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EAN : 9782213726052
380 pages
Fayard (03/05/2023)
4.66/5   16 notes
Résumé :
Ce livre part d’un constat simple, qui se présente comme une énigme : bien que parfaitement justifiées et nécessaires, les luttes pour l’émancipation des femmes sont pour la plupart restées sans conséquences. À l’inverse de conquêtes sociales résultant clairement de mobilisations diverses, l’évolution du statut des femmes dans la société n’a fait suite à aucune grève, aucune manifestation d’ampleur, aucun blocage. Et cependant nul ne peut nier que, même s’il leur en... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
Dans un essai audacieux et convainquant, Véra Nikolski revisite l'histoire de l'émancipation féminine dans la perspective de pointer les facteurs qui menacent ses acquis. Sous sa plume, les innovations techniques et médicales ont eu plus de poids que les mouvement féministes ; et la crise écologique en cours s'annonce comme un désastre pour la condition des femmes. Un livre argumenté, sourcé, qui ne manquera pas de faire réagir tout le long d'une démonstration aussi inquiétante que brillante. On regrettera cependant les trop nombreuses piques contre certains aspects du féminisme dominant actuel qui tranchent avec le sérieux du reste du livre.

L'auteure expose elle-même sa thèse dans cette citation :

"Le projet de ce livre est d'identifier les conditions qui ont déterminé la domination séculaire des hommes sur les femmes et celles qui ont permis de l'ébranler, afin d'examiner la manière dont elles vont se transformer dans le contexte de la crise climatique et de la raréfaction des ressources – tout cela non pas avec un simple intérêt cognitif, mais dans une perspective pratique : celle d'appeler l'attention sur les problèmes, voire les catastrophes que les femmes devront affronter demain."


L'auteure part d'un paradoxe. Si la condition des femmes s'est radicalement améliorée sur un laps de temps très court à l'échelle historique (environ 150 ans), les mouvements féministes ont eux été très faibles et minoritaires. Ils ne sont devenus massifs qu'une fois que l'égalité formelle était déjà acquise depuis plusieurs décennies, et l'égalité réelle déjà bien avancée même s'il reste des combats à mener (pour une égalité des salaires effective par exemple). Nikolski en déduit donc qu'il est très improbable que le féminisme soit le principal responsable de l'amélioration des conditions féminines.

Le paradoxe est d'autant plus surprenant que la domination masculine était, elle, documentée absolument partout sur le globe, mais aussi dans le temps : aussi loin que l'on regarde, division sexuelle du travail et valorisation des activités masculines semblent toujours avoir existées. Partout, les hommes se réservent et valorisent les activités de chasse et de guerre, monopolisent les armes, etc. L'émancipation des femmes est donc une révolution anthropologique d'une vitesse et d'une force incroyables (elle fait s'effondrer un système universel multi-millénaire). Comment l'expliquer ?

Pour comprendre les « vraies » raisons de l'émancipation féminine, il faut d'abord comprendre les raisons de la domination masculine. Celle là est, on l'a dit, universelle dans le temps et l'espace : s'il y a des degrés dans la domination masculine, nous n'avons absolument aucun exemple historique sur le globe où elle n'existe pas. Après avoir passé en revue toutes les tentatives d'explication, principalement issues d'auteur-es féministes et/ou marxistes, Nikolski mobilise une nouvelle fois Beauvoir et rappelle que la domination masculine a probablement des fondements à la fois sociaux et biologiques.

(Je fais une parenthèse pour noter que j'ai énormément apprécié de lire des critiques argumentées de Paola Tabet, Françoise Héritier ou Gayle Rubin, même si c'est pour les critiquer – autant d'anthropologues féminismes des années 1970-80 très importantes que je ne vois jamais citées ou presque dans les ouvrages féministes aujourd'hui. Comme si le féminisme n'avait même plus connaissance de son histoire et de la richesse de ses études passées. Lire Nikolski m'a rappelé avec plaisir mes lectures de master de sociologie du genre.)

