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3,77

sur 1297 notes
Une jolie réussite d'équilibre, entre roman biographique et biographie romancée.

Une plume, issue de l'écurie « Editions de Minuit », dont le style agrège l'épure — du moins une certaine idée de la littérature qu'incarne les écrits de cette maison — et la volonté « d'accessibilité » : l'auteur lâchant ses cerfs-volants, avant de les éclairer quelques lignes plus bas, pour ceux qui les auraient perdus de vue…
Preuve en est son succès public, ainsi que ses nombreuses récompenses.
(Egalement finaliste d'un prix Goncourt 2012 très contrasté, où le superbe « Le Sermon sur la chute de Rome » lui a damné le pion pour une voix — et deux voix données au nanar-intersidéral « Harry Quebert », mais ce n'est pas la peine d'encore s'énerver au sujet des prix littéraire… on y laisserait un foie et une pelote de nerfs…)

Alexandre Yersin.
Une vraie stature, libre, courant au contraire de la meute, aveuglée par l'éclat des palmes académiques.
Une véritable inspiration, rappelant à certains le temps où l'universalisme des Lumières était encore au programme.

Une époque qui fascine de toute évidence l'auteur, voyant les poètes du Parnasse côtoyer les aventuriers des Terra Incognita, formant un imaginaire historique et exotique peuplé par Rimbaud, Stanley et Livingston… sans parler du grand Pasteur, dieu-père de cette histoire, flottant au dessus, tel un nom dépassant l'individu.

La statue de Yersin — hommage mesuré à un homme n'en réclamant pas vraiment, sise à Nha Trang, Vietnam — ne devrait pas être déboulonnée de sitôt. Ce roman s'ajoute à la modeste reconnaissance d'un être exceptionnel, avec une élégance qui ne lui aurait sans doute pas déplu.
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Je sais qu'il y a déjà de très nombreuses critiques, ce livre étant paru il y a quelques années, salué et encensé par la presse, primé ...
Justement, je dois reconnaître mes torts, j'ai failli passer à côté d'un chef-d'oeuvre. Justement parce que le livre était primé, je crains parfois les attentes excessives qui peuvent naître d'un battage médiatique, de prix littéraires reconnus. Peut-être aussi à cause d'un titre qui me semble à la fois peu représentatif du livre, un peu réducteur ... et peu engageant pour le lecteur, je n'avais pas trop envie de me plonger dans ce livre.
Heureusement que ma mère a insisté pour que je le lise et me l'a prêté, et heureusement que j'ai trouvé de nombreuses citations et critiques positives sur Babelio.

Biographie, roman ou chronique scientifique, peu m'importe.
Le livre m'a plu, m'a vraiment intéressée, passionnée. L'auteur m'a fait connaître la vie et les découvertes d'Alexandre Yersin, dont je connaissais le nom mais guère plus. Il faut dire que la France a bien plus célébré Pasteur.
Pasteur sensible aux honneurs plus que ne le fut Yersin, Pasteur qui a inspiré et soutenu tant de scientifiques et créé "une école" et des Instituts, en France puis ailleurs dans le monde.
Yersin lui aussi faisait partie de la bande des pasteuriens, et nous découvrons ses intérêts et passions multiples par le biais de récits sur sa vie, ses voyages, ses correspondances : avec sa mère Fanny, sa soeur Emilie, avec ses amis et collègues pasteuriens notamment Calmette et Roux ...

Du côté du style, j'ai souri aux nombreuses évocations du "fantôme du futur", mais n'y ai pas vu plus qu'une facétie d'un auteur par ailleurs érudit et qui maîtrise très bien son sujet. le livre est parfaitement documenté, le destin hors normes de Yersin narré avec verve et érudition, sans phrases pompeuses ni jargon, dans une grande clarté.
J'ai un peu regretté les nombreux allers retours entre le début et la fin de la vie de Yersin, personnage suffisamment romanesque à mon goût, touche-à-tout, engagé dans des correspondances épistolaires de longue durée, sans cesse novateur, dans une curiosité intellectuelle renouvelée. Même si longtemps, Yersin a méprisé politique, histoire, littérature et peinture, il reste un personnage très romanesque et bien ancré dans son époque. Médecin et scientifique qui a largement contribué à des inventions importantes, Yersin est ici mis à l'honneur dans un livre bien écrit.

