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sur 185 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Roman de science-fiction afrofuturiste, histoire d'amour ou critique sociale : pourquoi choisir ? Et Leonora Miano s'en tire avec brio. Au XXIIe siècle, dans un continent africain presque entièrement unifié, le chef de l'état et la femme dont il tombe amoureux se retrouvent en désaccord sur un un point : le sort à réserver aux descendant·es des migrant·es d'Europe.

Dur d'entrer dans les premières pages. Il faut s'habituer aux longs pavés narratifs, aux rares dialogues directement intégrés en italique dans la narration, aux nombreux mots empruntés à diverses langues africaines (ne sachant pas lesquelles, je ne peux malheureusement pas être plus précise). La plupart des mots inconnus se devinent bien dans le contexte, mais la présence du glossaire m'a beaucoup servi au début. C'est long, lent et dense, ça demande de prendre son temps au lieu d'avaler les pages à toute vitesse. le point de vue omniscient et la rareté des dialogues donnent l'impression de flotter, comme dans un rêve. Bref, une fois dans le bon état d'esprit, la lecture devient fluide, parce que c'est sacrément bien écrit - mais tout le monde n'adhèrera pas. La fin semble à la fois précipitée et ouverte, ce qui donne ironiquement l'impression que quelques pages de plus auraient été nécessaires.

L'histoire d'amour en tant que telle a un côté rafraichissant, car les valeurs des personnages sont assez différentes des nôtres, ce qui permet d'échapper à un certain nombre de clichés agaçants. En plus, Boya est intelligente et rationnelle et cela fait du bien. Néanmoins, passé les premières difficultés, les personnages s'accordent si bien que leur relation manque d'obstacles internes - au contraire des obstacles externes qui, eux, ne manquent pas. Dommage, car il y aurait eu moyen d'interroger la manière de construire une relation saine malgré la grande différence de pouvoir (l'homme, Ilunga, étant le chef de l'État). le début semblait tendre dans cette direction, mais cet aspect est complètement éludé ensuite. Les quelques passages (heureusement ténus) qui pointent vers l'idée d'une nature féminine m'ont fait tiquer également.

Le gros point fort de ce roman, c'est l'univers afrofuturiste très immersif, entre redécouverte de traditions oubliées et développement des technologies modernes. La prise en compte des enjeux écologiques lui donne un côté presque solarpunk. On tire plutôt du côté de l'utopie que de la dystopie, contrairement à ce qu'en disent certaines critiques (d'ailleurs, il faudrait arrêter de toujours qualifier de « dystopique » n'importe quelle histoire qui se déroule dans le futur).

Utopie, peut-être, mais utopie imparfaite. L'autrice n'esquive pas les difficultés : l'Afrique (ou plutôt Katiopa) a réussi à se reconstruire hors des carcans occidentaux, mais maintenant que cette étape est franchie, les protagonistes ne sont pas d'accord sur la direction à prendre. Ce conflit est cristallisé par l'enjeu principal du roman : le sort à réserver aux Sinistrés, descendant·es de migrant·es d'Europe qui vivent en marge de la société. Simple inversion des enjeux actuels? Pas exactement, car les Sinistrés, autrefois du côté du pouvoir, sont maintenant nostalgiques d'un passé colonial révolu. Et cela place le lecteur dans une solide dissonance cognitive. On en vient à comprendre tous les points de vue, y compris celui de l'antagoniste Igazi, chef des armées et du renseignement et partisan de la ligne dure. Notons qu'on trouve également, en filigrane, une réflexion sur la nécessité ou non d'un pouvoir fort, la tentative d'utopie étant mise en parallèle avec une autre, celle des gens de Benkos, communauté anarchiste ressemblant beaucoup aux hippies.

