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3,69

sur 517 notes

Critiques filtrées sur 3 étoiles  
Voilà un roman dont les premières pages m'ont captivée. La plume est fluide, déliée, et l'auteure retrace avec aisance et concision le parcours de Ba, sa grand-mère, avec en toile de fond la guerre d'Indo-Chine, puis celui de sa mère, qui elle, grandira avec ses deux soeurs dans le chaos et le vacarme de la guerre du Vietnam.

Viennent ensuite les jours heureux ; la fin de la guerre, le mariage des trois filles de Ba, la venue au monde de la troisième génération, et tout ce petit monde, grand-mère Ba, grand-père Trang, leurs trois filles, gendres et petits-
enfants vit sous le même toit, comme le veut la tradition Vietnamienne.

Des jours heureux qu'illustre fort bien Line Papin. Hanoï revit, ses rues foisonnent d'habitants qui vont, viennent, s'affairent, ses effluves et son tumulte se hissent dans le petit appartement du troisième étage, le pays est noir de misère, mais qu'importe, les armes se sont tues, Hanoï n'est pas morte, son coeur n'en bat que plus fort, elle respire et répond à l'appel de la vie.

C'est dans cet Hanoï, pétillante et brouillonne, exultante et allègre, que grandit la petite Line. Line qui parle d'Hanoï comme on parle d'un être dont notre coeur est plein.

Alors ; pourquoi n'ai-je pas aimé ce roman ?

Dans cette première partie, je me suis laissée emporter par l'émotion, par ce tourbillon de vie d'après-guerre si bien retranscrit par l'auteure, ce qui, malheureusement, ne m'a pas empêchée de noter certains points que je qualifie de négatifs.

Line est une petite fille heureuse. Attachante et aimante, elle grandit, me semble t-il, au sein d'une famille bienveillante. Pourquoi, alors, faire le choix de ne jamais nommer son père, sa mère, ses tantes, et de les affubler du "jeune Français", de "la première H", de "la deuxième H", sa mère, en l'occurence, et de "la troisième H" ? Outre le fait que ce choix n'est pas du plus bel effet, pourquoi cette distance qui, jamais, ne fut expliquée au lecteur, lorsqu'il existe tant d'enfants mal aimés...

D'autre part, sa plume dont au départ je n'ai pensé que du bien, est trop souvent écornée par des "c'est-à-dire", et par des passages syncopés, aux phrases courtes, ce qui en soi n'est pas forcément déplaisant, mais trop récurrent, autant que le sont des réflexions absconses auxquelles je n'ai strictement rien compris. Je n'en citerai qu'une :

"Le 3". Pourquoi ? Par instinct, parcequ'il est rond, dans ses formes dessinées, parcequ'il n'est pas aiguisé comme le 2 ou le 4, qui ont l'air piquant, blessants. Mais le 3 n'est pas neutre comme le 1 non plus. le 1 n'est décidé que par sa position, qu'on lui a accordé et que personne ne lui enlèvera. Tu es le premier, lui a t-on dit, et il n'a plus jamais travaillé. Dans son intimité, il est faiblard. le 5, quant à lui, etc etc..."

Plutôt que d'épiloguer de la sorte sur ce fameux chiffre 3, peut-être aurait-il été plus opportun de renseigner le lecteur sur la nature de ses relations avec les membres de sa famille qu'elle ne nomme jamais, ce qui aurait eu pour avantage de justifier, ou pas ! Ce très curieux choix des "3 H" et du "Jeune Français".

Dans la deuxième partie de cet ouvrage, le ciel s'assombrit. du jour au lendemain, et apparemment sans explication aucune, les parents de la fillette, donc "la deuxième H" et "le Français", décident de s'établir en France. Line est arrachée à sa terre natale, loin de tous ceux et de tout ce qu'elle aime. Son chagrin est immense, et elle glisse inexorablement vers la dépression.

L'auteure rend si palpable le vide qui s'est installé en elle, que je n'ai pu rester insensible face à tant de détresse. Mais trop de répétitions, trop de longueurs, et c'en est lassant.

