Chaque année, environ 10 000 adultes disparaissent, volontairement. Une décision mûrement réfléchie et souvent incomprise par les proches. D'un phénomène de société,
Cynthia Kafka en a fait un roman bouleversant.
Nathalie est une mère de famille en apparence heureuse qui, le jour du 15e anniversaire de sa fille, a pris un train et n'est jamais revenue. Elle a laissé derrière elle, Margaux, une ado traumatisée à vie. Elle a tiré un trait sur un mari aimant devenu la cible des ragots qui se consolera dans des puzzles géants et un bébé de 4 mois. Quinze ans plus tard, la vie de cette famille est restée suspendue à cette disparition à la fois victime et, quelque part, se sentant coupable.
Comment se reconstruire après une perte qui n'est pas scellée par la mort ? Et si, un jour, elle revenait ? Mais surtout pourquoi est-elle partie ? Trop de questions sans réponses, jusqu'au jour où Margaux aperçoit sa mère lors d'un reportage sur la Corse. Un tableau qui la représente. La jeune femme, casanière, adepte des listes et vieille fille avant l'âge va partir sur un coup de tête avec Tim, son ami de toujours pour l'île de Beauté, espérant, plus que retrouver cette mère démissionnaire, comprendre pourquoi.
Le sujet est difficile pourtant la plume lumineuse et enjouée de
Cynthia Kafka arrive à désamorcer, avec des notes d'humour, les situations pesantes. On rit autant que l'on pleure, avec les paysages de Corse en toile de fond. L'autrice connaît bien l'île, elle y a des attaches familiales. Les odeurs du maquis, les expressions, les lieux et les croyances, tout y est sans les clichés, sans forcer le trait. Cette quête de la vérité est un voyage initiatique entre passé et présent pour Margaux mais aussi pour ceux qui l'entourent : Tim l'ami de toujours, son père qui doit se libérer du passé et sa petite soeur, trop jeune aux moments des faits, mais dont la vie a été hantée par le fantôme de sa mère.