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EAN : 9782376864196
450 pages
Editions ActuSF (17/09/2021)
3.75/5   4 notes
Résumé :
Philip K. Dick continue d'exercer son influence sur nous plus de quarante ans après sa mort. Ses histoires et les thèmes qu'elles abordent sont plus que jamais d'actualité.

Auteur de Dans les imaginaires du futur, Ariel Kyrou explore toutes les facettes de l'écrivain de Blade Runner dans cet ABC Dick !
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Non, Dick n'est pas mort (d'ailleurs, Emmanuel Carrère le disait bien). Enfin, si. Mais ses idées continuent à circuler, mises au goût du jour, aussi bien dans le cinéma (est-il besoin de préciser le nombre de scénarios hollywoodiens prenant appui sur un texte de Philip K. Dick ? de Blade Runner à Minority Report, en passant par Total Recall ou Paycheck) que dans la musique, le jeu vidéo ou la littérature. Des dizaines d'années après sa disparition, l'auteur au parcours chaotique touche encore par la modernité de certains propos. Ariel Kyrou nous offre ici une lecture érudite et moderne de cette oeuvre, dans cette véritable déclaration d'amour.

A.B.C.Dick est donc une série d'articles classés par ordre alphabétique, reprenant des mots-clefs de l'oeuvre de Philip K. Dick. On y trouve aussi bien « Androïde » que « Machine », « Paranoïa » que « Schizophrénie ». Mais également des entrées plus surprenantes à première vue, comme « Machine à coudre ». Outre ces 79 articles de longueur variable, mais passionnants chacun dans leur style, l'auteur nous propose des bibliographies commentées, avec résumé et avis tranché sur les ouvrages de Dick, mais aussi des oeuvres qui ont parlé de lui ou s'en sont inspiré. Et il n'hésite pas à donner un avis définitif. Une rubrique s'appelle d'ailleurs « Films gâchés d'après un texte de Dick ». Tout un programme ! Pareil pour les textes de l'auteur américain. Ariel Kyrou n'hésite pas à faire le tri et à indiquer ses préférences et ses dégoûts, ses ratages. Une bonne entrée en matière, assez riche et assez variée pour nous offrir un sacré choix et de permettre de faire des découvertes, même quand on connaît plutôt bien Dick et son univers.

Comme l'annonce très clairement Ariel Kyrou dans son préambule, ces courts textes ne sont pas d'une objectivité flagrante. Il assume totalement le fait d'interpréter la littérature de Dick à l'aune de ses propres pensées, de son crible, de sa façon d'appréhender la société. Il reprend donc les principaux thèmes de l'oeuvre dickienne et voit en quoi ils peuvent se montrer encore modernes, quitte à tordre un peu la réalité (mais avec Dick, la réalité est tellement mise en cause que l'on peut se permettre certaines prises de liberté). Et l'on découvre donc, avec un peu de surprise au début, mais pas mal de conviction ensuite, la modernité de nombre de pensées de l'auteur schizophrène, enferré dans ses traumatismes et ses doutes. Les réflexions sur la liberté de l'individu dans la société nourrissent le questionnement sur nos libertés actuelles rétrécies au nom de la santé, suite à l'épidémie de COVID-19, par exemple.
Afin de d'enrichir son propos et d'apporter de l'eau à son moulin, Ariel Kyrou cite de nombreux auteurs, philosophes ou autre. Dans ces multiples références, Paul Virilio revient sans cesse, lui qui a critiqué l'utilisation des nouvelles technologies et leurs dangers pour nos sociétés. Cela correspond à l'agacement, voire au dégoût de l'auteur pour les GAFAM et des personnalités comme Jeff Bezos (le fondateur d'Amazon) et Elon Musk (celui de Tesla) et qui transparait dans de nombreuses pages, eux qui participent à la destruction de la planète, sans état d'âme, avec leurs rêves d'enfant au bilan écologique et économique astronomique. On sent bien la proximité de pensée de Kyrou et de Virilio, ainsi que l'antagonisme profond avec les tenants de la modernité à tout prix, des contempteurs de la liberté au profit d'une sécurité fantasmée.
Ce que j'ai apprécié, c'est l'honnêteté intellectuelle de l'auteur qui cherche à nous convaincre, mais donne les clefs de sa pensée. Il n'essaie pas de nous prendre en traître et dit d'où il vient. Dans l'entrée « Pré-personnes » où il se montre gêné face à un texte de Dick exprimant des idées plus proches de celles d'un intégriste chrétien (il venait de se convertir) que d'un progressiste, Ariel Kyrou donne son opinion, clairement. Et c'est sain. Cela permet de se situer par rapport à lui et donc à son analyse. Et, au besoin, de s'en écarter. Mais il reste l'analyse de l'oeuvre de Philip K. Dick, les échos de ses romans et de ses nouvelles, les citations éclairantes. Tout un travail précis et profond, respectable et réjouissant.

