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3,77

sur 378 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Quand littérature rime avec peinture ça donne " L'ombre de nos nuits" de Gaëlle Josse. Ma première lecture de cette auteure. J'ai été fortement impressionné par son écriture, une certaine douceur que l'on retrouve dans une aquarelle, une couleur délicate, fragile bref un clair obscur littéraire.
Une jeune femme assise devant le tableau de Georges de la Tour," saint Sébastien soigné par Irène".
Elle est perdue dans ses pensées, elle se souvient de lui, de son amour à sens unique, aveuglée par cette lumière qui tire les larmes et cette part d'ombre qui n'autorise aucun écart. " L'amour, c'est donner ce qu'on n'a pas à quelqu'un qui n'en veut pas".
Autre temps autre époque, tout aussi douloureux.
Dans le Duché de Lorraine sous le règne de Louis XIII, la guerre de trente ans fait rage, amenant son cortège de vols de viols, de massacres de famines. Georges de la Tour las et fatigué de ces crimes ne peindra que des clairs obscurs. Fuir la lumière du jour et sa violence pour rendre à la nuit cette douceur et cette part de mystère.
Les phrases de Gaëlle Josse sont aussi douces que la lanterne éclairant le visage d'Irène.
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L'ombre de nos nuits n'a pas été fidèle à son titre... Pour moi, il aurait du s'appeler La lumière de ma semaine (de lecture) ! J'ai en effet beaucoup apprécié ce texte délicat, presque poétique, apaisé et apaisant, riche d'histoire(s), de points de vues et d'émotions.

J'avais très envie de découvrir Gaëlle Josse, n'ayant jamais rien lu d'elle mais en ayant beaucoup entendu parler. Malgré ces attentes très fortes, j'ai été séduite dès les premières pages, consacrées aux pensées du peintre du XVIIème siècle Georges de la Tour au moment de se lancer dans la création d'un nouveau tableau 'Saint-Sébastien à la lanterne'.

Ce tableau, présenté sur la jaquette, est le coeur même du livre, qui nous raconte alternativement les réflexions de l'artiste et de son apprenti sur le moment, et les émotions d'une jeune femme d'aujourd'hui devant le tableau. Les chapitres mêlent donc de profondes idées sur l'art, sur la création, sur les techniques picturales, une description plus naïve et tendre de la vie quotidienne au XVIIème siècle, notamment pour les orphelins, et les souvenirs d'une femme moderne sur un grand amour malheureux...

Le tout est lié par un style très pur, très juste, très doux, tout en nuances et en clair-obscur, un peu à la manière de Georges de la Tour, version littéraire.

Merci à Babelio et aux Editions Noir sur Blanc pour ce livre reçu dans le cadre de Masse Critique.
Challenge PAL, challenge Petits plaisirs 8/xx et challenge Multi-Défis 14/15
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Janvier 1639, Lunéville ,en Lorraine, Georges de La Tour en préparation de son tableau,"Saint Sébastien soigné par Iréne"....printemps 2014, Rouen, aux Musées des Beaux-Arts,une femme, contemplant le dit tableau, à la vue d'Iréne, se remémorant son "Saint Sébastien ",à qui " elle a tenté de retirer la flèche qui l'a blessé"....,

Cette écrivaine excelle à remonter le temps, à faire "croiser"des histoires,à des intervalles séculaires, toujours avec précision, économie et beaucoup de finesse ,poésie et douceur sans nous embourber dans les méandres de l'histoire .

"De l'obscurité émerge une étrange vérité,celle de nos coeurs ", plongé dans la détresse de la guerre de Trente Ans en Lorraine, de La Tour ne " veut plus peindre à la lumière du jour,qui ne sait éclairer que terreur et désolation"....."la femme qui se souvient", se souvient d'une liaison que elle, aurait voulu la vivre à la lumière du jour,à la lumière tout court,loin de l'ombre d'une ex-....qui a planté sa flèche à jamais.....des scènes en clair-obscur qui nous portent aux coeurs des personnages, aux tréfonds de leurs âmes.

Josse est excellente à nous croquer des scènes " très clichées", qui sous sa plume changent de registre....simplicité et humour y remédient.Je pense notamment au couple d'amis, du "Saint Sébastien ", Anne et Pierre que rencontre " la femme qui se souvient", un couple fusionnel ,un couple de rêve(?),qu'elle nomme Annépierre.....et les détails ....truculents....mais le fond de sa prose reste extrêmement touchant,toujours avec la même simplicité ("Beaucoup de peintres réalisent leur autoportrait .C'est pour moi terrifiant....Je pense à une composition autour du reniement De Saint Pierre.....Si j'y parviens ,ceux sont mes propres traits que j'essaierai de prêter à l'apôtre qui par trois fois a renié le Christ.Je sais quant à moi l'avoir renié bien plus encore").

