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Serge Halimi (Préfacier, etc.)
EAN : 9782910846091
189 pages
Agone (06/10/1998)
3.94/5   101 notes
Résumé :
L'actualité des Chiens de garde, nous aurions préféré ne pas en éprouver la robuste fraîcheur.

Nous aurions aimé qu'un même côté de la barricade cessât de réunir penseurs de métier et bâtisseurs de ruines. Nous aurions voulu que la dissidence fût devenue à ce point contagieuse que l'invocation de Nizan au sursaut et à la résistance en parût presque inutile. Car nous continuons à vouloir un autre monde. L'entreprise nous dépasse ? Notre insuffisance ép... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (7) Voir plus Ajouter une critique
L'oeuvre de Paul Nizan, qui comprend sept ouvrages
majeurs, est soulignée par Les chiens de garde (de la bourgeoisie).
Il s'agit d'un pamphlet écrit en 1932 et qui vise les philosophes
universitaires. le texte présente en gros sa définition des fondements
philosophiques, de même que sa vision de la pratique
philosophique. Mais c'est surtout une tentative de provocation
qui affiche un credo, partisan d'une logique léniniste.
À l'heure de la déconfiture de la pratique militante léniniste,
soulignée récemment au Québec par les dissolutions
successives de l'organisation EN LUTTE ! et du Parti Communiste
Ouvrier, il est d'augure de reprendre l'argumentation de Paul
Nizan pour l'exposer à la lumière des multiples recherches sociologiques
qui se sont inscrites depuis lors sur les problèmes organisationnels
et ceux de la pratique militante.

https://www.erudit.org
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Pamphlet tonitruant contre les intellectuels idéalistes contemporains, contre la servilité des intellectuels face au pouvoir des financiers et à leur idéologie. D'une actualité stupéfiante !
"L'actualité des Chiens de garde, nous aurions préféré ne pas en éprouver la robuste fraîcheur. Nous aurions aimé qu'un même côté de la barricade cessât de réunir penseurs de métier et bâtisseurs de ruines. Nous aurions voulu que la dissidence fût devenue à ce point contagieuse que l'invocation de Nizan au sursaut et à la résistance en parût presque inutile. Car nous continuons à vouloir un autre monde." Serge Hamili Extrait de la préface.
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Malgré ses soixante-dix ans d'âge, l'essai de Paul Nizan, communiste et révolutionnaire, trouve une résonnance aujourd'hui : la révolution du « prolétariat » se fait attendre. Si les chiens de garde ne sont plus seulement les philosophes, ils sont toujours là pour revendiquer les bienfaits de l'argent, du libéralisme et du capitalisme.

Pour Paul Nizan, les chiens de garde sont les philosophes. Soi-disant intemporels, Kant, Spinoza et Aristote planent bien au-dessus des hommes en tergiversant sur les Idées de la vérité, de la vie, de la vertu et de l'homme. Soi-disant objectifs et désintéressés, ils évoluent loin des réalités matérielles des hommes.

Les philosophes, comme tous les hommes, ne peuvent échapper à leur subjectivité. Leurs pensées, inapplicables et inutilisables par les hommes en proie aux difficultés terrestres, sont stériles, décalées par rapport à la réalité et dangereuses.

Pour Paul Nizan, les philosophes sont des chiens de garde parce qu'ils se sont rangés du côté des bourgeois. Eux-mêmes bourgeois de naissance, ils répandent une philosophie conformiste, simplifiée, arrangée qui laisse croire aux hommes qu'elle leur apporte les solutions à leurs problèmes... Il est certainement plus facile de s'allier aux oppresseurs qu'aux opprimés.

