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Citations sur Comment saboter un pipeline (24)

La violence comporte des périls, mais le statu quo nous condamne. Nous devons apprendre à lutter dans un monde en feu.
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Aucun discours ne poussera jamais les classes dirigeantes à agir. Rien ne saurait les persuader ; plus les sirènes hurleront, plus elles alimenteront le feu, si bien que le changement de cap devra leur être imposé. Le mouvement doit apprendre à déstabiliser le business-as-usual.
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Compte tenu de cette nature des combustibles fossiles, les renversements de dictateurs font un médiocre parallèle. Roger Hallam, d’Extinction Rebellion, affectionne l’image des milliers de manifestants qui envahissent une place pour demander le départ d’un tyran. « L’arrogance des autorités les amène à réagir de manière excessive et le peuple – entre 1 et 3 pour cent de la population est une proportion idéale – va se lever et faire tomber le régime. C’est très rapide : une ou deux semaines en moyenne. Boum : d’un coup, c’est fini. Incroyable, mais c’est comme ça que ça se passe. » De toute évidence, ça ne va pas se passer comme ça ; les combustibles fossiles, comme l’esclavage, ne vont pas être abolis en une ou deux semaines. On n’en aura pas fini d’un coup avec eux comme par miracle, car les combustibles fossiles ne sont pas, comme le régime de Slobodan Milosevic, une superstructure branlante balayée par des gens dont les aspirations aux libertés fondamentales sont partagées par pratiquement tout le monde. Le business-as-usual n’est pas un à-côté bizarre de la démocratie bourgeoise, une relique d’un âge autoritaire en attente d’une correction – il est la forme matérielle du capitalisme contemporain, ni plus ni moins.
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La prochaine fois que des incendies dévastent les forêts d’Europe, saccager un excavateur. La prochaine fois qu’une île des Antilles est défigurée par un cyclone, débarquer au beau milieu d’une débauche d’émission de luxe ou au siège de la Shell 
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Au cours des années 1950 et 1960, le curseur de la modération s’est déplacé rapidement, les radicaux d’autrefois – les leaders des droits civiques qui poussaient à enfreindre la loi – finissant par apparaître raisonnables et mesurés. Auprès de la menace de révolution noire – le Black Power, le Black Panther Party, les mouvements de guérilla noirs – l’intégration semblait un prix à payer tolérable.
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Ceux qui sont prêts à les qualifier de terroristes refuseraient très certainement d’appliquer ce terme à des gens qui investissent dans les dispositifs émetteurs de CO2 ou qui en abusent, ce qui revient à recommander que des actes qui ne blessent aucun être vivant soient caractérisés comme terroristes tandis que des actes qui tuent des gens de façon certaine seraient absous.
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Il nous faut adopter la positon explicitement anti-gandhienne de Mandela : “J’ai appelé à la contestation non-violente tant qu’elle était efficace“, comme “une tactique qu’on devrait abandonner quand elle ne serait plus efficace“.
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La violence est une méthode traditionnelle. Elle est excellente pour attirer l’attention et créer chaos et déstabilisation mais elle est souvent désastreuse dès lors qu’il s’agit de créer un changement progressiste.
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Le moins qu’on puisse dire, c’est que les classes dirigeantes de ce monde sont restées sourdes à ces signaux. Si elles ont jamais eu un peu de bon sens, elles l’ont aujourd’hui totalement perdu. Elles ne sont pas troublées par l’odeur des arbres en flammes. Elles ne s’inquiètent pas à la vue des îles qui sombrent ; elles ne fuient pas le grondement de l’ouragan qui approche ; leurs doigts n’ont jamais à toucher les tiges des moissons flétries ; leurs bouches ne s’assèchent pas après une journée sans rien à boire. Il serait bien sûr parfaitement vain d’en appeler à leur raison et à leur sagesse. Si tant est qu’elles disposent encore de telles aptitudes à entrer en relation avec la réalité qui les entoure, c’est le dévouement à l’accumulation infinie du capital qui l’emporte chaque fois. Après ces trois dernières décennies, il ne fait aucun doute que les classes dirigeantes sont foncièrement incapables de répondre à la catastrophe autrement qu’en la précipitant ; d’elles-mêmes, par leur propre compulsion interne, elles ne peuvent que continuer à tracer leur chemin de feu jusqu’au bout.