Sur environ deux ou trois pages, Line Papin établit une analogie entre les guerres qu'ont subies ses ancêtres et celle qu'elle doit livrer à la dépression, et pour ce faire, elle fait appel au champ lexical du mot "guerre". le choix est judicieux, ne manque pas d'originalité, mais il est audacieux, et je regrette de devoir dire qu'elle s'est attaquée à trop forte partie, et qu'à mon humble avis de lectrice, cet exercice manque cruellement de finesse.

J'attribue deux étoiles et demi à cet ouvrage, car sa lecture ne m'a pas procuré le plaisir que j'en attendais, mais ces deux étoiles et demi pour la plume, qui par instants m'a enchantée, et pour la faculté qu'a eu l'auteure de me téléporter dans le Hanoï d'après-guerre, cet Hanoï dont les plaies suppurent, mais qui, à l'instar des îles lointaines de Charles Aznavour, sait "que rien n'est important que de vivre".



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Line Pépin nous raconte sa difficulté à vivre son adolescence française puisqu'elle refuse d'être coupée de son enfance vietnamienne.

Loin de moi l'idée de juger le ressenti de cette jeune femme sur le début de sa vie. Mais pour être honnête, en tant que lectrice, je préfère les autobiographies plus abouties. Pas "abouties" dans le sens de la qualité de l'écriture, mais "abouties" dans le sens où le recul pris sur sa vie permet une analyse ressassée encore et encore. Voire un avis renforcé par le grattage des vies des gens qui entourent la vie de la personne qui se raconte.
Ce qui n'est pas le cas, ici.

Remarquez, du haut de ses vingt-trois ans, l'auteur dit être consciente que cette histoire n'est pas finie. Il sera alors sans doute intéressant de lire la suite dans quelques décennies.
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Le déracinement est le thème de ce petit livre, une autobiographie romancée.
Une famille a ses racines à Hanoï, les enfants se ùarient , se dispersent en Europe, et Line, petite fille de père français perd toute sa joie de vivre au retour en France.S'en suit une anorexie sévère, la guérison fragile, et des retours à Hanoï qui la persuadent de n'être plus de la-bas mais pas vraiment d'ici. L'écriture est plate, sans affect ressenti.
Intéressée, sans plus. Merci à NetGalley, lu sur Kindle.
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Quelle jolie découverte : celle d'une belle écriture et le sujet de l'arrachement à ses racines avec des répercutions sur une vie d'enfant traité avec délicatesse, sensibilité et lucidité. J'ai été émue, touchée, bouleversée et rassurée de lire que cette enfant devenue jeune fille puis femme a su prendre le contrepied de la souffrance pour se construire une vie nouvelle. Je recommande.
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Line est née au Vietnam d'une mère vietnamienne et d'un père français.
La première partie se déroule avant sa naissance puis pendant son enfance.
Elle est heureuse ; on sent les odeurs, on voit les couleurs de ce Vietnam pauvre mais solidaire avec des familles qui vivent ensemble. L'enfant est privilégiée et aimée de sa grand-mère et sa nourrice.
Puis, lorsque Line a 10 ans, la famille décide de rejoindre la France ; ce pays inconnu.
La seconde partie raconte ce déracinement, cet éloignement d'êtres aimés, le froid, la solitude puis l'anorexie.
J'ai accroché à cette première partie ; le style est vivant, coloré et bruyant.
La seconde partie est à l'image de la détresse de l'auteure ; noire, froide avec un sentiment d'abandon. J'ai trouvé alors le style un peu pompeux pour illustrer ce désespoir.
Un roman donc intéressant mais en demi teinte pour moi en ce qui concerne le plaisir de lecture.
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Après toutes ces critiques très positives sur cette jeune auteur, j'avais hâte de lire cette autobiographie.
J'avoue avoir été un peu déçue.
La première partie se situe au Vietnam, Line parle de ses ancêtres, ses grands-parents, ses tantes, la vie difficile au Vietnam entre guerres, famine et embargo américain. Elle évoque avec nostalgie leur mode de vie, le fait que tous les membres d'une même famille vivent sous le même toit (plusieurs générations). On sent qu'elle a eu une enfance heureuse avec sa grande famille puis les autres enfants vivant dans le même quartier. le ton est alerte, les descriptions vivantes et colorées. Elle a aimé Hanoï.
Puis c'est le déchirement. Sa famille quitte le Vietnam pour venir vivre en France car son père est français.
Line ne comprend pas, elle se sent mal, perdue. Ses parents ne lui consacrent pas assez de temps et elle perd goût à la vie. Elle aborde alors sa période d'anorexie.
C'est intéressant mais c'est le style qui m'a gênée. Elle parle d'elle avec une trop grande distance. Les phrases sont courtes, c'est relativement froid. du coup, moi je n'ai pas été touchée. Mais c'est juste mon avis.
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Les os des filles est un roman intergénérationnel, sur Ba, sa fille et sa petite-fille - trois générations qui ont mené leurs propres batailles : la guerre, l'exil et l'autodestruction. La petite-fille, Line, déménage avec sa famille du Vietnam en France à l'âge de dix ans. C'est un environnement nouveau et étranger, où elle a du mal à trouver sa place. le contraste est grand entre la communauté familiale élargie et les portes toujours ouvertes, contre l'anonymat de Paris et les chambres fermées. Line devient de plus en plus malheureuse dans sa nouvelle patrie et arrête de manger. A la fin, elle n'est plus que l'ombre d'elle-même.
L'autrice tisse sa lutte intérieure pour la survie, ainsi que celle de ses aïeules pendant la Seconde Guerre d'Indochine dans les années 1960, dont ses proches ont beaucoup souffert. Il s'agit d'une description de la manière dont les événements historiques affectent l'individu et de la manière dont la douleur et la souffrance se transmettent d'une génération à l'autre.
C'est aussi un roman qui inspire l'espoir. Après le retour de Line au Vietnam de son enfance, elle se retrouve, et quand elle revient ensuite en France, la jeune femme regarde vers l'avenir avec confiance.
Elle raconte l'histoire de sa famille d'une manière émouvante. J'ai trouvé que la première partie du livre était très intéressante, car elle écrit sur sa grand-mère et sa mère, la guerre, la pauvreté. le livre change de caractère lorsque la famille déménage en France et Line écrit sur son adolescence et ses difficultés.
Malgré une plume délicate et belle, il me manquait quelque chose. J'étais un peu en dehors de l'histoire, je n'arrivais pas vraiment à m'attacher aux personnages alors que leur histoire est fort intéressante. Je dirais même qu'il me manquait un peu d'émotion, pour pouvoir m'attacher pleinement à pages de la vie de Line et de ses ancêtres.