Bien que les deux histoires n'ont pas grand chose en commun,les rapprochements sont très subjectifs, elles s'emboîtent parfaitement, et c'est le génie de la prose de Josse,une fois encore.J'ai un peu plus aimé l'histoire de,de La Tour,un peu moins celle de "la femme qui se souvient",son adoration, sa dépendance,son acharnement à vouloir séduire, à être irrésistible pour le Sébastien, m'a un peu énervée.

Je pense que j'ai suffisamment dit le bien que je pense de cette auteure qui me surprend à la lecture de chacun de ses livres, dont celui-ci est la troisième .
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« Je sais ce que je veux peindre. Peindre le silence, le temps arrêté, l'appel d'une voix dans la nuit, la lueur qui nous guide ».
Georges de la Tour le dit et il le fait. Parfaitement.
Gaëlle Josse l'a raconté. Parfaitement.

Autour du tableau « Saint Sébastien soigné par Irène », Gaëlle Josse brode.
Avec ses mots délicats, ses images d'enluminures, ses phrases ensorcelantes, elle raconte un moment dans la vie de ce peintre du 17e siècle : le moment de la peinture empli de ce calme qu'il adore, suivi du voyage à Paris où il désire offrir ce chef-d'oeuvre au roi Louis XIII.
Ses pensées cèdent souvent le pas à celles de son apprenti, amoureux secret de la fille du maître, Claude, qui servira de modèle à l'Irène du tableau. Claude, elle-même porteuse d'un secret tendre et douloureux...
Cette relation subtile et dense entre les trois personnages imprègne la tessiture du roman et me comble.

Le tableau au clair-obscur foudroyant touche de plein fouet le coeur d'une jeune femme bien de notre temps, lors d'une visite au musée. Celle-ci se reconnait dans l'attitude d'Irène et plonge dans des souvenirs douloureux, ceux d'une relation toxique où elle se croyait soignante.
A vrai dire, à part ce lien ténu, je ne vois rien d'autre en relation avec le tableau. le monologue désabusé de la jeune femme me parait inopportun et assez banal, au fond. Dommage.

Mais quittons ce roman, ce tableau, en nous emplissant de ces paroles apaisantes :
« La ferveur du jour s'est tue, notre frénésie ralentit, nos passions s'assagissent. Ne reste que l'essentiel, une main, un geste, un visage. C'est ce que je poursuis en peignant, et rien d'autre désormais ».
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Deux récits, celui de Georges de la Tour en 1639 lors de la création de son oeuvre « Saint Sébastien soigné par Irène » et celui d'une femme en 2014 qui va, lors de sa visite du musée à Rouen se plonger dans le regard d'Irène et se remémorer son histoire d'amour intense et douloureuse avec un homme qui n'a su l'aimer.
Gaelle Josse nous donne à suivre les pensées du peintre, celles de l'apprenti qui par amour fera une copie de la fille du peintre qui pose et prendra les traits d'Irène et enfin les pensées de la jeune femme contemporaine qui fait revivre les instants passés avec celui qu'elle a aimé à travers ses émotions.
L'ombre et la lumière vont être le lien entre ces deux tableaux, l'un figé et l'autre vivant, ces deux histoires se répondent de façon délicate, sensible et subtile.

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1639, En Lorraine, Georges de la Tour prépare ses couleurs et choisit parmi ses proches les visages de sa future oeuvre.
Dehors, la guerre fait rage. La famine, le froid et la maladie plongent le pays dans le malheur.

2014, dans un musée de Rouen, une jeune femme admire un tableau « Saint Sébastien soigné par Irène » et devant la grâce émanant de la scène, elle se souvient de son histoire d'amour et trouve enfin les mots qu'elle aurait dû adresser à l'homme qu'elle a aimé autrefois.

