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EAN : 9782070135875
192 pages
Gallimard (18/10/2012)
4.26/5   51 notes
Résumé :
Voici à peu près comment je me représente la démence en cette phase moyenne où mon père se trouve en ce moment : c' est comme si l'on vous arrachait au sommeil, on ne sait pas où l'on est, les choses tournent autour de vous, les pays, les êtres, les années. On s'efforce de s'orienter mais l'on n'y parvient pas. Les choses continuent de tourner, morts, vivants, souvenirs, hallucinations semblables à des songes, lambeaux de phrases qui ne vous disent rien - et cet éta... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (15) Voir plus Ajouter une critique
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Lorsque l'intellect rencontre le coeur, c'est tout un récit empli d'émotions que nous offre Arno Geiger.
Récit sensible sur la maladie d'Alzheimer dont souffra son père.
Mon propre père ne cessait de répéter «quelle pénitence d'avoir une bonne mémoire », car se rappelaient à lui de douloureux souvenirs. Lorsque la boîte noire prit place en lieu des souvenirs de mon père, c'est un nouveau chemin qu'il fallut trouver entre l'oubli et les souvenirs. Et c'est tout le travail minutieux d'Arno Geiger de trouver les justes mots sur l'oubli, la désorientation, la perte d'identité, pour ensuite accueillir son père tel qu'il fut, tel qu'il est devenu.
Il est utile quand certains oublient sans le faire exprès, de ne rien oublier de tout ce qui nous lie à cet être, loin d'un esprit faible, mais d'un être humain dont la machine se rouille, faute à personne.
Gardons en mémoire l'amour, le lien, et réinventons une nouvelle réalité pour rassurer, sécuriser, ouvrons les coeurs sur tous ces vieux rois en leur exil.
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Pas un livre pour se plaindre de la difficulté d'accompagner les malades souffrant de la maladie d'Alzheimer. Non la maladie est là : c'est un constat. Même si plusieurs années durant les enfants non pas vu la maladie s'installer, ils sont tous là pour accompagner ce père dont les souvenirs s'envolent mais est tout de même capable de bons mots dont on se délecte. L'auteur en profite pour tisser une relation père fils qu'il n'a pas eu le temps de développer du temps de sa jeunesse.
Il regarde et apprend. Il observe Daniela qui parle à son père avec respect et douceur, qui ne le braque jamais mais va dans son sens. Son père est en sécurité avec elle, les membres de la famille peuvent souffler, se ressourcer.
Lorsque j'ai lu ce livre, j'ai souvent eu le sourire et jamais pitié. C'est un formidable témoignage d'optimiste, d'aborder l'inéluctable avec le respect de la dignité humaine. C'est un livre très touchant qui ne sombre jamais dans le mélo.
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[Critique du 8 juin 2013 disparue, refaite de mémoire le 9 octobre 2014]

Effondrée.. je recherchais ce 9 octobre 2014, pour la liste de Dourvach (sur "4 de nos lectures "inoubliables") une critique ancienne, et je tombe sur cette "critique ou coquille vide"!!!! Des plus frustrées et agacées...par la surprise de cette "perte"...

... Ai-je à l'époque fait une mauvaise manipulation ??!!!
Bref, je suis d'autant plus désolée, que c'est un très , très beau texte sur des sujets difficiles: la vieillesse de nos parents, la maladie d'Alzheimer, et que de surplus, c'était le premier texte que je découvrais de ce jeune auteur allemand, avec un enthousiasme sans réserve !.

Un magnifique écrit autobiographique, d'une pudeur rare, d'un fils à son papa. Curieusement et c'est la magie de cet écrit, en dépit de la douleur du sujet, l'impression d'ensemble reste réconfortante et lumineuse; la tendresse, l'adaptation à un autre mode de communication entre le fils et le père remettent tout en question, mais enrichissent "autrement" leurs échanges. Nous sommes loin de toute jérémiade, ou lamentation. le Fils "vit" le présent intensément avec son "papa", comme un cadeau inestimable

De mémoire, je laisse quelques traces de cette lecture, mais qui ne seront pas satisfaisantes, à mon goût ! Je vais tenter désormais de sauvegarder mes "critiques", car les ressentis sont rédigés le plus souvent à vif , et dans une spontanéïté qu'on ne peut pas retrouver ensuite !!. J'avais mis 5 étoiles à ce texte étonnant, d'une rare élégance et sensibilité, qui m'avait littéralement emportée. Je l'avais emprunté à la médiathèque, et l'avais "dévoré" en 48 heures.... Je sens que je vais faire une relecture !!! et me pencher sur les autres écrits d'Arno Geiger...
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Ce livre est une vraie trouvaille...Je ne connaissais pas l'auteur et n'avais pas entendu parler de ce roman, c'est donc léger que je l'ai abordé.
Peut-être parce que l'épreuve d'Arno, je la connais, je vis avec, peut-être le titre shakespearien....