Passionnant !
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Coup de projecteur sur un touche-à-tout de génie, bienfaiteur de l'humanité injustement oublié du grand public et dont la vie méritait bien un roman, merci Patrick Deville.
C'est avec un enthousiasme contagieux que Patrick Deville nous convoque sur les traces trépidantes de cet homme hors du commun, « pasteurien » des premiers jours mais passionné pas tant d'autres sciences qu'il en négligea les honneurs qu'il aurait pu récolter en traînant dans les salons parisiens.
Le ton est vif, incisif, ironique pour décrire une vie menée tambour battant par un génie universel qui fut souvent le premier dans ses multiples domaines de prédilections, le premier à isoler le bacille de la peste et à réaliser un vaccin, mais aussi le premier à importer une automobile en Asie, et « premier voyageur à relier par voie de terre la côte de l'Annam au Kampuchéa », un des premiers également à voyager en dirigeable pour relier Paris à l'Indochine.
Ascète au désintéressement total, curieux et scientifique insatiable, médecin, biologiste, physicien, botaniste, architecte, agronome Yersin s'enthousiasmait pour tout ce qui pouvait améliorer la vie et le confort de l'humanité sans jamais vraiment se frotter à cette humanité qu'il gardait à distance. Insensible aux honneurs, étranger à la politique, imperméable à la corruption, il a mené une vie aventureuse et solitaire que Patrick Deville livre de façon passionnante : un esprit libre et anticonformiste qu'il n'hésite pas à comparer à Rimbaud et même à Louis-Ferdinand Destouches, ancien pasteurien renégat alias Céline.
Pour l'anecdote, allez voir sur Google les photos de Nha Thrang : on comprend assez bien qu'il aie préféré y vivre ses dernières années plutôt qu'auprès des paillasses de l'Institut Pasteur.
Près de chez moi, l'hôpital s'appelle Louis Mourier : quand on lit les 3 lignes consacrées à Louis Mourier sur Google, on se demande pourquoi pas un hôpital en France ne porte le nom d'Alexandre Yersin…
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Patrick Deville nous invite ici au voyage multidimensionnel, à savoir dans le temps et dans l'espace sans se soucier de l'unité de temps,ou de lieu, ni même d'action : on estr donc bien loin de la scène classique, au risque de s'y perdre. Oubliée la chronologie. Même les personnages ne sont pas sûrs de leur appartenance à une époque : un mystérieux fantôme.du futur (s'appellerait-il Patrick D.?) côtoie le héros de ce récit, Alexandre Yersin, surdoué multicarte, réalisant des prouesses tant en médecine qu'en exploration topographique et anthropologique à une époque "Où la nature n'est pas encore une vieillarde fragile qu'il faut protéger, mais un redoutable ennemi qu'il faut vaincre".Indifférent aux conflits qui agitent la première moitié du vingtième siècle, Yersin n'a de cesse de découvrir de nouveaux territoires, risquant sa vie ( et sauvé in extremis par ses connaissances médicales).

L'écriture est déroutante : le lecteur, bien installé dans un chromo désuet tout à fait dans le ton des récits de voyages du dix-neuvième siècle, écarquille tout à coup les yeux quand il croit avoir lu que l'on faisait allusion au téléphone mobile! de même, l'auteur fait peu de cas de la syntaxe, au lecteur de comprendre, sans verbe, ou sans sujet, une suite de mots entre deux points.

Et tout ce fatras déjanté sur un sujet peu cocasse à l'origine finit par créer une connivence. D'autant qu'il est drôle, Patrick Deville, quand il évoque ce «dictateur en noir et gris qui imite assez bien Chaplin», ou aborde à sa façon la physiologie des poules :»Comme chacun sait, il fait chaud à l'intérieur d'une poule. Quarante deux degrés. Bien plus chaud qu'à l'intérieur d'un mouton. Qui garde sa petite laine»

