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Georges Kassai (Traducteur)Zéno Bianu (Traducteur)
EAN : 9782253099314
216 pages
Le Livre de Poche (23/02/2005)
3.23/5   31 notes
Résumé :
C'est une petite boule de poils qui gambade et aboie. Il n'est pas beau mais semble avoir de l'esprit et bientôt, grâce à ses maîtres, de bonnes manières...Tchoutora est le nom de ce chiot joyeux que Monsieur a décidé d'offrir à Madame en ce Noël 1928 assombri par la crise économique. Bien qu'attendrissant, le quadrupède se montre vite rétif aux règles que dicte la bonne société à un « être inférieur » de son espèce, et bouleverse de sa turbulente présence la vie du... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (7) Voir plus Ajouter une critique
Sandor Marai se paye la tête des bourgeois de Budapest, au début des années 1930.
Leurs petites manies, leur paupérisation (crise oblige), leur néanmoins attachement aux signes extérieurs de richesse, toute relative, de leur classe, leur autocentrisme, leur entêtement de classe.
Le chien, Tchoutora, acheté par Monsieur pour l'offrir à Madame, est un révélateur : lui, n'appartient à aucune classe (entendre : race, Tchoutora a été cédé en tant que Puli – race spécifiquement hongroise, je conseille d'aller sur internet voir cette race, assez drôle, sorte de berger très poilu, les poils étant de deux niveaux et s'entremêlant pour finir en sorte de dreadlocks, impressionnant – mais Tchoutora en grandissant sera simplement un gentil bâtard.
Reprenons sur quelques points de détails.
Les premiers chapitres relatent les préparatifs des fêtes de Noël chez un couple, Monsieur et Madame (ils porteront jusqu'à la fin cette absence de nom, ce qui donne au narrateur mais surtout au lecteur une distance qui en fait un observateur, un chercheur en sociologie, voire en étiologie).
Dans cette famille de Monsieur et de Madame, milieu bourgeois mais désargenté – crise économique oblige – cadeaux, repas, sapin restent autant de marques sociales essentielles, existentielles. Là, la plume de Sandor Marai est une épée qui touche à chaque assaut. J'ai par exemple jubilé à la lecture de la page où le sapin décati est comparé à la tante Gisèle. L'écriture de Sandor Marai est telle que les images sont là, le sapin et la tante Gisèle. Les têtes, les couleurs et les odeurs. Tordant.
Dans cette famille, au sein de ce couple de Monsieur et de Madame, le Puli – en fait le faux Puli – arrive. Je passe sur le chapitre qui concerne la vente entre Monsieur et le gardien roublard du chenil. Là aussi, écrit il y a près d'un siècle, la scène n'a pas pris une ride.
Enfin, le chiot baptisé Tchoutora arrive dans la famille, entre Monsieur, Madame, et Thérèse la bonne. le comportement du chiot est décrit de manière très réaliste, adorable. Sandor Marai manie les degrés d'humour, et une écriture toujours précise, avec sons et couleurs, et installe le chien au milieu des humains. Les dialogues – monologues – entre le chien et Thérèse, la bonne, sont savoureux. La bonne, représentant le bon sens paysan, est la seule à pouvoir dialoguer durablement avec Tchoutora, sans se préoccuper du regard des autres.
Bref, au fur et à mesure des pages, Tchoutora se contrefiche des bienséances bourgeoises et des antagonismes sociaux. Il aboie, il urine, il jappe, il refuse la laisse, un vrai libertaire, qui ne se plie pas aux règles édictées par « ses » bourgeois.
Ce livre est une fable sur le conformisme et les antagonismes de classes dans une société archaïquement figée et pour laquelle l'introduction d'un électron libre « Tchoutora » constitue d'abord une distraction, un amusement, puis une mission, celle de l'éduquer, de l'intégrer, de le faire obéir aux règles, aux usages, de le mettre aux normes dominantes, de le rendre conforme. Enfin, le drame survient. le libertaire, le farouche Tchoutora, le sans race, répond par la violence aux violences subies, celles qui veulent le « normaliser ».
Etre conforme aux normes établies par une classe dite supérieure ou rester libre en le payant peut-être de son sang et en le faisant payer aussi aux soi-disant supérieurs. Une fable et une morale.
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C'est Noël, il neige, nous sommes en Hongrie à la fin des années 20. Les temps sont durs mais il faut sacrifier aux traditions la morosité ambiante et la maigreur des économies. Monsieur, écrivain, doit trouver un cadeau pour Madame, un présent qui ne la déçoive pas mais il n'a pas d'argent. Son choix se porte sur un chiot de deux mois qu'il achète en hâte au chenil du zoo. Or à la place du chien puli escompté, charmant chien hongrois au poil très abondant, il se retrouve avec un bâtard indomptable et méchant...Tchoutora.