La domination masculine est à l'origine liée à des facteurs biologiques, parce que deux dimensions tendent à favoriser une division sexuée du travail au sein des sociétés primitives :

d'une part, les différence de moyenne entre puissance physique masculine et féminine (de moyenne, car individuellement il peut y avoir des femmes plus fortes, plus rapides que bien des hommes)
d'autre part, l'expérience de la maternité qui complique la mobilité puisque les enfants ont besoin d'être proches de leur mères longtemps (grossesse, allaitement).
À une époque où la mortalité infantile était énorme (elle l'a été jusqu'au milieu du 19e siècle), il était finalement assez rationnel de spécialiser les hommes sur les activités de chasse qui nécessite force et déplacement sur plusieurs jours, et les femmes à des activités proches du domicile, c'est-à-dire au soin des enfants et à la cueillette.

Ces raisons « rationnelles » et biologiques ne sauraient expliquer l'ampleur, la persistance et l'universalité du phénomène de la domination masculine. Les groupes humains ont ceci de particulier qu'ils cherchent sans cesse à justifier leurs pratiques par des récits, des mythes. Aussi cette division sexuée du travail s'est accompagnée dès le début de nombreuses justifications qui allaient largement au-delà de la rationalité première, et qui tendaient à renforcer la domination masculine originelle.

La domination masculine n'a donc pu s'assouplir, puis reculer radicalement (au moins en Occident), qu'une fois que les contraintes qui pesaient sur les femmes avaient d'abord reculées. C'est ici que Nikolski pointe la révolution industrielle comme cause première de l'émancipation des femmes. Parce qu'elle s'est accompagnée de plusieurs innovations et inventions techniques et médicales, elle a, par ricochet, révolutionné la condition féminine.

Ces innovations sont de plusieurs ordres :

médicales — asepsie, pasteurisation, vaccination, antibiotiques… ont radicalement fait chuter la mortalité infantile. C'est un fait déterminant. du paléolithique jusqu'au 19e siècle, il fallait faire beaucoup d'enfants pour espérer en voir survivre quelques uns jusqu'à l'âge adulte. On a tendance à oublier les chiffres car dans nos sociétés, quand on fait un enfant, il vit (sauf accident considéré alors comme un drame), mais pour l'immense majorité de l'expérience de l'humanité, entre 1 enfant sur 4 et 1 enfant sur 2 mourraient dans ses premières années. Aussi, le slogan féministe actuel « Un enfant quand je veux, si je veux » n'avait pas de sens pour nos ancêtres chez qui la préoccupation première était simplement de voir les enfants survivre. Ces innovations médicales, en permettant la survie des enfants, ont permis que la vie des femmes ne soit plus marquée par les maternités à répétition. La contraception et l'avortement seront les suites logiques de ce mouvement là, mais rendus possibles seulement parce que la mortalité infantile s'était d'abord effondrée.
mécaniques – l'humanité invente tout un tas de machines qui augmentent énormément la productivité du travail humain, et créé donc un cycle de croissance sans commune mesure avec ce qui existait auparavant, même dans les périodes les plus fastes de l'histoire. Elles ont une 2e conséquence, elles dévaluent l'intérêt de la force physique. Là où 10 hommes robustes étaient nécessaires pour moissonner un champs, une personne seule peut le faire avec un tracteur, qu'importe son sexe ou son gabarit.
idéologiques — Ces deux dimensions (croissance et perte d'intérêt de la force physique) initient une nouvelle société post-agricole qui demandent une forte main d'oeuvre, toutes les sociétés occidentales (mais pas que) lèvent donc les freins sur le travail féminin, pas grâce aux mouvements féministes (qui à l'époque sont quasi inexistants à part quelques pionnières, en tout cas bien incapables de faire force de pression), mais grâce à ce capitalisme naissant qui se moque bien des vieilles traditions sexistes dans sa quête de tout transformer en machine à cash. le travail des femmes est nécessaire à cette nouvelle idéologie.
Au croisement des inventions techniques et du nouveau régime idéologique capitaliste, la consommation de masse qui se créé diffuse des appareils électroménagers qui vont révolutionner la vie quotidienne des femmes (puisque c'est elles qui s'occupaient, et s'occupent toujours en bonne partie, des tâches ménagères) et leur libérer beaucoup de temps libre.
politiques — tous les pays se mettent à créer des systèmes de solidarité de type Etat-providence (la France va très loin dans cette logique) qui vont renforcer le phénomène en distribuant collectivement toute cette richesse nouvellement créée. Par exemple la retraite permet de vivre dignement jusqu'à la fin de ses jours, indépendamment du nombre d'enfants qu'on a eu (alors qu'avant, on faisait aussi des enfants en espérant qu'ils s'occupent de nous plus vieux).
(À ce stade de la lecture de ma critique, vous avez déjà du vous confrontez à plusieurs constatations désagréables. Par exemple : le féminisme semble être une conséquence de la libération des femmes, et non sa cause. Ou bien : le capitalisme est un acteur majeur de l'émancipation féminine. Ou encore : les causes de la division sexuée du travail était rationnelle dans un monde où la mortalité infantile était forte. C'est désagréable, ou en tout cas déstabilisant, car très différent du récit classique qui voudrait qu'une longue lutte féministe soit venue à bout d'une domination patriarcale injuste. C'est pour cette raison que je dis que l'essai de Nikolski est provoquant. Il est aussi stimulant, argumenté… et difficile à contredire.)


