J'ai attaqué la lecture de ce livre sans véritable envie, juste parce qu'on me l'avait mis dans les mains et que j'y ai vu une occasion d'apprendre comment se passait ce genre d'actions en pratique. Je l'ai terminé toujours aussi peu enthousiaste.
D'une part ma curiosité scientifique n'a pas été totalement satisfaite. Par exemple, l'auteure dit et répète ce qui manifestement a intrigué tout ceux qui se sont intéressé à son action : comment fait-on ses besoins au sommet d'un arbre ? Dans un seau. Bon, d'accord, mais encore : il y avait du ravitaillement en papier (NB : l'eau était rationnée), il n'était pas détrempé par les intempéries, quel tas plus ou moins odorant cela formait-il au pied de l'arbre au bout de 2 ans ? Ou pour parler de choses moins scatologiques : comment guérit-on d'engelures quand on reste dans le froid sans rien de chaud et sec à se mettre ; comment retrouve-t-on un abri quand la dernière tempête ne vous a laissé qu'un misérable lambeau de bâche dans lequel vous envelopper ? Etc.. . Bref, elle en dit trop ou pas assez à mon goût.
D'autre part, cette jeune femme avait 23 ans quand elle a entamé sans préméditation un tree-sitting en solitaire qui allait durer 2 ans. Cela lui a laissé amplement le temps de cogiter et d'en apprendre sur la vie, mais si vous avez plus de bouteille, vous avez toutes les chances de déjà savoir ce qu'elle croit vous en révéler.
Ceci dit, j'ai constaté qu'un lecteur précédent, pourtant de ma génération, a laissé moult annotations enthousiastes. Une question de convictions, peut-être. Digne fille de pasteur, Julia ne rechigne pas à la prière quand le vent secoue son perchoir et voit de l'amour partout. Avis aux mécréants.
Enfin bon, je critique, je critique, chapeau quand même à elle d'avoir sacrifié 2 ans de sa vie pour répandre son message et sauver « son » arbre ! Avec ou sans effet notable, ça se discute, mais comme le disait Cyrano, c'est encore plus beau lorsque c'est inutile.
Commenter  J’apprécie         20
Après avoir vu le témoignage de Julia Hill dans un documentaire consacré aux arbres, j'ai eu envie de lire le témoignage de cette militante. Restée de longs mois sur une plate-forme installée dans un sequoia géant nommé Luna, Julia retrace son parcours et nous livre son expérience physique, intellectuelle et psychologique. On y apprend plein de choses, sur l'écosystème, le militantisme, l'exploitation forestière, et j'en passe. Cet ouvrage est riche d'enseignements et d'émotions. Julia Hill est un véritable exemple d'accomplissement et de fidélité à soi-même et à ses convictions. A ce titre, on a envie d'offrir son livre à tous ceux qui nous entourent et principalement les jeunes.
Commenter  J’apprécie         30
Je découvris que le tree-sitting était une tactique utilisée dans la lutte pour la protection des forêts : poster des personnes jour et nuit sur une plateforme juchée en haut d’un arbre permet, normalement, d’empêcher que l’arbre ainsi que ceux des alentours soient abattus et de dénoncer la marchandisation de la forêt. Ce type de désobéissance civique est l’une des rares méthodes pacifiques faciles à mettre en oeuvre. Les activistes se relaient donc en permanence dans les arbres pour tenter de les sauver, et j’étais bien disposée à rejoindre leurs rangs.
Pour les médias, je devenais une marchandise – j’étais leur proie. Ils se nourrissaient de moi. La presse s’intéressait à moi juste parce que je pouvais lui rapporter de l’argent. J’avais fait de mon mieux pour changer les choses et utiliser les médias pour faire passer un message, mais le vol des vautours au-dessus de moi me rappelait sans cesse de rester sur le qui-vive.
Beaucoup d'activistes se laissent envahir par la puissance des forces négatives qui oppriment et détruisent la Terre. Ils débordent de tant de haine et de colère qu'ils finissent par devenir des coquilles vides. Je ne voulais pas suivre cette voie. Il fallait que je transforme ma haine en amour, en amour inconditionnel, en agapé.
Julia Butterfly Hill - La conscience sélective