus beau des voyages, le plus beau des combats, ce sont ceux que Line Papin a su mener, seule, vers la redécouverte de son pays, les retrouvailles avec son moi profond.
Commenter  J’apprécie          130
Je n'avais rien lu de Line Papin lorsque je l'ai entendu parler de ce livre à la radio.
J'ai eu tout de suite envie de rencontrer son écriture dans ce récit intime.
D'emblée le lecteur est confronté à cette écriture qui est à l'os, chaque mot est pesé dans cette façon d'adosser son récit à cette coutume du Vietnam : « On enterre les gens dans une tombe à leur taille pendant trois ans, au Vietnam. Puis, ce délai passé, la chair évaporée, on transvase dans un coffret plus chétif ce qu'il reste du corps : les os. Les cimetières sont donc faits de petits coffrets d'os. »
Trois générations de femmes, deux pays.
Treize ans après son départ elle revient seule dans ce pays qui la hante « pour tenter de réconcilier le passé et le présent, les deux continents et mes membres souffrants – pour tenter de me réconcilier. »
A dix ans elle est arrachée à son monde même si la mixité est présente et vécue, car son père est français, même s'il épouse ce pays qu'il aime, il impose aussi sa personnalité.
L'enfant passe d'une vie horizontale à une vie verticale.
Elle démontre très bien les différences, au Vietnam, il y a l'embargo, la vie difficile mais ceci est vécu dans la solidarité, la proximité, en France elle va vivre à la verticale. Chacun son monde, sa vie.
D'un côté tous sous le même toit, de l'autre une case pour chaque toi.
La petite fille a un lien très spécial avec sa grand-mère Ba et sa nounou Co Phai.
« Au Vietnam, tu avais cinq familles : ta ville, tes parents, ta nourrice, tes grands-parents, tes amis. »
Alors l'arrachement fût violent, les adultes n'ont pas su voir car ils poursuivent leur vie, leur route et les changements sont comme une évidence, il faut s'adapter.
Mais la petite fille a mal, jusque dans ses os. Il ne reste plus que cela d'elle, la mort rôde. Elle sera hospitalisée un an.
Cette période est magnifiquement restituée sans pathos, le lecteur ressent, il a l'impression d'assister à un bal de fantômes. L'anorexie c'est sa guerre à elle.
La disparition possible est là, omniprésente, palpable.
Son Vietnam a disparu…
Elle a circulé entre deux mondes avant de les engloutir pour nourrir sa plume.
Au fur et à mesure que les maux la rongent, les mots s'installent dans les creux. Car si des mains sont tendues, elles traversent le vide inexorablement.
Les mots, les images vont former un ciment.
L'ambiguïté, l‘ambivalence de ce qui nourrit, construit se dévoile sous nos yeux. Il n'y a pas de rejet, elle est les deux pays.
Elle dresse de magnifiques portraits de femmes sur trois générations.
Ce livre existe pour pérenniser ce qui n'est plus, pour fixer les fondations et montrer la chair reconstituée autour de l'os.
Cette écriture va à l'essentiel de la vie, de ces nuances, des blessures aux retrouvailles.
Il y a la distanciation entre les différents êtres, symbole des phases traversées pour intérioriser.
L'auteur à travers ce récit très intime, ne laisse jamais son lecteur en dehors, pas plus qu'il ne se sent voyeur.
Non il suit cette petite fille et lui dit regarde toute la richesse qui est en toi.
Tu es toutes ces femmes à la fois, elles vivent en toi mais tu es TOI enfin.
©Chantal Lafon-Litteratum Amor 27 septembre 2019.


Commenter  J’apprécie          130
Les os des filles est un roman aubiographique d'une jeune autrice que je découvre, Line Papin.
Elle nous confie l'histoire de ses racines, ses ancêtres qui ont vécu les 2 guerres du Vietnam, la faim, la pauvreté et la peur, mais la volonté de survivre. L'évolution du pays au rythme de la reconstruction physique et mentale.
"La ville* a grandi avec nous qui l'avions cueillie jeune... nous l'avons vue évoluer, de la paysanne aux pieds noirs qu'elle était à la citadine mal chaussée qu'elle est devenue" (*Hanoï )
Son existence d'enfant métisse née par accident. le bonheur de vivre cette enfance bercée par plusieurs mères, entourée de plusieurs familles, comblée d'amour. Son déracinement forcé qui l'entraîne au plus bas avec pour seul échappatoire les livres. "Elle gisait, inconsciente, sur ce lit blanc, à attendre qu'on lui serve un peu d'amour en perfusion".
Et enfin le temps de la reconstruction de son être, du deuil du passé à travers un pèlerinage nécessaire.

Son écriture singulière, alternant aléatoirement le "je", le "tu", le "elle" semble déconcertante de prime abord mais m'a totalement subjugué, son récit m'a happée au coeur du Vietnam de son enfance, où les portes ne sont jamais closes, où les enfants du coin font partie d'une famille élargie, où l'on court pieds nus vers un monde d'insouciance. Et puis vient le temps du tragique départ, ses mots ont résonnés en moi ces douloureux souvenirs de déracinement vers un autre pays, comme ce dernier regard jeté par la vitre arrière du véhicule où l'on surprend les siens, nos "mères" cachant leurs larmes et agitant un mouchoir, et cette arrivée dans un monde gris et froid. Cette nouvelle vie en France va la remuer au plus profond, là où se nichent les ténèbres et la mort qui rôde comme un ami qui vous veut du bien.
Sa résilience aura eu raison de la faucheuse.

Ce roman est un condensé d'émotions qui se bousculent, se chevauchent, s'apprivoisent, du brut. Un roman intimiste qui m'a transporté au delà de la nostalgie.
Commenter  J’apprécie          120




Lecteurs (1076) Voir plus



Quiz Voir plus

Les écrivains et le suicide

En 1941, cette immense écrivaine, pensant devenir folle, va se jeter dans une rivière les poches pleine de pierres. Avant de mourir, elle écrit à son mari une lettre où elle dit prendre la meilleure décision qui soit.

Virginia Woolf
Marguerite Duras
Sylvia Plath
Victoria Ocampo

8 questions
1742 lecteurs ont répondu
Thèmes : suicide , biographie , littératureCréer un quiz sur ce livre

{* *}