Un temps d'adaptation est donc nécessaire pour être sous le charme, mais cela vaut le coup quelquefois de sortir des sentiers battus, que l'on soit savant, ou romancier
Lien : http://kittylamouette.blogsp..
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Alexandre Yersin, aura vécu plusieurs vies, s'en remettant à chaque fois à son enthousiasme et sa curiosité pour aller vers des contrées qui désarçonnent ces amis. Puis lorsque que l'intérêt décroit, le natif de Genève rebondit sur autre chose.
Yersin Pasteurien fidèle, découvreur du bacille de la peste et son vaccin, excusez du peu, est un électron libre. Les honneurs, les soirées mondaines trop peu pour lui. Lui c'est la passion, les voyages, la recherche, l'innovation qui sont ces moteurs. Il se lance dans des projets qu'il prend à bras le corps, les triture, les décortique, les mène puis quand l'envie ce fait moindre, il passe à autre chose. Toujours en avance sur ces contemporains.
Patrick Deville dont j'avais aimé « Equatoria » est à la hauteur du personnage dont il suit les pas. Son écriture est ironique, fluide, sa chronologie éclatée peu surprendre au début, mais rend au contraire encore plus fascinant ce personnage atypique. Peste et choléra rend hommage à un grand bonhomme solitaire, fidèle en amitié qui traversa la première partie du vingtième siècle dans l'ombre. Deville le met en lumière avec ce roman. Ce n'est que justice.
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Alexandre Yersin ? La plupart des gens ne savent pas qui il est, et même, n'en n'ont jamais entendu parlé. Sans doute est-ce parce l'homme s'est toujours tenu à l'écart des mondanités et des honneurs. Pourtant, on lui doit, entre autres, la découverte du bacille de la peste et la mise au point de son vaccin. Scientifique de génie, collaborateur de Pasteur, Yersin ne s'est pas contenté d'une seule discipline ni d'une seule vie. Pour ne jamais s'enfermer, s'ennuyer, il a touché à tout : la médecine, la bactériologie, l'ethnologie, agronomie, l'exploration, l'aviation, la botanique, la mécanique, etc. Avide de connaissances, tout l'intéresse, mis à part l'art et la politique. Car si Yersin se préoccupe du bien de l'humanité et oeuvre pour un monde meilleur, il évite de se mêler à ses semblables, sorte de misanthrope contradictoire. Trop à l'étroit dans les laboratoires de l'Institut Pasteur, il part pour l'Indochine où il sera médecin de bord pour les Messageries Maritimes et finira par s'installer à Nha Trang pour y créer son paradis. Mais il ne s'agit pas pour Yersin de profiter de la douceur de vivre et de la beauté des paysages qui l'entourent. Très vite, il se rêve explorateur, traversant la jungle hostile, ouvrant des routes, rencontrant des populations inconnues. Mais pasteurien un jour, pasteurien toujours, l'Institut le sollicite pour ouvrir un centre à Saïgon, tâche dont il s'acquitte avec zèle, pour mieux reprendre sa vie aventureuse une fois sa mission accomplie. Toujours guidé par la passion et la curiosité, Alexandre Yersin a vécu mille vies, libre, insatiable, audacieux, jusqu'à sa mort.


S'il a eu une vie fascinante et s'est investi avec passion dans de nombreux projets d'envergure, Alexandre Yersin, en tant qu'homme, n'est pas tout à fait à l'abri de certaines lacunes. Son indifférence aux problèmes du monde, son refus de s'impliquer, sa misogynie évidente, en font un personnage fort peu attachant sur le plan humain. Cependant ses contributions dans des domaines aussi différents qu'hétéroclites montrent tout le génie d'un homme qui semble austère de prime abord. On peut donc comprendre que Patrick DEVILLE ait voulu lui rendre justice avec cette biographie très bien documentée qui lève le voile sur un des grands hommes du XXè siècle. Au fil des pages, des voyages, des enthousiasmes de son sujet, on finit par prendre goût à cet hyperactif touche-à-tout, impatient de connaître sa prochaine ''lubie''. Pourtant, il faut bien du courage pour s'accrocher au style particulièrement agaçant de l'auteur. Des phrases courtes, sèches, sans verbe parfois. Des redondances ridicules : Pasteur décrit comme ''le vieil homme à la redingote noire'', Yersin étant ''l'orphelin d'Aubonne'', etc. Plus de simplicité n'aurait pas nui. Et Deville ne s'arrête pas là dans le maniérisme. Il ose se mettre lui-même en scène. Sous prétexte de suivre les pas de Yersin dans ses nombreux voyages, il ''invente'' un ''fantôme du futur'' qui hante les lieux où a vécu Yersin, observe et fait même des prédictions sur l'avenir. Nul intérêt dans le procédé, on se doutait bien, à la lecture du livre, que DEVILLE s'était très bien renseigné sur son sujet, les preuves de son travail de documentation sont superfétatoires. Et passons aussi sur le rapprochement Yersin / Rimbaud, difficilement convaincant, les détails sur les inventions en tout genre de l'époque qui viennent se greffer artificiellement au récit et dans lesquels DEVILLE s'égare parfois. Heureusement, son personnage est suffisamment fort pour sauver l'ensemble du naufrage. La vie, riche et captivante, d'Alexandre Yersin méritait bien un livre, dommage que celui-ci pêche par le style...Restent la description d'une époque, la rencontre avec des célébrités du monde de la science et bien sûr la sortie de l'ombre de Yersin.
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Le suisse calviniste Alexandre Yersin arrive à Paris en 1885 pour terminer ses études de médecine. A l'Hôtel Dieu, il fait la rencontre d'un proche collaborateur de Pasteur, Emile Roux, qui lui ouvre les portes de l'Institut où il participe aux séances de vaccination contre la rage. C'est le début d'une collaboration qui conduit à des découvertes essentielles comme celles de la toxine diphtérique ou du bacille de Koch.

