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EAN : 9782072953637
48 pages
Gallimard (06/05/2021)
4.14/5   14 notes
Résumé :
"Abandonner le dessin de presse qui gratte où ça dérange, c'est abandonner aux tristes passions le rire de raison". Xavier GorceLe 19 janvier 2021, quelques heures après la publication dans "Le Brief du Monde" d'un dessin de Xavier Gorce de la série Les Indégivrables, la rédaction du Monde exprimait publiquement ses excuses auprès des abonnés que ce dessin aurait pu heurter ; il aurait pu être compris "comme une relativisation de la gravité des faits d'inceste, en d... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Tout commence avec un dessin de presse de Xavier Gorce. Ce n'est pas le dessin lui-même (les habitués connaissent les indégivrables pingouins humanoïdes du dessinateur humoriste), c'est la phrase qui l'accompagne :
- Si j'ai été abusé par le demi-frère adoptif de la compagne de mon père transgenre devenu ma mère, est-ce un inceste ?
Les twitos et autres esprits rapides et simples s'activent sur les rézosocios, ça flingue à tout va...
Le journal « le Monde », se pensant toujours comme journal de référence, publie des excuses à ses lecteurs, M. Gorce claque la porte. Fin d'une vieille collaboration.
Ce petit essai explique la pensée de l'auteur, et essaie de contextualiser (réseaux sociaux, bien-pensance) ce glissement de notre société qui d'un côté crie à la liberté... à condition de ne pas en abuser, de rester du bon côté de la « morale ».
Triste paradoxe dont on n'est pas sorti, puisque la morale des uns n'est pas celle des autres, et qui n'est pas près d'être résolu alors que les tensions s'exacerbent. Intéressant et rapide à lire, bien qu'un peu de temps et de développement aurait sans doute permis de creuser plus, de mettre en parallèle certaines indignations autorisées ou non... Bon, il faut le lire quand même.
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
L’humour est la tonalité qui permet de s’écarter délibérément de l’indignation première. Il ne s’agit pas de tuer l’émotion ni de se moquer des souffrances d’autrui pour les dévaluer. Mais de la tenir à distance pour qu’elle ne vienne pas fausser la réflexion. L’humour est une démarche de raison qui réclame de l’intelligence et un peu de culture pour être compris.
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Enfin, comme écrit plus haut, l'humour est la tonalité qui permet de s'écarter délibérément de l'indignation première. Il ne s'agit pas de tuer l'émotion ni de se moquer des souffrances d'autrui pour les dévaluer. Mais de la tenir à distance pour qu'elle ne vienne pas fausser la réflexion. L'humour est une démarche de raison qui réclame de l'intelligence et un peu de culture pour être compris.
L'ironie peut heurter ou choquer les sensibilités et les croyances. Et c'est normal : c'est sa fonction. Chacun peut être "choqué" par un dessin, c'est légitime. Mais apprendre à accepter d'être "choqué", c'est apprendre à accepter la critique de ses idées. C'est le fondement de toute liberté d'expression et de débats.
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S'effiloche ainsi, par la perte de la distance, la compréhension des événements au profit de l'émotion qu'ils peuvent susciter. Et avec elle, le risque grandissant de bascule d'une société démocratique basée sur le débat vers une société de conflits et d'affrontements où, par exemple, l'on donne l'assaut au Capitole. La perte du langage commun, l'idée même d'un bien commun , au profit d'un communautarisme identitaire, tribal, essentialiste. On se définit par rapport à un camp, un groupe victime des autres , dont les prérogatives sont indiscutables et pour lesquels il convient de se battre.
La raison s'endort avec la perte de distance et le sommeil de la raison produit des monstres : Goya avait raison. Et tout compris.
Ce nouveau langage initié par Goya en posant son regard sur l'actualité tend précisément à prendre de la distance . Par le traitement graphique stylisé, loin de tout réalisme, et par l'humour. Usage du noir et blanc, traits caricaturaux, figures grotesques, ironie des sous-titres, etc. (pages 22 - 23)
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A l'"Indignez-vous !" de Hessel, je préfère l'"Enivrez-vous" de Baudelaire.
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