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4,52

sur 2481 notes

Critiques filtrées sur 1 étoiles  
Je n'ai pu m'empêcher de penser aux « Précieuses Ridicules » de Molière en lisant ce livre. « Je découvris ainsi une vue imprenable sur les reliefs montueux de la Première Concubine et sur la démesure généreuse de sa panse et de sa mamelle. Il est des visions, pour horrifiques qu'elles soient, qui n'en tétanisent pas moins l'esprit du mâle normalement constitué.» On imagine très bien l'auteur s'extasiant sur chaque mot tel le Mascarille de Molière avec son « tapinois ». On sent que Jaworski aime les mots compliqués à tel point que j'ai eu l'impression qu'il écrivait avec son Catalogue des armes et ustensiles désuets du XVIIIe siècle et son Dictionnaire des adjectifs pompeux à portée de main et qu'il s'est évertué minutieusement à remplacer tous les mots trop courants de son livre par une formule empesée (presque tous les personnages sont gros, mais le mot gros n'est jamais employé). le vocabulaire est artificiel et volontairement compliqué alourdissant le lecture, les descriptions compliquées se mêlent à l'action, au point qu'on reste englué dans un maëlstrom de mots, les périphrases s'accumulent jusqu'à l'écoeurement, cassant complètement le rythme de l'action, nous enfonçant dans l'ennui et l'agacement. Chaque personnage à chaque fois qu'il est cité est affublé d'un adjectif redondant et de préférence peu courant et les périphrases s'accumulent jusqu'à l'indigestion. Pendant les 50 premières pages, à chaque coin de phrase, Jaworski nous pond une référence au mal de mer de son héros sans écrire les mots « mal de mer » (quel exploit!) et même quand le personnage n'est plus sur la mer. L'action pourrait se passer de la quasi-totalité des adjectifs, descriptions, périphrases, qui n'apporte que de la lourdeur, j'ai fait l'expérience de lire en diagonale pour me rendre compte que la compréhension de l'histoire y gagnait en clarté. Ses personnages sont antipathiques, ils ne connaissent qu'un seul sentiment, ils se méprisent tous les un les autres, sans nuances, l'auteur semble éprouver le même sentiment pour ses personnages. Quand je suis tombé sur le mot « scrofuleux » je me suis étonné qu'il n'ait pas réussi à le sortir plus tôt et quand je suis tombé sur « translittératives » je me suis dit qu'il valait mieux arrêter là les frais. Il y a des auteurs qui s'amusent à utiliser des mots savants, mais c'est en général avec une certaine complicité avec le lecteur, avec humour, ou avec un souci didactique ou de justesse. Ici, l'usage d'un tel style donne l'impression que c'est pour afficher une sorte de supériorité et un dédain pour les lecteurs qui ne seraient pas familiarisés avec son vocabulaire. Pour moi, ce roman est une apologie du snobisme et je n'en retiendrais que de la prétention de son auteur. Il y a des romans qui me tombent des bras parce que je m'ennuie à mourir, que le sujet n'a aucun intérêt, que les personnages sont sans reliefs ou parce que c'est écrit avec les pieds, mais ce livre affiche en plus de tout ça une prétention monumentale et je n'hésiterais pas à le mettre numéro 1 des livres que j'ai le plus détestés.
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Deux ans et trois mois après l'achat, j'en suis toujours au même point. Il est temps de passer à autre chose. Je sais que la réputation de ce livre est énorme, malheureusement je l'ai trouvé toujours plus pénible au fil de ma lecture. Je n'ai lu que 21% mais ses défauts m'en rendent la lecture rédhibitoire, désolé.

Mes reproches ? D'abord, les personnages n'attirent pas la sympathie, mais ça j'étais prévenu, et c'est peut-être plus une question de préférence qu'un réel défaut du livre.

Les défauts sont le rythme et le style. le roman progresse au rythme d'un escargot asthmatique qui trainerait un boulet. Jarowski étire chaque scène, et même chaque instant, comme un gamin tire sur son malabar. Une action qui dure une minute prend dix minutes à lire, les chapitres s'éternisent, ma patience s'use.

Quant au style, il ravit certainement les amateurs d'un style d'avant-guerre (de cent ans). Jarowski m'apparait simplement comme un auteur pédant qui pense trouver l'élégance avec un style désuet.

