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EAN : 9782366243727
251 pages
Cambourakis (03/10/2018)
3.85/5   13 notes
Résumé :
Gynoïdes, sorcières, vampires, chiennes et souris de laboratoire : toutes sont liées à la cyborg de Donna Haraway. Reprenant la liste d'auteurs et autrices de science-fiction féministe citées à la fin du Manifeste cyborg, ïan Larue redéfinit cette figure fondatrice dans la pensée de la philosophe :"La cyborg, c'est l'esclave noire qui apprend à lire dans un roman d'Octavia Butler ; la jeune fille encapsulée qui, loin de se sentir handicapée, connaît des milliers de ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
C'est en créant la liste « Grand Prix de l'Imaginaire - Essais »
https://www.babelio.com/liste/11389/Grand-Prix-de-lImaginaire-Essais que j'ai découvert ce livre et le « Manifeste cyborg » de Donna Haraway.

« L'objet de ce livre est de prendre au sérieux ce que j'appelle la liste H, celle des oeuvres de science-fiction années 70 et 80 que propose Haraway à la fin du Manifeste cyborg. »

J'ai pensé que ce serait l'occasion d'explorer le thème du féminisme en SF.

L'auteure est assez radicale, elle a écrit ce livre comme un guide « pour échapper aux grands phares du sexisme science-fictionnel et se tracer un chemin à couvert», et elle ne mâche pas ses mots. Elle critique Star Trek, le Seigneur des Anneaux, les comics, … La réflexion est intéressante jusqu'à un certain point. Pour ma part, je ne pense pas que « dégenrer la langue française » puisse servir la cause féministe.

Exemples choisis : auteur et auteure = autorices / elles et eux = elleux / celles et ceux = celleux / ils et elles = iels.

J'avais déjà rencontré le point médiant : étudiant.e, je n'avais encore jamais entendu parler de l'idée de Sam Bourcier qui utilise la troncature informatique, l'astérisque.

Exemple : nous sommes parti* tou* joyeu*

De longs passages du livre sont écrit sous cette forme, cela ne rend pas la lecture confortable.

Bref, j'en viens à la « liste H » qui m'a, quoi qu'il en soit, donné envie de lire des livres comme :

- Le canal ophite de John Varley qui a également écrit une parodie du Seigneur des Anneaux avec sa trilogie de Gaïa ;
- L'autre moitié de l'homme de Joanna Russ ;
- Par-delà les murs du monde de James Tiptree, Jr (alias Alice Sheldon) ;
- Le vaisseau qui chantait d'Anne McCaffrey ;
- Superluminal & Le serpent du rêve de Vonda McIntyre ;
- Les contes de Neveryön & Triton de Samuel Delany, j'ai déjà lu Babel 17 (excellent) ;
pour ne citer que ceux que j'ai vraiment l'intention de lire. Elle cite aussi quelques livres d'Octavia Butler comme Xenogenesis (non traduit) et Humains, plus qu'humains (à voir car les vampires ce n'est pas trop mon truc).

Il ne me reste plus qu'à lire le Manifeste cyborg d'Haraway pour boucler la boucle. Mais ce ne sera pas pour tout de suite.
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Nous sommes au tout début des années 80. Ridley Scott vient d'adapter le célèbre roman de Philip K. Dick sur grand écran avec Blade Runner. Pour celles et ceux qui ne connaissent pas, le film tourne autour des réplicants - androïdes. 1984, Donna Haraway publie le Manifeste cyborg, dont il sera question ici, et que ïan Larue, professeure de lettres, historienne de l'art, autrice de nombreux ouvrages, analyse et remet au goût du jour, tout en gardant la ligne directrice : qu'est-ce que la SF des années 70 a pu apporter au féminisme ?

Donc, la cyborg ? Version femelle, voire non-binaire ou transgenre du Mâle-cyborg, largement vu et revu dans bien des livres et films de science-fiction, le soldat du patriarcat et des États privilégiés. ïan Larue se gausse du patriarcat et du SuperMec et fait étalage des livres cités par Haraway, écrits principalement par des femmes, qui exploraient des nouvelles façons d'aborder le futur, le genre, la sexualité, la société, le patriarcat, la spiritualité... Larue va plus loin, en imaginant que la cyborg est déjà en train de se lever et de s'insurger, de redéfinir une nouvelle vision de l'individu•e. Elle fait également honneur à toutes les femmes, oubliées de l'histoire, qui ont contribué à nous propulser vers le futur, le progrès technologiques, bref, la culture cyborg.

Engagée dans un militantisme féministe inclusif, ïan Larue en appelle également à Sam Bourcier, auteur - entre autres - de Homo inc.orporated, dans un interlude en quelques pages pour célébrer le mouvement LGBTI et parler écriture inclusive. le féminisme dont elle parle n'est donc pas le féminisme exclusif de LaFemmeBlanche. Et c'est assez chouette. Bien que si je doive noter un seul regret, c'est de n'avoir pas vu aborder plus les personnes handicapées, qui s'insèrent pourtant bien dans la lignée cyborg également.

