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Critique de Titania


L'Amérique du sud n'est vraiment pas mon terrain de jeu littéraire . Je ne parle pas un mot d'Espagnol, je ne sais pas à quoi peut ressembler un pisco sour ou un ceviche, mais ce polar historique chilien palpitant m'a passionnée. De l'auteur, j'avais déjà lu Zulu, qui m'avait retournée complètement avec ses personnages intenses et sa noirceur désespérée. Alors j'ai suivi Caryl Ferey avec confiance en terre inconnue, pour cette enquête dans le Chili, pas vraiment guéri de la dictature de Pinochet.

Il est vrai que le petit général en question, mort tranquillement dans son lit , fortement aidé par la CIA, dans l'opération Condor contre tout ce qui avait l'air d'être communiste en Amérique du Sud, a eu tout le temps de faire torturer, emprisonner et fusiller au nom d'un ordre établi méprisant l'humanité une bonne partie de la population de ce pays, et de causer des blessures durables aux descendants et survivants.

Ils sont tous à vif les personnages de Condor, marqués à vie par les prisonniers du stade , les charniers du désert d'Atacama, tous victimes de la DINA, la police politique du caudillo de l'Altiplano. Certains recherchent activement les responsables de la mort de leurs proches, comme Edward, l'ami d'Esteban l'avocat recruté par Gabriella, étudiante en cinéma, au nom des parents d'enfants retrouvés morts dans une favéla de Santiago, et dont la police n'a cure . En effet, l'autre mal dont souffre le Chili, ce sont les clivages sociaux très marqués, et les discriminations indignes dont sont victimes les peuples premiers amérindiens, et tous les pauvres relégués dans des quartiers sordides, à qui l'on refuse la justice.

C'est une histoire d'amour intense et tragique, qui rapproche Gabriella, jeune mapuche pauvre exilée loin de chez elle, et Esteban, l'avocat aux pieds nus, "des causes perdues", comme il dit, le gosse de riche qui trimballe son mal être de bar en bar, le rince dans des litres d'alcool et le couche dans les pages énigmatiques d'un conte poétique où son destin se mêle à celui des victimes du stade de Santiago. Il est l'anti héros par excellence celui qui risque sa vie à la recherche des coupables dans une affaire qui dérange les anciens tortionnaires et leurs complices, qui n'ont jamais été jugés pour leurs crimes. Résoudre l'affaire des enfants de la Victoria, c'est secouer un nid de frelons.

J'ai vraiment aimé cette histoire, où la lumière parfois arrive au détour d'une évocation, celle de la grand-mère chamane de Gabriella, laquelle a semble -t-il hérité de ce pouvoir issu de cette terre volcanique et du vent, pour être une sorcière cinéaste bienveillante au service de la vérité .
Je remercie sincèrement Babelio et Gallimard pour ce bon moment de lecture et l'occasion de rencontrer cet écrivain voyageur dans l'espace-temps.
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