Bretonne, historienne et philosophe,
Mona Ozouf introduit son étude en remerciant l'institutrice qui lui a révélé
George Eliot et son père dont la bibliothèque est un monument bâti à la gloire de la Bretagne et à sa culture multi-séculaire. L'homme étant un héritier, je regrette donc que les origines des deux George, Eliot et Sand, ne soient pas davantage visitées dans cet ouvrage par ailleurs remarquable.
L'historienne rappelle la fracture induite en 1829 par « la question catholique », la chute de Wellington, la mort de George IV, qui bascule le Royaume Uni de l'époque agraire, assise sur la propriété de la terre, à l'époque industrielle, avec les chemins de fer et les fortunes développées sur les titres boursiers.
L'emprise du passé est le cadre dans lequel s'insère
le Moulin sur la Floss » ; les aménagements du présent structurent
Middlemarch ; l'imagination du futur dessine
Daniel Deronda.
Mais
George Eliot et son modèle
George Sand ne sont pas uniquement témoins de leur temps, elles sont acteurs et leurs plumes au service d'une éthique, d'une politique et d'une culture proposent aux femmes d'épanouir leurs talents dans une autonomie, une liberté et une créativité et leur ouvrent des domaines « non encore cartographiés » et leur offrant de vivre ainsi un amour responsable dans l'égalité et la complémentarité des sexes.
Avec beaucoup de finesse psychologique, et une ironique cruauté,
Mona Ozouf se penche sur l'épaule de Casaubon rédigeant sa demande en mariage pour Dorothea, en se concentrant égoïstement sur ses propres travaux et loisirs oubliant ainsi des millénaires de civilisation occidentale qui ont gravé dans le marbre le tiercé gagnant « vous, je, nous » qui dicte toutes les déclarations d'amour. Cette seule page du chapitre «l'artiste » justifierait l'acquisition de ce folio.
Cette rencontre avec les deux George m'a enchanté par sa subtilité et sa culture qui suggèrent de lire ou relire les romans de ces ceux grandes dames.
PS : mon ressenti du Moulin sur la Floss
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