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Critique de danslabibliothequedanne


Angélica Lopes, autrice brésilienne, est habituellement primée en littérature jeunesse, et elle écrit là son premier roman pour adultes.

Je ne connaissais pas cette autrice, j'ai eu la chance de gagner ce livre grâce aux éditions Seuil et un concours Babelio, je les remercie pour cette découverte.

L'histoire :

Même si elle se passe au Brésil, entre l'état retiré du Pernambouc et Rio, entre 1918 et 2010, à travers les voix de plusieurs femmes, je crois qu'elle aurait pu se passer dans n'importe quel pays du monde.
On aurait pu être en Europe, on aurait pu être aux États-Unis ou en Inde.

Les femmes Flores, de la ville fictive de Bom Retiro au Brésil, ont une histoire particulière. Parce qu'un arrière-grand-père a fauté avec une gitane et n'a pas voulu reconnaître son enfant, celle-ci lui a lancé un sort sur 7 générations : les hommes mourront jeunes, et les veuves resteront seules. C'est la malédiction des Flores.

On y croit ou pas, mais ce que constatent les femmes au début de l'histoire, en 1918, c'est qu'elles ont perdu leur père, leur grand-père, et toutes ne sont plus décidées à se marier !

Alors ce petit groupe de jeunes femmes, de tantes, de mères, accompagnées parfois de leurs meilleures amies, se retrouvent ensemble tous les après-midi et font de la dentelle. C'est ce que nous raconte pour l'essentiel du roman, Inês, fille de la famille, en 1918 et 1919.

Et ce qui est très nouveau pour ces dames, c'est qu'elles vont réussir à vendre leurs broderies, via un représentant de commerce qui les montre dans les grandes villes, auprès des bourgeoises.
En 1918, c'est très moderne pour des femmes de pouvoir gagner de l'argent par elles-mêmes.

Les personnages principaux :

On fait plus particulièrement connaissance avec Inês donc, et avec son amie Eugênia, mariée de force à un homme de 30 ans alors qu'elle n'a que 15 ans.... ça, c'est plus habituel pour l'époque...😔

Eugênia suit son mari dans la "fazenda" de ce dernier, une très grande exploitation, limite colonialiste, et les amies ne vont réussir à communiquer toutes les deux qu'au moyen d'un code qu'elles auront mis au point à travers leur broderie.
Le but : faire s'échapper la jeune mariée de son enfer quotidien !

" Il ne pardonnerait jamais à Eugênia. Ni à ses parents, qui l'avaient trompé en lui faisant croire que la jeune femme avait reçu une bonne éducation, alors qu'elle avait manqué de la discipline nécessaire au dressage des femmes."

En parallèle on suit l'histoire de Alice à Rio en 2010. Sa tante Helena qu'elle ne connaît pas, vient lui rendre visite, chez sa maman Vera, avec qui Alice ne s'entend pas du tout, pour lui apporter un voile de messe qu'on transmet de génération en génération à la plus jeune femme de la famille.

Alice est une jeune femme de son temps, la petite vingtaine, pas du tout intéressée par la broderie (et encore moins tout ce qui est en rapport avec le patriarcat et la religion).
Ce qui l'intéresse, c'est de participer à des manifestations contre les violences faites aux femmes, et au quotidien de batailler contre le machisme ordinaire. Au Brésil, il y a du boulot : sachez que dans ce pays, le divorce n'a été légalisé qu'en 1977...

Mais il se trouve que ce voile n'est pas comme les autres, elle se rend vite compte qu'il contient un code, et veut en savoir plus sur la jeune Eugênia qui a vécu un siècle avant elle. Helena lui raconte l'histoire de sa famille.

Mon avis :

J'ai passé un bon moment de lecture avec une écriture facile, mais je ne peux pas dire que je me souviendrai longtemps de ce roman.
Par contre ce que j'ai aimé, c'est l'histoire autour de la dentelle que j'ai trouvé belle et l'émancipation possible des femmes de cette époque, j'ai aimé que les tissus servent à faire passer des messages secrets.

C'est un roman éminemment féministe, qui aborde les violences faites aux femmes. Violence au sens strict comme les viols conjugaux, mais aussi la violence quotidienne des remarques, des humiliations, ou la place de la femme au début du 20ème siècle, à savoir à la cuisine et avec les enfants, sans autre forme de procès.
On y mentionne aussi l'abolition toute récente de l'esclavage au Brésil (1888).

Même si l'autrice a eu l'impression d'écrire un roman plus "adulte", c'est un roman que j'aurais pourtant pu très bien apprécié à 13 ou 14 ans, où je lisais ce genre de destins contrariés, et qui m'aurait éveillée à une certaine histoire du Brésil, et une certaine histoire de la femme à travers les âges.

Ceci dit, au milieu des années 80, quand j'avais 14 ans, on parlait quand même très peu aux jeunes filles de violences faites aux femmes, on avance, et c'est bien !
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