Agone [corriger]

De Hobsbawm, j'avais lu sa trilogie de l'âge des extrêmes, l'ère du capital, l'ère des empires, l'ère des révolutions. Je viens de citer quatre livre, le premier étant un peu postérieur à ce que j'appelais une trilogie.

Il s'agissait de l'un des historiens marxistes reconnus pour son travail sur l'époque contemporaine.

Il est donc intéressant de lire ici ces considérations sur le début du XXIème siècle, lui qui a connu tout le XXème !

La traduction en français n'a pas été immédiate, aussi la mort de l'auteur et différents évènement viennent un peu s'intercaler entre sa vision et notre réalité. Où l'on voit qu' Éric Hobsbawm était optimiste et que certaines de ses espérances ne se sont pas du tout réalisées, alors que ses craintes quand à l'empire américain n'étaient que trop justifiées !



Sont ici réunis un entretien, des articles et des conférences données à diverses occasions dans des congrès, des universités, des évènements, des prix.

Ce n'est donc pas un livre à thèse, bien construit et qui amène progressivement et analytiquement à une conclusion. On y retrouve bien sûr la même réflexion tout le long, et les textes sont cohérents entre eux et se répondent parfois, mais l'ensemble est plus décousu que les autres livres que j'avais lus.

Rien de grave, au contraire, la lecture n'en est que plus "légère", en tous cas moins ardue !

Passionnant et diablement d'actualité, donc !

Je n'avais pas bien lu le titre lorsque j'ai acheté ce livre dans la nouvelle librairie qui venait d'ouvrir prés de chez moi (dont d'ailleurs on a parlé sur babelio !), je n'avais pas vu la négation, le NE pas en finir avec la nature. J'ai juste vu "philosophe", "Descola", "Nature" et Agone, ça a suffit à me décider.

Quand j'ai commencé à lire l'introduction de cet ouvrage, j'ai vite vu ma méprise !

Patrick Dupouey ne veut pas en finir avec la nature, au sens large mais surtout avec le concept philosophique ! Et de plus, il ne s'agit pas vraiment de questions à Descola puisque ce dernier ne répond pas, le terme est purement oratoire car nous avons plutôt des remarques que des questions véritables...

Pour autant ce livre m'a beaucoup intéressé et plu !

En effet, je ne connais Descola qu'à travers l'œuvre de Baptiste Morizot, quelques articles et un livre-hommage. Bref, peu de choses. J'ai donc pu ici le découvrir en négatif à travers les légers reproches qui lui sont fait par un philosophe, dont par ailleurs j'avais déjà parcouru le livre "pourquoi grimpe-t-on sur les montagnes ?".

Je dis légers reproches, mais j'euphémisme peut être un peu. En effet, si l'un et l'autre sont sur la même longueur d'onde globale (tous les deux "à gauche", anticapitalistes, contre l'occidento-centrisme, défenseurs de l'environnement, intellectuels, etc, ...), quelques différences les séparent profondément, et les "questions" sont autant de piques bien acérées.

Piques gentilles et respectueuses, certes, mais quand même, avec l'aide de Patrick Dupouey on cerne quelques incohérences et lacunes dans les théories de Descola...

Entre autre, l'auteur refuse d'en finir avec le concept de nature (opposé à celui de culture) pour penser cette entité même si cela en sépare en apparence le genre humain. Dupouey combat surtout de son point de vu le relativisme qui parcourt en sous main le travail et les écrits de Descola, relativisme qui amènerait à mettre sur le même plan la science et les croyances chamaniques ou animistes par exemple, et à ses priver d'armes intellectuelles puissantes.

Entre autre choses intéressantes, il revient notamment sur des erreurs philosophiques que commet à son sens l'auteur de Par delà Nature et Culture. Ce sont des points qui paraissent de détail à première vue, mais une fois développés innocemment par Patrick Dupouey, on comprend bien où est le lièvre...



C'est donc un petit ouvrage, mais important pour avoir un regard critique mais constructif sur une des pensées les plus plébiscitées de ces dernières années...

Gros choc que la lecture percutante de ses 6 "nouvelles" de guerre, d'un pacifiste nous balançant certaines crudités de la boucherie de 14/18. Edité une première fois en 1917, écarté, oublié, préfacé en 1929 par l'auteur du Feu, Henri Barbusse qui vante le livre, par rapport au sien (pas courant, quand même!). Une écriture, riche, habitée, frôlant le surréalisme dans "La mort du héros" . A découvrir!