Cependant le chercheur n'est pas homme à rester derrière une paillasse, son besoin viscéral de bouger le mène en Indochine qu'il explore et cartographie, devenu médecin des Messageries maritimes puis médecin de santé coloniale. Un pays dont il tombe amoureux où il s'installe après avoir abandonné sa carrière d'explorateur pour se consacrer à l'élevage de chevaux et de bovins pour produire des sérums. Ce n'est que quelques années plus tard, quand l'Institut Pasteur l'envoie en Chine, qu'il fait la découverte majeure du bacille de la peste pour lequel il met au point un vaccin.

Grâce à Patrick Deville j'ai découvert un homme exceptionnel, un scientifique brillant qui n'a jamais cherché les honneurs et a fait progresser les connaissances humaines pour le bien du plus grand nombre, un esprit libre et un aventurier dans son acception la plus positive.
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Une rentrée littéraire où sont parus plus de 600 nouveaux titres, pourtant cette année, très peu ont attiré mon attention. Parmi ceux-là, ce nouvel opus de Patrick Deville, auteur que je ne connaissais pas, rend hommage à un scientifique que la postérité a quelque peu oublié bien que sa contribution à la médecine fut, elle, inoubliable.
C'est donc en me plongeant dans Peste & Choléra que j'ai fait la connaissance de cet homme incroyable, ce touche-à-tout autodidacte à la personnalité bien trempée qu'était Alexandre Yersin.

Je dois bien avouer que j'ai été au départ très mitigée sur cette lecture. le style m'a surprise et de façon assez désagréable : un style haché, des phrases sans verbes. Je m'attendais aussi à une biographie romancée classique avec du romanesque, des dialogues, des sentiments, de la vie quoi ! Mais au lieu de ça, j'avais un récit très factuel, dénué d'émotions. Patrick Deville ne laisse pas la place à l'imagination. Il s'en est tenu à ce qu'il savait de Yersin et n'a pas cherché à broder, à inventer des choses là où il n'y en a pas.

Passé quelques pages, ce style a fini par m'apprivoiser. Toute résistance s'est évanouie et je me suis laissée porter par les mots. J'ai trouvé certains passages d'une incroyable beauté. La description des paysages d'Asie m'ont fait rêver et Patrick Deville a réussi à me faire voyager en peu de mots là où d'autres auraient eu besoin de plusieurs pages.
J'ai eu la surprise aussi de rencontrer quelques lignes pleines d'humour encourageant l'imagination du lecteur à se créer des scènes d'un burlesque qui, pour ma part, m'ont fait éclater de rire.

Finalement, j'ai compris que l'écriture de Patrick Deville reflétait parfaitement bien le personnage d'Alexandre Yersin. Pourquoi faire du romanesque et du sentimental alors que Yersin était un scientifique entièrement dévoué à son travail ignorant les choses du coeur et celles de l'Art ? Yersin ne fait pas dans le sentimentalisme, il ne se sent bien que dans son havre de paix sur la côte indochinoise, loin du monde, loin des gens et loin de « toute cette saleté de la politique ».

