Citations sur À la gorge (30)
Si son plan était de faire croire à un suicide, c’est foutu. Un double suicide par pendaison, c’est aussi crédible qu’un Amish au Hellfest. (p. 240)
Quand, de retour dans sa voiture, elle avait réajusté son rétroviseur intérieur, elle avait eu un choc. Des cernes bleu foncé, comme creusés au burin, les cheveux secs et pleins d'épis et tant de vaisseaux éclatés dans les yeux qu'on aurait cru des aperçus de cartes routières.
- On peut parler ?
- Si tu me dis qui t'es, p't-être.
- Je suis flic.
Il lâcha un petit rire nasillard.
- Tu me prends pour un con...
- Non.
- T'es pas une flic, toi.
- Pourquoi je pourrais pas être une flic, dis-moi ?
- Parce qu'il y a aucune flic qui m'a jamais donné envie de la tringler.
Anaïs imagina qu'elle faisait sauter les petits yeux noirs avec la pointe d'un canif. Puis elle lui offrit son sourire extra-large.
(p. 136)
- (...) lorsqu'on devient parent, on doit faire le deuil d'une forme d'insouciance, de liberté, et l'on découvre avec terreur, parfois, que l'échec nous est devenu interdit. Qu'on ne pourra jamais se laisser aller, oublier nos devoirs, partir pour tout recommencer ou, même, se laisser mourir.
(p. 165-166)
(...) ces maux ordinaires des classes privilégiées : névroses de bourgeoises désoeuvrées et autres crises de la quarantaine de notables confrontés à la vacuité d'une vie qu'ils comprenaient soudain ne jamais avoir vraiment choisie.
(p. 31)
Parce que, soyons sérieux, y a aucun rasta blanc qui ressemble pas plus ou moins à un balai à franges.
- Comment on fait, une fois là-bas ?
- Comment on fait quoi ?
- On lui balance la lettre (...), et puis quoi ?
- Bah j'en sais rien, on improvise.
- En général, les flics qui disent ça dans les films font de la merde l'instant d'après.
- C'est pour ça que j'en regarde jamais.
(p. 241)
Il avait mal dormi – ce qui n’était pas franchement inhabituel, surtout depuis qu’il avait remplacé le whisky par la camomille. D’ailleurs, il comptait également mettre un terme à cette pratique inavouable, étant donné que se réveiller trois fois par nuit à cause d’une vessie pleine de jus de plante allait un peu à l’encontre de son objectif premier. (p. 47)
Mais si l'on ne peut pas pardonner, ça ne vaut pas la peine de vaincre, disait Victor Hugo.
Il était temps. Temps de pardonner... A lui-même.
Les monstres n'existent pas. C'était sa seule certitude en ce monde.
Il n'y a que des hommes, des femmes.
Et toutes les passions qui les consument.
Elle n'eut pour lui pas un regard, pas un mot, sans même parler d'un sourire. L'humanité bien planquée derrière une gueule dont l'équivalent en termes d'accueil se situait entre le fil de fer barbelé et l'ortie.