Si "
L'histoire sans fin" a tant fasciné de lecteurs, c'est probablement parce que ce livre met en scène ce dont nous rêvons tous : la possibilité de rentrer dans un monde fictionnel, d'en rencontrer les personnages, de façonner l'histoire. N'importe quel lecteur se sentira une quelconque connivence avec Bastien, enfant rêveur à l'imagination débordante, qui parvient à s'affranchir de ses complexes grâce à la fiction. Il est vrai, cependant, que Bastien va un peu "trop loin" en modelant l'histoire et devient vite insupportable. Néanmoins, c'est une expérience qui lui apporte beaucoup et qui amène le lecteur à se demander ce que lui aurait fait si on l'avait catapulté dans un monde d'inspiration fantasy avec la consigne de faire ce qu'il lui plaît. Bastien n'est certes pas un personnage des plus attachants, mais il parait plus "humain" que la plupart. de ce point de vue là, c'est une réussite totale de la part de l'auteur.
Auteur qui impressionne par la complexité et l'originalité du monde construit et qui fait réfléchir sur le rôle du lecteur sur un livre. Il est vrai que si l'on se figure un livre comme une histoire amenée à se répéter dès qu'un nouveau lecteur l'ouvre, chaque histoire est au fond "sans fin" et varie selon nos désirs : on a tous une idée différente de l'aspect physique de tel ou tel personnage, on se représente tous la tour d'ivoire de manières dissemblables, on interprète tous un passage de façon unique. Sans lecteur, le livre meurt : d'où le rôle si important de Bastien pour le monde fantastique. Sans lecteur pour lui donner un nom, la "lire", la petite impératrice s'éteint : elle ne vit que dans l'imagination du lecteur.
Néanmoins, je me suis rapidement lassée, et la fin m'a parue très longue. Contrairement à la plupart des gens, je n'ai pas vraiment aimé ce livre. Bastien est certes un personnage complexe, Atreju et Furchur sont effectivement des personnages originaux et uniques à leur façon, mais j'ai été assez déçue par leur côté désespérément bons. Bastien n'est pas toujours "gentil", et ça lui donne de la profondeur, mais Atreju reste toujours loyal à son pays, et ne semble nourrir aucune ambition pour lui même, ce qui le rend assez fade.