AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782330189143
128 pages
Actes Sud (10/04/2024)
4.63/5   120 notes
Résumé :
Vendredi 13 novembre 2015. Douceur automnale : ce soir pourrait avoir un air de fête. On rêve de ce que sera cette nuit qui s'ouvre. Deux amoureuses savourent l'impatience de se retrouver ; des jumelles se sont demandé où célébrer leur anniversaire ; une infirmière se promet le repos mérité. Un mari s'agace de devoir garder seul "la petite" - sa femme part écouter de la musique. Partout dans Paris, on va bavarder, trinquer, rire, danser. Et du côté des forces de sec... >Voir plus
Que lire après Terrasses ou Notre baiser si longtemps retardéVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (35) Voir plus Ajouter une critique
4,63

sur 120 notes
5
31 avis
4
4 avis
3
0 avis
2
0 avis
1
0 avis
Mon libraire préféré m'avait susurré que je ne pouvais passer à côté du dernier Laurent Gaudé. Mais, attention, m'avait-il dit, pour le lire, il faut choisir un jour de grand soleil avec à son côté, un verre de Mojito ! Ce à quoi, voulant faire ma maligne, j'avais répondu que la bouteille serait peut-être la bienvenue !

Rentrée chez moi, il faisait beau avec du temps devant moi. Mais trop tôt, quand même, pour le Mojito. J'ai ouvert le livre Terrasses ou notre long baiser si longtemps retardé. Je l'ai refermé lorsqu'il fut fini, le coeur ému mais fier que Laurent Gaudé ait mis en mots, de si belle manière, cet événement qui restera gravé à jamais dans nos mémoires.

Ce n'est pas une énième analyse, observation ou explication des attentats du 13 novembre 2015. Laurent Gaudé choisit de mettre en scène des instants de vie le jour même et la nuit qui a suivi les meurtres. Son théâtre de personnages, si justement croqués, s'anime au fil des heures, de l'inconscience bienheureuse à la reconnaissance de la peur.

« Bientôt, nous oublierons parce que tout ce qui précède va être avalé par ce qui vient.«

À partir de moments simples, ordinaires, noyés dans le quotidien, ses personnages deviennent héros et martyrs au fil des heures. Certains ne se relèvent plus, laissant leurs proches à jamais orphelins. D'autres, atteints à vie, doivent surmonter le souvenir des heures de cauchemars pour essayer de continuer à vivre. Et, puis, il a tous ceux, professionnels ou simples passants, investis, malgré l'horreur dans le sauvetage,

La puissance narrative est si juste que chacun peut se retrouver dans ces saynètes à un moment ou à un autre. La vie y pulse par de grandes bouffées d'émotions. Au-delà des faits, Laurent Gaudé choisit d'exposer des ressentis, racontant des bribes, comme des photographies prises sur le vif.

La puissance du texte met en valeur sa qualité littéraire ! Même s'il décrit le chaos, les larmes, l'inquiétude et la souffrance, Laurent Gaudé y oppose la vie, le désir, l'amour, la joie, le courage, l'empathie et tant d'autres choses encore ! Tout ce que les meurtriers n'avaient plus.

« le monde hurle face à eux. Tout le monde s'écarte, court se mettre à l'abri. Comme c'est jouissif. Sous leurs pieds, même le trottoir gémit.«

L'écrivain forme ainsi une chaîne à opposer à toutes leurs barbaries, comme des mailles nouées autour des valeurs de solidarité et d'empathie. Des petits gestes à la colonne du Raid, du premier urgentiste obligé de trier les blessés, du pompier d'à peine vingt ans, c'est l'humanité de notre monde que Laurent Gaudé célèbre comme un hommage à la vie.

Rien n'est occulté. Ni les grandeurs, ni les bassesses. Ni surtout les souffrances. Mais ce récit, Terrasses ou Notre baiser si longtemps retardé, transmet ce dont chacun des tueurs voulait nous priver : la joie, le désir, l'envie d'être ensemble, le partage, l'insouciance, et tout simplement, notre faculté à être heureux. Leur projet était de nous inculquer la peur, de nous prendre notre liberté, de faire cesser notre insouciance. Certes, nous cherchons les issues de secours, mais nous continuons à fréquenter les terrasses !

