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3,51

sur 339 notes

Critiques filtrées sur 3 étoiles  
Obsessions, tel pourrait être le titre du Procès-verbal qui relate une tranche de vie d'un jeune homme, assez perturbé, dont le lecteur découvre au fil des pages des pans de son passé et surtout de sa désorientation qui fait le quotidien de son présent. Il déroule ses journées avec les préoccupations qui l'obsèdent au point de ne vivre quasiment que dans ce contexte très particulier.

C'était le premier roman de Jean-Marie-Gustave le Clézio qu'il a écrit à l'âge de 23 ans et qui présente un intérêt littéraire indéniable bien qu'il soit souvent difficile de suivre le cheminement du héros, Adam. Il me semble qu'il faut le lire en se détachant du personnage, profitant de certains passages métaphysiques, d'autres assez réalistes, en ne s'immergeant pas trop dans cet univers de l'absurde, qui peut faire penser à Sartre, Camus, voire Céline.

Le soleil et la mer ont un rôle de premier plan dans cette aventure solitaire, mais aussi l'ombre, l'obscurité, les angles des pièces et toutes une série de protections personnelles que se constitue Adam.

Le dernier chapitre est un interrogatoire psychiatrique réalisé par des étudiants, ceux-ci ne parvenant guère à percer les mystères de la personnalité tourmentée de leur sujet.

Les longueurs, variées cependant, sont nombreuses et ajoutent au sentiment de confusion que l'auteur a peut-être voulu faire ressentir à ses lecteurs. Si tel est le cas, il a réussi.

Les avis sont partagés sur cette oeuvre; pour ma part, je lui reconnais les qualités d'écriture, rares aujourd'hui chez les jeunes écrivains, tout en ne la considérant pas comme une oeuvre majeure.
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Dans une ville du sud de la France, sous la canicule du mois d'août, un jeune marginal nommé Adam Pollo occupe une villa abandonnée, en haut d'une colline, près de la mer. Qui est Adam Pollo ? Que fait-il là ? le lecteur ne le sait pas. Des éléments nous font penser qu'il s'agit peut-être d'un déserteur de l'armée, peut-être aussi est-il fou. Une relation trouble le lie à une jeune femme, Michèle, qui lui rend de temps à autre visite, lui apportant argent et nourriture. Dans la villa, le jeune homme reste assis des heures entières assis face à une fenêtre ouverte, en plein soleil. Il observe, il divague. Peu à peu, nous le suivons dans ses déambulations : à la plage, dans les cafés, au zoo, dans les magasins, dans les rues. Partout où il passe, il est en-dehors de la société et en même temps il semble ne faire qu'un avec les éléments qui l'entourent, quittant sa condition d'humain pour devenir végétal ou animal… et observer ainsi d'un oeil nouveau les hommes qui l'entourent.

Lectrice convaincue de Jean Marie Gustave le Clézio, je n'avais encore jamais lu sa première oeuvre, celle qui l'a consacré immédiatement comme un grand auteur à l'âge de 23 ans. Habituée à son style, « Le Procès-verbal » m'a cependant désarçonnée. L'histoire de cet homme dont on ne sait rien à part ses pensées et fantaisies est pour le moins étrange. Pourtant, passés les premiers chapitres, on accepte de le suivre dans ses délires et sensations. Le lecteur accompagne Adam alors que lui-même ne sait jamais où il va, suivant un chien, tuant un rat ou se joignant à l'attroupement de la foule autour d'un noyé. La folie, grand thème de ce roman, est en lui et c'est elle qui nous mène.
JMG le Clézio a très bien rendu cet état de fait à travers le langage employé par Adam. Il se plie à ses bribes de souvenirs, à de soudaines résurgences, ce qui rend parfois la lecture ardue. On s'accroche pourtant à la parole d'Adam qui tel un prophète, harangue la foule et lui annonce une ère nouvelle.
La nature, les animaux, les sensations charnelles et crues sont également au coeur de ce livre atypique. On ressent précisément l'opposition entre une nature indomptable et une société matérialiste et insipide. Adam rejette cette dernière où nul ne le comprend et c'est une rupture sociale et psychologique, irrévocable, qui s'annonce.