A.B.C.Dick est un ouvrage agréable et aisé à lire malgré l'apport culturel et les notions brassées. L'auteur a su montrer son amour pour l'oeuvre de Philip K. Dick sans en rester bêtement prisonnier. Il a su également amener les thèmes principaux de ses récits dans le XXIe siècle, avec, la plupart du temps, un certain bonheur. L'occasion de redécouvrir ce classique de la littérature de SF américaine avec un regard neuf.
Lien : https://lenocherdeslivres.wo..
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Profondément remanié et augmenté par rapport à sa version de 2009, au point de devenir un livre bien différent, cet abécédaire fournit l'indispensable connection entre l'oeuvre de Philip K. Dick, notre présent et notre futur immédiat, qui en sont tout éclairés, parmi les paradoxes et les jeux sérieux.


Sur le blog Charybde 27 : https://charybde2.wordpress.com/2022/06/05/note-de-lecture-abc-dick-ariel-kyrou/

Disons-le tout net : cet « ABC Dick » d'Ariel Kyrou, publié chez ActuSF en septembre 2021, n'a plus grand-chose à voir avec sa première édition de 2009 chez Inculte : augmenté de 19 entrées (et passant ainsi de 60 à 79 mots-clé, parmi lesquels se distinguent par exemple les nouveaux venus « Bulle de filtres », « Fake news », « Paranoïa » ou « Vivant »), de dizaines et de dizaines de pages nourries des avancées théoriques survenues entretemps chez l'auteur du remarquable « Dans les imaginaires du futur », proposant une bibliographie profondément actualisée, des incises minutieusement retravaillées et une réévaluation de la résonance contemporaine de chaque roman et de chaque nouvelle (!) du créateur de la mythologie « Blade Runner », cette somme de plus de 500 pages est désormais une lecture quasiment indispensable, pour les amatrices et amateurs de Philip K. Dick, bien entendu, mais aussi pour toutes celles et ceux qui s'intéressent aux interactions contemporaines entre fictions et réalités divergentes.

Abécédaire où l'on croisera à l'occasion les pensées de Fredric Jameson, de Paul Virilio, d'Alain Badiou, de Yannick Rumpala, de Günther Anders, de Jean-Pierre Dupuy, de Bernard Stiegler, de Bruno Latour, de Dominique Lestel, de Jean Baudrillard, de Yves Citton, ou de Donna Haraway, articulées avec science et ruse par Ariel Kyrou aux constructions fictionnelles de Philip K. Dick, l'ouvrage se distingue aussi par son exhaustivité, d'une part (il est particulièrement impressionnant de pouvoir parcourir des commentaires sur l'intégralité des cent et quelques nouvelles de l'auteur, toutes pesées et situées ici à l'aune de notre contemporain de 2021), et par la profonde intelligence mise en oeuvre pour extraire du sens et des significations possibles, y compris de textes pouvant par ailleurs être jugés « mineurs ». Pour un lecteur comme je le suis, passionné par l'auteur de « Dr. Bloodmoney » sans en être un inconditionnel, s'il est logique et attendu de voir saisies les richesses de « Ubik », « le Dieu venu du Centaure », « le Maître du Haut Château », « le Temps désarticulé », « Glissement du temps sur Mars » ou « Substance mort », il est beaucoup plus surprenant, et à vrai dire, in fine, fort gratifiant, de voir en quelque sorte « réhabilités » à leur tour, contre toutes attentes de ma part, « Les chaînes de l'avenir », « L'Oeil dans le ciel », « Simulacres », « Les Clans de la lune alphane », « le Guérisseur de cathédrales » ou « Au bout du labyrinthe ».