La force du roman de Gaëlle Josse est de lier de manière subtile et habile deux destins que rien ne devait rapprocher, si ce n'est leur recherche insensée de lumière au milieu de la nuit. Les deux époques s'entrelacent et se croisent et par la magie de son écriture, Gaëlle Josse joue avec les ombres pour nous plonger au fond des âmes.
Une fois de plus Gaëlle Josse m'a procuré un immense plaisir littéraire.
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Lorraine 1639 La guerre de 30 ans fait rage.
Dans son atelier, George de la Tour, se prépare à créer un nouveau tableau qu'il destine au roi de France, Louis XIII.
Il s'agira du tableau "Saint Sébastien soigné par Irène". Sa fille Claude prêtera ses traits à Irène. On suit le processus de création sous le regard de l'artiste mais aussi de son apprenti Laurent.
Parallèlement en 2014, une jeune femme dont on ignore le nom entre dans le musée des Beaux Arts à Rouen et contemple ce même tableau qui suscite en elle des émotions intenses et fait ressurgir des souvenirs douloureux d'un amour fini.
J'ai adoré les passages concernant la période de 1639. J'ai moins aimé la partie (un peu moins longue) consacrée à la jeune femme et la relation plutôt toxique avec un homme.
J'ai trouvé l'écriture très belle et finalement j'aurais adoré lire un roman plus long consacré à George de la Tour.
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« Il présenta au Roi Louis XIII un tableau de sa façon qui présentait un saint Sébastien dans une nuit ; cette pièce était d'un goût si parfait que le roi fit ôter de sa chambre tous les autres tableaux, pour n'y laisser que celui-là. »

Je suis sorti déçu de ce livre qui m'avait attiré car il parlait de l'un de mes peintres préférés : Georges de la Tour, peintre de lumière, du jour et de la nuit.
Tout le long du roman, dans de courts chapitres, deux histoires sans lien entre elles sont intercalées : en 1639, La Tour peint une de ses plus belles toiles « Saint Sébastien soigné par Irène » ; à notre époque, une jeune femme pense à son ancien amant.
La deuxième histoire moderne est restée à mes yeux incompréhensible : cette femme est installée devant une copie du tableau de la Tour exposé au musée des Beaux-Arts de Rouen. Curieusement, cette toile lui évoque une ancienne histoire d'amour, terminée, avec un homme inconsistant, alcoolique, qui semble souffrir et mourra par accident. Regrette-t-elle de n'avoir pas pu le sauver ? le roman est donc morcelé, découpé par des bribes, sans intérêts à mes yeux, du souvenir amoureux de cette femme.
Heureusement il reste la beauté des descriptions consacrées à la peinture de Georges de la Tour, l'un des plus grands peintres de l'histoire de l'art au 17ème siècle. Certains passages sont superbes poétiquement.

En 1639, Georges de la Tour, ce fils d'un boulanger de Vic-sur-Seille en Lorraine, est réputé à Lunéville où il réside.
L'artiste travaille sur son « Saint Sébastien soigné par Irène » dont le sujet est la veuve Irène soignant un soldat romain percé de flèches et le guérissant de façon exceptionnelle. Cette oeuvre maitresse est destinée au roi de France Louis XIII.

Saint Sébastien est allongé dans une pose semblable à celle du Christ déposé de la croix, la cuisse transpercée d'une flèche qu'Irène cherche à lui retirer.
« Toute la lumière se concentrera autour des mains de la jeune fille et de ce trait, et l'essentiel sera ce visage de la compassion, d'intense attention que montrera Irène. »
La Tour a trouvé ses modèles : le fils d'un voisin sera saint Sébastien ; Claude, sa fille, sera Irène ; Marthe, la fille d'une servante, sera le troisième personnage portant la lanterne qui éclairera la scène : « Je ne sais si c'est Claude ou Irène, son enfant ou son modèle, qu'il peint. »
Lorsque La Tour peint le tableau, Lunéville est en proie à la guerre entre le duché de Charles IV de Lorraine et le roi de France. Cette lutte engendre la misère et des incendies qui ravagent la ville, ne laissant que ruines et épidémies de peste.
« Je m'aperçois que la nuit, à la lueur d'une simple torche, d'un brasera ou d'une chandelle, tout s'apaise. La ferveur du jour s'est tue, notre frénésie ralentit, nos passions s'assagissent. Ne reste que l'essentiel, une main, un geste, un visage. de l'obscurité émerge une étrange vérité, celle de nos coeurs. »
L'apprenti Claude observe amoureusement la fille du peintre : « Claude a revêtu la robe destinée au tableau, ainsi que le voile qui couvre sa tête et ses épaules. Il est de la couleur préférée du maître, rouge. Son corset est modestement échancré, elle porte en dessous une chemise à plis fins et serrés. »
La Tour contemple son oeuvre terminée : « Ce matin, je suis heureux. Épuisé, mais heureux d'avoir réussi à traduire cette image venue me visiter au bord du sommeil. Merci Seigneur, d'avoir guidé ma main. »
Après un long voyage pour Paris, le grand jour est arrivé :
« Comment décrire le regard du roi lorsque le maître a retiré la pièce de tissu ? Ses traits sont restés impassibles, mais il a interrompu son geste, et son regard s'est figé. J'ai su alors que le Maitre avait gagné. »

