Le meilleur roman de SF autochtone que j'ai lu jusqu'à présent.
L'idée est la suivante : Une maladie fait que les blancs n'arrivent plus à rêver lorsqu'ils dorment. le remède? La moelle des os des membres des Premières Nations. le Gouvernement canadien se (re)met donc à chasser, emprisonner et tuer les autochtones pour leur extraire l'antidote.
Le roman suit donc des fugitifs qui cherchent à fonder une communauté, combattre l'oppresseur et survivre — tant biologiquement que culturellement.
Le livre est classé Young Adult, il faut être prêt à endurer un peu de teen drama pour apprécier la lecture. Et le protagoniste gonfle le torse à chaque page dans une manifestation de masculinité très unidimensionnelle. Mais au-delà de ça, le livre en vaut pleinement la peine.
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L'idée est excellente. Et l'exécution est efficace : du début jusqu'à la fin, on peut tout aussi bien lire l'histoire au premier degré quecomme une métaphore des traitements réservés aux Autochtones en Amérique du Nord. D'ailleurs, la conclusion finale (perdurer grâce à la poésie) est brillante et bien trouvée, on boucle parfaitement la boucle. L'exposition du monde et du passé des différents personnages, sous la forme d'histoires racontées au coin du feu, est très agréable également et rythme bien le tout, en plus de donner une certaine originalité à la narration.
Malheureusement, c'est l'un des cas où le traitement Young Adult m'a vraiment gâché la lecture. le personnage principal est insipide (en plus de « bomber le torse » toutes les deux pages), la romance apparait comme un passage obligé inutile et irritant, et le point de vue à la première personne n'arrange rien. Au final, j'en ressors avec l'impression mitigée d'avoir lu à la fois une histoire riche et géniale et une énième dystopie jeunesse un peu fade. Dommage, parce qu'à mon sens, assumer un traitement complètement adulte aurait rendu le tout magistral.
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Dans la famille d’Isaac, personne n’avait souvenir des premiers pensionnats, ceux qui avaient surgi comme des monstres de bois à la grandeur du pays dans les années 1800 - des monstres qui sont restés là à gober nos enfants comme des petits fruits, les uns après les autres, pendant plus de cent ans.
Je tomberais au combat contre des animaux sauvages ou en faisant le saut de l’ange du haut d’un de ces pins, ou je mourrais de faim, à demi enterré sous la terre asséchée, comme un cadavre partiellement incinéré flottant le long du Gange avant que le vieux fleuve se transforme en sentier pour pèlerins défaits.
Je me sentais un peu à part à l’époque, avant de savoir à quel point ça pouvait s’avérer dangereux d’être unique en son genre. Je suppose que j’étais fier de ma famille, de nos chaussures à franges et de nos longs cheveux. On était encore des rois parmi les hommes.
Le savoir nous a été transmis avant la première vague des maudits pensionnats, bien avant ça, quand les visiteurs se sont pointés ici avec leurs saintes colères d’enfants gâtés. Quand on guérit nos terres, on guérit, nous aussi.
Je me suis adossé à un pin noueux dont le tronc était enduit de résine. La tête appuyée contre l’écorce, j’ai regardé le ciel virer au noir, le traître.
Joan a le coeur brisé. Voilà presque un an qu'elle s'épuise à chercher son mari, Victor, disparu dans la nuit le soir où il a suggéré de vendre à des promoteurs la terre de ses ancêtres. Depuis, elle sillonne les routes de la baie Georgienne, décidée à savoir si Victor est mort ou s'il l'a simplement quittée, comme le pense sa communauté. Elle croit l'avoir retrouvé quand, après une soirée trop arrosée, une voix familière l'attire dans une tente d'évangélistes dressée au milieu d'un parking. L'homme qui apparaît devant elle n'a de Victor que les traits. Pourquoi ne la reconnaît-il pas ? Et qui est ce révérend Eugene Wolff dont il dit porter le nom ?
S'inspirant de la figure du rougarou, cette créature mi-homme mi-loup qui hante l'imaginaire métis, Cherie Dimaline signe un thriller moderne et singulier, porté par le chagrin et la fureur d'une femme qui refuse d'accepter la perte de ses terres, de ses racines et des siens.
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