Une fois tous ces constats posés, Nikolski s'attache maintenant à faire le lien avec le réchauffement climatique et la fin programmée des ressources (pétrole, minerais). le titre du livre fait d'ailleurs directement référence au bouquin de Fressoz et Bonneuil L'événement anthropocène.

Après avoir rappelé les prévisions des scientifiques, Nikolski rappelle donc sans prendre de pincettes que le monde qui nous attend sera plus pauvre, plus violent et plus chaotique. Rien de nouveau pour celles et ceux qui s'intéressent aux prospectives collapsologiques. Ce qui l'est davantage, c'est le lien fait avec la condition féminine, à ma connaissance jamais développé. Ce que nous dit l'auteure, c'est que les acquis de l'émancipation féminine sont tributaires d'un type de société qui est dépendant du pétrole et d'un fonctionnement économique (croissance, capitalisme) qui a toutes les chances de s'effondrer. La seule inconnue est l'ampleur et la rapidité de cet effondrement.

Nikolski pointe en particulier certains risques que j'énumère ici un peu en vrac :

la fin de l'abondance du pétrole signifiera le retour au besoin de la force physique. Quid du travail féminin ?
il signifiera aussi moins de mobilité, moins de commerce international… mais le réchauffement climatique créera plus de migrations, probablement plus de violences, plus de guerres… jamais très bonnes pour la condition féminine.
dans un monde où la production de médicaments est, comme le reste, très spécialisée et souvent exportée à l'autre bout du monde, il y a un risque fort de rupture de médicaments. Mais le nouvel ordre mondial plus chaotique aura aussi un impact sur les systèmes de santé occidentaux déjà mail en point.
on vit déjà dans une crise des antibiotiques, avec une multiplication des résistances. Couplée au point précédent, il faut donc s'attendre à une hausse de la mortalité infantile. Vu que la baisse de celle ci était une condition préalable majeure de la libération féminine, on peut craindre le pire.
Bref, le tableau est assez sombre et nous sommes mal préparées pour affronter ce qui vient, de façon générale et notamment sur le probable recul de l'émancipation féminime.

C'est à cette étape que Nikolski règle ses comptes avec le courant dominant du féminisme. Elle a beaucoup de choses à lui reprocher. L'évacuation voire le rejet du biologique, bien sur, puisque l'auteure pointe largement le rôle de la reproduction dans la domination masculine. Mais aussi des combats qu'elle juge stériles (comme l'écriture inclusive), combats qui ne sont en tout pas du tout adaptés à l'ampleur du danger qui menace.