Authentique érudit en matière science-fictive (et pas uniquement en cette matière-là), Ariel Kyrou ne se contente pas, comme trop de commentateurs encore, de poser sur la table le fruit de ses recherches en laissant la lectrice et le lecteur s'en débrouiller, mais organise avec un grand talent le choc productif entre un corpus désormais classique de la science-fiction et sa portée présente, redonnant ainsi, avec quelques autres heureusement, son caractère hautement et sainement spéculatif au commentaire politique de la littérature.

Lien : https://charybde2.wordpress...
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critiques presse (1)
Bibliobs
08 janvier 2022
Ariel Kyrou réalise à la fois un guide thématique et par œuvres de l’écrivain de science-fiction et un essai sur les multiples pistes que Philip K. Dick a ouvertes.
Lire la critique sur le site : Bibliobs
Citations et extraits (5) Ajouter une citation
« Retour au réel par la case désastre ».
Ces sept mots pourraient être un résumé lapidaire de l’œuvre de l’écrivain de science-fiction Philip K. Dick, ainsi que des films et des séries télé qu’il a inspirés, de Blade Runner peu avant son décès en mars 1982 aux quatre saisons du Maître du Haut Château de janvier 2015 à novembre 2019.
Mais ce n’est que le titre de l’éditorial d’un numéro du Monde d’octobre 2008, alors qu’au coeur de nos sociétés occidentales explosent les bombes spéculatives des subprimes et autres crédits véreux, déposés auparavant dans les banques et les temples boursiers de la Terre.

« Confinement : un douloureux retour au réel ».
Tel est le titre d’un nouvel éditorial du Monde, daté de mars 2021 alors que se profile en France un troisième confinement… Cette accroche, telle tant d’autres dans les médias, rejoue encore et toujours le couplet du « retour au réel ». Avec cette fois, dans le rôle du désastre suscitant un réveil épouvantable, un virus aux très grandes facultés de mutation, source d’une épidémie planétaire aux conséquences inédites.

