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3,61

sur 5041 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Il serait inutile aujourd'hui de discuter les origines et les sources de cette pièce, puisque beaucoup de préfaciers l'ont déjà fait. Seulement, il semble assez judicieux de mentionner que le fait de s'inspirer des anciens était à la mode au XVIIème siècle et l'on aura maints exemples de ce genre dans la littérature de cette époque. Or, cette fois Molière n'a pas seulement tiré profit d'une pièce de Térence (Phormio) ou d'une farce Tabarinique mais aussi de pièces contemporaines de Cyrano de Bergerac ou encore Rotrou. Mais il faut bien tenir en compte que Molière devait à chaque fois créer de nouvelles pièces pour les jouer ensuite et les mettre en scène pour satisfaire la soif de ses spectateurs et admirateurs.

La pièce comme son titre l'indique tourne autour des ruses d'un ingénieux valet qui use de fourberie pour venir en aide à son maître. L'intrigue, par ailleurs, est assez simple et réunie beaucoup de scènes burlesques dans l'esprit de la commedia dell'arte. Bien entendu, cette pièce s'éloigne des grandes comédies de Molière par son sujet, sa forme, son langage et son comique et n'a pas eu un grand succès à sa première représentation. D'ailleurs le grand Boileau avait écrit à son propos des vers peu élogieux dans son Art poétique :

Quitté, pour le bouffon, l'agréable et le fin,
Et sans honte à Térence allié Tabarin.
Dans ce sac ridicule où Scapin s'enveloppe,
Je ne reconnais plus l'auteur du Misanthrope.

La vérité est que Molière était un artiste complet qui devait envelopper tous les goûts de son public au prix de choix peu élégants ; et l'on se rappelle la critique sévère de la Bruyère contre Rabelais pour à peu près la même raison. Certes, cette pièce est moins profonde que ses grandes comédies mais c'est un plaisir pour le lecteur et le spectateur par ses jeux de langage et son comique spectaculaire.
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Grand classique de Molière, « Les fourberies de Scapin » nous plonge dans l'ambiance de la commedia dell'arte où quiproquos, tromperies, retournements de situations et coups de bâton se multiplient.
A Naples, deux jeunes garçons sont amoureux. Profitant de l'absence de leurs pères respectifs, l'un, Octave, épouse en secret Hyacinthe, une jeune fille pauvre et d'origine inconnue, tandis que l'autre, Léandre, conte fleurette à Zerbinette, une égyptienne. Mais malheur ! Voici que les pères, Argante et Géronte, rentrent de voyage avec des projets de mariage pour leurs enfants. Les garçons se croient perdus et ne savent plus que faire. Heureusement, Scapin, le valet de Léandre, a plus d'un tour dans son sac pour venir en aide aux jeunes hommes.

Personnages hauts en couleur, rythme soutenu, intrigues burlesques, c'est du Molière dans toute sa splendeur. L'auteur ici se déchaîne dans l'art de la tromperie et de la drôlerie. Scapin, intelligent et fourbe, est celui par qui tout s'arrange, forcément : l'avarice est punie et l'amour est récompensé. Avec en plus, une fin que je n'avais pas vu venir. Le tout dans la belle langue de Molière.
Une pièce à lire et à relire sans ennui.
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Dans le cadre du « Challenge SOLIDAIRE 2019 – Des classiques contre l'illettrisme», je ne savais pas quelle pièce lire de Jean Poquelin ? Je me suis finalement décidée pour Les fourberies de Scapin sur les bons conseils de BazaR.

Cette pièce, créée en 1671 figure parmi les dix les plus représentées de tout le répertoire de Molière. Je l'ai trouvée fort plaisante à lire même si je l'ai trouvée un peu courte à mon goût (24 scènes en 3 actes). Aussi, j'ai beaucoup apprécié de lire l'édition présentée par Jean Serroy. le dossier est vraiment intéressant.

Que dire après 124 critiques ? Ma préférence va à la fin de la scène 3 de l'acte 1 quand Scapin prépare Octave à affronter son père. Il n'est de toute évidence pas prêt :

SCAPIN - (…) Oh ! que diable ! vous demeurez interdit !
OCTAVE- C'est que j'imagine que c'est mon père que j'entends.
SCAPIN- Eh ! oui. C'est par cette raison qu'il ne faut pas être comme un innocent.
(…)
SILVESTRE- Voilà votre père qui vient.
OCTAVE, s'enfuyant- Ô Ciel ! Je suis perdu !
SCAPIN- Holà ! Octave, demeurez, Octave ! le voilà enfui, pauvre espèce d'homme ! Ne laissons pas d'attendre le veillard.

