Avec toutes ces belles éditions reliées avec jaspage, il devient de plus en plus dur de résister à l'appel du beau livre. Et tout comme mon co-lecteur ici, je suis faible… Alors après avoir lu 2-3 retours plutôt positifs sur cette parution vo, j'ai craqué la semaine même de sa parution vf. Trépignant même quelques jours plus tôt avec Steven et organisant cette lecture commune, impatients que nous étions. J'aurais malheureusement dû me renseigner un peu plus car, comme souvent chez
De Saxus, je ne fais pas partie du public visé et j'ai donc été déçue par ma lecture.
GodKiller est à la fois le premier roman de son autrice et également le premier tome d'une trilogie dont le tome 2 :
Sunbringer, doit sortir dans un mois : le 15 février, aux États-Unis. Doté d'une très belle édition avec jaquette sur papier épais et carte au verso, couverture reliée avec incrustations dorées, pages de garde intérieures illustrées et bien sûr jaspage, je ne pouvais pas résister, surtout quand le thème est cette nature automnale réenchantée ou plutôt désenchantée. J'adore ! L'objet est vraiment de toute beauté et je trouve la qualité des matériaux fort honnête contrairement à d'autres éditeurs. le problème était ailleurs.
Le problème vient, et je sais que c'est aussi en partie ma faute parce que je le sais, du ciblage du public. Pour moi, nous sommes ici avec une fantasy pour débutant et non pour lecteur confirmé. du coup, comme les trois quarts des
De Saxus, j'aurais plus tendance à les voir dans un rayon pour adolescents ou jeunes adultes que dans un rayon adulte où dans mon esprit, le lecteur a déjà une certaine expérience littéraire du genre et donc peut-être envie d'un univers plus dense ou d'une plume plus riche, sinon cela induit en erreur. Je le sais et je me fais avoir à chaque fois. Après parfois, cela ne me pose pas de problème quand c'est ouvertement ado et parfaitement assumé. C'était le cas des Disparus du pays imaginaire chez Sabran que j'ai beaucoup aimé parce que je n'attendais pas une lecture adulte. Or ici, quand même, j'ai eu cet espoir vite déçu V.V
En premier lieu, quand j'ai vu la couverture, qui est si belle et sombrement poétique, je me suis attendue à retrouver une plume de cet ordre là. Ce n'est absolument pas le cas. Sans qu'elle soit mauvaise, c'est une écriture tout à fait passe partout, pas du tout poétique, fort simple même et manquant cruellement de descriptions pour nourrir et enrichir son récit. En un mot : c'est plat. La traduction française, truffée de petites coquilles de-ci de-là n'aide pas en plus ^^! Toujours après avoir vu la couverture, je m'attendais également à un récit à la mythologie nourrie, fournie. Ce n'est pas le cas. Tout est fort succinct et le restera. Tout est superficiel et c'est bien dommage parce que c'était prometteur de plonger dans un monde où les divinités avaient été pourchassées et exterminées par un Roi et sa population, mais qui avait en partie survécu et semait le trouble, notamment en « parasitant » des hôtes. Malheureusement l'exploitation est des plus modestes et je suis énormément restée sur ma faim.
Le gros problème de l'oeuvre est là. Des promesses sont faites, notamment dans le Prologue, pour ne pas être tenues ensuite, en tout cas pas au niveau où je l'attendais, l'univers manquant de complexité et de réelle noirceur. Les personnages portent aussi cela d'ailleurs. Malgré un bel effort de diversité avec une héroïne unijambiste parfaitement intégrée à l'histoire, ils manquent tout d'écriture. Ils sont des archétypes sans assiste solide et au développement assez plat, pour ne pas dire cliché et caricatural pour certains. J'ai à cause de cela eu beaucoup de mal à entrer dans l'histoire alors que le tome est assez fin, même pas 400 pages. Et il m'a fallu arriver à peu près à la moitié pour sentir un vague souffle me donnant envie d'avancer. Merci à Elogast d'avoir rejoint les deux héroïnes et leur « surprise » qu'on suivait jusqu'à présent. Il a apporté les petites tensions qu'il fallait et qui manquaient.
Après l'histoire se laisse suivre assez facilement. Nous sommes aux côtés de Kissen, une ancienne déicide qui a encore envie de venger ce que sa famille a subi à cause de l'un d'eux. le hasard de la vie la met sur le chemin d'Inara, une noble dont la famille vient d'être exterminée mais qui a miraculeusement survécu. Nous allons découvrir qu'elle est en fait « parasitée » par un dieu : Skedi et qu'elle a, elle-même, un certain pouvoir sur eux, la rendant dangereuse et la mettant au centre de bien des convoitises. Elogast, Elo, lui est en quête pour son roi et ami qui est mourant et qui a peur pour le destin de son pays, dans lequel il a interdit l'exercice des cultes après avoir tenté d'exterminer le maximum de dieux, sa mort pouvant signifier le retour de ces derniers. Chacun a donc sa quête et ensemble, ils se rendent vers un même lieu : celui de la bataille finale, celui où certains dieux existent encore.
