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L'Eden, ce n'est le paradis que pour les touristes et les gens aisés qui se pâment d'admiration pour un édifice classé « oeuvre d'art » que l'on pourrait qualifier de cité verticale, immeuble de la banlieue londonienne que l'on peut « admirer » en couverture, où vivent des personnes en situation précaire, c'est ce que nous confie Adam, héros dans tous les sens du terme : héros qui subit depuis l'enfance, les humeurs d'un père alcoolique que sa femme a quitté en lui laissant la charge d'une famille qu'il ne semble pas vouloir assumer, héros qui essaie de s'en sortir, certainement pour pouvoir fuir l'Eden, mais plus encore pour protéger Lauren, sa jeune soeur et la sortir des griffes de son géniteur, celui qu'il appelle l'autre. Héros par son honnêteté, sa sincérité, son indéfectible amitié pour Ben, Pawel, Karolina, ses quelques amis.

On ne peut que s'attacher à ce personnage qui communique son mal-être, un personnage vrai qui se livre dans un récit sans longueur, un récit dans lequel transpire le brexit, la xénophobie ambiante, les inégalités, la crise économique, un récit dans lequel le malheur d'une famille en perdition est clairement exprimé.

Et puis Adam, c'est son prénom (Est-ce voulu de la part de l'auteur de nommer Adam, un personnage qui ne peut se sortir de l'Eden ?) Adam rencontre Eva dans des circonstances bien particulières, et il ne peut s'empêcher de se sentir attiré par cette jeune fille, qu'il découvrira plus aisée que lui. La suite, je n'en parlerai pas, la question qui subsistera sera celle des conditions de vie opposées, d'un destin qui peut facilement en décider autrement, car il est souvent difficile voire impossible de se dégager de ses origines, de son éducation, des habitudes qui nous façonnent et des chaînes qui nous retiennent.

Et pourtant Adam, comme ses amis sont bel et bien tournés vers l'avenir et montrent leur volonté de s'en sortir.