Un bon moment de lecture.



Challenge SOLIDAIRE 2019 – Des classiques contre l'illettrisme
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Après la démolition du théâtre du Petit-Bourbon, la troupe de Molière et les comédiens italiens qui partageaient la même salle, se sont vus relogés en 1660 au théâtre du Palais-Royal. Ce théâtre faisait partie du Palais Cardinal, propriété du cardinal de Richelieu (grand amateur de théâtre) qu'il a légué au roi, et au moment où Molière et les Italiens se le voient proposer, il n'est plus en très bon état. Les deux compagnies vont s'en accommoder tant bien que mal pendant quelques années, mais en 1671 Molière souhaite y donner psyché, une fastueuse tragédie-ballet,créée dans la salle des machine de la cour. Or l'état des poutres n'autorise pas du tout l'installation des machines permettant de jouer cette pièce. Des travaux deviennent donc indispensables pour permettre à Molière de donner de grands spectacles à machines, accompagnés de musique et de danse, qui sont dans l'air du temps et qui attirent le public en nombre. Ces travaux finis, les répétitions de psyché peuvent commencer. Mais compte tenu de l'importance des décors, et de l'alternance avec les Italiens, il n'est pas possible de reprendre les pièces de répertoire habituelles de la troupe de Molière. Pour ne pas arrêter complètement les représentations et les rentrées d'argent pour la troupe pendant la préparation de psyché, Molière écrit rapidement une pièce en trois actes (donc une petite comédie) nécessitant peu de décors et d'accessoires, faciles à enlever après la représentation.

Molière choisit d'adapter une comédie de Térence, Phormion, à qui il emprunte l'intrigue de deux jeunes gens qui tombent amoureux pendant l'absence de leurs pères, et dont l'un épouse la jeune fille qu'il aime, et l'autre a besoin d'argent pour racheter celle qu'il aime à un marchand d'esclaves, sans bien entendu l'accord des pères. Ils seront tirés d'affaires par un habile esclave.

Molière change peu la trame d'origine, il l'adapte seulement au contexte de son temps. Ainsi ce n'est plus à un marchand d'esclaves qu'il s'agit de racheter la jeune fille, mais à une bande de Bohémiens. de même l'esclave devient un valet, le Scapin du titre. Molière dédouble les fourberies du rusé serviteur, qui doit au final extorquer de l'argent aux deux vieillards et non plus un seul. de même les deux jeunes filles se trouvent êtres celles que les pères voulaient faire épouser à leurs fils, ce qui permet une heureuse issue à la fin de la pièce, tout le monde trouvant son compte à l'affaire. le dédoublement des fourberies du valet imprime à la pièce un rythme endiablé et donne à Scapin le rôle central, et à Molière qui le jouait une occasion de montrer tout son talent d'acteur comique.

Par ailleurs, la réplique la plus célèbre (Mais qu'allait-il faire dans cette galère ?) est empruntée à l'unique comédie de Cyrano de Bergerac, le pédant joué. Pièce jamais jouée ni éditée, car en plus de s'attaquer à un célèbre professeur, elle contenait des éléments considérés à l'époque comme blasphématoires, et qui ne circulait que sous forme de manuscrit parmi les libres penseurs. Ce qui montre au passage que Molière en faisait partie, et que les attaques des gens d'Église à son encontre n'étaient pas le fruit du hasard.

Les fourberies de Scapin sont créées le 24 mai 1661 et ne rencontrent pas un grand succès. Elle quittera l'affiche en juillet pour laisser la place à psyché, et sera édité en août.

