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3,77

sur 1297 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Une jolie réussite d'équilibre, entre roman biographique et biographie romancée.

Une plume, issue de l'écurie « Editions de Minuit », dont le style agrège l'épure — du moins une certaine idée de la littérature qu'incarne les écrits de cette maison — et la volonté « d'accessibilité » : l'auteur lâchant ses cerfs-volants, avant de les éclairer quelques lignes plus bas, pour ceux qui les auraient perdus de vue…
Preuve en est son succès public, ainsi que ses nombreuses récompenses.
(Egalement finaliste d'un prix Goncourt 2012 très contrasté, où le superbe « Le Sermon sur la chute de Rome » lui a damné le pion pour une voix — et deux voix données au nanar-intersidéral « Harry Quebert », mais ce n'est pas la peine d'encore s'énerver au sujet des prix littéraire… on y laisserait un foie et une pelote de nerfs…)

Alexandre Yersin.
Une vraie stature, libre, courant au contraire de la meute, aveuglée par l'éclat des palmes académiques.
Une véritable inspiration, rappelant à certains le temps où l'universalisme des Lumières était encore au programme.

Une époque qui fascine de toute évidence l'auteur, voyant les poètes du Parnasse côtoyer les aventuriers des Terra Incognita, formant un imaginaire historique et exotique peuplé par Rimbaud, Stanley et Livingston… sans parler du grand Pasteur, dieu-père de cette histoire, flottant au dessus, tel un nom dépassant l'individu.

La statue de Yersin — hommage mesuré à un homme n'en réclamant pas vraiment, sise à Nha Trang, Vietnam — ne devrait pas être déboulonnée de sitôt. Ce roman s'ajoute à la modeste reconnaissance d'un être exceptionnel, avec une élégance qui ne lui aurait sans doute pas déplu.
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Coup de projecteur sur un touche-à-tout de génie, bienfaiteur de l'humanité injustement oublié du grand public et dont la vie méritait bien un roman, merci Patrick Deville.
C'est avec un enthousiasme contagieux que Patrick Deville nous convoque sur les traces trépidantes de cet homme hors du commun, « pasteurien » des premiers jours mais passionné pas tant d'autres sciences qu'il en négligea les honneurs qu'il aurait pu récolter en traînant dans les salons parisiens.
Le ton est vif, incisif, ironique pour décrire une vie menée tambour battant par un génie universel qui fut souvent le premier dans ses multiples domaines de prédilections, le premier à isoler le bacille de la peste et à réaliser un vaccin, mais aussi le premier à importer une automobile en Asie, et « premier voyageur à relier par voie de terre la côte de l'Annam au Kampuchéa », un des premiers également à voyager en dirigeable pour relier Paris à l'Indochine.
Ascète au désintéressement total, curieux et scientifique insatiable, médecin, biologiste, physicien, botaniste, architecte, agronome Yersin s'enthousiasmait pour tout ce qui pouvait améliorer la vie et le confort de l'humanité sans jamais vraiment se frotter à cette humanité qu'il gardait à distance. Insensible aux honneurs, étranger à la politique, imperméable à la corruption, il a mené une vie aventureuse et solitaire que Patrick Deville livre de façon passionnante : un esprit libre et anticonformiste qu'il n'hésite pas à comparer à Rimbaud et même à Louis-Ferdinand Destouches, ancien pasteurien renégat alias Céline.
Pour l'anecdote, allez voir sur Google les photos de Nha Thrang : on comprend assez bien qu'il aie préféré y vivre ses dernières années plutôt qu'auprès des paillasses de l'Institut Pasteur.
Près de chez moi, l'hôpital s'appelle Louis Mourier : quand on lit les 3 lignes consacrées à Louis Mourier sur Google, on se demande pourquoi pas un hôpital en France ne porte le nom d'Alexandre Yersin…
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Patrick Deville nous invite ici au voyage multidimensionnel, à savoir dans le temps et dans l'espace sans se soucier de l'unité de temps,ou de lieu, ni même d'action : on estr donc bien loin de la scène classique, au risque de s'y perdre. Oubliée la chronologie. Même les personnages ne sont pas sûrs de leur appartenance à une époque : un mystérieux fantôme.du futur (s'appellerait-il Patrick D.?) côtoie le héros de ce récit, Alexandre Yersin, surdoué multicarte, réalisant des prouesses tant en médecine qu'en exploration topographique et anthropologique à une époque "Où la nature n'est pas encore une vieillarde fragile qu'il faut protéger, mais un redoutable ennemi qu'il faut vaincre".Indifférent aux conflits qui agitent la première moitié du vingtième siècle, Yersin n'a de cesse de découvrir de nouveaux territoires, risquant sa vie ( et sauvé in extremis par ses connaissances médicales).

L'écriture est déroutante : le lecteur, bien installé dans un chromo désuet tout à fait dans le ton des récits de voyages du dix-neuvième siècle, écarquille tout à coup les yeux quand il croit avoir lu que l'on faisait allusion au téléphone mobile! de même, l'auteur fait peu de cas de la syntaxe, au lecteur de comprendre, sans verbe, ou sans sujet, une suite de mots entre deux points.