Quant à l'histoire, difficile de se prononcer, car en deux cents pages elle n'a pas progressé suffisamment pour que j'ose un commentaire.
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J'ai pas l'habitude de critiquer les livres sur Babelio. Et encore moins les livres que j'ai détestés.
Mais là, avec toutes les critiques positives, voire dithyrambiques sur ce roman, je me sentais lésé. Quoi ? Personne d'autre n'avait haï ce torchon ?

Bon.

En fait, au début, jusqu'à environ la moitié du roman, j'aimais bien. Pas follement, certes, mais je trouvais l'écriture sympathique, les personnages intéressants, l'intrigue prenante.
Je me sentais bien parti pour apprécier ma lecture.

Finalement, je ne l'ai pas finie.

Cela parce qu'une scène de viol complaisamment décrite vient te donner la gerbe en plein milieu du roman.

Sans compter ce qu'on compte d'yeux crevés dans cette ville !

OK. A la limite, le viol, les yeux crevés, les bouches cousues, on s'en fout. C'est un livre, on peut y parler de tout.

MAIS PAS N'IMPORTE COMMENT.

Et ici, sérieusement, la scène du viol est vraiment traitée n'importe comment.

1) le voyeurisme. On a les moindres détails de ce qui se passe. On se prend la violence de Benvenuto, le perso principal, dans la gueule sans rien pouvoir faire - on n'a plus d'espace pour s'extirper du désir morbide et répugnant du personnage. le lecteur est piégé, forcé à ressentir des choses qu'il ne souhaite pas ressentir. Clémentine Beauvais définit très bien le voyeurisme en littérature (ado dans son cas, mais cela peut s'appliquer à n'importe quelle littérature) sur son blog... http://clementinebleue.blogspot.com/2014/01/sur-le-voyeurisme-en-litterature-ado.html
et l'auteur tombe dans ce travers. Ce qui est d'une gravité non négligeable, particulièrement sur le thème si sensible du viol.

2) la complaisance. Ce point-ci rejoint un peu le précédent. Merde, c'est peut-être qu'une impression, mais on dirait que l'auteur prend plaisir à rédiger cette scène, et on dirait même qu'elle est faite pour que le lecteur lui-même (masculin, probablement) y prenne aussi plaisir. Une critique mentionnait même se souvenir de cette scène "avec délectation". OK, c'est pas mal écrit, youhou ! ÇA NE JUSTIFIE PAS TOUT, AU CONTRAIRE. Parce que l'écriture est imagée, parce que l'écriture est entraînante, et que le narrateur vit un kiff de malade à violer une gamine, cette scène est terriblement violente dans sa "banalité", terriblement "pas grave" dans la joie prise par le narrateur et/ou l'auteur. Ce dernier assouvit ses pulsions comme devant un porno et c'est salement immonde.

3) d'ailleurs, c'est pas grave, que la peste de quinze ans ait été violée. Ce qui compte, c'est qu'elle ait pas perdu sa virginité, comme ça son papa pourra pas botter le derrière à Benvenuto. le viol n'est jamais nommé comme tel dans la suite du roman. le violeur n'est jamais puni - d'ailleurs, il serait puni de quoi ? A part s'être approché de la fille de son patron, il a rien fait de grave...
Super, le message, JP, vraiment, pouce en l'air.

Ce qui nous amène au point quatre...

4) ... la culture du viol (si novice, regarder la vidéo de Demos Kratos --> https://www.youtube.com/watch?v=u1t--qEn1F4, maladroite mais accessible). Ce torchon - et je pèse mes mots, car selon moi un bon style et une bonne intrigue ne sont pas suffisants, je crois sincèrement que l'auteur a une responsabilité morale envers ses lecteurs (genre, c'est ok de nous présenter un personnage immoral, dégoûtant, salaud et tout, c'est ok de nous dire qu'il va jusqu'à violer une adolescente pour se défouler, mais zut, tu présentes pas ça sous un jour positif, tu nous dis pas "ce type avait le droit, la fille n'est qu'une peste capricieuse de toute façon et puis en plus on s'est tapé un sérieux kiff, les gars, non ? " - ce torchon, donc, perpétue la culture du viol dans laquelle on baigne déjà.
Warning : je suis un garçon. Je baigne moi aussi dans cette culture et ne suis pas forcément le mieux placé pour en parler, mais ayant pour d'autres raisons déjà subi les conséquences de cette culture (misogyne s'il en est) j'y suis sensible. de plus il me semble important (voire carrément vital) que des garçons en parlent aussi.