Un peu conçue comme un bouche-trou, écrite très rapidement, la pièce montre à quel point Molière est capable d'insuffler une forme de génie à un canevas convenu. Son valet, l'air de rien, met en lumière tous les défauts de ses maîtres, vieillards avares et égoïstes, jeunes gens imprévoyants et de peu d'esprit. Il est la force agissante, mais sa condition sociale l'empêche de donner la pleine mesure de ses capacités, réduit à servir des personnages de peu d'intérêt de de peu d'envergure. Et il n'a pas de reconnaissance à attendre de ceux qu'il sert. Il y a là une sorte de satire sociale puissante, mais sans que cela nuise au formidable potentiel comique de la pièce.
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Je découvre, il y a peu de temps (car il n'est jamais trop tard pour apprendre), que Molière était un fieffé voleur et qu'il s'accaparait les pièces des autres pour construire les siennes. le genre de choses qu'on ne vous apprend pas (comme c'est bizarre) au collège, où Molière constitue un passage obligé en cours de français. C'est que depuis le XIXème siècle, on l'a quelque peu élevé au rang d'icône nationale et qu'il ne faut pas toucher aux icônes. Bon, d'un autre côté, on sait bien que Shakespeare lui-même empruntait régulièrement les arguments de ses pièces à d'autres auteurs. Et, surtout, le fait est que ce genre d'emprunts était plus que courant au sein des troupes qui sillonnaient la France du XVIIème siècle : toutes jouant le même répertoire, pour se distinguer les unes des autres, elles s'appuyaient (le mot est faible) sur des comédies espagnoles ou italiennes, pour les rebâtir et concocter farces et autres réjouissances en un acte, représentées en général après une tragédie. Bref, il fallait bien se débrouiller pour faire bouillir la marmite. Visiblement, Molière n'avait pas cessé ces pratiques une fois que sa troupe fut devenue Troupe du Roi. Vous me direz que, justement, il était alors encore plus pressant de plaire - on sait que Molière était très ambitieux -, et qu'user de vieilles recettes ayant maintes fois prouvé leur efficacité devait mener au succès. Quoique... Les Fourberies n'a pas tellement plu lors des premières représentations, et Molière n'a d'ailleurs pas coupé à l'accusation de plagiat, même en ces temps où les droits d'un auteur étaient carrément soumis à mal. Alors, que penser de ces Fourberies, dont l'argument est emprunté à Térence, la forme à la comédie italienne, et le fameux passage de la galère proprement piqué au Pédant joué de Cyrano de Bergerac ?

Le fait est que Les Fourberies de Scapin est une comédie tirée au cordeau. On a beaucoup dit que Molière construisait mal ses pièces, notamment à propos du Tartuffe. Ici, on serait mal avisé de le répéter. Bizarrement, elle est construite en trois actes, ce qui ne correspondait alors ni à la forme d'une "grande comédie" (cinq actes), ni à celle d'une "petite comédie" jouée après une tragédie (un acte seulement). du coup, elle a la longueur parfaite pour des spectateurs qui n'ont plus les mêmes exigences, ni ne connaissent les mêmes conditions de représentation qu'au XVIIème siècle. En cinq actes, elle se serait délitée dans des péripéties répétées et devenant très lourdes. Plus courte, elle n'aurait pas donné l'occasion à son auteur de développer les scènes mémorables que l'on sait, ni même son personnage principal. Or, elle est si bien construite que tout le comique fonctionne toujours à plein. Je voudrais noter au passage que, malgré ma fréquentation de la pièce, je ne l'avais pas relue depuis très longtemps et que j'y ai redécouvert des petits bijoux : je pense surtout à deux tirades à la scène V de l'acte II, où Scapin redouble d'arguments en défaveur de la justice officielle pour détourner Argante de son projet de plaidoirie (et lui soustraire deux cents pistoles). Mais dès la première scène, j'étais déjà ferrée par les répliques de Silvestre. Car, de fait, si Térence et la comédie italienne ont été plus que sollicitées par Molière, il lui a bien fallu écrire des dialogues (quand il ne les a pas piqués chez Cyrano, s'entend), les rendre vivants, les mettre en scène, et donner de la chair aux personnages.

Certes, on pourrait peut-être arguer du fait que certains personnages, justement, paraissent un peu falots. Car oui, Scapin est génial en personnage alliant malice, vivacité, forfanterie et naïveté (la façon dont il balance Léandre sans s'en rendre compte !), Silvestre fonctionne très bien en contrepoint, mêlant ruse, prudence et nonchalance, et, évidemment, Argante et Géronte forment un duo de pères exceptionnel, bornés, sûrs de leur droit, drôles et, ma foi, plutôt sympathiques... Mais que dire d'Octave, de Léandre, de Hyacinte, voire de Zerbinette ? C'est là qu'à mon sens le jeu fait tout, et il ne tient qu'aux acteurs et au metteur en scène de forcer le trait pour donner du relief aux caractères tout de même très niais des deux jeunes hommes, notamment. Ainsi, la scène II de l'acte II, qui voit les retrouvailles de Géronte et Léandre, sera d'autant plus piquante qu'elle jouera sur les contrastes entre un père furieux et un fils qui joue (assez mal) les innocents.

