Un sentiment étrange l’envahit, sans crier gare, tandis que la forêt devient encore plus sombre. Cela ressemble un peu à la sensation qu’elle éprouve avant chaque flash d’anticipation, mais il ne s’agit pas de cela. Cette fois, elle a comme l’impression de suffoquer.
Une vague d’émotions inconnues la submerge. Une angoisse indicible qui n’est pas la sienne. Des hurlements de panique. Des déchirements. Des pleurs. De la douleur. Et surtout…
— La mort… Il s’est passé quelque chose ici ! s’écrie-t-elle en rattrapant les deux autres en courant, car ils ont une bonne avance sur elle. Quelque chose de grave.
— Tu as eu une vision ? demande Colin.
— Non. Non, je n’ai rien vu. Ce n’était pas comme d’habitude. Là… Je l’ai senti.
— Qu’est-ce que tu as senti ?
— Un massacre. Des innocents ont été massacrés ici par dizaines.
Ton don n’est pas aléatoire, en dépit de ce que tu crois : il t’appartient. Cesse de le craindre, accepte-le. Il est ancré en toi comme ton sens de l’odorat ou du toucher. Si tu arrives à l’apprivoiser, tu seras en mesure de t’en servir comme que tu le fais de tes bras ou de tes jambes. Il fera partie intégrante de ton être.
— Les Druides…, commence Ludovic.
— Je sais. Ils ont une philosophie différente de la nôtre. Chaque Peuple Premier, cependant, obéit aux lois qu’il juge les meilleures pour sa survie et sa prospérité. En plusieurs millénaires d’existence, nous ne les avons jamais enfreintes.
Si son don est idéal une veille d’examen pour connaître les sujets, il l’est beaucoup moins quand il se rapporte à des êtres humains. Elle considère le fait de savoir leur avenir comme une violation de leur vie privée, ce qui, d’une certaine façon, est le cas.
Comme pour la majeure partie des gens, le lever ne constitue pas l’un de ses moments préférés de la journée. Il n’y a rien de pire, cependant, que d’être interpelée de la sorte en émergeant du sommeil, et ce par un individu des plus désagréables.
Bande annonce de « Le sang des Candier »