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EAN : 9782070293346
352 pages
Gallimard (30/11/-1)
4.24/5   29 notes
Résumé :
François Jacob qui reçut, en 1965, avec Jacques Monod et André Lwoff, le prix Nobel pour ses travaux sur l'hérédité, écrit dans la foulée un livre génial qui est bien plus que l'histoire la plus complète de la biologie jamais parue. La Logique du vivant a surtout l'immense mérite de rendre compréhensibles au profane les ressorts du progrès scientifique qui dépend moins de la découverte techni... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Je ne peux pas mieux parler de ce livre que Michel Foucault, qui dit, deux points, ouvrez les guillemets : « Le livre de François Jacob est la plus remarquable histoire de la biologie qui ait jamais été écrite. Elle invite aussi à un grand ré-apprentissage de la pensée. »
Oui, le travail réalisé par François Jacob est considérable, puisqu'il retrace toute l'histoire de la biologie, des idées et des théories que les hommes ont élaborées dans leur petite tête pour comprendre le monde vivant. Je ne voudrais pas faire mon Fabrice Luchini, mais enfin quand même ! On ne peut pas être avare d'éloges devant ce livre monstrueux, oui j'ai bien dit « monstrueux » : monstrueux d'intelligence et d'érudition. Vous y êtes là ? Hein ? Vous sentez le souffle de la science passer dans vos cheveux de lecteurs ébouriffés et avides ? Avides de compréhension, de savoir, d'humanités ? Et bien c'est tout cela à la fois qui transpire du livre de François Jacob, je vous le garantie. Oh, non, inutile de m'en demander plus, je ne vous en dirais rien d'autre que cela : c'est notre histoire, qu'il raconte le François, l'histoire de la matière qui s'organise, toute seule comme une grande, de molécules en gènes, de cellules en organes, d'organismes qui se mettent à penser et même à s'intégrer en société, société des hommes qui parfois fout la nausée, mais ça c'est moi qui le dit... le Jacob, il se contente d'inventer la notion « d'intégron », oui, vas-y, c'est pas mal, ça « l'intégron », François, pourquoi pas ? Il y aurait beaucoup à philosopher sur ce qu'il raconte là, mon Jacob, mais on a pas le temps, personne quasiment n'a pris le temps, on zappe, on passe au suivant, et on rate quelque chose sans doute. Oui, la philosophie tirée des sciences, c'est plus à la mode, c'est ringard, François, mais ton livre, lui, il est là. Il attend.
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Récemment, mon ami Daniel Calin me donna à lire un de ses textes dans lequel il évoque le biologiste François Jacob et « l'impressionnante conclusion de son grand ouvrage », La Logique du vivant (Gallimard, 1970). Peu fier de n'avoir jamais lu ce livre, je m'empressai de me le procurer. Les vingt-six pages de la conclusion intitulée L'intégron furent une surprise : je découvris une démarche comparable à ma théorie de l'extensio.

Enfin ! Je dois dire que, jugeant très simple le principe fondateur de l'extensio qui affirme que l'évolution va dans le sens de l'élargissement du champ relationnel, je cherchais, en vain depuis de nombreuses années, quel scientifique pouvait l'avoir déjà formulé(1). Or, non seulement François Jacob, dans sa conclusion, insiste sur ce point, mais également, il décrit cet « accroissement » de la relation avec le milieu chez les humains de la même façon que la théorie de l'extensio, c'est-à-dire par le système nerveux et en gigogne. Selon le célèbre biologiste, cette relation s'accroît avec la communication entre les organismes, puis chez les humains, avec la survenue du langage, et enfin de l'écriture.

D'emblée, le refus de séparer l'individuel du collectif est affirmé : « Décrire un système vivant, c'est se référer aussi bien à la logique de son organisation qu'à celle de son évolution. » (p. 321) Et de proposer le concept d'intégron : « Chacune de ces unités constituées par l'intégration de sous-unités peut être désignée par le terme général d'intégron. Un intégron se forme par l'assemblage d'intégrons de niveau inférieur ; il participe à la construction d'un intégron de niveau supérieur. » (p. 323)

L'auteur constate que : « Ce qui caractérise peut-être au plus près l'évolution, c'est la tendance à l'assouplissement dans l'exécution du programme génétique ; c'est son « ouverture » dans un sens qui permet à l'organisme d'accroître toujours plus ses relations avec son milieu et d'étendre ainsi son rayon d'action. » (p. 329) de sorte que : « Les « succès » de l'évolution aboutissent à accroître corrélativement la capacité de percevoir et celle de réagir. » (idem)

