Citations sur Krummavísur (69)
La nature n’a pas d’âme et c’est tant mieux. Elle ne connaît pas la justice. Elle ne punit ni ne condamne au nom d’aucun principe. Elle « est », tout simplement. Depuis toujours et pour toujours. Et ne s’occupe ni du mal ni du bien qu’elle peut nous faire.
(page 322)
Prends une chambre ici ce soir s’il le faut, et ne te laisse pas embobiner par les États-Uniens s’ils débarquent.
- On ne dit pas les Américains ?
- Quoi, tu crois vraiment qu’ils méritent de représenter toutes les Amériques ?
(pages 95-96)
Pas un lieu pour croire en un au-delà meilleur. Un bastion pour défendre sa foi, pour se protéger des autres, même si, de fait, il ressemble plus à une ruine de quelque chose. Cette volonté humaine de se raccrocher à un passé imaginé fondateur et meilleur.
Kornelius se trouve une place à l’écart et se perd dans la contemplation du paysage. La lave sourd de la blessure en coulées lentes et épaisses. C’est une forge dantesque en plein air. Les hauts fourneaux de la nature. Le rougeoiement de ce qui explose crée le noir de ce qui se fige.
(page 321)
Un vent soudain friselle le lac. Sa surface se froisse de rides argentées. Un rai de soleil surgit de nulle part et roussit la lande qui s’embrase, vite éteinte par l’ombre d’un nuage. Il doit pleuvoir quelque part. Un bout d’arc-en-ciel se suspend dans le ciel et disparaît.
(page 139)
À chaque éruption, des nuages de cendres retombent sur l’île. Quand une nouvelle neige les recouvre et se compresse en glace, le glacier en garde une strie dans sa transparence. Si on fore dans un glacier et qu’on en extrait une carotte d’échantillonnage, on peut voir la trace de chaque éruption des mille dernières années au moins.
(page 21)
C’est la première fois que Kornelius survole le Groenland et ses immensités immaculées. Il s’amuse de l’ironie de l’histoire, qui a baptisé « vert pays » ce territoire de glace et de neige, et « terre de glace » son Islande verdoyante.
(page 278)
L’Islande est le genre de pays où on peut profiter des quatre saisons dans la même journée.
(page 19)
Ódáðahraun est saisissant de jour. Certains matins, il peut être d’une beauté irréelle et divine. Mais passé le crépuscule, il devient un vide lugubre et menaçant. Hostile. Fourbe. Un océan de laves sombres et figées, piégé de chausse-trappes.
(page 269)
Le vol lent et nonchalant d’un héron cendré les retient quelques secondes dans l’eau, le nez au ciel, le temps qu’il passe et disparaisse, puis ils sortent du fjord, nus et silencieux, conscients d’une sorte de bonheur.
(page 245)