Lecture déroutante, « Le Procès-verbal » offre un voyage au coeur de la schizophrénie dont le meilleur guide ne peut être que le fou qui parle. Ce n'est pas pour moi la meilleure lecture que j'ai faite de JMG le Clézio mais elle me parait essentielle pour poursuivre la découverte de son oeuvre magistrale.
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Un premier rendez-vous en demi-teinte, voire en hôtel du demi cul tourné avec Le Clezio, un auteur dont on n'entend que louanges mais qu'un je ne sais quoi m'empêchait d'aborder.
C'est chose faite avec ce premier roman, qui m'est tombé des mains moultes fois, auquel je me suis accrochée avec effort jusqu'à la dernière page, et dont je ressors assez dubitative car il me conforte dans une position schizophrénique : celle d'avoir découvert un auteur de grand talent, à fuir absolument.
Ce qui a sauvé ma lecture, c'est la longue scène finale à l'asile, qui m'a touchée et donné du sens à ma lecture. Enfin, un peu, car le propos reste quand même en bonne partie abscons.
En revanche, j'ai souffert le martyre pendant tout le développement du récit, sa tonalité ‘nouveau roman' sixties m'a horripilée, tout comme la sensation de lire un jeune auteur germanopratin qui s'écoute écrire et s'auto-contemple dans les pérégrinations de personnages évanescents qui ne m'intéressaient pas.
Jugement lapidaire révisé à la lumière de l'éclairage final, où j'ai cru voir une lecture pré-houellebecquienne de la déshumanisation et la perte de repères engendrées par la société moderne matérialiste et consumériste, en pleine éclosion dans les années 60.
Un roman visionnaire, donc ? ou alors je n'ai rien compris et ferais donc mieux de rester avec mes a priori à la noix ?
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C'est l'histoire d'Adam Pollo, un drôle de héros, hors du commun, marginal.
C'est l'histoire d'un moment de sa vie, un moment d'égarement.

Adam occupe une grande maison dans un village de la côte méditerranéenne, désertée par ses propriétaires sans doute partis en vacances. le lecteur a très peu de certitudes, sur comment il est arrivé ici, d'où il vient, ce qu'il a vécu auparavant. Mais après tout, Adam lui-même ne sait plus s'il est déserteur ou échappé d'un asile psychiatrique, et ses pensées ne sont pas toujours cohérentes.
On sait juste qu'il a presque trente ans, et qu'il mène une vie solitaire.
Il erre dans la villa qu'il occupe clandestinement, prend le soleil à demi nu devant ses fenêtres, se promène parfois sur la plage, reste contemplatif pendant de longues heures...
Dans un cahier, il écrit des lettres à une certaine Michelle, avec laquelle il entretient des relations troubles et épisodiques.

C'est un homme cultivé, intelligent, philosophe même, qui réfléchit beaucoup à la condition humaine, et à sa propre dimension d'être unique mais faisant partie d'un ensemble englobant toute forme de vie environnante. La nature, avec laquelle il tente de "communier", est ainsi omniprésente, comme dans de nombreux textes de l'auteur. En même temps, Adam se sent différent des autres : sa vision du monde, au regard de ce qui est communément considéré comme la "normalité", est décalée.

Adam est comme un électron libre, qui coule ses jours dans une sorte de torpeur primitive, alternée de moments de frénésie douloureuse.
Mais cette liberté ne lui apporte visiblement pas le bonheur : peu à peu, il sombre dans la démence...

La narration à la troisième personne du singulier, paradoxalement, n'instaure pas ici de distance avec le personnage principal, mais lui confère une sorte de légitimité. le ton neutre, presque bienveillant, avec lequel sa logique est mise en avant, exclut toute tentation de jugement. Les pensées et émotions d'Adam sont minutieusement décrites, suscitant chez le lecteur, si ce n'est de l'empathie, une forme de compréhension. Et lorsque la chute d'Adam survient, nous nous surprenons à être déçus, parce que cet être pas comme les autres était comme le symbole d'une liberté primitive, opposée à l'aliénante rigidité d'une société qui impose de tout ranger dans des cases.

"Le procès-verbal" se présente comme une succession de tableaux, mettant en scène les divagations -errances physiques et intellectuelles- d'Adam Pollo. On avance dans la lecture sans savoir vraiment où elle nous mène, mais peu importe. Les mots de J.M.G. le Clézio se vivent plus qu'ils ne se lisent, nous enveloppent, font naître en nous des images, des odeurs, nous imprègnent de leur poésie.

Lien : http://bookin-ingannmic.blog..
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Quel talent dès son 1er livre ! je pense à son livre "désert" où il évoque encore avec une telle intensité, cette chaleur qui le hante ! il la décrit avec une telle densité que cette réalité, faite de sensations, d'images récurrentes... nous submerge autant que lui-même.
C'est comme un tableau qui m'inspire, dont voici quelques touches pour reprendre ses effets : le flou de la chaleur qui tremble, qui s'élève étourdissante comme une fièvre, jusqu'aux derniers degrés, dernières limites... où entrent sous pression des images mentales qui se bousculent, se tordent ou se répètent... Obsessions... sous la chaleur, il déambule, en écorché vif, sous l'emprise de délires... Hanté par les flammes, aux prises dansantes de l'errance, il titube au hasard, sans but... comme foudroyé dans cet enfer aux "gouttes d'acier", étouffante atmosphère minérale, tournoyante à souhait ! Insolation, surimpression, décalé... Surexposé, aveuglé, noyé de lumière blanche, éblouissante comme un flash ! Seul à en perdre la raison.
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Le procès-verbal/J.M.G.Le Clezio/Prix Renaudot 1963.