Une lecture riche, nuancée et définitivement marquante.
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---Au XXII ième siècle àKatiopa , nom des nouveaux" Etats Africains "quasiment tous réunis et prospères.
---A leur tête, Ilunga, chef de guerre devenu chef d'Etat choisi par un Conseil.
---Depuis que l'Europe s'est effondrée au siècle précédent, usée par l'accueil de migrants de plus en plus nombreux jusqu'à imposer leurs moeurs et leurs cultures sans qu'aucun chef des Etats qui la composent aient eu le courage de dire ;Assez!
---Une migration a eu lieu en sens inverse, certains français je suppose( ils ont le coq en bannière) sont partis retrouver la langue et un sentiment d'appartenance au pays dus aux premiers colons., on les appelle "les Sinistrés"
---Mais dans les années 2100, c'est la troisième génération de ces "Fulasi" qui dérange le gouvernement. Ils sont de moins en moins assimilables, faut -il les expulser voire les exterminer? le problème est pressant.
---Surgit dans la vie d'Ilunga(premier mariage malheureux qu'il respecte cependant) une femme au teint cuivré, en fait, certainement un cas d'albinisme pas terminé.
C'est une femme d'une quarantaine d'années, superbe, intelligente et flamboyante, professeur qui travaille parfois avec des Sinistrés....
La partie romanesque qui commence là est addictive, la puissance d'une Afrique moderne, pardon, Katiopa, est intimement liée à la sagesse ancestrale, aux esprits, aux traditions; tout ce à quoi à renoncé l'Europe auparavant.
C'est un roman captivant, bien écrit, je n'ai pas eu recours au glossaire du fond du livre, les mots se sont ajustés au fur et à mesure.Et une fois entrée dans cette saga ambitieuse, le fleuve de mots a coulé vivement. Tous les sujets "embarrassants" pour lesquels les élites emploient des circonvolutions frisant le ridicule parfois par souci de bonne conscience sont ici abordés sans embarras, clairement, avec l'intelligence du coeur, du bon sens , avec recours aux Esprits si nécessaire.
Un livre MIROIR .
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Il est des romans qui, par leur densité, par leur force, par leur puissance, par leur audace et par leur complexité, par leur caractère foisonnant, par les questionnements qu'ils posent, qui, par leur ambition, par ce que l'on pourrait appeler leur ampleur, semblent ne pouvoir être bien critiquer, tellement ils en imposent, et tellement ces livres, semblent échapper aux mots, qui sont vains, pour en parler, et tant le foisonnement, dans ces livres, ces romans, ces ouvrages, est grand. "Rouge impératrice", fait partie de ces livres-là, et j'ai presque hésité à le critiquer, tant l'idée de critiquer un tel livre, semble presque effrayante, tellement l'ouvrage est dense, et admirable.
Mais je le critique quand même, premièrement, parce que j'aime critiquer des livres, et, si cette raison ne vous suffit pas, pour parler de ce livre, dont on parle trop peu, et, qui, pourtant, mérite autant ou plutôt, plus d'éloges, que nombre de livres, de cette rentrée littéraire, dont l'on parle, pourtant plus. Et pourtant... "Rouge impératrice" est, à mon avis, plus nouveau, plus grand, plus accompli, plus abouti, que la plupart des romans, de cette rentrée littéraire, c'est un texte d'une auteure, que l'on sait beaucoup plus épanouie, que les autres écrivains et écrivaines, de cette rentrée.
C'est un texte, aux multiples aspects ; il y est question de philosophie politique, mais c'est aussi un hommage, aux différents aspects des cultures, du continent africain ; c'est aussi un roman très beau, très poétique, un livre qui se veut à la fois épique et intimiste. Léonora Miano, a aussi une parfaite maîtrise, de la langue ; c'est avec un français riche, un phrasé de toute beauté, qu'elle suscite l'enchantement.
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Rouge impératrice est d'abord une histoire d'amour entre deux quarantenaires dont les chemins ne pouvaient faire autrement que de se croiser. Dans cette histoire, il est question d'âmes soeurs et de puissances spirituelles qui dépassent notre seule présence terrestre.

Boya et Ilunga vont devoir apprendre à s'apprivoiser dans cette vie, à faire des concessions pour que leurs vies professionnelles, amoureuses et personnelles puissent se concilier au mieux.

A travers Boya, Léonora Miano nous propose une héroïne qui sait exprimer ses envies et ses besoins, notamment sur les plans sexuels et sentimentaux. Avant de rencontrer Ilunga, c'était une femme libre, ayant choisi de vivre seule et qui n'hésitait pas à choisir ses amants lorsqu'elle avait envie ou besoin d'évacuer certaines tensions. C'est également une femme intelligente, impliquée dans la vie sociale et politique de son pays, qui ne craint pas de se battre pour faire valoir ce qui lui semble juste.

La spiritualité a aussi une grande place dans la vie de nos personnages, que ce soit à travers la voix des ancêtres ou des forces sacrées du féminin.

Mais Rouge impératrice n'est pas qu'une romance. C'est également un roman futuriste dans lequel l'autrice développe un nouveau modèle de société. Elle offre au continent africain la vision d'un futur dans lequel il aura repris ses droits tant sur ses richesses terrestres que sur l'avenir de ses citoyens.

