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EAN : 9782072966330
80 pages
Gallimard (04/11/2021)
4.45/5   30 notes
Résumé :
Aussitôt paru dans Le Débat, en novembre 1983, cet article, traduit dans toutes les langues européennes, a sonné comme un plaidoyer et une accusation.
Plaidoyer pour la défense de l’Europe centrale (Hongrie, Pologne, Tchécoslovaquie), qui par sa tradition culturelle appartient tout entière et depuis toujours à l’Occident, mais que celui-ci ne voit plus qu’à travers son régime politique, ce qui n’en fait qu’une partie du bloc de l’Est. Une culture qui n’est pa... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Petit texte très intéressant bien qu'un peu daté, comme le montre par exemple une phrase prise au fil de la lecture : "Ainsi, après la Première Guerre mondiale, l'Europe centrale se transforma en une zone de petits États vulnérables, dont la faiblesse permit ses premières conquêtes à Hitler et le triomphe final de Staline". Final certainement pas, et puisque le communisme tant haï par l'écrivain a disparu avec l'URSS, il faudrait remplacer Staline par OTAN pour réactualiser l'ensemble.
Auquel cas on arrive à la substantifique moelle de ce texte profondément ancré dans la peur de la Russie, cette nation perçue comme extérieure à l'Europe de M. Kundera :
"Apparaissent comme « barbares » ceux qui représentent un autre univers. Les Russes le représentent pour les Polonais, toujours."
La publication aujourd'hui de ce texte est sans doute lié à l'interrogation profonde qui parcourt la vieille Europe :
"Sur quoi, en effet, repose l'unité de l'Europe ? Au Moyen Âge, elle reposa sur la religion commune. Dans les Temps modernes, quand le Dieu médiéval se transforma en Deus absconditus, la religion céda la place à la culture, qui devint la réalisation des valeurs suprêmes par lesquelles l'humanité européenne se comprenait, se définissait, s'identifiait."
Le questionnement, s'il reste d'actualité, se pose tout de même très différemment aujourd'hui mais ce texte permet de nourrir la réflexion.
Il faudra le rééditer dans cinquante ans, lorsque tous les éléments du débat pourront être mis sur la table sans tabou, avec lucidité.

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Un Occident kidnappé est en réalité un ouvrage constitué de deux discours de Milan Kundera. Il prononça La littérature et les petites nations, au congrès des écrivains tchécoslovaques en 1967, soit au cours du Printemps de Prague qui s'acheva par l'invasion de la Tchécoslovaquie par les chars russes. Il y développe l'idée que les petites nations ne peuvent subsister que par l'existence et la vitalité de leurs cultures et leurs littératures, soulignant leur caractère absolument nécessaire : « Les hommes qui ne vivent que leur présent non contextualisé, qui ignorent la continuité historique et qui manquent de culture sont capables de transformer leur patrie en un désert sans histoire, sans mémoire, sans échos et exempt de toute beauté ». Au-delà, des petites nations et du contexte de l'époque, on peut se demander si ce n'est pas précisément le danger que les peuples de l'Europe de l'Ouest aujourd'hui même sont prêts à courir inconsciemment en se livrant aux extrêmes-droites populistes.
Quant au second texte, qui donne son titre à l'ensemble, il parut dans le revue Le Débat, en novembre 1983. Il y explique le partage, après la deuxième guerre mondiale, de l'Europe géographique, en deux moitiés politiques qui auraient correspondu vaguement aussi à ces deux parties qui s'étaient éloignées l'une de l'autre au cours de l'histoire, avec d'un côté l'occidentale liée à l'ancienne Rome, à l'église catholique, utilisant l'alphabet latin, l'Europe centrale trouvant ses origines dans Byzance, attachée à l'église orthodoxe, utilisant l'alphabet cyrillique, mais l'Europe de l'Est était loin de présenter cette unité culturelle. Les petites nations se retrouvèrent confrontées une fois de plus aux visées expansionnistes des grandes puissances.
Cet Hymne à la culture et à la liberté est aussi une réflexion, déjà inquiète, sur la dilution de la culture européenne, au sens où elle se développe dans des cercles fermés, en catimini, sans insuffler la moindre force aux peuples des pays développés…
Ce petit ouvrage est très intéressant et il permet d'observer la justesse des prémonitions de l'auteur.
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Un livre toujours d'actualité, étonnamment très actuel de Milan Kundera ''Un occident kidnappé ou la tragédie de l'Europe centrale''


Un texte écrit par un Milan Kundera, un des plus grands écrivains européens.