En cette année 1639, le roi a effectivement reçu Georges de la Tour à Paris. Il demandera que l'on installe sur-le-champ le tableau dans sa chambre à coucher. L'artiste recevra la somme de mille livres et le titre de « peintre ordinaire du roi ».
De nos jours, l'original du tableau ayant appartenu au roi semble avoir disparu. Plusieurs copies de la toile existent. Celle du musée des Beaux-Arts d'Orléans qui préserve l'équilibre des ombres et des lumières au centre du tableau ainsi que la finesse du modelé est reconnue comme la meilleure par les spécialistes. Il semblerait que ce soit l'un des premiers « nocturnes » encore conservés du peintre, une de ses oeuvres les plus saisissantes : les effets lumineux et à la somptuosité du rouge, introduisent un univers de détente, de paix et de méditation.
Dans ce tableau, Irène soigne saint Sébastien blessé et dialogue avec lui, compatissante. La Tour peignit, une dizaine d'année plus tard, un tableau nommé également « Saint Sébastien soigné par Irène » mais cette fois en hauteur alors que celui destiné au roi était en largeur. le tableau en hauteur paraît plus ambitieux que le premier, incontestablement le chef-d'oeuvre des dernières années de l'artiste qui se trouve au Louvre. Dans cette version Irène tenant une torche, la flamme éclairant fortement son front, ne soigne plus saint Sébastien mais se lamente, pleure, devant un corps sans vie.

J'avais apprécié le trop court roman de Gaëlle Josse « Les heures silencieuses », beau portrait d'une femme hollandaise habitante de Delft. le style était fluide, poétique et tendre. Un tableau du peintre hollandais Emmanuel de Witte illustrait également l'histoire.
J'ai moins aimé « L'ombre de nos nuits » du fait du nombre important de pages consacrées à cette femme moderne contant ses souvenirs amoureux. Elles nuisent à la poésie du récit.
J'aurais apprécié que la magnifique toile de la Tour ait fait l'objet d'un récit plus ample, plus descriptif, axé essentiellement autour de ce chef-d'oeuvre, l'un des plus célèbres du maître.

« C'est ici probablement la plus haute création de la Tour, la plus tendre aussi, celle qui donne la pleine mesure de sa poésie ».

https://www.wikiart.org/fr/georges-de-la-tour/saint-sebastien-a-la-lanterne-soigne-par-irene-1630

Dans cette période difficile, je souhaite à tous les amis sur Babelio de passer d'heureux moments durant cette fin d'année 2020 que personne ne regrettera.

***
Lien : http://www.httpsilartetaitco..
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J'aime beaucoup Gaëlle Josse dont j'ai déjà lu et apprécié plusieurs romans, le dernier gardien d'Ellis Island par exemple, et surtout Une longue impatience.
J'aime sa finesse d'analyse quand elle décortique les sentiments, j'aime son écriture juste et précise qui vous mène là où elle veut vous mener. Une écriture douce et ferme, une "main de fer dans un gant de velours".
J'ai retrouvé ces ingrédients que j'aime dans L'ombre de nos nuits.

La vie chez le peintre Georges de la Tour est relatée de façon très intéressante : les rôles de chacun autour du Maître, la complexité de la création artistique, la fragilité financière des artistes dont les revenus dépendent du bon vouloir des puissants du moment.
J'ai beaucoup aimé ce mélange entre vie de famille et vie professionnelle, ainsi que cette plongée dans une autre époque.
Mais avant tout, ce roman m'a fait comprendre ce qui me faisait aimer un tableau.
Jusque-là, je n'étais pas capable de l'exprimer de façon consciente : je "sentais" que telle oeuvre me plaisait particulièrement, tandis que telle autre me laissait plus ou moins indifférente, sans vraiment pouvoir dire pourquoi. J'aime aller au musée, j'aime voir les toiles et chercher dans une exposition celles qui vont me toucher spécialement, mais je n'ai jamais pu expliquer ce qui me faisait vibrer.
Maintenant, je sais !
Un tableau me touche quand je ne le savoure pas que par les yeux, quand il n'est pas seulement "beau", mais qu'il interpelle mes autres sens. Quand en le regardant je sens le froid ou le chaud, quand j'y vois de la douceur ou de la détermination, quand j'y reconnais de l'amour ou de la haine, quand il m'inspire de l'envie ou de la répulsion, quand il titille ma gourmandise ou m'effraie au point de me couper l'appétit. Quand j'y entends le vent ou le bruit des vagues, quand j'y respire le parfum d'une femme, le fumet d'un plat ou l'air iodé de la mer.