La question du racisme est d'ailleurs abordée d'une manière très intéressante. Parmi la population du Katiopa se trouve un groupe de marginaux, appelés Les Sinistrés. Ce sont des blancs, venus d'Europe [et plus précisément de France, si je lis bien entre les lignes], qui ont fui leur pays car celui-ci était, à leurs yeux, envahi par la vermine. Ils ont alors, paradoxalement, cherché à rejoindre l'Afrique où certains États étaient encore prêts à les accueillir avec le respect dû à leur rang. Cependant, les changements politiques ont fait qu'ils ont été dépouillés des terres et des biens qu'ils avaient eux-mêmes spoliés aux autochtones. Ne voulant pas mélanger leurs précieux gènes et culture à ceux des Katiopiens, ils se trouvent isolés et démunis. On voit alors apparaître une inversion du discours raciste par rapport à ce que nous sommes habitués à entendre aujourd'hui, dans nos pays : ce sont ces Sinistrés qui sont considérés comme des êtres inférieurs, qui n'ont pas su évoluer et que la population tend à rapprocher à des parasites. Elle ne s'est pour l'instant pas pour autant abaissé à les exploiter, comme ils avaient pu le faire en leur temps. La question de savoir comment gérer “le problème Sinistrés” occupe une grande place dans le roman. C'est susceptible d'amener les lecteurs et lectrices à réfléchir sur leurs propres considérations face à ce qu'ils estiment leur être étranger. Cela m'a pas mal remuée et je pense que c'est un roman qui peut ouvrir au débat.

L'autrice place également la question du respect de l'environnement au coeur de son récit, notamment, dans la manière dont la société s'organise [suppression des transports individuels, pour ne citer qu'un exemple].

Enfin, ce qui peut dérouter mais fait toute la beauté et la force de ce roman, c'est le fait que Léonora Miano intègre énormément de vocabulaire provenant de la langue camerounaise. C'était déjà le cas dans La Saison de l'ombre mais c'est encore plus présent dans Rouge impératrice et cela nous aide vraiment à nous immerger dans le futur qu'elle nous propose.

Vous l'aurez compris, j'ai été véritablement conquise par ma lecture. Celle-ci fut dense : le roman ne se laisse pas dévorer mais demande que l'on prenne le temps de l'assimiler. Je pense d'ailleurs m'en procurer une version au format papier pour le relire et m'arrêter plus attentivement sur certains passages qui demandaient réflexion.

Si vous aimez les romans qui font réfléchir, écrits dans une langue travaillée et poétique, vous ne pourrez qu'adorer Rouge impératrice !
Lien : https://www.maghily.be/2019/..
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J'ai adoré ce roman, tant sur le fond que sur la forme.
L'histoire se passe au XIIème siècle à Katiopa, l'Etat formé par les pays de l'Afrique unifiée. Il est dirigé par Ilunga. La vie de ce dernier bascule le jour où son chemin croise la route de Boya.
Après quelques pages d'adaptation pour apprivoiser le lexique, je me suis laissée complètement emporter par l'histoire d'amour entre Ilunga et Boya. Une histoire d'amour contrainte par les obligations politiques du dirigeant et par son entourage.

J'ai beaucoup aimé l'univers imaginé par l'auteure. Une Afrique puissante et unie qui renoue avec ses racines ancestrales dans un monde où les rapports de puissance sont modifiés.
C'est un roman dont la densité offre une richesse de thèmes. La géopolitique, le féminisme, la culture africaine, le racisme… sont abordés de façon construite dans un roman abouti qui présente une belle unité.

Le récit est étayé par de nombreuses réflexions sociologiques et politiques permettant de mieux appréhender les problèmes pouvant se poser au plus haut sommet de l'Etat. Même si les réflexions sont présentées pour l'Etat de Katiopa, elles sont facilement transférables dans notre monde actuel et traduisent les problèmes de sociétés auxquels nous sommes amenés à faire face. le propos est intelligent, pousse le lecteur à s'interroger sur la place accordé à la différence dans la société, sur la place des minorités et sur les peurs que l'Autre peut engendrer.
Ce roman parle également de l'identité, de l'histoire et des événements qui font ce que nous sommes en tant qu'individu et en tant que membre d'un groupe. Peut-on réellement se réinventer et effacer une partie de son passé lorsqu'il ne nous convient pas ? Risque-t-on de perdre son identité au contact de l'Autre ?
Cette lecture exigeante ouvre des horizons.

