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sur 257 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Égypte 1925, juifs et musulmans se côtoient et bien qu'ils vénèrent des dieux différents, vivent côte à côte sereinement.

C'est dans cette atmosphère qu'Esther et Motty se marient. Elle, la folle, la possédée depuis sa perte de connaissance à l'âge de cinq ans provoquée par une chute. Lui, l'aveugle, l'impotent. Un couple improbable, mais dont le mariage sera béni par un amour sincère et maudit, car l'enfant tant désiré tarde à venir. Un mariage qui ne se solde pas par une naissance est souvent source de commérages.

Moty et Esther n'y échapperont pas : sait-il s'y prendre ? Et elle, le démon qui l'habite n'est-il pas à l'origine de cette stérilité ? Les femmes auront tout essayé, en vain, et c'est avec un dernier espoir qu'elles remettront le sort d'Esther entre les mains d'une femme usant de sortilèges.

Quelques mois plus tard, Zohar voit le jour, faible, sa mère ne peut allaiter son bébé. Il faut trouver une nourrice pour que l'enfant survive. C'est à une jeune mère arabe qu'il devra la vie.

Les années passent et Zohar rêve de sa soeur de lait, Masreya. Il sait qu'il la reverra et le jour où il la croise, c'est le coup de foudre. S'il n'est pas bien vu d'entretenir une liaison avec une soeur de sang, coucher avec une soeur de lait est un grave péché. Pourtant, il leur est impossible de lutter, la passion qui les lie est trop forte.

Masreya, jeune danseuse d'une beauté flamboyante aidera Zohar à se faire un nom en côtoyant les personnages les plus influents du Caire, allant jusqu'à devenir la maîtresse du roi Farouk. le roi, amateur de très jeunes femmes fait passer son plaisir avant son devoir de souverain.

L'Égypte des années quarante, les yeux rivés sur l'Europe en guerre, hésite à prendre position dans le conflit et pendant ce temps, l'islamisme radical prend de l'ampleur dans le pays. Les juifs qui jusque là y vivaient sereinement voient les tensions prendre de l'ampleur.

Quel avenir pour ces Égyptiens juifs ?

Comment Zohar le juif et Masreya, la musulmane vont-ils gérer leur relation ?

Une saga entre passé et présent, entre superstition et religion, entre respect et rejet.

Un roman que j'ai aimé même si je lui ai trouvé quelques longueurs. Cette transition entre les anciennes coutumes remplacées peu à peu par des us plus modernes est subtilement décrite. Ceci explique peut-être les longueurs que j'ai mentionnées plus haut, les changements ont lieu petit à petit et L Histoire, la guerre, tient une place importante dans ce livre.

Tobie Nathan décrit une période de l'Égypte dont je ne connaissais rien et qui m'a plutôt surprise. Étrange de s'imaginer un si grand pays gouverné par un jeune roi orgueilleux et futile qui a été jusqu'à interdire les voitures rouges pour que l'on puisse reconnaître un de ses véhicules à son passage.

Une lecture intéressante et passionnante, mais que j'aurais tout autant appréciée raccourcie de quelques chapitres.


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*** Chroniqué dans le cadre de l'opération Masse Critique ***

Egypte, 1935.
Le pays était alors multiple, voyant les communautés (grecques, arméniennes, coptes, juives, et arabes) se cotoyer, sans pour autant vouloir apprendre à se connaitre.
Ce bouillon de cultures a on le sait depuis lors disparu. Car c'est une erreur actuelle de penser que pour vivre ensemble, il faut être semblables. C'est même tout le contraire : il faut être différent de l'autre. En Egypte en 1935, on savait et on tenait à conserver en mémoire cette vérité.