La suite de la critique sur mon blog :
http://www.bibliolingus.fr/les-chiens-de-garde-paul-nizan-a80136706
Lien : http://www.bibliolingus.fr/l..
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Il est temps de relire Paul Nizan et de réapprendre à faire de la critique.
« Nous vivons dans un temps où les philosophes s'abstiennent. Ils vivent dans un état de scandaleuse absence. Il existe un scandaleux écart, une scandaleuse distance entre que qu'énonce la philosophie et ce qui arrive aux hommes en dépit de sa promesse (…) Elle n'est jamais là où on aurait besoin de ses services. »
« Il est temps de dire que la philosophie bourgeoise peut seulement produire des déclarations verbales, mais travaille réellement contre les grandes fins qu'elle prétend poursuivre. »
« Les bourgeois seuls ont véritablement besoin de subtilité dans leurs divisions, et de profondeur visible dans l'esprit, parce qu'ils ont seuls quelque chose à cacher et que la grossièreté est un moins bon masque que l'esprit de finesse et que les nuances. »
« Il est l'heure de dire simplement qu'il y a une philosophie des oppresseurs et une philosophie des opprimés, sans aucune ressemblance réelle, bien qu'on les puisse toutes deux nommer philosophie. »
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L'histoire n'est que recommencements, répéter, refaire les mêmes erreurs. Mais, à l'heure où la planète nous devient, être humain, chaque jour plus invivable, l'urgence et l'appel aux actions et aux armes de Nizan est plus qu'actuel.
Et dans le même temps, ce livre est très pénible à lire, puisqu'il s'agit essentiellement de dézinguer les tenants de la philosophie, académique, du monde des Pensées, d'un manque cruel d'action et tenants voire aboutissants du pouvoir qui nie la réalité de l'homme, de l'homme de base, s'entend. Prolétaire en l'occurrence.
Ce livre c'est l'entre deux-guerre, annonciateur, gauche toute.
Nizan était un homme sincère, son écrit ne montre pas autre chose.
Personnellement, j'aime bien qu'il casse Emile Durkheim, sur qui on ne peut jamais rien dire...
Enfin, qui se souviendra de tous les gens cités.
Surtout si l'humanité explose, enfin.
Bref, pas essentiel, il suffit d'écouter plein de gens partout qui crient depuis déjà longtemps. Et agir ou mourir. Bien entendu...
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Citations et extraits (23) Voir plus Ajouter une citation
Parmi les philosophes, les uns sont satisfaits, les autres non. Épicure n’était pas comblé, Spinoza n’était pas comblé, Rousseau n’était pas facile à satisfaire. Mais Leibniz jugeait que le monde allait assez bien. M. Brunschvicg n’est pas mécontent non plus. Derechef, c’est que les philosophes ont pour envers des hommes : les uns possèdent donc des motifs de sentir que le monde est confortable, les autres n’arrivent point à s’y accoutumer.
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La bourgeoisie travaillant pour elle seule, exploitant pour elle seule, massacrant pour elle seule, il lui est nécessaire de faire croire qu’elle travaille, qu’elle exploite, qu’elle massacre pour le bien final de l’humanité. Elle doit faire croire qu’elle est juste. Et elle-même doit le croire. M. Michelin doit faire croire qu’il ne fabrique des pneus que pour donner du travail à des ouvriers qui mourraient sans lui
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Qui donc combattra la domination des bourgeois si tout le monde est d’abord persuadé que leur pensée saura résoudre à son heure et en son lieu l’un de ces inquiétants problèmes, toujours possibles, toujours pendants ? Mais les clercs ne feront pas éternellement illusion : dans la lumière sans pitié de la terre, tous les hommes sauront que leur pensée est une pensée pauvre et une pensée vaine, qui ne peut pas produire de fruits, parce qu’elle est nécessairement une pensée lâche.
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On rencontre cependant tous ces gens, tous ces jeunes gens qui croient que tous les travaux formellement philosophiques amènent un profit à l'espèce humaine, parce qu'on leur a persuadé qu'il en va ainsi de toutes les tâches spirituelles. Avoir de bonnes intentions, c'est d'autre part, et pour parler gros, vouloir précisément ce profit. On a appris à tous ces gens depuis la classe de septième, depuis l'école laïque que la plus haute valeur est l'esprit et qu'il mène le monde depuis l'éloignement de Dieu. À seize ans, qui donc n'a pas ces croyances de séminaristes ? J'eus par exemple ces pensées. Sous prétexte que je lisais tard des livres en comprenant plus facilement qu'un ajusteur n'eût fait le divertissement de Pascal et le règne des Volontés Raisonnables, je ne me prenais pas pour un homme anonyme, je croyais docilement que l'ouvrier dans la rue, le paysan dans sa ferme me devaient de la reconnaissance puisque je me consacrais d'une manière noble, pure et désintéressée à la spécialité du spirituel au profit de l'homme en général, qui comprend, parmi ses espèces, des ouvriers et des fermiers. Mes maîtres faisaient tout pour m'entretenir au sein d'une illusion si agréable pour eux-mêmes.
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Les conclusions, les démarches, les attitudes mêmes de cette philosophie la réservent au service de la bourgeoisie. Elle ne peut servir que des bourgeois, elle ne peut être embrassée que par eux, elle ne peut satisfaire qu’eux. En dépit de ses apparences, de ces grands airs d’absence et de distance qu’elle sut prendre, elle est uniquement plongée dans l’actualité de la satisfaction passive qu’un bourgeois éprouve lorsqu’il se contemple. Elle n’est jamais atteinte par le désir de se transformer, de renoncer à ce qu’elle est. Elle se trouve bonne, comme la bourgeoisie se trouve bonne : ce vaste jugement la pénètre jusque dans les replis les plus secrets de ses raisons. Ce vêtement taillé par les bourgeois est à leur seule mesure et ne saurait déguiser qu’eux. On a pu voir comment cette philosophie alimentait, et justifiait l’orgueil public des bourgeois. Ce n’est point là son unique fonction : car elle comble encore les exigences intérieures de l’intelligence bourgeoise, les exigences spéciales de la solitude, de l’orgueil privé des bourgeois.