Je lirais volontiers un autre de ses romans, pour me faire une idée ...
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« On ne naît ni par hasard ni nulle part. On naît neuf, entouré d'anciens os. Dans le coeur et dans le ventre, il y a les os de la guerre, de la grand-mère, des os de vétérans, il y a les os laissés par les bombes, les os d'une vitesse, de trois filles, les os des non qu'elle leur a dits, il y a les os de Hanoï, les os du premier fils, les os de ses pensées. Il y a ces os qu'on n'avait pas désirés et qui vont, quoi qu'il en soi, se former. Il y a ces os qu'on ne connaît pas, qu'on porte sans savoir, qui vont tout déchirer. Il y a une vie. Il y a le 30 décembre 1995, à la fin de l'année, dans un hôpital crasseux de cette ville a peine reconstruite qu'est Hanoï, une petite fille qui naît. »

Cette petite fille qui naît , c'est Line Papin, l'auteure, et cette métaphore des os,qui donne son titre au livre, revient à de multiples reprises dans le récit. Cette citation donne aussi une assez bonne idée du style de l'auteure (j'y reviendrai !)

Née d'une mère vietnamienne et d'un père français tombé amoureux du Vietnam, Line connaît une enfance heureuse à Hanoï. Alors qu'elle a dix ans, son père décide de rentrer en France avec femme et enfants. Pour Line, privée brusquement de sa grand-mère adorée, de sa nourrice, de ses amis, de sa terre natale, c'est un déchirement qui va petit à petit la détruire jusqu'à une anorexie sévère.