Madame de la Tour dit que son mari sait "peindre le silence" : c'est tout à fait cela. Devant son "Saint Sébastien soigné par Irène", je suis frappée par la douceur et la concentration de la jeune fille, par son geste à la fois doux et volontaire, et par-dessus tout par le silence qui émane de la toile. Un silence que l'on entend, que l'on ressent. Un silence intense et vibrant. Et c'est ce silence qui me touche profondément, au-delà de la beauté de l'image.
Voilà ! Grâce à Gaëlle Josse, me voilà devenue capable de vous dire pourquoi ce tableau me plaît.
Avec ses mots, elle a fait naître les miens, qui me permettent d'exprimer des ressentis jusque-là confus.
Ce roman m'a ouvert une porte sur un nouvel univers à explorer, et c'est ça que j'aime dans la lecture !
Voilà pourquoi lire m'est aussi indispensable que manger et respirer : je ne peux pas m'en passer, et j'ai besoin d'être entourée de livres pour me sentir bien.

Pour autant, je n'ai pas été entièrement convaincue par L'ombre de nos nuits.
Deux histoires y sont entrelacées : celle de la genèse du tableau, et celle d'une narratrice contemporaine anonyme qui raconte sa relation toxique avec un homme égoïste.
L'idée de faire se croiser deux époques est séduisante, mais je n'ai pas du tout accroché à cette histoire d'amour à sens unique et n'ai pas senti le lien qu'elle avait avec celle du peintre. Je suis passée complètement à côté de cette partie du livre.

Au moment de mettre une note, me voilà bien embarrassée. Mon expérience de lecture m'a fait apparaître cet ouvrage comme composé de deux parties dont l'une m'a laissée de marbre et l'autre m'a enthousiasmée. Ce n'est pas le meilleur de Gaëlle Josse, mais un livre qui m'a fait me poser des questions (et trouver des réponses !) sur mon rapport à la peinture en particulier et à l'art plus généralement mérite d'être bien noté, non ?

Pour finir, un petit "coup de gueule" adressé à nos dirigeants, en ces temps de mesures incohérentes à tout-va.
Nous ne sommes pas des animaux, nous ne pouvons pas vivre seulement de "travailler, manger, dormir". Nous avons un esprit qui a lui aussi besoin de nourriture. Nous avons un besoin vital de culture !
Rendez-nous nos musées, nos théâtres, nos cinémas et nos concerts !
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Une constante, d'un livre à l'autre: le style sublime de Gaëlle Josse, qui est venue à l'écriture d'abord par la poésie, ce qui ne m'étonne pas...

Comme dans " Les heures silencieuses", c'est un tableau qui est au centre de l'histoire:" Saint-Sébastien soigné par Irène" de Georges de la Tour. Mais ici, il ne s'agit pas d'imaginer quelques moments de la vie du personnage féminin représenté , non, l'intention est autre.

Trois voix s'entrecroisent, au présent et au passé . Celle, contemporaine d'une femme en contemplation infinie de la toile, dans un musée, qui lui rappelle avec douleur un amour brisé , et celles, en écho, du maître, auteur du tableau et de son apprenti, Laurent, au 17ème siècle.

La naissance du tableau , dans l'atelier du peintre, à Luneville,et son devenir à Paris, auprès du roi, nous sont contés avec passion, et nous passionnent aussi... Entre ombre et lumière, espoir et attente, une oeuvre prend forme devant nous, esquisse puis révélation d'un talent fou.

J'avoue avoir préféré suivre l'aventure picturale que la souffrance amoureuse réveillée , le personnage de Laurent en particulier m'a émue . Doué pour la peinture, il sent qu'il devra quitter le maître pour s'émanciper et suivre sa propre voie. Et comme la narratrice du présent, il veut aussi se libérer d'un amour malheureux... mais il en gardera l'image...

Une bien belle intrusion dans l'intimité d'un peintre, illuminée par les mille nuances d'une écriture inspirée...
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