On pourrait gloser encore longtemps sur les mérites d'une comédie impeccablement écrite, qui reste toujours aussi savoureuse après de nombreuses lectures (à haute voix!) et représentations. C'est un petit délice dont on ne se lasse pas. Mais que cela ne nous empêche pas d'apprendre aux collégiens que Molière était, lui aussi, un sacré filou !


Pour consulter des citations qui illustrent cette critique :

https://www.babelio.com/auteur/-Moliere/2162/citations/1252532
https://www.babelio.com/auteur/-Moliere/2162/citations/1253958
https://www.babelio.com/auteur/-Moliere/2162/citations/1253159
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Molière, qui a capté les situations comiques universelles!
Typiquement «Les Fourberies de Scapin», tout le monde les a vécus. La pièce est tellement juste, qu'on pourrait dire en quelque sorte qu'elle est capable de s'engendrer elle-même, comme dans cette anecdote :
Mon idiot de frère qui est maintenant tout à fait adoubé par l'université… Etait dans sa jeunesse, disons, un petit peu limite question culture générale, coté littérature c'était carrément grave! Sans doute le résultat d'une guerre déclarée à l'école, aux enseignants, aux enseignements…
Après la fin de cette guerre, momentanément perdue, par passion des voyages, il découvrait les US et à quoi pouvait servir l'anglais!
Un jour il se retrouve à Stanford, une adresse que je lui avais donnée… Très bien reçu par ce copain que j'avais connu à la chorale de la Sorbonne, qui avait passé un an à Paris, parlait très bien français et était le gars qui savait réellement apprécier un motet de Monteverdi…
Ce copain suivait un cursus de français à Stanford et il proposa à mon frère sur place, de suivre un de ses cours en amphi. le professeur était au parfum... Il faisait son cours sur les fourberies de Scapin. Après probablement quelques effets théâtraux et oratoires, il tourna autour du pot et de la phrase clé des galères, qu'il ne cita pas, à dessein puisqu'il enchaina sur une digression : «Nous avons dans l'amphi, par chance, un français. Savez vous que les français sont très cultivés! Ils connaissent tous, les pièces classiques! Ainsi au hasard sur cette pièce que nous étudions, le jeune français dans la salle, connait par coeur la réplique clé de la pièce… N'est ce pas?».
Soudain tout le monde se tourne vers lui. C'était un guet apens… C'était du « live », rien n'était truqué!
Je suis toujours mort de rire à l'idée qu'il a fait ressurgir la bonne réponse du fond du néant. Oui, c'est venu! Trop fort pour ne pas perdre la face!
L'histoire ne dit pas ce que le prof qui jouait le rôle du turc attendait? Peut-être n'avait-il pas de doutes? Mais je suis sûr qu'il n'a jamais pu se rendre compte du fait qu'il avait crée, une vraiment super belle galère!! Qu'il avait été un super maudit turc!!
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Voilà une comédie trépidante,enlevée, qui utilise à merveille tous les ressorts du comique! Malgré l'obstacle de la langue et des moeurs du 17ème siècle, elle plait beaucoup aux élèves.C'est toujours magique de constater que Molière enchante encore et cela prouve sa modernité pour l'époque.
Bon, petite piqûre de rappel ( car souvenirs lointains de collège, en général !) :
Octave, jeune homme timide et assez peureux ( pour ne pas dire lâche ...) apprend avec inquiétude le retour de son père, Argante.En effet, pendant son absence, il a épousé la délicieuse et tendre Hyacinte, donc sans le consentement paternel, alors qu'on le destinait à une autre jeune fille ( Quoi ?? On ne peut pas épouser qui on veut ? Réflexion indignée d'élèves...) de son côté, Léandre , fils de Géronte,est amoureux de Zerbinette, enlevée par des Egyptiens qui demandent une rançon.Bien fâcheuse situation pour ces deux couples.Mais c'était compter sans Scapin, valet et pourtant le maître du jeu, qui va, par ses multiples ruses, régler tous les problèmes.Géronte, en raison de son avarice, va lui résister cependant. On ne sourcille même pas devant les grossières ficelles qui permettent de réunir les couples et de réconcilier les familles , tant notre plaisir est grand, à la lecture de cette pièce.Certaines scènes sont hilarantes et demandent un grand don de comédien, notamment celle où Scapin contrefait différentes voix.Et il s'en sort à la fin par une dernière ruse, nous n'avons pas pensé un seul instant qu'il serait pendu !