Le récit :
Zohar, le garçon né dans le ghetto du vieux Caire dans "la ruelle des juifs" a eu beaucoup de peine à venir au monde, sa mère Esther n'arrivant pas à enfanter de façon classique. Ironie du sort, c'est grâce à des techniques magiques arabes que Zohar verra le jour et sera nourri au sein arabe de la mère de Masreya qui elle aussi a eu une enfance compliquée, Esther n'ayant pas de lait pour allaiter son garçon.
Il n'en faut pas plus pour que les deux communautés implorent le rabbin d'unir le destin des deux enfants, en fabriquant une amulette qui n'agira (cependant) que tant que les deux enfants sont ensemble. Deux frères de lait dont les sorts sont unis à jamais.
Tel est le point de départ de ce conte mêlant habilement récit, vieilles superstitions du ghetto, magie arabe, prières miraculeuses, mais aussi faits historiques de la seconde guerre mondiale, et coulisses du palais du roi d'Egypte. On apprend donc plein de choses dans divers domaines.

Et en effet, (comme dans tous les contes dignes de ce nom), les chemins de Zohar et de Masreya vont se croiser à plusieurs reprises, comme si un fil magique et ténu mais solide s'obstinait à conserver en état les ponts bâtis entre juifs et arabes. Les péripéties sont multiples et variées, et ont su garder mon attention en alerte, malgré parfois néammoins quelques longueurs qui n'enlèvent cependant rien à la richesse de la langue de l'auteur.

Récit imaginatif et instructif. Il m'a permis de revivre une période de l'histoire égyptienne dont j'ignorais l'existence, et qui a réveillé en moi une certaine nostalgie des temps paisibles passés. S'instruire en se divertissant, que demander de plus ?

Merci donc aux éditions Stock et à Babelio pour cette découverte historique.

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Tout commence dans le quartier juif par le mariage d'un couple improbable, Esther et Motty. Esther est belle mais elle inspire la crainte, car son comportement est parfois étrange, possédée par des démons depuis l'enfance, Motty est bien plus âgé qu'elle, il est aveugle mais ressent et comprend ce que les voyants ne savent souvent pas voir. Leur mariage arrangé sera un mariage d'amour. Pourtant, il se passe de nombreuses années avant qu'Esther porte ce fils tant attendu. Dans l'incapacité de le nourrir, on fait appel à une nourrice musulmane, une fille à la voie ensorcelante qui chante dans les cabarets du vieux Caire. Elle élèvera Zohar en même temps que sa fille Masreya. Les deux enfants seront alors unis par une amulette porte bonheur qui doit être portée par les deux, car elle est unique. Dans ce pays en mutation, de débrouille en combine, le jeune Zohar va finalement créer une entreprise florissante avec Joe et Nino, ses deux amis d'enfance, ceux de la ruelle aux juifs. Un jour son chemin croise celui de sa soeur de lait, belle comme le jour, artiste à la voix magique, la seule, l'unique qui ne pourra jamais être sienne, et ils tombent follement amoureux.

A travers ses personnages, l'auteur nous emporte dans un mélange de magie et de vie, et nous devenons spectateurs d'un pays qui évolue. On y retrouve la période trouble de la guerre en Europe, quand l'Egypte attend la victoire ou la défaite de l'armée de Rommel, à la porte du pays, les manigances des Italiens, prêts à naturaliser de nouveaux soldats, mais aussi la montée des frères musulmans, alors seuls soutiens attentifs d'un peuple qui souffre, la vie dépravée du jeune roi Farouk qui a du mal à trouver sa place, aussi bien dans sa famille que dans ce pays gouverné par les Anglais, et l'arrivée de Gamal Abdel Nasser et d'Anouar El Sadate, cette période tellement importante dans l'histoire malgré tout récente du pays…

J'ai parfois trouvé un peu trop prégnant le recours au surnaturel, et quelques fois pas assez, comme si l'auteur hésitait à s'orienter vers une intrigue où la magie aurait toute sa place. J'ai pourtant beaucoup aimé ce livre. J'y ai retrouvé la chaleur et l'ambiance indolente des soirées au bord du Nil, j'ai aimé la mise en perspective des évènements tant dans le pays qu'à l'international, permettant au lecteur de se situer dans l'Histoire.