Un père atteint de la maladie d'Alzheimer dont la mémoire peu à peu s'efface, un fils qui parcours le chemin qui le mène à son père, à son histoire. Une écriture oscillant entre gravité et humour, Arno reconstitue le lien que la démence d'August (le père) dilue...

Bien évidemment la raison essentielle de ma passion pour ce roman s'imposera tout naturellement au fil de la lecture, ce qui me fascine, m'effraie, me torture, me fais agir de la façon dont j'agis, m'a tenu en vie à certains moments, m'a inspiré à d'autres, m'a révolté parfois : les étranges relations d'un père et de son fils…
Mon père, mon fils.
Comment ne pas penser à ma propre histoire, avec mon propre père (né en 1926, comme August engagé dans la guerre à 17 ans, comme August !) qui n'a jamais voulu évoquer cette période que j'ai toujours imaginée au travers de 2 ou 3 photos et autre citation et médaille militaire. Tous deux sont rentrés cassés de cette guerre, August malade, mal soigné dans les hôpitaux soviétiques, mon père traumatisé par la peur et la mort.
Le début de la maladie, mariage d'un fils et « débordements gastronomiques »
« Certes, notre père était étrange par moments, mais n'avait-il pas toujours été comme cela »

Mes désirs par rapport à mon propre fils.
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ATTENTION ! Choc possible pour les âmes sensibles, voici un gros mot : ALZHEIMER ! Gros, pas parce qu'il serait écrit en majuscules, pas parce qu'il compterait beaucoup de points au Scrabble (au minimum 22), ni parce qu'il aurait une taille très supérieure à la moyenne française (5,5 lettres par mot), ni parce que ce serait une réelle injure, mais gros par toute la charge émotionnelle qu'il transporte, par le trouble qu'il peut provoquer, par la peur qu'il génère, par le malaise dans l'attitude à adopter face à la maladie et aux malades. Il est effectivement à la limite du politiquement correct, qui nous incline à repousser au plus loin de nous, physiquement comme psychologiquement, tout ce qui s'y rapporte, et particulièrement les malades.
Et pourtant ! Ce récit dit tout le contraire. L'auteur rapporte combien la maladie de son père a été justement pour lui l'occasion de renouer des liens distendus après l'enfance, d'exprimer son amour, de continuer de grandir.
La tristesse, le désarroi, les difficultés ne sont pas éludées, mais c'est le caractère positif de l'expérience qui prévaut. En effet, presque comme par contagion, les problèmes de mémoire d'un seul permettent à toute la famille d'oublier, de mettre de côté ce qui les avait séparés, éloignés du père.
Toutefois, la situation n'est pas d'emblée rose. En effet, la faible réciprocité et la dissymétrie des comportements et des sentiments engendrent des frustrations puisque le rétablissement de relations normales n'est plus possible. Au fil du livre, le deuil de ce souhait de normalité se fait, grâce un questionnement permanent, bien sûr très concret à propos de la gestion du père malade, mais également sur des sujets beaucoup plus existentiels, concernant la recherche et la compréhension des origines, de souvenirs, concernant des méditations sur la vie et le temps. Il en découle un recul et une sagesse qui laissent place à la compassion, à la tendresse dans une belle et douce appréhension de la maladie du père par le fils, aux antipodes de la peur, du découragement et du rejet qu'Alzheimer peut engendrer ; semblant même laisser la place à un relatif bonheur partagé, fait de dépouillement, de gestes essentiels, de sincérité et même d'humour.
"Lorsque fut déjoué ce que nous espérions, alors seulement nous vécûmes."
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critiques presse (1)
LaLibreBelgique
30 octobre 2012
[Un] récit, à la fois douloureux, intense et bouleversant, qu’Arno Geiger […] consacre à son père.
Lire la critique sur le site : LaLibreBelgique
Citations et extraits (49) Voir plus Ajouter une citation
On dit souvent que les malades déments sont comme des petits enfants -rares sont les textes sur le sujet qui vous épargnent cette métaphore ; c’est fâcheux. Car il est impossible qu’un adulte retombe en enfance, quand c’est la nature même de l’enfant de se développer sans cesse. Les enfants acquièrent des facultés, les personnes atteintes de démence en perdent. Le commerce des enfants vous enseigne à mieux voir les progrès, celui des malades déments les pertes. La vérité, c’est que l’âge ne vous restitue rien, c’est une glissade, et l’un des plus gros soucis que la vieillesse puisse vous causer, c’est qu’elle dure bien trop longtemps.
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La maladie ne rongeait pas seulement le cerveau de mon père, mais l’image que je m’étais faite de lui étant enfant. Toute mon enfance j’avais été fier d’être son fils. Maintenant je le tenais de plus en plus pour un esprit faible.
Jacques Derrida devait avoir raison de le dire : On ne cesse d’implorer pardon quand on écrit.
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Voici à peu près comment je me représente la démence en cette phase moyenne où mon père se trouve en ce moment : c’est comme si l’on vous arrachait au sommeil, on ne sait pas où l’on est, les choses tournent autour de vous, les pays, les êtres, les années. On s’efforce de s’orienter mais l’on n’y parvient pas. Les choses continuent de tourner, morts, vivants, souvenirs, hallucinations semblables à des songes, lambeaux de phrases qui ne vous disent rien–et cet état ne cesse plus du reste de la journée.
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Parce que nous croyons, étant enfants, que nos parents sont forts et qu'ils affronteront les épreuves de la vie avec fermeté, nous leur pardonnons beaucoup moins facilement qu'à d'autres ces faiblesses qui apparaissent peu à peu.
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p. 11 « Un proverbe russe dit que rien dans la vie ne revient hormis les défauts. Et ils s’accentuent avec l’âge. »
p.17 « La vérité, c’est que l’âge ne vous restitue rien, c’est une glissade, et l’un des plus gros soucis que la vieillesse puisse vous causer, c’est qu’elle dure bien trop longtemps. »