Bref, une pièce que j'affectionne et que j'apprécie d'étudier en classe.
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« Quelque ruse galante, quelque honnête petit stratagème », voilà tout ce qu'il faut au valet Scapin pour résoudre avec brio une affaire fort compliquée. Les comédies de Molière sont toujours inattendues, pleines de retournements de situation, et « Les fourberies de Scapin » n'échappent pas à la règle.
Octave et Léandre, deux jeunes hommes tous deux éperdument amoureux, apprennent que leurs pères respectifs rentrent de voyage, et vont découvrir le pot aux roses. Il va en effet falloir leur expliquer, et surtout leur faire accepter le mariage d'Octave avec Hyacinthe, et l'amour fou que Léandre éprouve pour une jeune égyptienne, Zerbinette, à laquelle il est promis. Si encore elles étaient riches ! Mais ni de bonnes familles ni dotées de beaucoup d'argent, voilà qui n'arrange pas les affaires de nos deux amants, qui craignent la réaction de leurs pères. Une seule solution s'offre à eux : appeler le valet Scapin à la rescousse. Doté d' « un génie assez beau pour toutes les fabriques de ces gentillesse d'esprit, de ces galanteries ingénieuses, à qui le vulgaire ignorant donne le nom de fourberies », il va, à force de coups de bâton, de jeux de rôle et « par cent tours d'adresse jolis » défendre l'Amour !
Extorquer 200 pistoles à Argante, le père d'Octave, ou 500 écus à Géronte, celui de Léandre, sous des prétextes épiques et par quelques tours de passe-passe habiles, qui mettent en joie le lecteur, amusé par les lamentations de l'  « avare jusqu'au dernier point », Géronte, qui répète pour retarder l'échéance où lui sera pris son argent : « Mais que diable allait-il faire dans cette galère ? ». Cette célèbre réplique a d'ailleurs été plagiée par Molière au véritable Cyrano de Bergerac, qui, moins célèbre que son homonyme fictif, a réellement existé, écrivant notamment la pièce de théâtre « Le Pédant joué », où figurait presque le même effet comique.
On retiendra aussi la fameuse scène du sac, mettant en exergue toute l'habilité et l'aplomb de Scapin, qui fait croire à son maître que la ville entière le cherche pour l'assassiner, l'obligeant à se dissimuler dans un sac. Il simule ensuite des conversations avec des personnes aux accents étrangers, qui toutes cherchent prétendument « cé fat dé Géronte, cé maraud, cé vélître », « pou li donnair un petite régale sur le dos d'une douzaine de coups de bâtonne, et de trois ou quatre petites coups d'épée au trafers de son poitrine ». Scapin roue Géronte de coups de bâton, en lui faisant croire que c'est lui qui est battu, et que seul le bout du bâton atteint Géronte !
Des stratagèmes jubilatoires, des effets comiques et des personnages caricaturaux, qui montrent les travers de la société de l'époque de Molière, et, selon la formule latine « placere et docere », instruisent tout en divertissant. A lire !
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C'est pour moi la première pièce de Molière que j'ai lu et c'était pour l'école. J'ai adoré le personnage de Scapin Fourbe, drôle et ironique.
Si vous aimez le comique de situation avec cette pièce de théâtre vous serez, servi.
Notre prof de français nous avait montré une adaptation et des scènes cultes, je m'en tenais les côtes comme quoi c'est indémodable.

Je vous la conseille.
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Une pièce de Molière assez jubilatoire pour le lecteur et le spectateur.
En effet, Molière joue explicitement et de manière répétée sur le plaisir ressenti à voir le bourgeois, figure du maître non naturel (à l'inverse du noble), dupé par son serviteur.
Nous retrouvons la finesse de Molière qui sait manier avec génie la transgression relative, navigant finement entre la dénonciation du rapport de domination et la préservation de l'ordre établi.
On retrouve également un thème récurrent chez Molière : le bon sens pratique et la finesse d'analyse des serviteurs face à la crédulité et l'empressement des maîtres bourgeois.
Un plaisir de lecture porté à son apogée avec la scène du bateau et des pirates.
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