Pour les amateurs de l'auteur, d'hier et d'aujourd'hui.
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Rédigé en 1983, ce petit livre est d'une brûlante actualité. Une clarté d'analyse exceptionnelle nous fait regretter cet auteur unique que nous n'avons pas su écouter.
Son point de vue sur les nations d'Europe centrale est à mon sens la clé de la paix
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critiques presse (2)
LeMonde
04 mai 2022
« Un Occident kidnappé, ou la tragédie de l'Europe centrale », bref texte de Milan Kundera datant de 1983, vient d'être réédité. A point nommé.
Lire la critique sur le site : LeMonde
LaCroix
22 avril 2022
Depuis près de quarante ans, les inquiétantes questions de Kundera n’ont toujours pas trouvé de réponse.
Lire la critique sur le site : LaCroix
Citations et extraits (13) Voir plus Ajouter une citation
En 1956, au mois de septembre, le directeur de l’agence de presse de Hongrie, quelques minutes avant que son bureau fût écrasé par l’artillerie, envoya par télex dans le monde entier un message désespéré sur l’offensive russe, déclenchée le matin contre Budapest. La dépêche finit par ces mots : « Nous mourrons pour la Hongrie et pour l’Europe. » (…)
Est-ce que Soljenitsyne, quand il dénonce l’oppression communiste, se réclame de l’Europe comme d’une valeur fondamentale pour laquelle il vaut la peine de mourir ?
Non, « mourir pour sa patrie et pour l’Europe », c’est une phrase qui ne pourrait être pensée ni à Moscou ni à Leningrad, mais précisément à Budapest ou à Varsovie.

(p. 39-40)
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À la frontière orientale de l’Occident qu’est l’Europe centrale, on a toujours été plus sensible au danger de la puissance russe. (…) Frantisek Palacky, le grand historien et la personnalité la plus représentative de la politique tchèque du XIXe siècle, écrivit en 1848 la lettre fameuse au parlement révolutionnaire de Francfort par laquelle il justifiait l’existence de l’Empire des Habsbourg, seul rempart possible contre la Russie, « cette puissance qui, ayant aujourd’hui une grandeur énorme, augmente sa force plus que ne pourrait le faire aucun pays occidental ». Palacky met en garde contre les ambitions impériales de la Russie, qui tente de devenir « monarchie universelle », c’est-à-dire qui aspire à la domination mondiale. La « monarchie universelle de la Russie, dit Palacky, serait le malheur immense et indicible, le malheur sans mesure et sans limites ».

(p. 46-47)
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En effet, qu’est-ce que l’Europe pour un Hongrois, un Tchèque, un Polonais ? Dès le commencement, ces nations appartenaient à la partie de l’Europe enracinée dans la chrétienté romaine. Elles participaient à toutes les phases de son histoire. Le mot « Europe » ne représente pas pour elles un phénomène géographique, mais une notion spirituelle qui est synonyme du mot « Occident ». Au moment où la Hongrie n’est plus Europe, c’est-à-dire Occident, elle est éjectée au-delà de son propre destin, au-delà de sa propre histoire ; elle perd l’essence même de son identité.

(p. 40-41)
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En effet, rien ne pouvait être plus étranger à l’Europe centrale et à sa passion de diversité que la Russie, uniforme, uniformisante, centralisatrice, qui transformait avec une détermination redoutable toutes les nations de son empire (Ukrainiens, Biélorusses, Arméniens, Lettons, Lituaniens, etc.) en un seul peuple russe (ou, comme on préfère dire aujourd’hui, à l’époque de la mystification généralisée du vocabulaire, en un seul peuple soviétique).
Cela dit, le communisme est-il la négation de l’histoire russe ou bien plutôt son accomplissement ?

(p. 47-48)
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C’est bizarre, mais pour certains la culture et le peuple sont deux notions incompatibles. L’idée de culture se confond à leurs yeux avec l’image d’une élite des privilégiés. C’est pourquoi ils ont accueilli le mouvement de Solidarité avec beaucoup plus de sympathie que les révoltes précédentes. Or, quoi qu’on en dise, le mouvement de Solidarité ne se distingue pas dans son essence de ces dernières, il n’est que leur apogée : l’union la plus parfaite (la plus parfaitement organisée) du peuple et de la tradition culturelle persécutée, négligée ou brimée, du pays.

(p. 45)
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Videos de Milan Kundera (40) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Milan Kundera
Vidéo du 12 juillet 2023, date à laquelle le romancier tchèque naturalisé français, Milan Kundera, s’est éteint à l’âge de 94 ans. La parution en 1984 de son livre "L’Insoutenable légèreté de l’être", considéré comme un chef-d'œuvre, l'a fait connaître dans le monde entier. Milan Kundera s’était réfugié en France en 1975 avec son épouse, Vera, fuyant la Tchécoslovaquie communiste (vidéo RFI)
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