p.56 « Là où on est chez soi vivent des gens qui vous sont familiers et parlent une langue compréhensible. Ce qu’écrivit Ovide dans son exil – que le pays est là où on comprend ta langue – s’appliquait à mon frère dans un sens non moins existentiel. Comme ses tentatives de suivre des conversations échouaient de plus en plus souvent, et qu’il ne parvenait pas davantage désormais à déchiffrer les visages, il se sentait comme en exil. Ceux qui parlaient, même ses frères et sœurs et ses enfants, lui étaient des étrangers, parce ce qu’ils disaient le jetait dans le trouble et était inquiétant, inhospitalier. Il eut tôt fait d’en conclure qu’il était impossible que cet ici fût son chez-soi. Et de vouloir par conséquent rentrer à la maison, convaincu que la vie alors reprendrait comme avant. »

p.116 « Selon les paroles de Daniela, la vie avec mon père n’était pas un problème. Il fallait surtout s’armer de patience. S’il ne voulait pas se lever, elle avait tout son temps, il suffisait d’attendre un peu. Et s’il ne voulait pas se raser, quelle importance, une demi-heure plus tard en règle générale il avait oublié qu’il venait de refuser. Elle avait vingt-quatre heures devant elle.
La plupart des autres aides-soignantes s’en sortaient moins bien. Quand il opposait un refus, elles devenaient nerveuses. Mon père percevait tout intuitivement cette nervosité, et il ne savait pas apprécier alors la sollicitude dont on faisait preuve à son égard.»
p.174 « Si fort que les êtres tiennent à la vie : quand ils jugent qu’une vie ne représente plus assez de qualité de vie, la mort soudain n’arrive jamais assez vite. Alors les proches évoquent l’euthanasie, quand ils feraient mieux de réfléchir à leur propre incapacité à faire face à cette situation nouvelle. La vraie question : veut-on délivrer le malade de la maladie ou se délivrer soi-même du désarroi ? »

p.178 « A la maison de retraire il n’y a pas grand-chose à attendre – de menus agréments – des visages rieurs – un chat qui rôde – une bonne plaisanterie. Il me plaît que les gens qui vivent ici soient affranchis de notre société orientée vers la réussite. »
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