Bien qu'ayant cruellement manqué de descriptions pour faire vivre ce périple, on se laisse prendre au jeu de ce road trip où chacun apprend à se connaître et où le petit groupe se forme. Comme le disait mon co-lecteur Steven, il y a un esprit « troupe de mercenaires » qui se crée un peu et qui rend cela sympathique. On se plaît surtout à découvrir ce que cache le masque de chacun et les secrets dévoilés font tout le sel de ce voyage à 3+1. Mention spéciale à Elo, pour ma part, qui est vraiment celui que je préfère. Ancien chevalier reconverti en boulanger, qui regrette la vie qu'il a vécue, mais est prêt à y replonger par amitié. Je l'ai trouvé ouvert, généreux, profondément gentil. La petite Inara est sympathique aussi, l'autrice a bien capturé son essence d'adolescente en plein apprentissage de la vie et découverte sur elle-même. En plus, elle forme un joli duo avec sa divinité Skedi, et elle a le coeur sur la main, voyant un peu en Elo et Kissen des grands frère et soeur. J'ai eu plus de mal avec Kissen, trop caricaturale pour moi, trop ancré dans ce cliché de la fille voulant prendre sa revanche. L'autrice écrit avec maladresse ses failles et fragilités, mettant des mots à la limite du sexisme pour moi. Vous savez ce cliché de la femme forte fragile. Je n'ai pas du tout aimé ici. Alors que pourtant, elle a des arguments pour elle, notamment son attachement à Inara, en qui elle voit une autre elle-même, jeune.
Mais clairement, je me suis ennuyée dans cette lecture. Toute la première moitié manquait de tension et d'enjeu. L'autrice aurait pu en profiter, c'est le moment « road trip du scénario », pour développer son univers. Elle ne le fait pas et ce fut dur de lutter contre l'ennui. le rythme se réveille sensiblement lors de l'arrivée d'Elo, mais il faut encore arriver à Blenraden, l'ancienne cité des divinités, pour que vraiment enfin le récit se réveille. Il y a bien eu auparavant 2-3 chapitres agréables, mais c'est fort peu sur la vingtaine lue… Il y a aussi eu de chouettes scènes d'action plutôt bien écrites, mais c'était assez rare comparé à l'ensemble du récit… Bref, je me suis réveillée quand les tensions se sont nouées et que l'autrice a voulu complexifier, à sa façon, le récit, car elle utilise quand même des bonnes grosses ficelles qui font sentir sa jeunesse… Il y a notamment un twist final, absolument ridicule et pas crédible pour un sou, qui sort de nulle part et est d'un cliché absolu, qui m'a fait lever les yeux au ciel et terriblement déçu, faisant très « fantasy » du pauvre pour moi ^^!
Alors pourquoi est-ce que je lirai probablement quand même la suite ? Parce que j'ai quand même envie de voir le destin réservé à Inara, ses pouvoirs et son lien avec Skedi. J'ai envie de découvrir aussi ce qu'il reste de ces divinités et ce qu'elles préparent peut-être contre le peuple de Middren. J'ai envie de savoir qu'elle est l'ampleur du plan du roi Arren. J'ai envie de continuer à suivre les réflexions philosophiques de l'autrice sur la vengeance, son poids, sa justification, etc. Et j'ai juste envie de bonnes grosses batailles avec pouvoirs et coups d'épée à gogo, ce que l'autrice n'écrit pas si mal. Il faut juste que je revois sérieusement à la baisse mes aspirations de belle plume, de riche et complexe univers, de personnages à la psychologie fouillée. Je n'aurai pas cela mais j'aurai de beaux livres dans ma bibliothèque ! xD
Partie bille en tête avec Steven pour le lire parce que sa couverture me vendait du rêve, je suis un peu tombée de haut ici. Sans que ce soit indigeste, c'était surtout une lecture pour débutant en fantasy, plutôt que pour lecteur confirmé. Avec une plume n'ayant pas la poésie attendue, un univers n'ayant pas la complexité attendue et des personnages n'ayant pas la richesse psychologique attendue, j'ai peiné peiné dans ma lecture. Mais au final, j'ai trouvé quelques idées me rendant curieuse, quelques relations me donnant envie de les suivre et quelques hypothèses à aller fouiller et confirmer / infirmer. Et puis, je suis faible face aux beaux livres et aux histoires de Dieux, je l'avoue. Avec des aspirations à la baisse, je serai donc probablement quand même au rendez-vous de la suite.
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