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3,63

sur 84 notes

Critiques filtrées sur 3 étoiles  
Assurément, Marie-Hélène Lafon déploie un grand talent littéraire, ses phrases sont parfaites, équilibrées, portant bien la densité de ce qu'elle désire exprimer.

Son évocation de la Sainte-Victoire justifie à elle seule l'intérêt de lire ce livre. Elle assimile la montagne à un animal, décrivant toute la carcasse de cette masse gigantesque de 18 kilomètres de long pour une altitude de 1011 mètres au Pic des Mouches. Elle traduit toute la dimension épique et mythique de cette montagne extraordinaire et, en lisant ces trop brèves lignes qui la concerne, on s'y trouve quasiment, face à elle depuis le Taoumé de Pagnol ou bien en débouchant du Garagaï sur la crête.

Cependant, elle passe à côté de la relation que Cézanne a pu nouer avec sa montagne, préférant digresser sur sa famille, parents, soeurs, enfant et surtout sur son épouse, jalouse des modèles, emplie de haine. Celle-ci déteste la Provence, ses "températures infernales" et sa "lumière insupportable". Comment est-ce possible?

On a quand même quelques belles phrases sur l'Estaque, le bleu de la mer et du ciel qui toilettent l'âme humaine, les bords de l'Arc et aussi sur l'art du peintre, avec encore une expression parfaite de ce qu'elle a dû ressentir en fréquentant les toiles du maître de l'impressionnisme.

Marie-Hélène Lafon, à son habitude, parle également beaucoup d'elle-même en évoquant sa venue à l'écriture. Personnellement, j'aurais préféré qu'elle eût consacré l'intégralité de son essai à Cézanne et aux "toits rouges sur la mer bleue".
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A peine Les Sources - son "chantier violent" - bouclé, Marie-Hélène Lafon s'attaque à un autre "chantier", le "chantier Cézanne" et décide de "cézanner" en juillet et en août 2022.
Ce texte est à la fois une grande joie et une petite déception.
Une grande joie car la prose de Marie-Hélène Lafon me transporte: concise, intransigeante, sans concession à la facilité; elle écrit exactement ce qu'elle veut dire. Elle me donne une impression de "j'aimerais écrire comme elle quand je serai grande". Heureusement, je ne grandis plus depuis longtemps !
L'écriture du Cézanne est une respiration après la violence du précédent. L'auteure nous montre son Cézanne. Il ne s'agit pas d'une biographie même si la mère, le père, l'épouse sont présentés car Paul Cézanne reste inaccessible. Elle nous montre Cézanne à travers ce qu'il évoque pour elle, de sa propre histoire et de son passé littéraire... et c'est ce qui m'a dérangée en fin de compte : l'auteure ne se met pas vraiment au service de son sujet.
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Un livre sur Cézanne...Je me régalais d'avance ! Et par Marie-Hélène Lafon: délice en vue!
Eh bien je suis déçue. C'est confus, un charabia interminable sur l'oeuvre, un regard désabusé sur l'artiste et sa famille: Son père, sa mère, son épouse, ses soeurs, son fils.
Maintes fois j'ai décroché de cette lecture. C'est dommage.
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Il y a deux manières d'aborder la figure d'un peintre. Soit on tâche de s'effacer pour livrer un récit plus ou moins fictionnel, tenter de composer un portrait ou de restituer tout ou partie de son existence ; soit on y cherche quelque chose qui renvoie à une expérience commune ou qui puisse faire écho à son propre geste créatif. Marie-Hélène Lafon s'inscrit clairement dans cette seconde démarche. Pour ce faire, elle a d'ailleurs inventé un verbe, cézanner. Cézanner : s'imprégner de l'espace que le peintre occupa, retrouver les sensations qui furent les siennes, laisser ses propres souvenirs personnels se frayer un chemin au contact des traces matérielles de l'existence de l'artiste et ouvrir ainsi ce chantier qu'elle rumine depuis plus d'une année et qui a acquis la force d'une nécessité. Cézanner : obéir à une pulsion irrépressible d'où sortira l'oeuvre.

C'est précisément cela qui est au coeur du texte de Marie-Hélène Laffon. Elle ne cherche ni à s'inscrire dans une chronologie ni à raconter la vie du peintre. Elle saisit des instants dont finit par jaillir une figure aux contours imprécis, mais pourtant d'une saisissante adresse.

Sous sa plume, Cézanne n'a rien d'aimable et paraît comme étranger au monde qu'il habite et que seule la peinture semble lui permettre de saisir. Il est un être entièrement et inconditionnellement dédié à son art. Un individu sans repos, en quête perpétuelle de la forme ou de la couleur juste. Ce n'est pas une figure que cherche à restituer Marie-Hélène Lafon, mais un état. D'où peut-être le trouble relatif dans lequel elle plonge son lecteur.

En dépit de sa brièveté, j'ai connu en lisant ce texte quelques moments d'impatience : j'avais l'impression que Cézanne m'échappait, que sa figure se dérobait sous les mots de l'auteure. Pourtant, au terme de ma lecture, il était bien présent, dans toute la force de son geste créatif. Quelque chose de l'ordre d'une présence impalpable dont il ne nous reste finalement que l'essentiel pour l'appréhender : une oeuvre singulière, unique, qui ouvrit une voie nouvelle et que l'on ne se lasse pas d'admirer.
Lien : https://delphine-olympe.blog..
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Tout comme certains films souffrent d'être phagocytés par un acteur vedette qui se met à son propre service ( je ne citerai personne !) , de même que certain.e.s chanteurs/euses et metteur.e.s en scène utilisent un opéra ou une pièce de théâtre pour leur gloire personnelle, de la même façon, dans ce texte - souvent magnifique, parfois précieux, ampoulé, alambiqué - Marie-Hélène Lafon fait du ... Marie-Hélène Lafon. Pour avoir découvert, juste avant cette lecture, "La nourrice de Francis Bacon", remarquable, de Maylis Besserie, ainsi que le très nécessaire "La veuve des Van Gogh" de Camilo Sanchez, où ces deux écrivain.e.s mettent leur ( immense) talent au service de leur sujet, je regrette que M.H. Lafon n'aie pas davantage porté l'oeuvre de Cézanne au lieu de l'occulter quelque peu par des effets de manche. Certains chapitres ou passages sont juste splendides, presque des fulgurances, mais mon impression générale reste mitigée et ne m'a pas permis d'entrer en résonnance avec les personnages ni même avec l'oeuvre de Cézanne. Dommage, même si cette lecture reste un des bons livres de cette rentrée .
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