En gros, le reproche est assez simple : les féministes se concentrent sur l'histoire des idées et refusent de voir ce qui a concrètement rendu l'émancipation féminine possible (les progrès médicaux et mécaniques dus au pétrole), ce qui les rend incapables d'armer les femmes face aux changements à venir ; il est donc urgent de changer de paradigme et de s'outiller pour faire face. En effet, dans un monde à venir où l'on est pas sur que la loi soit encore si puissante, on ne peut pas se contenter de nouveaux droits car nous ne sommes pas surs qu'ils seront concrètement applicables.

(C'est ce passage du livre que j'ai le moins aimé car, même si le fonds est pertinent par rapport aux propos de l'auteure, celle ci s'égare souvent dans des piques un peu éloignées de sa thèse. Ca contraste avec le reste du livre, assez sérieux.)

Alors, que propose Nikolski ? En gros, il faut, pour les femmes, se rendre indispensables. Plus le « coût à payer » de l'exclusion des femmes sera élevé, et plus les hommes hésiteront à les mettre à l'écart. Se rendre indispensables signifie, pour l'auteure, s'investir massivement dans les domaines qui seront demain au premier plan : l'ingénierie, les sciences et techniques, mais aussi les métiers de l'ordre comme l'armée.

(Si j'ai trouvé ce propos un peu court par rapport à l'ampleur de la tâche, il est pertinent par rapport aux analyses de l'auteure. Nikolski en profite pour établir une distinction entre un féminisme de la réclamation (demander de nouveaux droits ou protections juridiques aux pouvoirs publics) et un féminisme du faire (s'investir concrètement dans toutes les nouvelles opportunités de carrière ouvertes dans les années 1960, notamment les STEM — acronyme de science, technology, engineering, and mathematics.)

Critique à lire sur le blogue Escrichura
Lien : https://escrichura.wordpress..
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« N'oubliez jamais qu'il suffira d'une crise politique, économique ou religieuse pour que les droits des femmes soient remis en question. Ces droits ne sont jamais acquis. Vous devrez rester vigilantes votre vie durant. »

Cette citation de Simone de Beauvoir, constamment reprise dans le contexte de la journée internationale du droit des femmes, semble sonner comme une évidence. Mais comme tous les slogans repris ad nauseam, il a fini par perdre en force et en pertinence. Aux nombreuses crises énumérées par l'auteure du deuxième sexe, peut s'ajouter celle environnementale et la fin d'une société d'abondance énergétique. Et c'est tout le postulat de « Féminicène » de Véra Nikolski. Elle tend à démontrer que la révolution industrielle (anthropocène) a été le facteur déterminant de l'émancipation des femmes, s'opposant à l'idée d'une émancipation par les luttes féministes. Ces dernières n'ayant fait qu'accompagner le changement, sans en être l'élément moteur. Oui, après tout, aucune insurrection armée n'a été la source de l'obtention de droits visant à émanciper les femmes. Malgré le discours narratif dominant du post-féminisme. Historiquement, l'obtention des droits s'est toujours faite dans des périodes de paix et d'abondance. La mécanisation des moyens de production divisant considérablement la force nécessaire à certains travaux, les progrès de la médecine et la tertiarisation de la société sont des facteurs bien plus déterminants que les revendications des suffragettes. On ne retient que celles-ci, car elles ont une forte valeur symbolique.