Et donc nous sommes toujours là. Nous dressons nos campements de solutions durables. Nous faisons tourner nos cantines véganes et tenons nos assemblées. Nous manifestons, nous bloquons, nous montons des pièces de théâtre, nous adressons des listes de revendications à des ministres, nous nous enchaînons aux grilles, nous nous collons au bitume, nous manifestons à nouveau le lendemain. Nous sommes toujours parfaitement, impeccablement pacifiques. Nous sommes plus nombreux, incomparablement plus nombreux. Il y a maintenant un ton de désespoir dans nos voix ; nous parlons d’extinction et d’avenir annulé. Et pourtant les affaires continuent tout à fait comme avant – business as usual.
À quel moment nous déciderons-nous à passer au stade supérieur ? Quand conclurons-nous que le temps est venu d’essayer autre chose ? Quand commencerons-nous à nous en prendre physiquement aux choses qui consument cette planète – la seule sur laquelle les humains et les millions d’autres espèces peuvent vivre – et à les détruire de nos propres mains ? Y a-t-il une bonne raison d’avoir attendu si longtemps ?
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Au dernier jour des négociations, nous nous sommes préparés pour notre action la plus audacieuse. Depuis une semaine, nous campions dans un gymnase miteux de l’est de la ville. Mes amis et moi avions débarqué dans un vieux bus délabré – il avait perdu son pot d’échappement sur la route au milieu de la nuit – mais en nous dispersant sur les terrains de sport du centre, nous avions senti monter en nous l’excitation d’un autre monde : là où nous venions d’entrer, le business-as-usual avait été suspendu. Une cuisine collective servait de la nourriture végane. Des assemblées étaient ouvertes à quiconque avait quelque chose à dire. Dans un atelier, un homme venu du Bangladesh exposait les conséquences dévastatrices de la montée du niveau des eaux pour son pays ; dans un autre, des délégués des micro-États insulaires étaient venus nous dire leur détresse et leur soutien. Avec mes amis, nous avons obtenu une audience auprès de notre ministre de l’Environnement où nous l’avons exhortée à revoir ses ambitions à la hausse. Après tout, la science était formelle depuis longtemps déjà.
Un jour nous avons déferlé depuis différentes bouches de métro sur un carrefour stratégique au coeur de la ville et bloqué la circulation avec des banderoles appelant à la réduction drastique des émissions. Des militants jouaient de la guitare et du violon, d’autres dansaient ; certains jonglaient, certains tendaient des graines de tournesol à des automobilistes furieux. Nous n’avions pas l’intention d’affronter la police ne qui que ce soit ; nous préférions nous faire arrêter que lancer une bouteille ou une pierre. Le lendemain, nous avons installé un dispositif théâtral sophistiqué sur une grande artère. Déguisés en arbres, en fleurs, en animaux, nous nous sommes étendus sur le goudron pour nous faire écraser par un véhicule de bois et de carton symbolisant le business-as-usual. Enjambant dans l’indifférence nos corps aplatis, de faux délégués de l’ONU portaient des pancartes sur lesquels on pouvait lire « bla-bla-bla ».
C’était maintenant le dernier jour des négociations. Des bus loués pour l’occasion nous ont acheminés à proximité du site. Au signal, nous avons marché sur le bâtiment et tenté d’empêcher les délégués de quitter les lieux en nous enchaînant aux portes et en nous couchant par terre, aux cris de : « Plus de bla-bla, des actes ! Plus de bla-bla, des actes ! »
Nous étions alors en 1995. C’était la COP 1, la toute première d’une série de sommets de l’ONU sur le climat, à Berlin. Les délégués sont sorties par une porte de service. Depuis, les émissions annuelles de CO2 dans le monde ont augmenté de 60 pour cent. L’année de ce sommet, la combustion d’énergies fossiles a relâché 6 gigatonnes de carbone dans l’atmosphère ; en 2018, ce chiffre est passé à 10. Dans les vingt-cinq ans qui ont suivi la dérobade des délégués, on a tiré plus de carbone des réserves souterraines que dans les soixante-quinze qui ont précédé leur rencontre.
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