Excellent roman sur la précarité dans une société anglaise dont la situation n'est pas obligatoirement reluisante, un roman qui nous emmène bien loin du faste de la couronne.
Lien : http://1001ptitgateau.blogsp..
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Fuir l'Eden, c'est une histoire à hauteur de l'adolescence. Olivier Dorchamps nous invite ici dans un roman social, sombre et lumineux.
Le personnage principal s'appelle Adam, il est anglais, a dix-sept ans. Il habite dans la banlieue de Londres, dans un immeuble de conception brutaliste devenu un monument historique classé, l'Eden, baptisé ainsi de manière cynique car on est bien loin ici de l'idée qu'on peut se faire d'un paradis.
Une violence extrême s'y déroule, violence dans l'architecture, violence dans l'âpreté d'un présent sans futur, violence de gangs... C'est une violence qui s'est même immiscé jusqu'à l'intérieur de l'appartement où vit Adam, seul avec sa soeur Lauren qui a cinq ans de moins que lui et son père qu'il nomme désormais l'autre, depuis que sa mère est partie, ne supportant plus les coups répétés du père lorsqu'il rentrait le soir, ivre et la battait... Un jour, ne supportant plus cette violence, leur mère est partie en Espagne, peut-être avec un autre homme, abandonnant sa famille vers un autre horizon...
Adam est sans doute devenu ainsi un père de substitution pour sa petite soeur Lauren, - une mère de substitution aussi, réinventant une sorte d'amour maternel pour pallier l'abandon, car l'autre n'existe plus sur le plan affectif, tandis que leur mère ne reviendra peut-être pas tout de suite... L'autre n'existe que par son alcoolisme et sa violence... Désormais c'est Adam qui prend des coups, protégeant sa soeur, pour qu'elle puisse survivre coûte que coûte...
Ce qui se passe dans le paysage quotidien d'Adam est d'une brutalité inouïe.
De l'autre côté de la voie ferrée tout près, règne un monde étrange, étranger, une vie qui lui paraît totalement inaccessible.
C'est le récit d'une enfance qui dit l'innocence piétinée à coups de poing.
On pourrait se dire que c'est un univers sans ciel, sans espoir, on pourrait se demander où Adam puise sa force pour tenir debout, mais cette histoire est peuplée aussi d'amitiés très fortes. Ben, Pat, des voyous, des petites frappes, mais aussi Claire femme devenue aveugle ayant perdu ses êtres chers dans un attentat de l'IRA, qui prend Adam sous son aile tandis que celui-ci vient régulièrement lui lire des romans d'aventures. C'est d'ailleurs cette femme qui représente pour lui dès le départ du récit ce trait d'union, cette passerelle avec le monde qui se tient de l'autre côté de la voie ferrée...
Ici l'amour est une quête. Adam trouve le sac à main d'une jeune fille sur le quai de la gare de Clapham Junction, qui délimite les deux territoires, le quartier pauvre où réside Adam et l'autre versant, qui semble quant à lui ressembler au vrai Eden. Adam a vu la fille qui a abandonné son sac devant lui, il se saisit de ce sac. À partir de cet instant, c'est une quête qui va animer le jeune garçon, une quête où peu à peu se révèle en lui dans cette innocence encore présente un sentiment amoureux, l'image d'une jeune fille de son âge qui a fui devant lui, peut-être par peur qu'il lui vole son sac à main, l'agresse. Elle est d'un autre monde, celui de l'autre côté de la voie ferrée.
Dans cette quête, la jeune fille devient un prénom, devient une lumière pour Adam qui vient vers elle avec sa fragilité, devient un chemin... Elle devient Eva...
L'amour est tout le temps présent, l'amour devenu idéal dans l'image fugitive de cette jeune femme, des bribes d'amour qu'il découvre cocassement par le poignet solidaire et généreux d'une coiffeuse, l'amour filial auprès de sa soeur, l'autre qui fut son père qu'il aima et qui n'est plus qu'une brute, une épave, sa mère qui apporta tant d'amour et qui elle non plus n'est plus là, les a abandonnés pour un autre paysage, oui l'amour est là traversant de part en part ce texte sobre, l'irradiant de ce désir de lumière.
Si ce récit est étreint par le désespoir, il ne fait jamais sombrer le lecteur dans la sensiblerie.
Dans ce roman social avec le brexit en toile de fond, j'ai forcément pensé aux films de Ken Loach...
J'ai aimé cette écriture à la fois sobre, fluide, terriblement humaine.
Dans ce récit construit avec de belles ellipses, il y a l'expression d'une difficulté à imaginer un ailleurs, un futur social autre que celui de ce quartier. Pourtant, l'espoir se terre dans les marges de ces pages, tient le texte, le fait vibrer.
Allez savoir pourquoi, j'ai eu envie de pleurer à deux endroits. Sur le bord d'un quai de gare, - pas celui auquel vous pensez -, et puis tout à la fin du roman, quittant Adam et son destin tout en devenir... Ce roman est bouleversant d'humanité.
Fuir l'Eden oui, mais surtout ne pas fuir ce récit qui vaut tant le détour.
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« La chance, mec, ça n'existe pas. Sauf pour ceux qui sont nés dedans et qui n'en font rien. Chez les pingouins comme nous, la première des chances c'est de ne pas finir en bouquet de fleurs sur le portail de l'Eden. Pour le reste, c'est toi qui décides. Soit t'apprends à nager, soit tu coules et tu pleurniches que c'est la faute à pas de chance. »  