Un très beau texte poétique écrit avec un vocabulaire riche, qui rend hommage à l'Afrique et à sa culture.
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Après quelques dizaines de pages pendant lesquelles j'ai été empreinte d'un puissant sentiment d'étrangeté dû à l'utilisation omniprésente d'un lexique qu'il m'a fallu apprivoiser, – le glossaire en fin de roman ayant été la boussole nécessaire pour m'y retrouver -, j'ai été complètement happée par le récit extrêmement riche que nous livre ici Léonora Miano.

Nous entraînant en Katiopa, nouvelle Afrique désormais au centre du monde qui a connu, depuis le XXIème siècle, et ce en un siècle, diverses migrations, surtout européennes, Rouge impératrice est tout autant un récit d'anticipation et de géopolitique qui imagine un autre possible, que celui d'une passion amoureuse dont les machinations politiques sont la tragique conséquence, ou encore celui d'un mysticisme en filigrane, au centre également de ce nouveau monde qui parvient tant bien que mal à se construire tout en essayant d'éviter les erreurs du passé.

Car c'est surtout, à mon sens, de cela dont il est question dans ce roman : comment ne pas céder, en raison de l'ironie de la situation qui voudrait que les anciens colonisateurs deviennent les nouveaux migrants, au travers somme toute humain du désir impérieux de vengeance à l'égard de l'ancien bourreau en se comportant à l'identique ? Et c'est en cela que le personnage de Boya, à la fois porte-parole des Fulasi, immigrés français que Katopia désire exiler, et citoyenne de ce même état dans lequel elle va prendre de plus en plus de place en raison de son amour pour Illunga, chef du gouvernement, sera celle qui offrira une nouvelle voie, loin des antagonismes primaires, à cette nouvelle société en devenir.

En plus de cette densité de genres, de thèmes, de protagonistes et de points de vue, ainsi que des nombreuses réflexions qui incombent de cette densité, Rouge impératrice est également servi par une voix remarquable, mêlant avec beaucoup de cohérence et de maîtrise écriture poétique, notamment des corps et des sens, et description totalisante, plus « scientifique », d'un monde certes imaginaire, mais malgré tout plausible du fait de cette profusion de détails sur le monde imaginé.

En somme, Rouge impératrice a été un très bon moment de lecture, et est, pour l'instant, mon coup de coeur de la rentrée littéraire 2019. J'avoue que je serais particulièrement ravie si son auteure parvenait à décrocher le Goncourt, étant toujours actuellement en lice dans la sélection.

Je remercie les éditions Grasset de m'avoir permis de découvrir ce roman via Netgalley.
Lien : https://lartetletreblog.word..
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Par l'intermédiaire de sa Rouge impératrice, Léonora Miano revisite immigration, racisme, ostracisme...
L'action se situe au Katiopa, pays africain du XXIIème siècle où la race est unifiée, à l'exception de quelques "sinistrés" blancs que, Ilunga, le chef charismatique décide d' éliminer. Mais...la Rouge ne l'entend pas de cette oreille, ET Ilunga , saisi par la majesté de Boya, la Rouge, tombe en amour ...
Voilà comment Léonora Miano construit un roman utopiste emprunt de poésie, d'amour respectueux, de perverses stratégies politiques. Quelque six cents pages pour nouer et dénouer toutes ces intrigues, une plume acérée mais tendre, un ton léger malgré la gravité du thème.Un moment de lecture passionnant.
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Dans une Afrique presque entièrement unifiée, Illunga chef d'un Etat ni utopique, ni dystopique, doit continuer la construction d'une société panafricaine. Il souhaite l'expulsion des descendants des français, venus se réfugier en Afrique subsaharienne pour trouver le respect auquel ils estiment avoir droit et qui ne souhaitent pas s'intégrer.
Lorsqu'il rencontre Boya qui croit qu'il faut leur tendre la main, il entend d'autres arguments. L'influence de Boya sur le chef de l'Etat n'est pas pour plaire à son entourage, pas plus qu'à l'épouse de ce dernier.
La subtile ironie de l'auteur, son style soutenu en fait un des meilleurs livres que j'ai lu cette année.
Lien : https://dequoilire.com/rouge..
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Superbe coup de coeur ❤️❤️❤️.
Quelle magnifique fresque d'anticipation, un roman futuriste fort et ambitieux, mélange d'utopie politique, de saga spirituelle, le tout avec une subliminale histoire d'amour entre deux quarantenaires qui étaient fatalement fait pour se rencontrer, bien qu'étant différents.
Quelle plume, Leonora Miano nous entraîne avec Rouge impératrice en 2124, dans une Afrique unifiée, forte, en pleine prospérité où se réfugient les migrants européens.