Cet accroissement est rendu possible par une complexification d'un intégron à l'autre : « Or l'évolution se traduit d'abord par un accroissement de complexité. Une bactérie représente la traduction d'une séquence nucléique longue d'environ un millimètre et constituée d'environ vingt millions de signes. L'homme procède d'une autre séquence nucléique, longue de près de deux mètres et contenant plusieurs milliards de signes. » (p. 332) « Ce qui entraîne cette augmentation de programme, c'est la tendance à accroître les interactions de l'organisme et de son milieu par quoi se caractérise l'évolution. » (p. 333)
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Citations et extraits (9) Voir plus Ajouter une citation
« Et en brisant le vieux mythe de la chaîne des êtres vivants, Cuvier a peut-être plus fait pour rendre possible une théorie de l'évolution que Lamarck en généralisant le transformisme du 18e siècle. Il y a, en biologie, un grand nombre de généralisations, mais fort peu de théories. Parmi celles-ci, la théorie de l'évolution l'emporte de beaucoup en importance sur les autres, parce qu'elle rassemble, dans les domaines les plus variés, une masse d'observations qui, sans elle, resteraient isolées ; parce qu'elle lie entre elles toutes les disciplines qui s'intéressent aux êtres vivants ; parce qu'elle instaure un ordre dans l'extraordinaire variété des organismes et les lie étroitement au reste de la Terre ; bref, parce qu'elle fournit une explication causale du monde vivant et de son hétérogénéité. La théorie de l'évolution se résume essentiellement en deux propositions. Elle dit d'abord que tous les organismes, passés, présents ou futurs, descendent d'un seul, ou de quelques rares systèmes vivants qui se sont formés spontanément. Elle dit ensuite que les espèces ont dérivé les unes des autres par la sélection naturelle des meilleurs reproducteurs. Pour une théorie scientifique, celle de l'évolution présente le plus grave des défauts : comme elle se fonde sur l'histoire, elle ne se prête à aucune vérification directe. Si elle n'en a pas moins un caractère scientifique, par opposition au magique ou au religieux, c'est qu'elle reste soumise au démenti que peut lui apporter l'expérience. La formuler, c'est prendre le risque d'être un jour contredit par quelque observation. Mais jusqu'ici, la plupart des généralisations qu'a établies la biologie ne font que refléter certains aspects de la théorie de l'évolution et la confirmer. C'est le cas notamment de toute une série de propositions du genre : tous les êtres vivants sont constitués de cellules ; tous les êtres vivants utilisent les mêmes isomères optiques ; l'information génétique d'un organisme est contenue dans l'acide désoxyribonucléique ; l'énergie nécessaire à un être vivant lui est fournie par des réactions (…). »
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« A l'étonnement général, une molécule de protéine, architecture d'une rare complexité en trois dimensions, se réduit à une structure d'une particulière simplicité en une dimension. C'est, en effet, un polymère linéaire formé par la liaison bout à bout de quelques centaines d'unités prélevées dans l'assortiment de vingt. La complexité dans l'espace naît des replis de la chaîne sur elle-même, des sinuosités qui creusent à sa surface un relief tourmenté : ce qui donne à la molécule sa forme particulière, c'est la longueur de la chaîne, cent à mille unités, et la séquence dans laquelle sont disposées ces unités. Une fois encore la diversité et la complexité naissent de la simplicité d'une combinatoire. »
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« Quand Leeuwenhoek contemple pour la première fois une goutte d'eau à travers un microscope, il y trouve un monde inconnu : des formes qui grouillent ; des êtres qui vivent ; toute une faune imprévisible que l'instrument, soudain, rend accessible à l'observation. Mais la pensée d'alors n'a que faire de tout ce monde. Elle n'a aucun emploi à proposer à ces êtres microscopiques, aucune relation pour les unir au reste du monde vivant. Cette découverte permet seulement d'alimenter les conversations. »
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« La permanence des êtres vivants à travers les générations, ce n'est donc pas seulement dans leurs formes qu'on l'observe. C'est jusque dans le détail des substances qui les composent. Chaque espèce chimique est reproduite exactement d'une génération à l'autre. Mais chaque espèce ne forme pas des copies d'elle-même. Une protéine ne naît pas d'une protéine identique. Les protéines ne se reproduisent pas. Elles sont organisées à partir d'une autre substance, l'acide désoxyribonucléique, le constituant des chromosomes. Seul dans la cellule, ce composé possède la propriété d'être reproduit par copie de lui-même. Cela grâce à la singularité de sa structure. »
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« Ainsi, à la fin du siècle, apparaissent deux éléments nouveaux. D'un côté, la cytologie révèle, dans le noyau de la cellule, l'existence d'une structure aux propriétés peu communes. De l'autre, l'analyse critique de la stabilité des espèces et de leur variation conduit à attribuer l'hérédité à la transmission d'une substance particulière. C'est d'un commun accord qu'on loge cette substance dans les chromosomes. »
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Video de François Jacob (8) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de François Jacob
Odile Jacob : Hommage à François Jacob, Compagnon de la Libération, prix Nobel de médecine. Collège de France, septembre 2015
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