Et surtout, je dois avouer qu'en tournant ces pages, en suivant ses personnages, je suis revenue avec un bonheur immense dans les rues du Caire, découvrant ce mot Misr (Egypte) sur toutes les façades, déambulant à pieds dans les méandres des rues intriquées et tortueuses qui partent de Bâb Zuweila à Khan-El-Khalili, y buvant un thé au café Feshawy, traversant le Nil par le pont Qasr al Nil. Je revois les somptueuses villas de l'ile de Roda, le palais Abdine, les jeunes cairotes qui sortent du Gezira sporting club, le lever du soleil alors que je quittais Zamālek et que le taxi m'emmenait au bureau à Maadi Guedida, en longeant Corniche el Nil. Je ressens le goût des pâtisseries toutes en sucre et en douceur de chez Groppi, l'odeur sucrée des fumées des chichas aux terrasses le soir, le parfum suranné du hall de l'hôtel Sémiramis, la chaleur et le sable sur la peau, les jours où souffle le Khamsin et que l'horizon n'existe plus. Et avant tout, la chaleur des gens qui vous abordent quand ils vous croient perdue, qui vous expliquent où vous voulez aller (même s'ils ne le savent pas eux-mêmes !) par soucis de plaire et de rendre service… Cette Egypte magique, éternelle et changeante, que je n'ai pas revue depuis si longtemps. Comme je comprends l'auteur, qui en est parti très jeune et qui n'y reviendra peut-être jamais…
Lien : https://domiclire.wordpress...
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L'histoire débute comme un conte oriental et tisse ses arabesques pour s'achever en fresque historique que vont traverser Zohar et Masreya, frère et soeur de lait. Il est d'origine juive, elle est d'origine musulmane, ils naissent tous deux dans l'Egypte de l'entre-deux-guerres. Un lien amoureux indéfectible les liera toute leur vie malgré leurs destinées divergentes. Issus des quartiers les plus pauvres d'Egypte, tels ceux si chers à Albert Cossery, ils atteindront tous deux les plus hautes sphères du pays via le roi Farouk et son funeste régime durant la Seconde Guerre. Une belle réussite !
Lu en tant que juré du Prix Livre de Poche 2017
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"Ce pays qui te ressemble", au premier regard, il fait peur, ses 536 pages à lire en un temps record... Serait-ce un défi ? si oui, je l'accepte ! Je suis rentrée très facilement dans le livre, je voyais les pages défiler et moi j'ai aimé ! J'ai découvert une nouvelle vision de l'Egypte, celle des juifs des ghettos et puis c'était pendant la guerre ! J'ai découvert les différentes cultures, en passant par les religions jusqu'aux superstitions. Comment ne pas dire que j'ai aimé ce livre, c'est impossible ! Cet ouvrage nous relate les événements de la guerre, tout en y ajoutant une amitié hors du commun entre 3 jeunes et un histoire d'amour entre le héros et sa soeur de lait ! C'est un voyage à la fois passionnant et émouvant !
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Un roman grandiose et magnifique qui fait plonger le lecteur dans l'Egypte multiconfessionnelle et bigarrée, dans l'Egypte des derniers feux de la royauté à la République de Naguib gangrénée par l'islamisme naissant.

On est loin des clichés de l'Egypte éternelle : pas de pyramide, de sable brûlant mais plutôt les ruelles tortueuses du quartier juif du Caire ou ses grandes avenues où se joue le sort du pays.
Chaque chapitre porte d'ailleurs le nom d'une rue ou d'un endroit.
Pourtant, la magie ancienne, les croyances remontant au temps des pharaons demeurent.
C'est un roman à la fois réaliste et historique, et fantastique et poétique.

L'auteur a réussi merveilleusement à dépeindre l'âme de son pays natal et j'ai suivi avec délices les aventures parfois truculentes, parfois tragiques de la famille de Zohar/Gohar du mariage mouvementé de ses parents, de sa conception et naissance jusqu'à son départ du pays aimé.
On ne tombe jamais dans l'exotisme mais on est, pour sûr, dépaysé.

Le dispositif narratif à la première personne (c'est Zohar qui égrène ses souvenirs) et à la troisième personne (avec intervention d'une voix, qui semblable à celle du choeur antique, annonce la destinée tragique du protagoniste principal) permet de jongler avec la focale sur l'intrigue.
Focale longue : on s'amuse ou s'étonne de la vie trépidante de Zohar et des siens.
Focale courte : on voit derrière eux L Histoire en marche et ses conséquences.
le récit est truffé de références chronologiques précises donnant de la consistance à l'existence des protagonistes tout en la mettant en résonance avec la chronologie historique de l'Egypte.