Alors, le mojito est bien à déguster pour célébrer la vie, accompagnant, pourquoi pas, la lecture de Terrasses ou Notre baiser si longtemps retardé ! Laurent Gaudé choisit de faire revivre notre traumatisme des attentats du 13 novembre 2015 pour opposer à la barbarie, la puissance de la vie ! Magistral !
Lien : https://vagabondageautourdes..
Commenter  J’apprécie          323
Une fois de plus, je ne serai pas passée à côté d'un roman de Laurent Gaudé, qui n'hésite pas à se renouveler à chaque livre et qui nous offre des sujets complètement différents.
Là, il nous plonge dans la nuit du 13 novembre 2015 et dans la journée qui a suivi, nous relatant des faits et nous provocant des émotions tout au long de ce récit.
Des instants de vie vont ponctuer cette histoire tel un rendez-vous amoureux, une salle de spectacle et son concert, un apéritif entre amis qui se déroulent dans le bonheur. Cette bonne humeur et cette douceur de vivre va malheureusement être perturbée. La soirée prendra une autre tournure et se terminera sur une note plus triste.
Le personnel soignant va être rappelé. Les policiers et le raid vont intervenir. Des images qui ne s'effaceront jamais de leur mémoire, ni de la nôtre.
J'ai adoré ce livre car j'ai été très touchée par les mots de Laurent Gaudé. Un récit très poignant, qui m'a beaucoup émue.
Commenter  J’apprécie          260
Parfois, il est juste impossible de parler d'une lecture. Parfois, les mots de l'auteur sont si beaux, si forts, si poignants, que l'on se sent illégitime à en dire quoi que ce soit, de peur de ne pas être à la hauteur du texte qu'il nous a offert. Et en refermant « Terasses », je me sens muette, le coeur serré dans un étau, les yeux bordés de larmes, emplie de reconnaissance et de gratitude pour Laurent Gaudé qui avec ce texte m'a à la fois éblouie et émue.
Ce roman, c'est mon libraire qui me l'a mis en main et c'est son émotion qui m'a convaincue, même si je savais que cette lecture serait éprouvante. Alors, à votre tour, faites-moi confiance et succombez à ces pages. Selon moi le plus bel hommage jamais écrit à tous ces anonymes, qui ont vu leur vie à jamais dévastée en ce triste vendredi 13 novembre 2015.

Ceux qui nous parlent, ce sont eux. Amoureux, passants, soeurs ou mères, riverains, patrons de bistrots ou père de famille, tous ceux qui auraient pu être nous. Eux, commissaire ou simples policiers, médecin ou infirmière, jeunes pompiers ou agent de nettoyage. Ceux dont « l'uniforme les débarrasse de ce qu'ils sont, qui efface leur jeunesse, leurs hésitations et leurs peurs mêmes » mais qui ce soir là vivront panique ou effroi . Vivants ou morts, blessés ou indemnes, ce sont eux qui prennent la parole dans ce chant polyphonique, déchirant et sublime. Eux dont on a vu les photos, dont on a gardé en mémoire les sourires, eux, qui en cette douce soirée d'automne voulaient célébrer la vie et avec qui le dieu du Hasard a joué à la roulette.
Eux dont la voix que l'auteur leur donne longtemps résonnera dans mon coeur, dans un écho funeste et une douce lumière.
C'est triste, c'est bouleversant, mais c'est éblouissant de beauté. C'est au delà des mots et je ne citerai que cette phrase du livre:
« Nous serons tristes longtemps, mais pas terrifiés. Pas terrassés »

Alors encore une fois, n'hésitez pas une seconde, n'ayez crainte. Lisez ce livre, en leur mémoire à eux.
Commenter  J’apprécie          190
Novembre 2015… Nous nous souvenons tous de cette date et de l'enfer qui s'est ouvert sous nos pieds. Ce jour là devait être un jour banal, avec peut-être ce petit plus occasionné par un rendez-vous amoureux, un apéritif entre amis, un concert et une soirée pour soi… Mais certains en avaient décidé autrement et il a fallu vivre avec…

J'avoue tout de suite ou j'attends un peu ? Bon, je ne suis jamais objective avec un livre de Laurent Gaudé entre les mains. Je voue à cet auteur admiration et émerveillement. Chaque roman est un plaisir de lecture, tout un univers d'émotions savamment pesées, aux tons justes.

Dans Terrasses ou Notre baiser si longtemps retardé, il faut avoir le coeur bien accroché. Laurent Gaudé revient sur les attentats de Paris. de courts chapitres, des paragraphes centrés sur des victimes, des secouristes, des spectateurs, des familles endeuillées, tout est ajusté au millimètre près. Page après page, tout s'agite, s'affole, s'ébranle.

Mais là où le génie de Laurent Gaudé frappe, c'est que de tous ces morts, ce sang, cette terreur, se dressent la vie, l'amour, l'avenir.

Jamais nous n'oublierons, nous ferons vivre, en terrasses ou dans une salle de concert, ces fantômes qui sont tombés d'avoir été libres, heureux, amoureux. La haine ne pourra jamais les anéantir, ni les effacer… Les mots de Laurent Gaudé sont leurs cris, leurs larmes, leurs dernières prières… Ils sont la lumière…
Commenter  J’apprécie          161
Laurent Gaudé a cette faculté de vous faire vivre des émotions au-delà des mots. Il sait nous faire ressentir la détresse, la tristesse et tous ces sentiments qui étaient palpables lors de cette nuit du 13 novembre 2015. L'auteur n'a pas la prétention de savoir ce qu'ont ressenti les victimes, les secours, les représentants de l'ordre, mais il peut se targuer de nous faire vivre des émotions au-delà des mots.