Le bourgeois est un homme solitaire. Son univers est un monde abstrait de machineries, de rapports économiques, juridiques et moraux. Il n’a pas de contact avec les objets réels : pas de relations directes avec les hommes. Sa propriété est abstraite. Il est loin des événements. Il est dans son bureau, dans sa chambre, avec la petite troupe des objets de sa consommation : sa femme, son lit, sa table, ses papiers, ses livres. Tout ferme bien. Les événements lui parviennent de loin, déformés, rabotés, symbolisés. Il aperçoit seulement des ombres. Il n’est pas en situation de recevoir directement les chocs du monde. Toute sa civilisation est composée d’écrans, d’amortisseurs. D’un entrecroisement de schémas intellectuels. D’un échange de signes. Il vit au milieu des reflets. Toute son économie, toute sa politique aboutissent à l’isoler. La société lui apparaît comme un contexte formel de relations unissant des unités humaines uniformes. La Déclaration des Droits de l’Homme est fondée sur cette solitude qu’elle sanctionne. Le bourgeois croit au pouvoir des titres et des mots, et que toute chose appelée à l’existence sera, pourvu qu’elle soit désignée : toute sa pensée est une suite d’incantations. Et en effet pour un homme qui n’éprouve pas effectivement le contact de l’objet, par exemple les malheurs de l’injustice, il suffit de croire que la Justice sera : elle existe déjà pour lui dès qu’il la pense. Il n’y a pas un écart douloureux entre ce qu’il éprouve et ce qu’il pense. Car sa vie n’est pas moins abstraite et solitaire que sa pensée. Un abîme ne sépare point son être privé et sa personne morale. Les Droits de l’Homme expriment assez complètement le peu de réalité qu’il possède. Marx a donné des descriptions admirables de cet Homme bourgeois « membre imaginaire d’une souveraineté imaginaire, dépouillé de sa vie réelle et individuelle et rempli d’une généralité irréelle ». (pp. 83-85)
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Videos de Paul Nizan (5) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Paul Nizan
#20ans #jeunesse #CulturePrime
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