« Il y avait une petite fois, pendant la canicule, un type qui était assis devant une fenêtre ouverte. »
C'est un début curieux pour un roman et de suite on se demande si Adam Pollo sort de l'armée ou de l'asile psychiatrique, car on découvre au fil des pages un récit bizarre, déroutant, riche d'incohérences et d'absurdités.
Adam, la trentaine, est un solitaire plutôt marginal qui veut d'une certaine manière s'évader du monde qui l'entoure et vivre en toute indépendance. Il vit seul dans une maison abandonnée dans le Sud de la France. Contemplatif.
Les cahiers d'Adam sont le procès verbal de cette expérience vécue par un individu soit fou soit lucide, en tout cas intelligent et cultivé qui observe le monde. On peut tout supposer d'autant plus que l'on ne sait rien du passé d'Adam.
Ce roman, le premier de le Clezio surprit les lecteurs à sa publication en 1963. Les oeuvres à venir seront très différentes.
La seule constante : le style de qualité que l'on retrouvera dans « Désert », « Poisson d'or », ‘Le Chercheur d'or », « Raga », « Coeur brûlé », « Tempête » etc… Un style très poétique et coloré.
On peut considérer ce roman comme une oeuvre de jeunesse.
J'y ai senti quelques longueurs induisant un certain ennui à la lecture. Un roman assez déroutant.
J'ai nettement préféré les ouvrages postérieurs de J.M.G.Le Clezio que j'ai cités.

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Adam est un marginal. Il a une relation mal définie avec une certaine Michelle et squatte une maison en haut d'une colline face à la mer. Il déambule à travers la ville, fréquente des cafés, la plage, suit un chien, passe son temps dans la maison à boire des bières, manger des biscuits, dormir sur un vieux billard, regarde le monde par la fenêtre et massacre même un rat blanc avec des boules de billards... on sent au fil du livre que la folie le prend, malgré des éclairs de lucidité profondément philosophiques, jusqu'à ce qu'il crée un attroupement dans la rue en interpellant les gens et se fait interner chez les fous par un acte qu'on ne nous dévoile pas. Un livre curieux (prix Renaudot 1963) qui me serai tombé des mains sans un style bien personnel de le Clezio (prix Nobel de littérature).
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LE PROCÈS VERBAL de J M G LE CLÉZIO
Un de ses premiers livres et franchement j'ai eu bien du mal à en venir à bout. On suit le héros, Adam, qui squatte une maison et déambule il ne se passe rien l'écriture est ampoulée et peu plaisante bref je n'ai pas du tout aimé. J'avais lu l'extase matérielle de lui et même sentiment. Si quelqu'un aimé Le CLÉZIO j'aimerai savoir ce que vous lui trouvez.
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Pas évident de rentrer dans Le procès-verbal, premier roman de JMG le Clézio qui lui valut le Prix Renaudot en 1963, 45 ans avant de remporter le prix Nobel de la littérature.
Début un peu confus, changement de perspectives et de style. Il y a des bouts de lettres et de récits, une mise en page chancelante, plus loin des ratures, des pages de journaux. le style fait parfois un petit peu maniéré. Mais l'on s'y fait, et au long de l'histoire il devient clair que le style employé par Le Clézio réflète l'état d'esprit de son personnage principal, Adam Pollo. Qui sort de prison, ou de l'asile, ou en tout cas d'une bonne famille, et qui essaie de fuir les trois. Adam vit seul dans une maison qu'il use, il a une vague et peut-être imaginaire aventure avec un fille qu'il ne verra plus, et finit par se justifier devant ceux qui l'ont déjà jugé.
Le Clézio arrive assez bien à nous mettre dans la tête de quelqu'un qui est en train de la perdre, tout en le promenant dans une ville (Nice?), où il fait chaud mais dont les habitants restent de glace quand il essaie de faire passer son message, qui en effet n'est pas très clair.
On a du mal à laisser Adam emprisonné, on ne sait où exactement, car, comme l'auteur le suggère, avant le début même de l'histore, ne sommes-nous pas tous des Adam Pollo?
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Etrange histoire que celle d'Adam Pollo, un marginal qui vit seul dans une maison abandonnée. Histoire d'un homme qui quitte petit à petit la réalité du monde dans lequel il vit pour sombrer dans la folie. Un homme qui se renferme sur lui-même : qui "est dans l'huître, et l'huître au fond de la mer".
Ce roman, Prix Renaudot 1963, consacra d'emblée Jean-Marie Gustave le Clézio comme l'un des écrivains les plus singuliers de son époque.

Dans sa préface de l'édition originale, Le Clézio s'excuse pour  "les impropriétés et les fautes de frappe qui pourraient se trouver dans [son] texte en dépit de [ses] révisions". Quelques coquilles figurent en effet dans l'ouvrage. Il est étonnant que ces fautes de frappe ou coquilles aient été maintenues dans les diverses rééditions...
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