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Citations sur Phrase d'armes (21)

On entre en littérature comme on entre en résistance. On va parfois jusqu’à se choisir un nom de guerre.
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Se montrer sous son meilleur jour suffit parfois à nous combler.
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Cérémonie d'ouverture. Adolf Hitler est dans la tribune présidentielle, on le sait. L'équipe de France défile juste après la Finlande, dont les aryens sous menace soviétique professent alors une grande sympathie envers le Reich et viennent de faire se lever le stade dans une immense clameur. Le silence qui accueille la délégation française n'en est que plus assourdissant. Mais voilà que les athlètes tricolores adressent au public le salut olympique. Le bras droit est tendu. C'est tout à fait malheureux. Le salut de Joinville (le bataillon) est pris pour le salut nazi. La France se rend-elle à la raison ? Accepte-t-elle à son tour, elle, l'opposante de toujours, le nouvel ordre européen voulu par l'Allemagne ? C'est en tout cas ce que croient les cent mille spectateurs rassemblés dans le stade olympique. Ils se lèvent derechef. Ils exultent. Poussent des hourras tonitruants. Une sueur froide parcourt l'échine de René. Il comprend tout de suite le malentendu. Il a un haut-le-cœur. Son bras soudain pèse si lourd. Mais il ne peut tout de même pas le baisser, de quoi aurait donc l'air son équipe. Il figure parmi les athlètes les plus grands. Il est donc en tête de cortège. Il se doit de garder contenance. Leni Riefenstahl tirera de cet épisode un effet du meilleur goût. Au montage des Dieux du stade, elle fera précéder le défilé français d'un gros plan sur Hitler.
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La seule guerre vraiment sainte consiste à ne pas la faire.
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Ca y est. Panique. Bordel monstre. Chacun pour soi. Et Dieu pour tous - Si Dieu veut. Dunkerque ..... La guerre est une question de management et de logistique. Côté français on a ni l'un, ni l'autre.
Sur la plage. On fait, littéralement, des châteaux de sable pour se protéger des rafales des aviateurs allemands. On ne peut rien contre leurs scandaleuses sirènes. Une bêche à la main, René se souvient importunément des enfants de Dubrovnik. Il est pris d'un rire nerveux. La défense de la liberté et de la patrie devient troglodytique. Les Britanniques commence à évacuer. Et encore : au compte-gouttes. Les Français, non. Pagaille franchouillarde. Invectives intraduisibles. Shakespeare ignore Molière. Les tommies grands seigneurs laissent sur place leur bel armement qui vient immédiatement remplacer les risibles joujoux français. On descend deux trois Stuka. La nuit, le génie britannique échafaude des jetées de fortune pour des canots de sauvetage venus d'outre-Manche. Une armada de bateaux de plaisance, de rafiots de pêche, pour ainsi dire des barques. L'horizon devient pointilliste. L'armée de Sa Majesté s'en remet au citoyen anglais.
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En garde, petit bonhomme ! Au Cercle des officiers, il croise un type énorme. Crinière abondante et ébouriffée. Arcades sourcilières de boxeur. Lippe pantagruélique. L'ours de la taïga s'est bien acclimaté. Hâbleur, conteur, « en sa tenue d'aviateur buvant sec avant de briser sa coupe », celui qu'on appelle Jeff est impossible à arrêter. René s'en envoie quelques-uns derrière la cravate en sa compagnie. Il s'éclipse alors que Joseph Kessel monte en puissance et propose d'enchaîner au bar du Saint-Georges. Tout sauf une ombre.
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Il tient dans ses mains ce qui semble être un volume des écrits de Cicéron. S'imagine-t-il être la victime de quelque conspiration ? Pense-t-il à cette phrase du célèbre orateur : "Admettre une série de causes éternellement enchaînées dépouille l'homme de sa volonté libre et le rend esclave du destin ?" Il a la tête d'un type à qui son destin échappe.
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Février. Neuf mois de captivité se résolvent pour René dans le mouvement du train. L'impatience le taraude. L’espoir de revoir sa femme et son fils tiraille. Le capitaine Bondoux est relâché en même temps qu'un certain Louis Poirier, alias Julien Gracq. On entre en littérature comme on entre en résistance. On va parfois jusqu'à se choisir un nom de guerre. Paris est très loin. Le voyage est sans fin. Louis et René sont pareillement vêtus de l'uniformie français. Tous deux sont originaires d'Anjou. Ils auraient sans doute des choses à se dire. Pourtant, ils n'échangent pas un not. René est un homme gai, au contact facile. Le genre le type dont Louis Poirier se méfie. D'ailleurs, au camp, il n’a jamais été tenté par l'escrime du capitaine Bondoux. ll a vu, au mieux, dans le jeu de jambes du champion olympique des entrechats maladroits. Il s'est demandé avec anxiété si les passoires avaient pu être remplacées en cuisine. Il a préféré écrire. Dans le train, lors des haltes, le résistant Gracq garde son quant-à-soi. Il lit en fumant doucement. Il pense peut-être qu’« il vaudrait mieux n'importe quoi que cette lente, graduelle et passive imprégnation de la défaite ». II a dans sa sacoche des bribes de textes sur la guerre qu'il n'estimera pas dignes d'être données à lire.
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[•••] Albert Prince, conseiller à la cour d'appel de Paris, chef de la section financière du parquet, a enquêté sur Alexandre Stavisky - un escroc de la plus grande habileté, un maître-chanteur bénéficiant de protecteurs très haut placés, retrouvé lui-même suicidé d'une balle tirée à trois mètres de distance... (« Voilà ce que c'est que d'avoir le bras long ! » titra Le Canard enchaîné.)
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On les enrôle, F.F.I., F.T.P., maquisards dépenaillés aux manches retroussées et aux allures de mauvais garçons qui ne sont pas non plus systématiquement des patriotes de la première heure. René récupère ce faisant la compagnie F.F.I. Conti. Mettre au pas, intégrer tout ce beau monde, n'est pas une mince affaire. C'est même peut-être le plus dur : faire que la France ne boude pas la France.

Avec l'addition de toutes ces bonnes volontés, on pourrait s'attendre à ce que les effectifs de la 1re armée française explosent. Il n'en est rien. Force est en effet de constater que les troupes changent dans le même temps de couleur de peau. C'est-à-dire qu'on va devoir monter vers le nord et que les Noirs et les Arabes, semble-t-il, en frissonnent. C'est en tout cas la version officielle qui prévaut encore aujourd'hui. En conséquence de quoi, de Lattre « blanchit » ses régiments. Le mot, comme vous, nous a fait sursauter. Il faut se rappeler que l'armée américaine, dont dépend la française, est alors ségréguée. Les Blancs d'un côté. Les Colorés de l'autre. De Lattre écrit : « Des batailIons entiers de Sénégalais [sont], du jour au lendemain, remplacés par des bataillons F.F.I. » Les régiments de tirailleurs sénégalais sont même rebaptisés « régiments d'infanterie coloniale ».
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