À titre personnel, je ne pense pas être la personne ciblée par ce livre. Non, parce que je suis un homme. Et que comme le voudrait une certaine mouvance du féminisme, les hommes n'ont pas à se mêler des affaires des femmes. Mais parce que j'avais, par intuition, plus ou moins relevé les contradictions du discours féministe contemporain. Que ce soit l'origine de la domination masculine. le refus de voir le caractère spontané et naturaliste de cette dernière - à une époque où les conditions matérielles ne pouvaient permettre une autre forme d'organisation de la société d'émerger - au profit de l'idée d'une construction sociale : le dogme post-moderne par excellence. (À ce sujet, je vous renvoie à la définition que fait Christopher Lasch de la définition de construction sociale dans son livre « La révolte des élites et la trahison de la démocratie. » ). Évidemment, le simple fait d'énoncer ce lien de causalité, dans l'esprit dogmatique et perverti de certains, expliquer l'origine d'un rapport de domination tendrait à l'approuver. C'est ce à quoi s'expose toute personne faisant preuve d'un minimum de méthodologie. Et l'autrice de ce livre ne fait pas exception.

Le deuxième thème abordé consiste à démontrer qu'avec la fin de l'abondance énergétique, la crise climatique, viendra nécessairement le temps d'un changement de paradigme. Et c'est là que la citation de Simone de Beauvoir prend tout son sens. Véra Nikolski fustige un certain féminisme de la réclamation, qui s'enlise dans des débats sociétaux de second ordre, se complaisant dans une position victimaire alors que les femmes devraient investir les domaines clé de la recherche, des sciences dures, afin de se prémunir et d'atténuer les effets néfastes des nombreuses crises à venir, et qui menace 150 ans d'acquis sociaux. Il s'agit probablement de la partie du livre la plus volontairement polémique. Bien que s'appuyant sur les travaux de Jean-Marc Jancovici (expert du climat), la teneur alarmiste, anxiogène et enjoignant à prendre ses responsabilités, ne sera pas forcément audible par tout le monde.

J'ignore si ce livre trouve un écho favorable. Au milieu de la masse d'ouvrages féministes, il y a fort à parier que l'auteure subira des attaques ad hominem, plutôt que de voir s'engager un débat serein et dépassionné. le drame de l'être humain, c'est qu'il lui faut se prendre le mur en pleine face pour qu'il décide de reconsidérer son point de vue. Autant dire trop tard…
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Féminicène de Véra Nikolski

Féminicène prend sa source dans le bouquin d'Emmanuel Todd « Ou en sont-elles ? ». Véra Nikolski en prend la défense dans ses principales thèses : le refus du concept de patriarcat utilisé par les féministes et le soutien de l'idée de « féminisme antagoniste » créé par Todd.
Les citations de « Ou en sont-elles ? » sont nombreuses et toujours pour prendre le parti de Todd. Par contre, le cheminement est totalement différent. C'est une leçon de pensée marxienne et plus spécifiquement de matérialisme dialectique.Les démonstration sont d'une rigueur implacable. Elle explore les vrais raisons de l'émancipation des femmes comme il est dit dans le bandeau et les découvertes sont réelles. Elles contredisent le discours dominant chez les féministes. Suit une critique très documentée des méthodes féministes « réclameuses » plutôt que « faiseuses ».
Les derniers chapitres analysent les dangers qui menacent le féminicène. Véra Nikolski entame alors un autre volet, la crise environnementale et l'effondrement de nos sociétés industrielles.
Sa superbe conclusion « Sauvez le féminicène » donne des pistes pour raffermir le féminisme.
« Cours donc petite fille. Mais pas pour t'enfuir. Cours, en marathonienne ou en sprinteuse, vers le réel. Cours, mais ne te trompe pas de direction . »
Meufs et mecs de tous les pays, Lisez Vera Nikolski.
On peut aussi la voir sur la chaîne Youtube Elucide
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Le titre se veut une réponse à S....R.....qui a découvert avant que les hommes soient amenés à être déconstruits, une ère qu'elle a nommée antropocène. Je ne vous raconte pas les horreurs de cette époque.
Vera Nikolski, l'auteure, donne son point de vue bien argumenté sur les origines du pouvoir masculin maintenu pendant des siècles et qui s'est désagrégé en quelques décennies. Ce ne sont pas les luttes féminines qui auraient abattu ce pouvoir mais d'autres causes, naturelles, scientifiques ou économiques...
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Le féminisme m'a souvent déconcertée en particulier ces dernières années centrées sur des débats qui me semblent parfois bien futiles. L'écriture inclusive à l'heure ou des millions de femmes n'ont pas accès à l'éducation, n'ont pas la liberté d'entreprendre et vivent dans des codes établis par des hommes, sous des règles liberticides qui leurs sont imposées. Esclaves modernes...
Véra Nikolski analyse les causes de l'émancipation des femmes et fait le lien avec l'évolution de nos sociétés qui a permis de réduire la mortalité infantile et de libérer les femmes de certaines des tâches qui leurs étaient assignées.
Mais si demain l'énergie n'était plus illimitée, s'il fallait revoir nos mode vie et faire face à une sobriété remettant en cause des acquis dont on ne se rend même plus compte des services qu'ils nous rendent?
Quel serait le sort des femmes en cas "d'effondrement". La crise écologique, la crise climatique sont des menaces de nature à engendrer cette remise en cause. Alors comment se préparer? En militant? En légiférant? ou en s'investissant et en agissant pour se préparer à faire face à ces profonds bouleversements de nos modes de vie?
Il faut être sur tous les terrains semble-t-il.
Serons nous prêtes?