Les relations entre le maître et le chien, puisque c'est finalement lui que le chien adopte, ne se passent pas trop mal au début malgré tous les aléas dus à la présence de ce jeune animal - il fait ses besoins sur le tapis, ronge pantoufles, robes de chambres et livres anglais, aboie parfois pendant des heures. de quoi vous dégoûter à jamais de la race canine...

Mais à un moment tout dérape, le chien grandit, devient incontrôlable. Un sauvage indompté au coeur d'une vie bourgeoise, qui va bientôt devenir indésirable, inadapté à la vie dite civilisée...Un caractère trop fort mais qui pourtant laissera des regrets.

Finalement l'écrivain aurait peut-être du se contenter d'un chat ...animal beaucoup mieux adapté au besoin d'un homme de lettre. Bien que certains matous puissent également avoir des caractères bien trempés...Mais au delà du choix d'un animal, c'est la société hongroise dont Sandor Marai se moque gentiment. Avec parfois quelques longueurs, un certain humour et une interrogation : qui est finalement le plus sauvage des deux ?
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Un livre avec le mot chien dans le titre il était forcément pour moi ! Tchoutora, jeune chienne de race Pouli se retrouve dans la famille d'un couple de la haute société dont la fortune semble bientôt un vague souvenir. Cette année c'est sûr, ils ne s'offriront rien mais comme chaque année ils ne tiendront pas parole et c'est comme cela que Monsieur se retrouve dans le zoo de la ville, et rencontre le propriétaire de son chenil bien dégueulasse. Il lui vend la petite loute que Monsieur compte offrir à sa femme. Et oui c'est bien connu on offre un chien à Noël ! Rien ne sera simple avec cette boule de poils qui ne demande que de l'attention !

C'est bien écrit certes, mais il a manqué quelque chose à cette lecture : l'amour des chiens, car ici Tchoutora n'est qu'un simple objet il faut bien le dire. Elle est délaissée. Mais en plus j'ai trouvé la fin ignoble, en même temps on peut y voir une dénonciation des animaux-objets même si je ne suis pas certaine que l'auteur avait cela en tête ?

