Merlin est le 2ème tome du Cycle Pendragon de
Lawhead, qui revisite la légende arthurienne.
Cette fois, ce volume retrace une grande partie de l'existence de Merlin, de son enfance à la naissance d'Arthur, en passant par ses années de roi puis d'Homme sauvage des bois. Son parcours le mène à rencontrer divers personnages historiques, comme Magnus Maximus qui abandonne l'île des Forts pour poursuivre son rêve de grandeur à Rome, laissant le pays en butte aux invasions barbares, ou Aurelius Ambrosius, celui qui rassemble les différents rois de Bretagne sous son étendard.
L'histoire, en parallèle, met l'accent sur les grands changements politiques qui s'opèrent en Bretagne : les divers royaumes indépendants sous domination romaine disparaissent et s'unissent sous un Haut Roi. Merlin ouvre la voie à cette transition par ses prophéties, sa sagesse et ses conseils. Mais avant d'en arriver là, il traverse une série d'épreuves qui vont forger son caractère et sa légende : enlevé enfant par les bean sidhe, il devient roi de Dyfed quelques années plus tard mais la mort de sa femme et de son enfant le plonge dans la folie et le pousse à abandonner terres et titre pour vivre en ermite durant plusieurs générations (Merlin, ayant des origines atlantes, bénéficie d'une plus grande longévité), avant de revenir parmi les hommes comme conseiller du Haut-Roi de Bretagne.
Merlin n'est pas seulement un magicien habité parfois par l'awen ou un sage implacable, c'est aussi un homme et un guerrier accompli. le livre explore la palette de ses sentiments et émotions, ce qui le rend terriblement humain et proche du lecteur. D'autant plus proche que le narrateur de ce roman n'est autre que l'Enchanteur lui-même.
La manière dont il interpelle parfois le lecteur rend le récit très vivant, d'autant qu'il m'a fait parfois penser au Merlin de Boorman dans le film Excalibur, personnage décalé, ce qui donne une note d'humour à certaines de ses interventions. D'autres passages possèdent en outre des accents vraiment épiques lors des scènes de batailles.
Le style de l'auteur est toujours aussi évocateur et ses descriptions, réalistes, nous immergeant complètement dans cet univers semi-légendaire du Haut Moyen-Âge.
D'ailleurs, certains éléments de la légende arthurienne ont été modifiés :
Ygerna devient la fille de Gorlas et non sa femme, Arthur est le fruit du mariage entre Ygerna et Aurelius, Pelléas, le fils adultérin de l'atlante Belyn.
Concernant les Atlantes justement, des survivants de l'un des navires disparus dans le tome 1 sont découverts par Merlin à Goddeu, en la personne du roi Custennin et de ses enfants, descendants de Meirchion de Skatha.
Certaines pistes du tome 1 sont à nouveau évoquées : le calice de Joseph d'Arimathie pour lequel le roi Avallach commence à s'intéresser et le rôle maléfique de Morgian dont l'emprise s'étend peu à peu sur certaines régions du royaume. D'ailleurs, les rares apparitions de Morgian sont vraiment saisissantes, aussi saisissantes qu'angoissantes, tout comme celle de son fils Lot ap Loth, personnage énigmatique et ambigu.
Par contre, ce tome possède les mêmes défauts que le précédent, en moins prononcés : la propagande chrétienne en faveur de ses croyants, présentés comme indubitablement bons, au détriment des païens décrits comme des êtres ignorants ou malveillants.
Pour conclure, un tome encore meilleur que le premier. L'histoire racontée par Merlin était vraiment captivante, et nous emporte par ses accents tour à tour épiques et poétiques.
Lawhead intègre parfaitement les éléments historiques à la légende, faisant de cette revisite de la légende arthurienne une réussite. Malgré quelques longueurs, on lit ce récit d'une traite, subjugué par les descriptions très évocatrices des personnages et des lieux...
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