Sur le papier, ce livre avait tout pour me plaire : une histoire de femme, qui plus est de femme forte, qui s'est élevée à la seule force de son travail; un contexte historique intéressant, soit l'Amérique de la fin du 19ème siècle et la première moitié du 20ème, en pleine ségrégation. Oui, ce roman, car il s'agit bien d'un roman même s'il retrace la vie d'une femme qui a vraiment existé, avait tout pour me plaire. Pourtant je sors assez mitigée de ma lecture.
Belle Greene est une jeune femme métissée à la peau claire. Elle peut donc passer pour une blanche dans cette Amérique profondément raciste, même dans les états, et dans les villes, les plus progressistes. Au pire, elle peut évoquer des origines d'Europe du Sud pour justifier son teint quelque peu foncé. Avec sa mère et ses frères et soeurs, à la peau aussi claire qu'elle, voire davantage pour certains, ils font ce qu'on appelle le "passing", soit se faire passer pour des Blancs aux yeux des autres, délit, voire crime pour l'époque, passible d'une condamnation, d'un lynchage limite légal, dans cette société où une seule goutte de sang noir suffit à faire de vous un "Colored People". Elle est donc "condamnée" à souffrir des lois ségrégationnistes, notamment les lois Jim Crow, établies peu de temps après la guerre de Sécession. Mais Belle, femme de caractère, fera tout pour devenir l'égale de ses contemporains et deviendra même la femme la plus puissante, en tout cas la mieux payée, des États-Unis.
Si j'ai beaucoup aimé le début et les cent dernières pages, j'avoue que les 300 du milieu m'ont paru quelque peu longuettes. Et, je dois bien l'admettre, je me suis souvent ennuyée à la lecture de ce roman.
Si je salue le travail remarquable de recherche d'
Alexandra Lapierre, une vraie recherche d'historienne, sa plume m'a fortement lassée, la trouvant trop froide et manquant indéniablement de souffle et … de romanesque. J'ai surtout eu l'impression de lire une suite de faits et de citations extraites du travail minutieux effectué par l'autrice, un peu comme si je lisais une thèse ou un mémoire, plutôt qu'un roman. Alors, oui, c'est très intéressant et très enrichissant, mais j'avoue que les dizaines et dizaines de pages dévolues aux ventes aux enchères de manuscrits ou oeuvres originales d'écrivains ou d'artistes m'ont gonflée. Certes, il s'agissait du travail de notre héroïne, mais j'aurais préféré qu'
Alexandra Lapierre rentre davantage dans le côté romanesque de son sujet, soit le "secret" qui doit absolument être tu, plutôt que nous pondre des pages et des pages sur les amours ou les acquisitions de Belle. Car, pour ma part, c'est cet aspect que j'avais envie de découvrir et d'approfondir. Ce qui fait, au final, que ce roman manque de rythme et souffre d'affreuses longueurs, de mon point de vue bien entendu.
Reste que j'ai aimé découvrir ce portrait de femme de caractère qui a refusé la médiocrité et le sort qui lui était réservé.
Lu en octobre 2021