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Critiques filtrées sur 2 étoiles  
Première fois que je n'aime pas un Ursula le Guin, qui est quelque chose comme mon autrice préférée. Il faut dire que ce roman est un peu un ovni dans sa bibliographie.

J'ai lu assez d'essais de le Guin pour savoir qu'elle adhère à une lecture New Age de Carl Jung très typique de la côte ouest américaine. Je savais aussi qu'elle s'était intéressée à diverses spiritualités et philosophies indo-orientales. (Ou du moins les versions californiennes à la mode dans les années 60.)

Cela ne m'a jamais gêné dans ses autres romans, mais ici, c'est autre chose. C'est un roman très onirique dont l'essentiel se déroule sur le divan du psy.

George Orr, donc, fait des rêves effectifs. Cela signifie qu'il a la possibilité (qu'il ne contrôle pas) de modifier le réel en rêvant. Il se retrouve chez le psy dans le but d'arrêter cela. Au lieu de quoi, le psy décide d'hypnotiser Orr, jour après jour, pour lui faire rêver un monde meilleur.

Le Guin prend ici à contrepied les usages de la SF de l'époque. le psy est le héros américain standard : sûr de lui, avec une boussole morale infaillible, un instinct d'acier. Orr est tout le contraire. C'est un personnage caricaturalement passif, qui refuse d'agir, et qui fait même de l'inaction son principe moral par excellence. Mais c'est lui, le héros. Il incarne cette idée du moine bouddhiste, coupé du monde, sans envie ni ambition. (Chaque chapitre s'ouvre sur une citation de philosophie chinoise.)

Pour défendre cette thèse, que l'inaction est préférable à l'action, Le Guin doit s'assurer que chaque avancement social donne un résultat quoi soit pire que le statu quo.

On y voit donc un homosexuel s'adonner à la pédophilie aussitôt que son homosexualité est acceptée. On y voit les Noirs sud-africains s'adonner au génocide des Blancs aussitôt que l'apartheid est aboli.

On y voit la plupart des problèmes sociaux se résoudre dès que la majorité de la population meurt, et que la nourriture et autres ressources se font donc moins rares. Ouioui, Le Guin nous dit que Malthus (et Thanos) avaient raison.

Le racisme cesse d'exister quand Orr rêve que tous les humains ont toujours eu la même couleur de peau. (Donc tout d'un coup, on n'a jamais eu d'esclavage, apprend-on. Mais l'histoire des USA ou de l'Europe demeure magiquement inchangée. Wtf?)

Bref, ce livre est un incontournable... si vous pensez que les cristaux magiques et la pensée positive sont les clés du progrès humain — et que de toute façon, on habite déjà le Meilleur des Mondes Possibles(tm).
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