Et, bien sûr, la question de la cyborg-déesse-sorcière a toute sa place ici. La sorcière, l'indépendante, celle qui fait fuir les hommes, celle qui honore les divinités féminines, celle qui fait fi du patriarcat, celle qui délivre les femmes, celle qui soigne, connaît, comprend, décide, crée, invente, réinvente... Et la déesse, hors des normes, à la fois jeune et vieille, sage et folle, celle qui est si énorme qu'elle remplit L Univers, celle qui n'a pas besoin de s'unifier car elle veut être tout à la fois, celle qui aime et qui fait la guerre... bref, celle qui rappelle "Thunder, perfect mind" (pour celleux qui connaissent). Un peu plus loin, d'ailleurs ïan Larue en appellera à se défaire du besoin d'unité, d'une définition unique, de la binarité, donc, de l'incitation à faire partie des standards bien normés.

Je suis vraiment contente d'être tombée sur un livre comme celui-ci, que je trouve d'importance capitale, et qui soulève le problème majeur de la science-fiction qui est d'être, même encore aujourd'hui, presque 40 ans après, un genre destiné majoritairement au Mec, écrit par des Mecs, avec dedans des SuperMec. On remercie donc les autrices de SF qui ont inspiré le Manifeste Cyborg (comme Octavia Butler, Vonda McIntyre, Alice Sheldon aka James Tiptree Jr...) et celles qui ont pris la relève par la suite - et l'autrice d'avoir fourni une bibliographie de ressources importante. Je ne connaissais pas ïan Larue mais je suis bien décidée à aller faire un tour ou sept dans sa bibliographie bien fournie. Et merci encore - et encore - à la collection Sorcière des éditions Cambourakis, de fournir du contenu de qualité, inclusif et militant.
Lien : https://lecombatoculaire.blo..
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Cet essai passionnant vient heurter le système patriarcal, renversant une vision du monde normative. À la manière d'une Alice de l'autre côté du miroir nous posons un regard différent sur le tissu d'incohérences dont est fait notre réalité.

"La cyborg" de Haraway, expliqué par Ïan Larue, est un concept renversant : il permet de penser un autre chemin du héro* comme objet accédant à l'être, libre ou en devenir. Il permet de dessiner un chemin à toute personne incluse sans son consentement dans une minorité et qui cherche à se libérer du joug de celleux qui veulent volontairement ou passivement la contraindre dans un statut dévalorisant.

Elle permet de fédérer les énergies contre le patriarcalocentrisme et ses filiales -capitalisme, nationalisme...- sans les obliger à se dénaturer pour "ne pas se diviser".

En créant une identité entre l'animale et la cyborg, à partir du chien* Haraway semble vouloir renforcer chez ses lecteurs l'idée que le nouveau héro* ce n'est plus le conquérant mais cellui qui se libère car dans le monde canin, il y a un* dominan* et un* dominé*, un* maître* et un* animal*. On ressent encore plus la présence / absence de l'opresseur quand on imagine que l'animale accède à la liberté. Lorsqu'il s'agit de cyborg, il s'agit parfois de fuir un créateur mais l'animale doit lui rappeler qu'elle fuit surtout le concept de maître.

Une voie vers l'Anarchie ?

Larue consacre un interlude à une réflexion sur la langue et comment la faire évoluer pour qu'elle n'invisibilise plus les femmes. Dans la langue "comme en politique" la cyborg n'a que faire des normes ou d'en imposer aux autres, toutes les langues cyborgs viendront fleurir la littérature de toutes les couleurs si les autorices le veulent bien. L'essayiste nous en présente plusieurs exemples, j'en ai testé quelques unes ici-haut. -Que les foudres de la Déesse pulvérisent cette Babel !-
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Ïan Larue vient d'obtenir le Grand Prix de l'Imaginaire 2019 dans la catégorie essais. Un prix amplement mérité. Merci Ïan Larue, pour ce magnifique "libère-toi Cyborg " au pouvoir libérateur
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Un essai remarquable, même si un peu confus par moments, sur les liens indispensables entre progressisme radical et queer et expérience de pensée science-fictive.