J'ai retrouvé cette écriture qui m'avait tant bouleversé dans "Danser les ombres

Pour la plupart des personnages, ils n'ont pas de noms, ou alors ils ont tout les noms. Ils n'ont pas de nom mais ils représentent des personnes : des jumelles qui se retrouvent après une longue séparation, un mère qui s'octroie une soirée après une dispute avec son compagnon, un couple qui se découvre... C'est aussi des représentants de l'ordre qui arrivent dans l'horreur indescriptible, des ambulanciers, des pompiers qui n'imagine même pas ce qui les attend. C'est aussi le GIGN qui doit avancer en ignorant des appels déchirants, un médecin perdu au milieu de corps... Et puis les amis, la famille qui attend de savoir qui a survécu ou non...

Et dans toute cette horreur ! le plus important protagoniste ! Celui qui décide, celui qui désigne... le Hasard. 

130 morts, plus de 400 victimes, 6 attaques...  Bientôt 10 ans, un traumatisme toujours présent...


Commenter  J’apprécie          114


critiques presse (1)
LaTribuneDeGeneve
17 avril 2024
L’écrivain français tisse pour «Terrasses», son 13e roman, un chant polyphonique de toute beauté qui s’attache aux destins brisés par les attentats parisiens du 13 novembre 2015.
Lire la critique sur le site : LaTribuneDeGeneve
Citations et extraits (23) Voir plus Ajouter une citation
Si l'enfer existe, nous y sommes. La lenteur de leurs gestes lorsqu'ils approchent d'un corps. L'assurance de leur domination sur nous. Leur calme. Il ne reste rien face à cela - que notre peur.
Commenter  J’apprécie          80
Le code d'urgence. Il faut revenir. Quelque chose est en train de se passer. Nous n'hésitons pas. Il n'y a pas une minute à perdre. Nous retournons à l'hôpital. La Salpetrière, Saint-Antoine, Saint-Louis, Henri-Mondor et Lariboisiere, nous sommes toutes ces femmes à qui on a juste dit qu'il se passait quelque chose, que c'était grave et qu'on allait avoir besoin de nous.
(p. 107)
Commenter  J’apprécie          00
Nous reprenons le chemin de nos vie. Qu'avons-nous perdu ? Un peu de nous-même. De notre sérénité. De notre insouciance. Mais quelque chose est né en nous. Nous avons envie de brandir fièrement ce que nous sommes. Pour défier ceux qui voulaient nous abattre. Nous ne sommes pas soumis. Blessés. Sonnés. Mais pas soumis. Ils voulaient nous châtier. Genou à terre. Mais nous ne savons pas être autrement que ce nous sommes. Nous nous relevons.

Page 131
Commenter  J’apprécie          11
Nous attendons maintenant dans ces couloirs que nous connaissons par coeur, à notre poste, et les minutes sont longues. Nous savons, à cet instant, que nous faisons partie de la longue chaîne de la vie qui se met en branle pour essayer de contrecarrer la mort, la longue chaîne qui s'est formée sur les boulevards, puis les ambulances, la longue chaîne de vie que la ville oppose à la barbarie, et nous nous sentons graves. Chacune sait que c'est pour cela qu'elle a choisi ce métier : soulager, guérir, sauver. Alors nous toutes, chacune à notre poste, nous essayons de ne pas laisser la nervosité nous gagner, mais comme le temps est long... Et finalement, les premiers blessées arrivent.

Page 107
Commenter  J’apprécie          00
Je suis heureuse parce que je ne sais rien.

Page 43
Commenter  J’apprécie          20

Videos de Laurent Gaudé (100) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Laurent Gaudé
Vendredi 13 novembre 2015, il fait exceptionnellement doux à Paris – on rêve alors à cette soirée qui pourrait avoir des airs de fête. Deux amoureuses savourent l'impatience de se retrouver ; des jumelles s'apprêtent à célébrer leur anniversaire ; une mère s'autorise à sortir sans sa fille ni son mari pour quelques heures de musique. Partout on va bavarder, rire, boire, danser, laisser le temps au temps. Rien n'annonce encore l'horreur imminente. Laurent Gaudé signe avec *Terrasses* un chant polyphonique qui réinvente les gestes, restitue les regards échangés, les quelques mots partagés, essentiels – écrit l'humanité qui éclot au coeur d'une nuit déchirée par l'impensable. Et offre à tous un refuge, face à un impossible oubli.
le nouveau livre de Laurent Gaudé est en librairie. Lire les premières pages : https://www.actes-sud.fr/terrasses #litterature
--- Retrouvez-nous aussi sur les réseaux sociaux ! • Facebook : https://www.facebook.com/actessud/ • Instagram : https://www.instagram.com/actessud/ • Twitter : https://twitter.com/ActesSud
Suivez nos actualités en vous abonnant à notre newsletter : https://share-eu1.hsforms.com/1_fVdYaQZT-2oDIeGtNS41wf4a19
+ Lire la suite
autres livres classés : attentatsVoir plus
Les plus populaires : Littérature française Voir plus


Lecteurs (560) Voir plus



Quiz Voir plus

Laurent Gaudé

En quelle année est né Laurent Gaudé?

1965
1967
1970
1972

10 questions
176 lecteurs ont répondu
Thème : Laurent GaudéCréer un quiz sur ce livre

{* *} .._..