Quelle belle couverture sobre et classieuse ! Fabcaro se serait-il assagi ? Rassurez-vous... pas du tout !
Fabcaro est comme tout le monde, il a été confiné ; comme beaucoup, il a ressenti une baisse de régime d'autant plus qu'il s'est payé une douloureuse hernie. Comme tous les auteurs, il a réfléchi sur son oeuvre et comme tous ceux qui sont connus pour n'être que des rigolos, Fabcaro souhaitait créer une oeuvre sérieuse qui clouerait le bec à tous ceux qui le prennent pour un écrivain mineur. Alors, pourquoi pas faire un polar, un polar bien noir, avec des acteurs américains qui tourneraient un western... ça, ça fait bien américain, un western ! Un polar des années 50 avec des détectives en costards et des actrices blondes du genre de celles que dirigeait
Hitchcock. Un polar avec un titre mystérieux et une belle couverture noire. Une oeuvre qui serait encensée et dont ses enfants seraient fiers : "Quel scénario original, papa !", s'exclameraient-ils en adoration face à leur génie d'écrivain de père !
Et ben voilà, Fabcaro l'a écrit son polar ... à sa façon, avec son humour décalé et absurde (bon, ses enfants n'adhèrent pas du tout !.. mais, c'est bien connu, les enfants n'ont aucun goût !) Et, encore une fois, je suis cliente (j'ai meilleur goût que ses enfants) et j'ai bien ri.
Fabcaro reprend le style qui lui sied si bien : un dessin classique, sans fioritures, étrange même à force d'être si sobre face à tant d'absurdités. Alternent comme à son habitude, des scènes annexes avec un autre style de trait, brouillon façon
Reiser (ici, ses doutes quant à sa production) , des cases de roman-photo détournées hilarantes. Fabcaro s'est même payé le luxe d'inviter en guest-star
James Dean (oui, le vrai
James Dean de la Fureur de vivre !.. trop fort, ce Fabcaro ! ) Et le crime en question... comment dire ? C'est du Fabcaro tout simplement. Et ceux qui trouvent que Fabcaro se répète, je répond que c'est tant mieux, qu'il se répète ainsi encore longtemps.
Bref, un bon cru que ce
Moon River !!