Dans ses plus de cent vingt nouvelles et quarante-cinq romans, Philip K. Dick n’a prédit ni la crise des subprimes ni celle du Covid-19. Littéralement, il n’a pas non plus « deviné » l’irruption de la notion d’Anthropocène depuis la toute fin du siècle dernier, puis la collapsologie et les théories de l’effondrement, largement partagées en France depuis l’essai de Pablo Servigne et de Raphaël Stevens en 2015. Dick, pourtant, aurait pu faire sien le titre de leur livre : Comment tout peut s’effondrer. Pour preuve : dès 1978, il a commis une conférence intitulée : « Comment construire un univers qui ne tombe pas en morceaux au bout de deux jours ». Il y avouait, comme en écho à sa capacité à raconter depuis déjà longtemps des histoires de collapse : « J’aime créer des univers qui tombent vraiment en morceaux au bout de deux jours. J’aime les voir se désagréger, et j’aime voir ce que font les personnages du roman lorsqu’ils sont confrontés à un tel problème. J’ai comme une secrète prédilection pour le chaos. » Dans la plupart de ses textes, les effondrements s’apparentent moins à des événements appréhendables rationnellement, évitables même, qu’à des décors permanents désormais impossibles à nier. Ils forment le contexte, nécessairement chaotique, avec lequel les êtres n’ont plus d’autre solution que de composer. Les causes de la catastrophe en ressortent neutralisées, oubliées donc, car mille fois moins cruciales que ses conséquences, vécues au quotidien par les personnages des textes de Dick, comme aujourd’hui nous vivons les effets du réchauffement climatique ou de la pandémie de Covid-19. Le roman ou la nouvelle qui mettent en scène le désastre deviennent alors des fables de toutes nos apocalypses, passées, en cours ou à venir. D’où ce sentiment, pour le lecteur de Dick, du caractère intemporel voire très actuel de ses descriptions du réel.
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Dick renverse comme à son habitude les effets et les causes, les événements et leurs conséquences… Un texte de science-fiction décrit précisément une réalité à venir. En même temps, ce futur fait partie d’une fiction. Ce qui était réel devient fictif. Et ce qui était fictif devient réel. Si bien que la distinction entre réalité et fiction s’avère désormais impossible. N’est-ce qu’un jeu ? Ou qu’une façon d’annoncer un futur, le nôtre, d’où la réalité disparaîtra sous un déluge de fictions spectaculaires ? Le plumitif visionnaire comprend-il le sens de ses propres retournements d’intrigue ? Ce sont ses mots, tels ceux d’un Dieu omnipotent, qui créent la vérité de l’histoire, mais celle-ci est d’autant plus tarabiscotée qu’il s’y met lui-même en scène, tel un prophète religieux parlant de lui à la troisième personne… Sauf que ce prophète-là est un minable. C’est un prolétaire de l’écriture, un auteur avec un tout petit « a ». Il vole bas, à des lieues des cimes de « l’Auteur » romantique, à la Novalis ou à la Wagner, seul maître de son œuvre aux ambitions de totalité. Il en devient proche des millions de prétendus « pirates » qui samplent, téléchargent ou s’échangent en « pair à pair » des crottes et lingots de musique ou de cinéma. Dick a ceci de contemporain qu’il déshabille cette vieille lune du créateur absolu. Il descend l’auteur au niveau de l’internaute boutonneux, héritier du lecteur de pulps américains, ces magazines populaires où il a publié ses premiers textes au milieu des années 1950. Mais il y ajoute une notion qui, à l’inverse, risque de susciter moult maux de tête chez les zélateurs de la révolution Internet : c’est parce qu’il est plus bas que terre que le créateur au bas de l’échelle, ridicule et sans le sou, peut approcher l’universel. Le message involontaire de Dick, sur ce registre, rejoint les provocations du Merzbau de Kurt Schwitters et des suppôts de Dada il y a presque un siècle : seul l’art qui jamais ne prétend à la majuscule, imprégné des déchets du quotidien, conçu à partir de tickets usagés, de cheveux perdus ou encore de glapissements de caniches, a quelque chance de transcender son auteur. Et d’octroyer à sa création un zeste d’infini.
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J'aime créer des univers qui tombent vraiment en morceaux au bout de deux jours. J'aime les voir se désagréger, et j'aime voir ce que font les personnages du roman lorsqu'ils sont confrontés à un tel problème. J'ai comme une secrète prédilection pour le chaos.
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L’ABC Dick refuse les sens uniques. Il ne défend aucune police du texte ou de la pensée. Aucun pouvoir. Il ne cherche pas l’adhésion, mais le décalage et le doute féconds. C’est peut-être un philtre d’amour et d’humour face à ce que d’aucuns qualifient de réalité. Un chemin de traverse pour se déjouer des idéologies dominantes ou pour en traduire le bonheur prédigéré en matière de catastrophes mentales réjouissantes. Au-delà du bien et du mal. Au-delà du réel.
L’enjeu, en effet, n’est plus de créer de l’imaginaire, de l’irréel à partir de réel, mais bien au contraire de se nourrir de fictions ayant su se réinventer un réel. C’est-à-dire une banalité primaire, à ce point décadrée qu’elle peut nous procurer un prisme pour mieux décrypter et survivre à notre irréalité quotidienne si pleine d’écrans et de mécaniques de calcul intégral. Le pari, comme l’écrivait Jean Baudrillard en 1981, est de « réinventer le réel comme fiction ».
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La lecture est un prisme qui permet à chacun le décalage par rapport à la vérité de l'écrivain, à supposer que celui-ci en ait une.
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Videos de Ariel Kyrou (7) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Ariel Kyrou
(Attention, cette vidéo contient des spoilers !)
La série "For All Mankind" de Ronald D. Moore réécrit l'histoire de la course à l'espace, en partant d'un point de divergence temporel par rapport à l'histoire réelle : et si, en 1969, le premier homme à poser le pied sur la Lune avait été soviétique ?
Pour explorer cette passionnante uchronie spatiale, historique et géopolitique, Natacha Triou reçoit : Roland Lehoucq, astrophysicien au CEA, enseignant à Sciences Po et à Université Paris-Cité Emilie Querbalec, novelliste et romancière de science-fiction Ariel Kyrou, auteur de l'essai “Dans les imaginaires du futur” et directeur de l'anthologie “Nos futurs solidaires”
Vignette : "For All Mankind", affiche de la saison 1
#forallmankind #sf #lune __________
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