Adam, 17 ans, aimerait bien la saisir cette chance. Mais au quotidien, « il est tiraillé, à mi-chemin entre l'angoisse et l'espoir. »
Angoisse pour Lauren, sa soeur de 14 ans, si fragile ; Angoisse pour sa mère qui les a abandonnés avec « l'autre », ce père désabusé, terriblement violent ; Angoisse enfin pour l'avenir, qui apparaît tellement sombre, quand on habite l'Eden avec un père brutal et alcoolique.
L'espoir existe pourtant, il s'appelle Ben et Pav, comme ses meilleurs amis ; il a le visage d'Eva qu'il vient de rencontrer sur le quai d'une gare. Il est porté par Claire, une professeure d'université aveugle à qui il fait la lecture et qui lui fait découvrir la littérature…
Mais l'espoir suffira t-il pour le sortir de sa condition, de ce fatras inextricable ?
Un merveilleux roman social, lumineux, émouvant. Une histoire d'amours (et d'amitiés). Et après Ceux que je suis, un deuxième essai réussi pour Olivier Dorchamps avec ce texte magnifique, où on oscille également perpétuellement entre angoisse et espoir.
Superbe 😍
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Le paradoxe est là : l'immeuble insalubre dans lequel vit Adam est classé monument historique et est la cible de groupes de touristes avides de folklore ! Pourtant, c'est loin d'être la fête et encore moins l'éden pour cet ado que sa mère a laissé aux prises d'un père violent, tentant jour après jour de protéger sa petite soeur .

Il ne baisse pas les bras, et ne cède pas à la facilité qui consisterait à rejoindre les bandes de dealers du quartier. Ses économies sont honnêtement gagnées, lors de ses séances de lecture auprès d'une vieille dame. le réconfort qu'il lui apporte est non seulement lucratif mais source de sagesse.
Et puis, une rencontre fortuite sur les quais du métro, un éblouissement amoureux auraient pu lui faire entrevoir des lendemains plus sereins. Mais un nouveau drame en décidera autrement …

On s'attache rapidement à ce garçon blessé, héritier d'un vide à combler et d'une existence innocente à préserver, sans perdre la face et avec tout le mépris que lui inspire « l'autre ».


Cette chronique sociale, qui se déroule à Londres mais aurait tout aussi bien pu prendre place dans n'importe quelle banlieue déshéritée du monde occidental, s'appuie sur le charisme d'un personnage, imparfait mais pugnace et volontaire.

La localisation de l'intrigue outre-manche évite l'écueil des dialogues vernaculaires des quartiers, intéressant mais beaucoup lu ces dernières années), même si l'impact de l'accent est aussi là-bas un stigmate difficile à masquer et une signature des origines sociales qui classe immédiatement les individus.


Deuxième roman poignant et bien construit.

272 pages Finitude 3 mars 2022

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Qu'est-ce-que c'était bien…
Voici mon sentiment en refermant ce roman.
C'est étrange de ressentir cela alors que nous suivons Adam 17 ans, abandonné par sa mère, cohabitant avec un père violent, protégeant sa soeur ; tout cela dans une banlieue défavorisée.
Il y a de la précarité, des coups, une enfance abimée par l'absence d'une mère, de l'alcoolisme, des petits boulots pour survivre et de la stigmatisation.
Mais il y a aussi de la solidarité, le soutien des copains, quelques adultes qui portent un regard bienveillant sur le garçon, de la débrouillardise, le plaisir naissant de la lecture, un amour fraternel et l'espoir de l'amour tout court.
Le narrateur est Adam est le ton, souvent ironique malgré les difficultés, donne de la luminosité à cette noirceur.
Le style est fluide et parfaitement adapté au récit.
C'est poignant, émouvant et teinté d'espoir.
Alors oui, qu'est-ce-que c'était bien.
Merci à lecteurs.com et aux éditions Pocket pour cette découverte.
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Avec ce livre, j'ai découvert le « Brutalisme », une école architecturale qui s'est développée entre1950 et 1980 et qui se caractérise par un design froid et minimaliste et par l'utilisation de matériaux dit « brut » tel que le béton.
En effet la Trellick tower, à Londres, dite "l'Eden", est le cadre de ce roman (et l'illustration de couverture).
Photographiée par les touristes, cette tour se situe dans un quartier défavorisé de Londres et abrite des logements sociaux qui se sont dégradés au fil des années.