Des thèmes puissants, donc, dans ce roman : la souffrance de l'exil, le déracinement, la double culture, la dépression et la descente aux enfers de l'anorexie.... Pas vraiment réjouissant, certes, mais intéressant. Et pourtant, je n'ai pas beaucoup aimé ce livre.

La première partie se passe au Vietnam : une trentaine de pages qui racontent succinctement le destin de trois générations de femmes ( arrière grand-mère, grand-mère et mère de l'auteure) dans l'histoire tourmentée de l'Indochine , de 1945 aux années 90, puis l'enfance dans un Vietnam pauvre mais pacifié et joyeusement vivant aux yeux de l'enfant qu'elle est. Mais j'ai été, déjà, très gênée par le style et par le choix de ne jamais nommer sa mère , ses tantes, son père, autrement que « la première H », « la deuxième H » (sa mère), « la troisième H », « le jeune Français ». Une façon de les tenir à distance sans doute mais qui freine l'empathie.

La deuxième partie , si elle décrit avec précision et justesse la lente dérive vers la dépression et l'anorexie et la lutte pour en sortir m'a semblé trop longue et répétitive, très froide aussi, diminuant l'émotion qu'on devrait ressentir. le passage perpétuel du « je » au « tu « , au « elle » ou même à « la petite fille » , appuyant un peu trop sur la perte d'identité est un peu lassante.

Mais c'est surtout le style et l'écriture de Line Papin qui m'ont dérangée : une alternance de phrases très courtes et surtout de très nombreuses et très longues énumérations répétitives ; un ex parmi de nombreux autres (p 129) :

« Alors, les parents qui passent, c'est quelque chose. Il y en a de toute sorte : les divorcés, les affolés , les énervés, les désemparés, les réconciliés, les doux, les pleureurs, les optimistes, les parents. Ils sont là pour avoir des nouvelles de leur enfant. Ils sont colorés, chemise corail, jean bleu, veste verte, tailleur parme, foulard turquoise, parapluie cassis, chaussures blanches. Ils sont de la ville, de la vie, ils ont encore sur eux une odeur de métro, de voiture, de moto, ils ont un parfum de pluie, de vent, de bruit, ils sont vivants mais ils sont désemparés face à la mort d'une vie qu'ils ont donnée. Ils sont comme des fleurs, de différentes teintes, de différentes formes : les négligés, les chics, les rustres, les maniérés, les très simples, les beaucoup trop, les pas assez, les juste parfaits... »

Et puis il y a ces phrases obscures qui semblent là pour faire joli (ex : « Le fruit avait le goût limpide du néon » ?) ou un brin ampoulées (« Elles veulent mourir vivantes, elles veulent vivre mortes »; « Paris fut belle et pleine. Paris fut étrangère. Paris fut un champ d'honneur »)

Bref, pas convaincue du tout par ce livre !
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Line Papin est une jolie découverte ! C'est un récit qui a une valeur autobiographique et qui nous embarque dans les années 60, en Indochine, pendant la seconde guerre.
Line Papin se raconte, et raconte son histoire familiale, dans une magnifique écriture. Ce récit est illustré de photos personnelles qui nous rapprochent encore du texte.
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J'ai reçu ce livre par les éditions Stock sans rien en connaître, pas même l'auteur.

L'histoire en elle-même est intéressante, et je comprends complètement son besoin de s'écrire, de recréer ce lien brisé, de fouiller dans ses générations passées, de dénouer et tirer les fils jusqu'à pouvoir survivre, enfin.
Mais ça ne fonctionne pas.
J'ai eu bien de la difficulté à rentrer dans l'histoire : le style de Line Papin ne m'a pas touchée, et sa mise à distance émotionnelle.. m'a mise à distance moi aussi. Il y avait un décalage entre l'intérêt (réel) historique et familial, et l'écriture factuelle, lointaine, plate. Dans cette succession de faits, je n'ai pas réussi à me faire une place.
La seconde partie autour de son anorexie, de ce lien brisé entre son pays et elle, sa mère et elle, m'a beaucoup plus parlé, peut-être était-ce moins froidement abordé (encore que).

Si je comprends pleinement cette distance de l'auteur (se mettre en lien avec soi, ce n'est pas évident), je ne suis pas convaincue par le style malgré l'intérêt certain de son histoire.
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