Donc revenons au point qui nous intéresse : ce TORCHON (torchon torchon torchon) perpétue la culture du viol, en ne présentant que des personnages féminins soumis et superficiels, et, surtout (encore une fois, oui) en légitimant par le fait "d'avoir passé une mauvaise journée" que Benvenuto viole une fille.
Bah oui : il revient de la guerre, sa putain préférée était occupée, ça fait trop longtemps qu'il a pas baisé le pov chou ; et puis il est devenu pas beau, il a le cafard, y a cette fille qu'est là, seule...
En gros on nous dit que Benvenuto a le droit de la violer. On nous dit aussi que violer c'est quand même vachement agréable. On nous dit que les hommes savent pas se maîtriser. On nous dit que la fille l'avait bien cherché...

OUI, BRAVO MESDAMES ET MESSIEURS ! vous venez de toucher le jackpot en terme de culture du viol. Presque tous les éléments sont rassemblés ! N'est-ce pas trop cool, ce tout-en-un ?

YERK.


Viennent se rajouter à ce tronc principal rassemblant les raisons de détester (et cracher sur) ce roman d'autres défauts, qui, si moindres en comparaison de la médiocrité vicelarde citée précédemment, méritent leur place dans cette critique.

- des loooooooooooooooooooogueurs. le style est entraînant, d'accord, mais, msieur Jaworsky, trop de description tue la description, vous devriez le savoir, vous qui êtes expert en assassinat. Et puis tellement de noms qui s'enchaînent, c'est chiant. Pas d'autres mots, déso pas déso, si vous voulez trouver des synonymes y a un truc qui s'appelle Gagner la guerre qui en regorge.
Eh ouais. Parfois, c'est chiant. Parfois, on croule sous les descriptions et on saute des passages. C'est pas qu'on est des écervelés, msieur l'agrégé de lettres modernes ; c'est juste que parfois, vous êtes juste chiant.

-hop, on met deux sorciers, trois elfes, et on obtient un ersatz de fantasy (--> vous l'aurez compris, il s'agit du truc dont on parle depuis le début et qui se vante de relever de la dark fantasy... attendez je meurs de rire)


BREF

J'aurais aimé avoir du temps à gâcher pour poursuivre ma lecture. J'aurais peut-être paru plus légitime pour en parler.
Mais l'ambiance malsaine du roman, si elle ne m'avait pas gêné d'un premier abord, a fini par rendre exécrable chaque seconde de plus passée à user mes yeux et ma cervelle sur ce ramassis de vomis et ce parangon de pestilence.
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J'ai l'impression que ce livre commence à être connu comme une oeuvre clivante : on adore // on déteste. Je ne vais donc pas faire dans l'originalité, avec une note si dure... Mais je crois qu'il y a une bonne raison à ça !

Pour être tout à fait honnête et commencer par du positif, j'apprécie le style d'écriture de l'auteur. Il y a quelques passages un peu longs, certes, mais j'ai aimé le vocabulaire fourni, la gouaille de Benvenuto, son côté bougon, cynique, parfois drôle.
Pour continuer dans le positif (je suis beau joueur), j'ai trouvé la trame de l'intrigue bien ficelée, les rebondissements bienvenus, les manigances politiques noires et fourbes - comme on s'y attend. Les dialogues sont travaillés, la plupart des personnages également...

Alors qu'est-ce qui cloche à ce point ? Qu'est-ce qui a rendu la lecture de plus en plus désagréable, jusqu'à la nausée, jusqu'à l'idée de finir uniquement pour voir si un renversement incroyable viendrait renverser la table, viendrait déchirer ce tableau malsain ?

Il y a bien entendu la scène de viol sur mineure, scène déjà commentée de toutes parts. Il y a le fait qu'à aucun moment il n'y ait du remords, le moindre questionnement, le moindre indice que le personnage (et l'auteur!) trouveraient ça insupportable. Il y a, au contraire, la complicité, que dis-je ! les félicitations d'un autre personnage !
N'y aurait-il que ça, ce serait déjà cent fois condamnable.
Mais ajoutez-y un racisme décomplexé, une homophobie infecte et une misogynie dégoûtante. Ce n'est pas présent à chaque page, mais on y a droit, gaiement, tout du long ; on demande notre complicité passive, on finit même par être interpellé : si on est encore là, à lire, c'est pas pour rien, hein ?

Je dis 'on' parce que je compte 2 : Benvenuto + Jean-Philippe. Après tout, ce que dit Benvenuto est relu, annoté et s'il faut corrigé par Jean-Philippe.