Et tout ce fatras déjanté sur un sujet peu cocasse à l'origine finit par créer une connivence. D'autant qu'il est drôle, Patrick Deville, quand il évoque ce «dictateur en noir et gris qui imite assez bien Chaplin», ou aborde à sa façon la physiologie des poules :»Comme chacun sait, il fait chaud à l'intérieur d'une poule. Quarante deux degrés. Bien plus chaud qu'à l'intérieur d'un mouton. Qui garde sa petite laine»

Un temps d'adaptation est donc nécessaire pour être sous le charme, mais cela vaut le coup quelquefois de sortir des sentiers battus, que l'on soit savant, ou romancier
Lien : http://kittylamouette.blogsp..
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Alexandre Yersin, aura vécu plusieurs vies, s'en remettant à chaque fois à son enthousiasme et sa curiosité pour aller vers des contrées qui désarçonnent ces amis. Puis lorsque que l'intérêt décroit, le natif de Genève rebondit sur autre chose.
Yersin Pasteurien fidèle, découvreur du bacille de la peste et son vaccin, excusez du peu, est un électron libre. Les honneurs, les soirées mondaines trop peu pour lui. Lui c'est la passion, les voyages, la recherche, l'innovation qui sont ces moteurs. Il se lance dans des projets qu'il prend à bras le corps, les triture, les décortique, les mène puis quand l'envie ce fait moindre, il passe à autre chose. Toujours en avance sur ces contemporains.
Patrick Deville dont j'avais aimé « Equatoria » est à la hauteur du personnage dont il suit les pas. Son écriture est ironique, fluide, sa chronologie éclatée peu surprendre au début, mais rend au contraire encore plus fascinant ce personnage atypique. Peste et choléra rend hommage à un grand bonhomme solitaire, fidèle en amitié qui traversa la première partie du vingtième siècle dans l'ombre. Deville le met en lumière avec ce roman. Ce n'est que justice.
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Le suisse calviniste Alexandre Yersin arrive à Paris en 1885 pour terminer ses études de médecine. A l'Hôtel Dieu, il fait la rencontre d'un proche collaborateur de Pasteur, Emile Roux, qui lui ouvre les portes de l'Institut où il participe aux séances de vaccination contre la rage. C'est le début d'une collaboration qui conduit à des découvertes essentielles comme celles de la toxine diphtérique ou du bacille de Koch.

Cependant le chercheur n'est pas homme à rester derrière une paillasse, son besoin viscéral de bouger le mène en Indochine qu'il explore et cartographie, devenu médecin des Messageries maritimes puis médecin de santé coloniale. Un pays dont il tombe amoureux où il s'installe après avoir abandonné sa carrière d'explorateur pour se consacrer à l'élevage de chevaux et de bovins pour produire des sérums. Ce n'est que quelques années plus tard, quand l'Institut Pasteur l'envoie en Chine, qu'il fait la découverte majeure du bacille de la peste pour lequel il met au point un vaccin.

Grâce à Patrick Deville j'ai découvert un homme exceptionnel, un scientifique brillant qui n'a jamais cherché les honneurs et a fait progresser les connaissances humaines pour le bien du plus grand nombre, un esprit libre et un aventurier dans son acception la plus positive.
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Si certains n'ont de cesse de rechercher leur quart d'heure de célébrité, d'autres se fichent des honneurs et de la gloire qu'ils méritent. Il en est ainsi d'Alexandre Yersin, grand scientifique découvreur du bacille de la peste ((yersinia pestis) ) et membre de la toute première équipe de Louis Pasteur, touche à tout de génie, de 1885 à 1943 , que Patrick Deville sort de l'oubli dans un roman sensible et magnifique.

Alexandre Yersin est un drôle de personnage dont la vie ressemble tellement à un roman qu'il fallait un romancier aussi subtil que Patrick Deville pour en restituer toute l'intensité. Ce n'est pas seulement une vie, mais aussi la traversée de huit décennies, à cheval sur deux siècles, bouleversées par trois guerres entre deux nations et que l'auteur décrit à travers le prisme des affrontements entre les partisans de Pasteur et ceux de Koch. Par de courts chapitres, qui sont autant de pièces du patchwork de l'existence de Yersin, Patrick Deville nous transporte dans un monde sépia, séduit par son personnage, " premier médecin à avoir guéri un pestiféré ". Un livre hommage à la grandeur d'un homme solitaire mais riche de belles et solides amitiés qui n'a suivi comme règle de vie que d'aller là où il se sentait le plus utile.

On s'émerveille page après page d'une vie emplie de voyages extraordinaires, de découvertes (l'usage de la quinine, l'ancêtre du Coca-Cola, le caoutchouc industriel...) et d'appétit incessant de connaissance. de la France à l'Indochine où il trouvera son paradis à Nha Trang (au nord de Saigon, face à la mer de Chine), et sans nommer tous les pays visités, l'activité de Yersin ne se départit jamais du désir de mieux connaître le monde et ses merveilles sous toutes ses formes ! Tout le passionne : la biologie bien sûr mais aussi l'horticulture, l'élevage, la mécanique, l'aviation, l'astronomie, la photographie... tout sauf la "sale" politique et l'Art. Avec lui, on a affaire l'aventurier idéal et on ne peut qu'être fasciné par cet " hurluberlu".

