Le premier plaisir, dans la lecture de
Margaux Moya, c'est celui des mots. Des phrases ciselées avec une maîtrise exceptionnelle du choix des expressions, le charme d'un regard toujours poétique et la richesse de figures de style subtilement placées. Chaque paragraphe, chaque page se lit avec la même délectation de se laisser porter par la beauté du langage.
Il y a aussi, dès les premières pages, l'étonnement de voir le personnage principal, qui est un homme, décrit de l'intérieur par une femme. On pourrait penser qu'il y a là quelque chose d'incompatible pour le commun des mortels. Mais pas pour les grands écrivains, ceux qui savent vraiment se mettre à la place de leur personnage, quel qu'il soit, ceux qui ont assez d'empathie pour observer et comprendre ce qui anime les autres. L'auteure y parvient au point de disparaître totalement derrière ses personnages. Elle nous fait entrer dans les tourments d'un homme désespéré qui fuit, comme le dit le titre très bien choisi, un monde où il a perdu toute illusion. Elle parvient à nous faire partager ses rêves, qui sont sans espoir et auxquels on voudrait croire avec lui.
Margaux Moya sait parfaitement conduire son récit, pour entraîner son lecteur dans une succession d'événements et de rebondissements qui le tiennent en haleine jusqu'à la fin. Elle fait preuve d'une imagination sans limites pour créer une intrigue particulièrement bien ficelée à travers un roadtrip à moto qui fleure bon l'Amerique et le rock.
Bref, un chef d'oeuvre de roman, qui aurait la place dans la pile des livres à lire par les membres des jurys de prix littéraires. le genre de roman que l'on aimerait savoir écrire!