Entrons dans le vif du sujet : le réalisme historique (prétexte utilisé par ci) ou le respect des codes de la dark fantasy (excuse utilisée par là) peuvent-ils vraiment justifier de publier un témoignage de près de 1000 pages d'un violeur misogyne, raciste, homophobe ? Vraiment ?

J'ai une idée un peu provoc' : et si on instaurait le "test de Zemmour" ? Mettons que si un livre est susceptible d'être adoré par Zemmour, c'est qu'il est raté. Eh bien, bravo, je mets mes deux mains à couper que c'est le cas de celui-ci : comme un coq en pâte dans les basques de Benvenuto !

Plus sérieusement... Pour les anglophones, il y a ce texte, très intéressant, écrit par Samantha Shannon, autrice du Prieuré de l'oranger : https://msmagazine.com/2019/02/26/feminist-call-historical-fantasy/
Il raconte que s'appuyer sur le passé historique pour placer un récit de fantasy, c'est bien, ça permet plein de choses, ça évoque directement des images, un décor aux lecteurs et lectrices. Il raconte qu'ajouter des éléments à ce passé, c'est super, ça permet de créer tout plein de choses, c'est ça qui fait le sel du genre ! Et il raconte enfin que puisqu'on ajoute des éléments au passé, on peut tout aussi bien en ôter : il s'agit de le modifier, dans les deux cas. Extrait :
"Pour certains, l'historicité implique qu'on peut ajouter à son récit un réseau global d'assassins - mais qu'on ne peut pas en enlever la norme hétérosexuelle. On peut y ajouter des dragons qui crachent du feu et de la glace - mais on ne peut pas ôter le viol."
Je vous encourage à lire le texte si vous êtes suffisamment à l'aise en anglais.

J'ai encore une autre manière d'aborder la question. Benvenuto ne violerait pas un.e "enfant". Je mets des guillemets parce que c'est bien une mineure qu'il viole, par ailleurs ; mais Benvenuto fait la différence : à 15 ans, on peut violer sans penser qu'on est pédophile. Benvenuto a la conscience tranquille. Plus tôt dans l'histoire, en forme d'anecdote, on comprend qu'il méprise les pédophiles (ou du moins, j'ai espéré le comprendre). Bon.
Alors voilà ma question : que diraient les lecteurs et lectrices qui ont tant adoré cette oeuvre si Benvenuto nous décrivait, plutôt qu'un innocent viol sur une fille de 15 ans, comment il viole un.e enfant de, allez, 8 ans ? Avec moult détails, hein, tout pareil. Et donc, la totale : aucun remords, aucun questionnement, aucun.e autre personnage qui viendrait l'interroger sur cet acte mais au contraire, d'autres personnages et parmi les principaux, qui accepteraient sans moufter voire, lui diraient "merci, Benvenuto, ça m'a rendu service que tu violes cet.te enfant !" (etc.)

Je crois que si Jaworski n'a pas fait ça, c'est parce que ce serait aller trop loin. C'est parce que ça, ce serait insupportable, pour lui comme pour beaucoup de lecteurs et lectrices. Ça rendrait le personnage vraiment trop détestable, alors que là on est maintenu sur un fil tout du long : il abuse Benvenuto, mais dans le fond on l'aime pas trop mal.

Le corollaire, c'est qu'à l'inverse, faire violer par son personnage une fille de 15 ans et rendre l'acte léger, normal : ça, c'est bon. Ça passe, se dit Jean-Philippe. Ça en dit long, d'un coup. Un peu trop long pour ne pas douter sérieusement de l'inclination politique de l'auteur...

En court : une plume très bonne au service d'une oeuvre vraiment abjecte. On ne me reprendra pas à lire du Jaworski, sauf mea culpa de l'auteur. Quant à vous, vous ne devriez même pas essayer.
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J'étais bien partie dans l'histoire, découvrant au fil des pages un héros vraiment pas sympathique mais pourquoi pas ? Toutefois la scène du viol a été insupportable et ne me donne plus du tout envie de continuer à suivre un tel "héros".
Ce personnage capable de se dire qu'il vaut mieux sodomiser une jeune fille de 15 ans, qui manifeste clairement qu'elle n'est pas d'accord, pour ne pas lui enlever son pucelage car c'est la fille de son patron.
Et qui, les quelques pages suivantes, ne se sent coupable de rien. Beurk.
J'ai été tellement dégoutée que je me suis inscrite sur Babelio pour voir les avis et en écrire un. C'est dire !
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