C'est ici que vivent trois adolescents, Pav le descendant d'immigrés polonais qui rêve d'argent et de filles faciles, Ben l'immigrant africain qui commence à se faire connaître dans le street art, et Adam, le narrateur.
Celui-ci vit avec son père alcoolique et violent et avec sa petite soeur, leur mère les ayant quittés il y a quelques années.
L'univers, pour ces trois-là, se limite aux frontières du quartier, tout les stigmatise, leur nom, leur look, leur manière de parler,...
Ils sont unis comme peuvent l'être des adolescents, mais peu à peu des failles apparaissent au moment des premiers amours.
Adam, notamment tombe amoureux d'une fille qui n'est pas du quartier et il est tiraillé entre ses amis qui tentent de l'aider, bien maladroitement, et son envie de cacher ses origines modestes.

Ce récit est vraiment un « roman d'apprentissage » avec toute la fragilité de cet période charnière, entre l'adolescence et l'âge adulte.
Cette difficulté est accentuée par ce sentiment d'appartenance à leur quartier-ghetto et leur désir violent d'en sortir.
La vie dans la périphérie de Londres est rarement abordée et j'ai trouvé qu'il y avait un petit côté « Ken Loach » dans ce récit à la fois sombre et vivifiant avec ses anecdotes amusantes et son ping-pong verbal.

Ce livre a failli être un coup de coeur mais j'ai été gênée par sa narration à la première personne.
En effet le flux de pensées du narrateur est écrit de manière très classique, élégante même, et il n'est pas adaptée à ce jeune qui peine à l'école et a du mal à perdre son accent de la banlieue, un récit à la troisième personne aurait été plus réaliste...

Ce livre est en lice pour le Prix du roman Cézam (réseau des comités d'entreprise) et fait partie, pour le moment, des préférés...

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Adam et Ève, version banlieue londonienne

Olivier Dorchamps nous régale à nouveau avec son second roman. L'auteur de Ceux que je suis nous entraîne cette fois dans la banlieue de Londres où un jeune homme tente de fuir la misère sociale et un père violent. Un parcours semé d'embûches et de belles rencontres.

Adam, le narrateur du second roman d'Olivier Dorchamps – qui nous avait ému avec Ceux que je suis –, va avoir dix-huit ans. Pour l'heure, il vit avec «L'autre», le nom qu'il donne à son père de trente-sept ans qui, à force de frapper son épouse, a réussi à la faire fuir sans qu'elle ne donne plus aucune nouvelle, et sa soeur Lauren. Ils habitent dans un appartement de la banlieue londonienne faisant partie d'un complexe pompeusement baptisé l'Eden et qui est aujourd'hui classé. Composé de deux bâtiments, "une tour et une barre, rattachées l'une à l'autre par une série de passerelles. La tour mesure quatre-vingt-dix-huit mètres de haut selon le panneau. Elle est aveugle, étroite et contient les ascenseurs, les canalisations et tous les trucs qui tombent régulièrement en panne. (...) L'Eden, à proprement parler, se déplie sur vingt-quatre étages et cent trente mètres de long." Dans cette cité cosmopolite, représentante du style brutaliste, qui a oubliée d'être rénovée, chacun essaie de s'en sortir comme il peut. Avec des trafics en tout genre ou un petit boulot.
Ce matin-là, à la gare de Clapham Junction - le plus gros noeud ferroviaire de Londres - la chance sourit à Adam. Au bord des voies, il croise le regard d'une jeune fille blonde et imagine qu'elle va se suicider. Il se précipite et ne parvient qu'à la faire fuir après avoir lâché son sac. Son copain polonais Pav, qui ne comprend pas vraiment pourquoi il a envie de la retrouver, va pourtant l'aider en découvrant le nom de la propriétaire: Eva Czerwinski.
Un tour par l'épicerie puis la paroisse polonaise et le tour est joué. Mais arrivés devant le domicile de la jeune fille, ils trouvent porte close. Avec les clés retrouvées dans le sac, ils s'introduisent chez elle et déposent le sac. Adam a le réflexe de laisser un message sur le téléphone et espère l'appel d'Eva.
C'est Claire, la vieille dame aveugle chez qui il travaille comme lecteur - un emploi mieux payé qu'au supermarché où il avait été embauché adolescent - qui l'encourage à ne pas baisser les bras, maintenant qu'il sait que son amour est la fille d'un couple d'architectes et qu'il n'a guère de chances d'intégrer son monde. Pourtant, le miracle se produit. Eva l'appelle et lui fixe un premier rendez-vous.
N'en disons pas davantage, de peur d'en dire trop. Soulignons plutôt qu'Olivier Dorchamps a parfaitement su rendre l'atmosphère à la fois très lourde de ce quartier et de cet embryon de famille et l'envie d'Adam de s'en extirper au plus vite avec Lauren. L'histoire d'Adam et Eva prend alors des allures de Roméo et Juliette, rebondissements et drame à la clé.
Le romancier qui vit à Londres réussit à faire d'Adam un héros touchant et tellement attachant que l'on veut voir réussir et ce d'autant plus que cela semble quasiment impossible. Si Fuir l'Eden se lit comme un thriller haletant, c'est aussi parce que le style est enlevé, l'humour délicat venant contrebalancer la brutalité domestique. Mais ce roman de la misère sociale est aussi un formidable chant d'amour et de liberté. Autant dire que l'on se réjouit déjà du troisième roman en gestation, s'il est comme celui-ci percutant, enlevé, magnifique!