Dans ce livre, Katiopa est un monde idéal qui réunie technologie écologie et tradition
Un monde parfait sans faille jusqu'au moment où le chef de la fédération Ilunga tombe amoureux d'une superbe femme à la peau rouge cuivrée , Boya "femme-flamme", mi guerrière, mi port impériale, officiante de la maison des femmes ... Ils vont vivre une passion brûlante et dévorante.
C'est une femme brillante, intelligente, une universitaire subversive et déterminée qui veut tendre la main "aux sinistrés", ces migrants venus d'Europe...pour elle les intégrer donnerait une force supplémentaire à l'Afrique, et mettrait un final à l'aire de la colonisation qui avaient fait tant de mal.
Alors que lui veut les expulser. Tout le monde donne son avis, Leonora est une humaniste et pour elle la politique connaît la raison du coeur.

Une sorte de fable saupoudrée de l'humour et de l'ironie de l'auteure, un conte de fée moderne teinté de politico-romantisme éblouissant. Un récit symbole de tolérance, d'apaisement entre les pays et le brassage des cultures.
Un itinéraire initiatique au rythme envoûtant. Un excellentissime livre que je vous recommande
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Katiopa, le continent Africain unifié, dans un futur lointain, Ilunga, Chef de l'état tombe amoureux de sa rouge amie. Après quelques premières pages difficiles (surement à cause des nombreux mots en différentes langues étrangères qu'il fallait rechercher dans le glossaire, le Katiopa ne se donne pas, il se conquiert), difficile de décrocher de ce livre et j'ai prié pour que les soirées soient plus longues pour que je m'imprègne de ce roman totalement.

Il est surtout question d'amour dans ce livre. de relations de couple, d'amour pour sa terre, d'amour de sa culture et de ses traditions, d'amour de soi-même et de l'autre. Une poupée russe d'amours. J'ai adoré les sections sur les relations de couples vues sous différents angles. On y parle aussi de relations entre ethnicités au passé lourd, d'isolation ethnique et de mélange ethnique, dans une surprenante mise en abîmes. C'est une fable sur la relation á l'autre dans le contexte d'une histoire sanglante. Les « autres » sont les européens et pour changer la narrative usuelle, les « gens normaux » sont des noirs, á peau sombre, á cheveux crépus, á locks, á foulards. Ce glissement de la « normalité » fait du bien. de nombreuses allusions á la France actuelle font sourire, en particulier « malheur á toi, pays dont le Roi est un enfant ».

Katiopa est un endroit futuriste et écologique, où la technologie est au service de l'homme, empreint de cultures, de respects des anciens et de traditions mais est-ce un idéal? Au Katiopa, la nation a été imposée aux habitants ; la démocratie est remplacée par un conseil des anciens «une caste de traditionalistes éclairés » qui décide de la destinée du pays, et la vie se passe á la frontière du réel et ce que les esprits très cartésiens comme les miens ne peuvent imaginer (seconde raison pour laquelle mon adhésion á parfois été compliquée) : il fallait souvent rentrer dans la poésie (facile) et dans les « messages de l'invisible » , « l'inconnaissable, l'inexplicable » (un peu plus difficile)). Au Katiopa, chacun doit rester á sa place, il n'y a pas d'échelle sociale ; on y retrouve des coups d'états et des complots ; il y a des conventions pour la beauté des corps : les grasses et grandes ne se sentent pas désirables ; des émissaires du président sont prêts á enlever une femme contre sa volonté sous les ordres (mal compris) de leur chef ; la presse á sensation épie des puissants, spécialement leur vie privée, et se loger dans la capitale continue á coûter cher (shame:(); le ressentiment envers les fulasi ressemble á de la xénophobie.

Le livre m'a emportée. L'écriture est belle et dense. Les descriptions sont précises. Chaque détail permet de construire cet univers afro-futuriste ou est utilisé dans la narration. Petit bémol : le lexique incomplet. J'aurais aimé y trouver tous les mots et pas une invitation á googler les mots non traduits alors même que je lis aussi pour fuir les écrans.
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