J'ai appris énormément de choses grâce à cette lecture et pas uniquement sur son sujet principal. Car Patrick Deville fait revivre aussi toute une époque allant du Second Empire à la Seconde Guerre Mondiale. On en suit et remarque ainsi les bouleversements et l'évolution à travers la construction du récit qui fait alterner plusieurs périodes de la vie de Yersin. D'habitude, ce procédé a tendance à me perturber mais ce ne fut pas le cas cette fois car les chapitres sont courts et donnent du rythme. le lecteur n'a pas le temps d'oublier ce qu'il a lu ni de se perdre.

J'ai donc fini par dévorer ce roman et je l'ai terminé fascinée par ce personnage qu'était Alexandre Yersin. Je suis choquée que le prix Nobel et l'Histoire l'aient ainsi oublié et c'est un bel hommage que lui rend Patrick Deville.
Basé sur la correspondance et les visites de l'auteur à travers le monde sur les traces de son personnage, Peste & Choléra n'est peut-être pas une biographie historique au sens « scientifique » du terme mais un récit qui sonne juste sans anachronismes ni autres écueils que l'on rencontre souvent dans les biographies romancées.
Cela m'encourage à me tourner vers les précédents romans de Patrick Deville ( il y a Equatoria qui me tente beaucoup sur Pierre Savorgnan de Brazza).

Un coup de coeur donc que je recommande chaudement !

Lien : http://booksandfruits.over-b..
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Patrick Deville m'a permis de rencontrer Alexandre Yersin, un personnage singulier, à l'âme vagabonde et curieuse.
Un merveilleux périple, dépaysant à souhait, en compagnie du fantôme du futur, et une plongée aventureuse dans le passé
Une biographie romancée, passionnante, épicée d'humour, teintée d'ironie incisive mais aussi de belles fulgurances poétiques .
Un livre choisi pour enrichir les données sur le Yersinia pestis que je collecte en vue d'une prochain exposition dédiée à La Peste de Camus.
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Ça y est, je suis venue à bout de "Peste et Choléra" : rarement 220 pages m'auront paru aussi longues ! Déroutée par le style dès le début, j'ai poursuivi par curiosité, car la vie d'Alexandre Yersin (1863-1943), scientifique de génie et explorateur visionnaire, surtout célèbre pour avoir découvert et vaincu le bacille de la peste, mérite d'être connue.

De la Suisse au fin fond de l'Asie, dans la retraite de Nha Trang élue par Yersin, en passant par Paris et l'Institut Pasteur, cette aventure humaine et scientifique est passionnante sur le fond. Yersin étant visiblement pointilleux et peu charismatique, l'auteur a choisi une narration farfelue pour contrebalancer le sérieux de son sujet. Et je le reconnais, il y a de jolies formules, de l'humour, mais trop de désinvolture pour me plaire.

Comme j'ai été agacée par les phrases de 4 mots, sans verbe, où le point remplace les pauses dans un langage parlé qui ne recule devant aucun anachronisme ou grossièreté.
Agacée par l'emploi généralisé du "on" (qui serait aussi un tic de Yersin en vietnamien) et le langage par énigme pour qualifier les savants : l'orphelin de Morges, de Confolens, d'Aurillac...
Agacée par ces allers-retours entre trois époques (la jeunesse de Yersin / ses dernières années pendant la deuxième guerre mondiale / notre époque) mais toujours au présent, et par les redites, notamment à propos de Pasteur « l'homme à la redingote noire » et de Joseph Meister, le premier patient qu'il sauva de la rage.
Agacée par les sentencieuses prédictions du « fantôme du futur, l'homme au carnet en peau de taupe » qui, on l'aura compris, n'est autre que Patrick Deville voyageant sur les traces de Yersin pour s'imprégner des lieux où il séjourna. Par exemple : « On ne pouvait encore imaginer, en cette année quatre-vingt-dix, l'explosion, vingt-quatre ans plus tard, d'un conflit qu'on appellerait la Grande Guerre, puis bientôt la Guerre mondiale, et depuis quelques jours la Première Guerre mondiale. On ne pouvait imaginer non plus l'essor de l'aviation. »

Enfin, quelle curieuse distinction que le prix Femina pour une biographie (bien peu) romancée ne comportant aucun personnage féminin à l'exception de quelques "guenons", d'une "jument", et de la discrète évocation de Fanny et Émilie, la mère et la soeur de Yersin, avec qui il entretint une correspondance.

Voici un couac dans le concert de louanges, mais que voulez-vous, par moments je suis une peste !
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