Lien : https://collectiondelivres.w..
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Adam, 17 ans, vit avec sa petite soeur et l'Autre, son père, dans une tour de Londres ironiquement nommée l'Eden. Chef d'oeuvre architectural du brutalisme, elle est souvent photographiée par les gens qui n'y habitent pas. En réalité, l'Eden accueille en son sein beaucoup de misère et les conditions de vie sont dures : pauvreté, chômage, violence, alcoolisme. Chacun survit comme il le peut dans ce purgatoire.

La famille d'Adam n'y échappe pas. le père est brutal et alcoolique mais l'ado reste pour s'occuper de sa petite soeur qu'il protège et dont il s'occupe en travaillant à l'épicerie. Leur mère est partie il y a 8 ans après avoir reçu des coups et ses enfants doivent vivre avec ce manque et cet abandon.

Pourquoi leur mère a-t-elle disparu ? Va-t-elle revenir ? Adam et sa soeur vont-ils fuir l'Eden ?

Un roman social à la Ken Loach nous donnant à voir le Londres pauvre contemporain. Derrière sa noirceur, le texte est lumineux et plein d'espoir. Adam fait tout pour s'en sortir et provoque l'empathie.

Olivier Dorchamps nous offre, sous la forme d'un récit initiatique, une réflexion sur la classe sociale, la difficulté de s'en extraire et nous rappelle que les livres, ainsi que les amis et les belles rencontres, nous tirent toujours vers le haut.

Un bien beau roman, touchant et d'une grande justesse. L'auteur traite ses personnages avec gentillesse et c'est plaisant.
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Excellent titre
L'Eden c' est peut-être un paradis pour touristes : un vieux bâtiment dans la banlieue de Londres classé monument historique et, donc , lieu prisé par les touristes tout heureux de découvrir les quartiers populaires et leurs merveilleuses architectures
Le problème c'est que ce n'est pas un bâtiment désaffecté et qu'il y'a toujours les mêmes déshérités qui y habitent
Le héros, c'est Adam , tout un symbole
Comme tous les autres , une idée fixe: fuir , partir , découvrir le monde , sortir du ghetto
Je ne divulgue pas l'histoire ,assez classique : un père alcoolique, une mère partie sans laisser d'adresse . Bien sûr , les potes de l'immeuble, la petite soeur qu'on veut protéger
Rien de nouveau, me direz-vous.Des images qu'on regarde avec une certaine indifférence, peu importe le pays
Détrompez vous car Olivier Dorchamps a du talent
Loin de tout misérabilisme, il insuffle à ce roman une joie de vivre , communicative.
Plutôt que de s'apesantir sur la vraie misère au quotidien , il préfère nous parler de rêves , de projets , d'amour aussi
En ressors un fonds d'optimisme au milieu de toute cette détresse
Loin des clichés, une bouffée de fraîcheur , une façon de nous dire de façon élégante ,même au milieu de la pauvreté, de la drogue et de la haine, qu'il faut garder l'espoir
Très beau livre sur un sujet difficile
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Adam, le narrateur, vit dans une cité de Londres, dans une tour appelée « Eden » qui se voulait à l'architecture avant-gardiste issue du « brutalisme ». Mais seule cette image est restée que viennent photographier les classes plus aisées tandis que la réalité est plus brute, justement, plus amère, ressemblant plus à un ghetto dans lequel, faute de mieux, habitent et se côtoient des familles populaires. Et l'Eden est devenu presque l'enfer que tous aimeraient fuir.
Adam est un jeune homme de 17 ans, qui a perdu sa mère alors qu'il avait 9 ans. Sa soeur Lauren, plus jeune, n'a plus beaucoup de souvenir d'elle. Cette mère était une mère courageuse, s'occupant de ses enfants, travaillant comme caissière dans un petit supermarché, même s'il fallait pour cela passer des heures dans les transports. Son conjoint était à l'époque (et l'est encore) de la pire espèce, alcoolique et violent.
Leur mère les a quittés un matin. Depuis, le jeune homme essaye de garder en mémoire la plus belle des images d'elle et de ne pas lui en vouloir de les avoir laissés seuls avec ‘l'autre'.

