Le club des femmes rebelles

Londres, 1812. Loin de la guerre anglo-américaine se déroulant au Canada, les jumelles Colebrook, deux soeurs quadragénaires et célibataires de la bonne société anglaise, ne s'ennuient guère. Si Julia est pondérée en toutes circonstances, Lady Augusta reste rebelle à l'autorité masculine et ne manque pas une occasion de le prouver. Très complices malgré leurs caractères opposés, elles se confrontent sans toujours mesurer les dangers aux pires exactions de malotrus sans scrupules, quitte à faire le coup de poing avec un maître-chanteur, un odieux mari séquestrant son épouse, de vils souteneurs et l'odieux gérant d'un asile d'aliénées aux méthodes abominables.
L'intrigue en elle-même est très plaisante mais l'intérêt est renforcé par des dialogues savoureux, des situations cocasses et surtout l'intéressante description des moeurs du milieu bourgeois de l'Angleterre au dix-neuvième siècle et de la place de la femme dans la société. Historienne de formation, Alison Goodman a truffé son roman d'éléments réels qui assurent sa crédibilité.

Une détective amateur de la haute société au coeur de Regency London utilise son intelligence et son invisibilité en tant que « vieille fille » pour protéger d'autres femmes dans une nouvelle série de mystère historique. Une aventure féministe exaltante et vibrante !

Lady Augusta Colebrook, « Gus », est résolument célibataire à 42 ans et ennuyée par la vie en société. Elle et sa soeur jumelle, Julia, qui pleure son fiancé décédé, ont besoin de distraction. Une solution se présente bientôt : sauver la filleule de leur amie Caroline, séquestrée par son mari

Ce n'est que la première des trois affaires dans lesquelles les jumelles se lancent, les deux autres impliquant le sauvetage de très jeunes filles d'un bordel et la libération d'une jeune femme d'un asile absolument épouvantable. Gus et Julia sont si courageuses et affrontent des méchants méprisables et impitoyables. Mais leurs enquêtes ne se déroulent pas toujours comme prévu et elles ont parfois besoin de l'aide de leurs amis comme le séduisant et ténébreux Lord Evan Belford…

Les trois cas mettent en évidence les problèmes auxquels les femmes de cette époque étaient confrontées : le fait qu'elles étaient considérées comme la simple propriété de leur père, de leurs frères ou de leur mari, qu'elles devaient être traitées cruellement si les hommes en avaient envie, être emprisonnées dans leur maison ou dans un asile de fous. Même le titre et l'argent ne protègent pas contre ces horreurs

Augusta et Julia sont des personnages fantastiques et se complètent bien. Augusta (Gus) est la soeur la plus aventureuse et audacieuse, et Julia est la pacificatrice la plus réservée des deux. Elles ont une très bonne relation et j'ai apprécié les petites façons dont leur lien profond a été démontré

L'auteur a brossé un tableau très vivant du monde dans lequel évoluent les personnages : les danses, les vêtements, les chevaux, les maisons, l'apparence, l'argent… Il y a aussi des commentaires intéressants sur la manière dont les citoyens les moins fortunés sont traités, alors que Gus et Julia sont témoins des dessous miteux du monde de la Régence - ses bordels, ses tavernes, ses trafic d'enfants, la violence conjugale, le traitement inhumain des femmes dans les asiles

J'aime le fait que l'histoire mette en lumière tant de problèmes auxquels les femmes sont confrontées, et même si la plupart des problèmes présentés sont sombres, ils sont bien équilibrés avec une histoire d'amour qui se construit lentement, des thèmes de fraternité, d'entraide, de résilience et de l'humour

Frais et intrépide, le roman d'Alison Goodman, d'une écriture exquise et d'une recherche impeccable, qui mélange les genres, met en lumière les recoins les plus sombres de la Régence anglaise. le cercle des femmes rebelles est en partie une aventure palpitante, une nuance féministe audacieuse, des résolutions de crimes, une romance alléchante. J'ai hâte de lire le prochain épisode !

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