Le roman regorge de personnages hauts en couleurs, imaginaires (l'oncle Zélie) ou réels (l'ambassadeur Dawson), de femmes de caractères (d'Esther à Masreya en passant par Jinane), de sons, d'odeurs, de couleurs...
J'ai aimé la plume de Tobie Nathan : fluide, imagée et qui se révèle tantôt cruelle ou acérée (pour dénoncer les frasque du roi Farouk), tantôt lyrique ou élégiaque (pour décrire la douceur de vivre dans la ville du Caire).
J'ai été "embarquée" par la romance passionnée et tragique de Zohar et Masreya qui avaient tout pour s'aimer mais aussi tout pour être séparés.

En résumé, ce roman représente un de mes coups de coeur de la rentrée littéraire.
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Un livre complexe qui se lit à plusieurs niveaux.

Vous avez la vie du Hara, la zone pauvre de la médina ou s'entassent les juifs avec des personnages parfois hauts en couleur. Et puis vous avez la vision de la riche bourgeoisie et noblesse avec un train de vie fastueux.

Vous avez les trois héros du livre Zohar, Nino et Joe que tout semblent opposer et qui vont oeuvrer ensemble avant de se séparer pour aller chacun vers son destin.

Vous avez l'histoire de l'Egypte qui se déroule sous vos yeux de 1925 à 1952 avec la guerre, l'indépendance, la chute de la royauté illustrée par la déchéance du roi.

Et puis vous avez l'Egypte éternelle, avec ses rites très anciens, ses sorciers et sorcières qui gardent leurs habitudes.

J'avais l'impression de lire du Albert Cohen (Belle du Seigneur).

Ce foisonnement visage peut être déroutant, surtout au départ. Et puis, progressivement, vous vous laissez prendre par le rythme du livre et ses rebonds, ses personnages fantasques et humains et vous découvrez petit à petit une Egypte loin des dépliants touristiques et de l'image de celle des pharaons.

Remarquable !
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Un vrai roman historique avec une petite histoire d'amour dans la grande Histoire de la moitié du XXe siècle. Ce roman nous conte les aventures de Zohar, jeune juif Égyptien sur la période 1925-1952. Après quelques longueurs au démarrage, on est ensuite conquis par cette fresque qui nous fait revivre cette période mal connue de l'Égypte en illustrant bien ce bouillon de cultures qui est la racine de l'Égypte.
Magie, sorcellerie, amitiés, amour, religions et politique sont tous les ingrédients de ce roman envoûtant.
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Par ces temps troublés il est bon de se souvenir d'un temps ou la vie entre différentes religions était possible, elle avait ses codes mais ne manquait pas de respect. Cette superbe histoire d'amour, cette insouciante jeunesse et ce pays qui va connaître le chaos sont aussi enivrant que la belle plume de l'auteur.
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Zohar "le Magnifique" et sa soeur de lait, Masreya, dans une Egypte tourmentée, dans une danse orientale sensuelle, voila ce que raconte ce beau roman, puissant, épique et tellement échevelé. Les personnages se succèdent, tous singuliers, d'Esther la folle et Motti le père aveugle au roi Farouk, infantile et capricieux. Tous, juifs ou arabes, italiens ou anglais, embarqués par cette folle époque de guerre qui fait trembler l'Egypte et sème les bases d'un monde nouveau.
'est l'histoire de l'amour fou, celui des parents de Zohar, celui de Zohar pour Masreya, pour son pays aussi, mais c'est aussi une chanson triste sur l'amitié qui unit, éloigne ou sauve. C'est d'abord un conte, un peu fantasque, très exotique, qui s'achemine vers la tragédie et la violence, vers le renoncement.
J'ai beaucoup aimé cet épais roman qui contient tout : la folie des hommes et la passion, la magie de l'enfance et la maturité, la foi et les superstitions, l'amour et la haine.
La narration est parfois déroutante , alternant point de vue omniscient et focalisation interne, mais elle charme et envoûte, scandée tour à tour par les vers des poètes et la truculence du petit peuple.
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