Quand on est jeune, lorsqu'on sait que les codes de la pauvreté nous collent à la peau (tenue, langage, habitus…) et qu'on n'a pas trop d'espoir de sortir de sa condition sociale, y'a de quoi trainer un blues, un fatalisme, une colère contre la vie et le système … Adam tient parce qu'il y a sa petite soeur dont il s'occupe comme il peut. Et aussi par la présence de ses 2 bons amis Pav et Ben (ce dernier commençant à se faire un nom dans le milieu du Street Art), et Claire, aveugle, à qui il fait la lecture plusieurs fois par semaine. Claire, c'est un peu son premier pas dans l'autre monde. Grâce à elle, peu à peu il apprend, se cultive, s'éduque, intègre de nouveaux codes sociaux…
Un matin, alors qu'il est à la gare, Adam croise une jeune femme Eva, qu'il croit sauver d'une tentative de suicide. Attirance pour elle mais aussi choc des cultures, peur de l'image qu'il peut renvoyer, d'autant que cette jeune femme appartient à une famille d'un milieu plus favorisé.
Bien sûr, on pense aux Adam et Eve contemporains, Eva qui, peut-être, par sa seule présence pourrait permettre à Adam de quitter l'Eden. le lecteur découvre la vie de cet adolescent à ce moment charnière où Adam va croquer le fruit de l'arbre de la connaissance…

Ce roman c'est une plongée dans la jeunesse des banlieues. L'auteur d'origine franco-britannique dresse un tableau du quotidien de cette jeunesse londonienne, souvent âpre, parfois violent, mais aussi empli d'espoir (et qu'on pourrait transposer dans n'importe quelle grande banlieue occidentale). A travers une histoire d'amour, il porte un regard social et même sociologique sur cette jeunesse. Regard sur les clivages entre classes sociales, sur ces jeunes qui veulent s'en sortir. Mais c'est aussi le regard qu'on peut avoir sur soi-même, sur les autres et notre relation aux autres. Les murs qu'on s'érige par manque de confiance en soi, par cette dépréciation notamment inhérente de la distinction sociale.

Tout au long du roman, on a plaisir à suivre Adam, jeune homme sensible, courageux, lucide, et résiliant. Il arrive souvent à provoquer en nous intérêts et émotions. Si on l'apprécie, on s'attache à lui, c'est peut-être du fait de ses fragilités, parce qu'il n'est pas un homme super-héros, mais juste comme un peu chacun de nous.
Par l'attachement du lecteur pour Adam, l'écriture sensible et réaliste mais aussi les quelques effets de surprises ou évènements qu'amène l'auteur, « Fuir l'Eden » d'Olivier Dorchamps se révèle être un très bon roman contemporain. Un roman que j'ai lu très rapidement tant le plaisir était grand...
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