Avec précision, originalité et humour, Patrick Deville retrace donc la vie (les vies ! ) passionnante d'un génie qui ne fera qu'éparpiller son talent. Son style vif, alerte, rapide est à l'unisson de son personnage. Deville nous rend présent le passé avec art et talent. En résulte un roman captivant que l'on ne lâche pas. Une formidable réussite !
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Comme beaucoup de lecteurs, j'ai du m'accrocher, résister, persévérer. Après un abandon en 2017, au troisième chapitre, puis une forte envie de renoncer une nouvelle fois lorsque les sirènes de mes autres lectures en cours m'ont suppliée de laisser là cette lecture exigeante.
J'ai continué, non pas pour le plaisir, mais parce que je sentais bien que je manquerais là une occasion de me cultiver un peu : vie et aventures d'un touche-à-tout de génie, inventeur du bacille qui porte aujourd'hui son nom : Yersinia pestis.

Et puis, on s'habitue au style de l'auteur, on en vient même à apprécier sa langue ciselée, ses références érudites et l'angle de vue qu'il adopte pour raconter cette vie rien moins que romanesque d'un homme qui pourtant méprisait la littérature.

Alors ? ai-je bien fait cette fois de m'entêter ?
En réalité, ce fut une lecture très intéressante, qui m'a apporté à la fois plaisir esthétique et instruction. Enrichissant.
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Une lecture de circonstance, pourrait-on croire! Peste, Covid, choléra, course à l'identification du virus, course médiatique aussi car au temps de Pasteur l'épidémiologie se faisait aussi sur la scène médiatique.
S'il en est un que la scène médiatique et le prestige n'intéresse pas, c'est bien notre héros Yersin qui préfère courir le monde et assouvir toute sa soif de découverte, qui va bien au-delà des virus : botanique, génie civil, entrepreunariat, cette soif est inextinguible et plus elle s'exerce loin, mieux c'est.
Ainsi le véritable plaisir de ce livre réside moins à mes yeux dans le récit de vie d'un homme qui pourtant sort largement du commun que dans l'invitation au voyage, un voyage à l'ancienne tel qu'il ne se fait plus, quand l'Orient était encore véritablement un ailleurs, que le mot dépaysement avait un sens et que pour atteindre le bout du monde il fallait passer des semaines sur un bateau pour atteindre une luxuriance naturelle dans laquelle on n'a aucun repère.
Une lecture très sympathique, qui prend du corps à mesure que l'on tourne les pages.
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Challenge ABC 2014/2015

De prime abord, une biographie de Yersin, ce n'est pas très tentant. Un savant émule de Pasteur qui a découvert le bacille de la peste et lui a donné son nom, c'est tout ce que je savais. Pas de folklore comme avec le bon docteur Schweitzer, pas d'imagerie d'Epinal, pas d'institut Yersin, pas de photo légendaire, éprouvette à la main, non, rien qu'une souche homéopathique , Sérum de Yersin. Alors, une biographie... Et juste parce que je voulais un D, j'ai plongé dans le récit de Patrick Deville: vif, brillant, dépaysant, dans une langue qui mêle les réminiscences de Rimbaud et la vivacité d'un dialoguiste. Comme son biographe, Yersin est un touche-à-tout: microbiologiste et géographe, botaniste et explorateur, astronome et traducteur...désintéressé et passionné, il produit avec le même enthousiasme le vaccin contre la peste et des tonnes de caoutchouc, plante des quinquinas pour extraire la quinine et construit des routes, étudie les orchidées et sillonne les mers.
Un livre passionnant, et envie de découvrir les autres récits de Patrick Deville
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Une lecture que j'ai trouvée exigeante par la somme de références en tous genres et le vocabulaire parfois recherché qui est utilisé, mais qui m'a procuré un grand plaisir une fois que j'ai été plongée dedans!

S'il s'agit bien d'une biographie très fouillée d'Alexandre Yersin, génial curieux touche-à-presque tout, c'est aussi pour moi la découverte d'une écriture, d'un style qui, bien souvent, m'a rappelé le plaisir que j'ai à lire Echenoz: son humour, son ironie, ses brusques changements de registre dans le vocabulaire donnent un récit au ton décalé qui m'a ravie...

Alors, c'est sûr, j'ai dû un peu m'accrocher au départ car l'histoire ne suit pas une "bête" chronologie logique et je n'ai manifestement pas l'érudition suffisante pour accéder d'emblée à toutes les références (dates, événements, personnages...) qui jalonnent le texte.
Pour moi, les chapitres courts ont été d'une grande aide pour rester attentive.

Mais au final, je suis ravie de cette double découverte: Yersin et Deville!
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