Je m'attendais à une belle histoire, et bien non pas cette fois !
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C'est un livre apocryphe de Sándor Márai, publié par ses héritiers.
C'est un vrai bijou de subtilité psychologique car sous le faux prétexte de nous narrer l'arrivée d'un petit chien dans une famille bourgeoise hongroise, nous avons une fine et assez drôle (rare chez Márai !) analyse de toute la société hongroise, et même un traité de psychologie canine !
Un régal de fraicheur.
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Tout (ton, style, méthode, idée) ce fort bon livre se résume à ses dernières lignes, et j'en fais ma critique-même :
"Malgré ces morsures dont les traces ne se sont pas effacées, Monsieur se demande si le fantôme de Tchoutora ne lui est pas plus cher que toutes les vertus du beau, de l'excellent Jimmy King. Car à mesure que, tâtonnant et trébuchant, il avance dans la vie, il comprend de mieux en mieux que nous préférons l'imperfection et l'insoumission à la perfection et à la docilité et qu'en définitive, les défauts d'un être nous sont plus chers que ses qualités. il en est ainsi, lecteur, dans la vie comme dans les arts et, malgré cette apparente banalité, cette leçon vaut bien une morsure de chien."
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Citations et extraits (9) Voir plus Ajouter une citation
Il se souvient qu'en cette veille, tout est surprise, tout est mystère, y compris le nombre d'œufs que la bonne doit mettre dans la mayonnaise, parce que ce soir-là, chacun attend le retour d'un merveilleux qui a définitivement disparu. On dirait que c'est vraiment Noël, songe t-il ébahi, et qu'il me faut prendre au sérieux cet appartement, cette famille et cette fête, avec ses mystères, son odeur de sapin et son atmosphère attendrissante...Ce genre de choses l'étonne toujours.
Il regarde la neige tomber, mais n'entend plus le carillon d'autrefois. Non le mystère s'est évaporé. La fête le met mal à l'aise : on ne s'attendrit pas en cette société.
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Dans la rue, sa petitesse suscite intérêt et compassion. Pitoyable et un brin ridicule, il suit madame, s'applique à gravir les congères qui encombrent les trottoirs, aboie devant chaque soupirail, avale quantité de neige, et s'efforce d'imiter, avec la grâce d'une fillette, le geste des chiens accomplissant leur devoir. Mais il ne va pas jusqu'au bout de sa logique. Aux aurores, Thérèse passe quelquefois une demi-heure avec lui sous la neige. Quant à Madame, elle le traîne pendant des heures au Champ du Sang ou un peu plus haut, sur la Promenade des Bastions ; en vain, comme si toute tentative de persuasion, toute référence à l'exemple édifiant de ses congénères se brisaient sur la pudeur de Tchoutora, veillant avec un soin jaloux à la propreté des rues. Ce n'est qu'une fois rentré à la maison - mais dès qu'il en franchit le seuil ! - qu'il se résigne à obéir à l'ordre impérieux de la nature.
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Il faut l’habiller, dit Madame, qui n’a rien entendu. Pas de façon luxueuse, bien sûr. Pour le chien d’un écrivain hongrois, un bout de tissu fera l’affaire. J’ai trouvé une vieille chaussette, bien épaisse. Il suffit de la lui passer par la tête. Comme ça, il aura l’air d’un journaliste en tenue de prisonnier, tu sais, un journaliste condamné pour délit de presse… Mais au moins, cela le protégera du froid.  »
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Le symbole glapit faiblement, tourne la tête dans tous les sens et se dresse sur ses pattes de derrière. Poils hérissés, agité de tremblements nerveux, il se tient dans la main de Monsieur et supporte – sans la moindre réaction – que celui-ci, après avoir décoré son collier de quelques branches de sapin, l’enveloppe dans du papier de soie, le recouvre d’une écharpe et le dépose au pied de l’arbre, parmi les cadeaux destinés à Madame. Le petit paquet reste immobile et silencieux au milieu des autres symboles d’amour, enveloppés, comme lui, dans du papier de soie. Que peut-il bien se passer dans sa tête ? se demande Monsieur, …..
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Ils franchissent la porte de l'immeuble et pendant que Monsieur met ses gants, Tchoutora parcourt rapidement son courrier du jour qui s'entasse au pied de quelques vieux marronniers. Messages, notes et mémoires s'y amoncellent sans doute depuis plusieurs dizaines d'années. Tchoutora, après avoir fait le tour de son arbre préféré, qu'il renifle abondamment à sa façon de fillette pudique, c'est-à-dire sans lever la patte de derrière, commente toujours sa lecture en y ajoutant quelques notes marginales. Il s'attarde ensuite auprès d'un tronc qu'il flaire, évalue et contrôle avec la minutie et le sérieux d'un vrai chercheur.
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Avez-vous déjà vécu cette expérience terrible : quand l'amour entre en conflit avec l'amitié ? Mais savez-vous qu'il existe un roman formidable qui nous dit lequel de ces deux sentiments finit toujours par l'emporter ?
« Les braises », de Sandor Marai, c'est à lire au Livre de poche.
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