J'ai trouvé ce livre passionnant, emprunt de bon sens, éclairant. A mettre dans les mains de toutes les femmes et des hommes aussi, pour leur ouvrir les yeux, l'esprit.
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critiques presse (1)
Actualitte
09 avril 2024
Véra Nikolski remet les relations entre les femmes et les hommes dans le réel, dans ce qui se passe vraiment, et apporte une contribution essentielle et réaliste, praticable, à la nécessaire et désirable égalité, qui n’est pas loin d’être atteinte, sans qu’aucune satisfaction ne s’en manifeste jamais.
Lire la critique sur le site : Actualitte
Citations et extraits (3) Ajouter une citation
Je peux, pour ma part, d'autant moins me passer d'une définition ancrée dans la réalité biologique que la capacité de porter un enfant, tout comme les autres différences physiologiques liées aux rôles sexués dans le processus reproductif, ont une importance cruciale dans l'histoire de la domination masculine comme dans les conjectures quant à l'avenir des femmes.
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L’être humain ayant pour propriété de vouloirs donner du sens à tout ce qu’il observe et endure, la différence des sexes mais aussi leurs avantages comparatifs et la division du travail qui en résulte sont immédiatement traduits en termes normatifs, c’est à dire en culture.
Contraint de choisir une voie par nécessite objective, il lui donne le statut de destin, transformant ce qui est en ce qui doit être.
D’une simple adaptation pratique, le monopole de la chasse devient un droit et une occasion de se distinguer. Et qui dit monopole de la chasse dit monopole des armes, dit monopole de la violence donc possibilité de contrainte.

Confier aux hommes la tâche de chasser était une bonne idée du point de vue de la survie de l’espèce ; mais cela a joué un sale tour aux femmes pour le reste de l’histoire, jusqu’à nos jours.
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Le projet de ce livre est d’identifier les conditions qui ont déterminé la domination séculaire des hommes sur les femmes et celles qui ont permis de l’ébranler, afin d’examiner la manière dont elles vont se transformer dans le contexte de la crise climatique et de la raréfaction des ressources – tout cela non pas avec un simple intérêt cognitif, mais dans une perspective pratique : celle d’appeler l’attention sur les problèmes, voire les catastrophes que les femmes devront affronter demain.
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Videos de Véra Nikolski (2) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Véra Nikolski
Cette vidéo explore l'essai « Féminicène », un ouvrage qui propose une vision originale sur l'histoire de l'émancipation des femmes, et les menaces qui pèsent sur leur liberté. Elle propose une lecture matérialiste de la condition des femmes, et appelle ces dernières à en prendre conscience, pour adapter la lutte aux enjeux à venir dans un monde aux ressources limitées, qui a entamé son déclin.
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