Sur le blog Charybde 27 : https://charybde2.wordpress.com/2019/12/28/note-de-lecture-libere-toi-cyborg-le-pouvoir-transformateur-de-la-science-fiction-feministe-ian-larue/
Lien : https://charybde2.wordpress...
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Citations et extraits (26) Voir plus Ajouter une citation
La cyborg, c'est l'esclave noire qui apprend à lire dans un roman d'Octavia Butler ; la jeune fille encapsulée qui, loin de se sentir handicapée, connaît des milliers d'expériences et de connexions ; la fille-orque transportée dans les étoiles dans Supraluminal. La cyborg est l'hybride suprême, hybride entre une femme réelle et un personnage de roman qui se superpose à elle pour la doter de mille possibilités dont celle, fondamentale, de faire éclater le capitalisme, famille en patriarcat. Elle a ses théoricien*, des auteurs et autrices de science-fiction.
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C'est un refuge en effet illusoire [la famille] si on prend on compte les épouses assassinées, les enfants ou les senior.es martyrisé.es. Les violences conjugales seraient en effet la première cause de mortalité chez les femmes, avant les maladies ou les accidents de la route... Home, sweet home!
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Haraway fait le lien avec la science-fiction féministe, fer de lance pour promouvoir la cyborg sur une grande échelle et la populariser. Elle cite Superluminal de McIntyre qui ouvre des voies nouvelles et multiples à l’imagerie cyborg, The Female Man de Russ et les œuvres d’Octavia Butler. Par exemple, dans Dawn de Butler, le vaisseau spatial des aliens, qui devrait être une machine, est en réalité un organisme vivant. La technologie décrite par Varley dans La Trilogie de Gaïa repose entièrement sur le règne végétal.
La dimension militaire et mâlocentriste est donc évacuée par le nouveau modèle de la cyborg, être de chair, incarnée au sens propre dans un monde de hautes technologies mâtinées de biologie qui lui collent à la peau.
La cyborg est une femme qui s’hybride avec un autre dispositif, machine ou animal. Dès qu’elle se trouve ainsi construite, ou plutôt déconstruite, en un composé instable qui jamais ne s’entendra comme un « tout », elle échappe à l’hégémonie psychanalytique qui prétend faire d’elle une pauvre petite chose inférieure à l’homme. Ainsi va-t-elle pouvoir inventer un nouvel inconscient, de nouvelles figurations, de nouvelles narrations. La dimension de lutte contre le genrage féminin forcé fait partie de son existence désassemblée. La cyborg s’affranchit du rapport au père, de la création divine, des religions masculinistes et de ses propres « origines ». Elle n’a rien à voir avec les problèmes d’obsolescence technique, n’étant pas elle-même une robote. Elle ne fonctionne pas seule, mais en groupe : il s’agit de féminisme socialiste. L’affaire du moi individuel masculin sexiste (son âme, son père, son dieu, son destin, son combat, son accompissement, son fils – sa bataille, son triomphe, sa mort) est tout simplement hors sujet. Star Wars ou Spiderman n’intéressent pas la cyborg. Un héros masculin qui se pose des questions sur son origine et son accomplissement, se construit par rapport à une figure paternelle et triomphe des Forces du Mal est pour la cyborg un sujet de discours délirant et irréaliste. Tout au plus se demandera-t-elle pourquoi le père porte un masque de respiration artificielle, sachant que la technologie de l’univers en question semble être capable de mieux que ça.
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La cyborg s'oppose donc au cyborg. Pas question de Robocop et consorts. Pas question du cyborg, ce Superman-bis, voué comme lui à la défense de l'ordre policier et de la propriété privée. Umberto Eco se tenait les côtes de rire : ce Superman, il pourrait sauver des millions de Chinois.es mais il se contente d'aider les flics de la bien nommée Smallville ! Robocop, c'est la même histoire : un pouvoir énorme au service d'un pet de souris. Quel manque d'ambition politique ! Le cyborg masculin caricatural, couvert de gadgets et d'armes, n'a aucun intérêt dans la perspective de Haraway. Il constitue même un repoussoir, conforme qu'il est au projet patriarcal et militariste de la civilisation dominante. Robocop se trahit : l'homme est sauvé et cyborgisé mais sa collègue Anne, quant à elle, meurt sans retour. Pas question d'en faire une Robocope ! Ben quoi, c'est une fille !
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La « réplicante » Rachel, dans le film Blade Runner, incarne cette nouvelle donne de la « culture cyborgienne ». C'est ainsi que « nous nous découvrons cyborgs, hybrides, mosaïques, chimères. Les organismes biologiques sont devenus des systèmes biotiques, des outils de communication parmi d'autres. Il n'y a pas de différence fondamentale dans ce que nous savons de la machine et de l'organisme, du technique et de l'organique. Rachel, la réplicante du film de Ridley Scott Blade Runner (1982), représente la peur, l'amour et la confusion que produit une culture cyborgienne. » Le mot replicant a été inventé par une microbiologiste à partir du verbe to replicate, selon le Los Angeles Times du 13 septembre 1992. Cette scientifique était la fille du scénariste de Blade Runner qui cherchait un meilleur mot qu'androïdes pour désigner les robots en question. Le journal ne cite pas le nom de l'inventrice, seulement celui du scénariste. Normal, c'est une fille.

Le thème central du film est l'empathie, sujet extrêmement présent en science-fiction comme on l'a vu plus haut avec Tiptree et McIntyre. Les réplicant* ne sont pas humain* car iels sont incapables de ressentir des émotions : la pensée binaire divise les personnes en deux groupes à la faveur de ce seul critère. Mais si les réplicant* se montrent plus empathiques que les humain*, comme c'est le cas dans le film, que reste-t-il de cette prétendue humanité ?
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