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4,18

sur 559 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Dans une dystopie caniculaire, nataliste et anti-culturelle, enclose dans des frontières punitives et excluantes, chacun et chacune doit contribuer par son travail et sa progéniture. Plusieurs personnes prennent la parole pour parler d'avant, quand le Pacte national n'avait pas été voté. « Personne ne devrait, selon la loi des autres, vivre une vie emmurée. » (p. 57) Rosa, Grâce, Raphaël, Ève et Louise se souviennent soit de cette ancienne communauté indépendante composée de soeurs, soit du temps où l'on pouvait lire ce que l'on voulait, soit de leurs sexualités désormais condamnables. « Mon récit commence comme s'achève mon histoire. C'est celle d'un grand massacre. D'une foule prisonnière, cerclée par la police. » (p. 61) Toutefois, comme dans toute société dysfonctionnelle, la résistance est inévitable : l'humanité n'accepte pas indéfiniment d'être étouffée. « Une main qui se pose sur la peau nue d'un bras, une page que l'on lit, pour soi ou à voix haute, sont les seuls remèdes à notre aliénation. » (p. 168)
Je découvre Wendy Delorme avec ce roman qui ne cache pas les hommages qu'il rend à des monuments de la littérature : La servante écarlate, Fahrenheit 451, Les guérillères et bien d'autres cités en fin d'ouvrage. C'est une lecture forte et militante qui écrit avec intelligence et délicatesse sur l'homosexualité et les identités sexuelles. Je retiens une phrase que je trouve lourde de sens : « Pour se protéger du monde, il faut devenir invisible, transparente. Qui n'a pas de contours ne devient jamais cible. » (p. 27)
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En renouvelant les divers scenarios des romans dystopiques, Wendy Delorme s'inscrit dans la lignée des meilleurs auteurs.
Le contexte de la dystopie est ici écologique : il semblerait que la vie soit quasi impossible au-delà des frontières et les réfugiés climatiques sont refoulés sans ménagement. Un régime totalitaire qui détruit les livres et considère les femmes comme de simples reproductrices : ces injonctions sont classiques dans cette littérature de genre. La poche de résistance qui se met en place... Là aussi, le scénario reste classique.

Mais là où l'auteure invente un nouveau combat éminemment politique, c'est dans cet hymne a la sororite éminemment poétique.
La sensualité de l'écriture de Wendy Delorme inscrit les femmes à la fois dans un univers de guerrières et dans l'humanité des corps. Car elles ont été capables d'inventer une communauté inclusive, en marge d'une société ostracisante.
Certes le paradis est perdu et les guerrières sont à terre, mais l'espoir demeure tant que les minorités sont capables de solidarité.
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Bon, ça commençait mal ! Au début de ce roman, il n'y a pas vraiment d'histoire. On ne comprend pas trop ce qui se passe mais on est plus dans des souvenirs, des ressentis et ce n'est pas accrocheur.

Cependant, à partir du milieu du récit, ça démarre ! J'ai enfin pu m'attacher aux personnages, pu découvrir avec curiosité leur histoire et ce qui va se passer ensuite. Les différents personnages de ce roman choral vont, bien sûr, finir par avoir un destin qui s'entrelace et j'aime toujours beaucoup ces moments.

Mais plus généralement, on découvre comment la société en est arrivée là. Parce que presque avant d'être un récit sur un certain nombre de personnage en rébellion, c'est peut-être finalement plus un récit de ce que pourrait devenir notre monde. La définition d'une dystopie en fait. Et je peux vous dire que les parallèles avec notre réalité, notre vie en 2022, sont nombreux et effrayants !

C'est une ode à la liberté, aux luttes contre les puissants, contre les conventions, une ode à l'amour, le vrai, celui qui fait souffrir. C'est un livre finalement beau et réussi :)
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Dans cette dystopie polyphonique, six voix racontent le passé dans une communauté autonome de soeurs qui vivaient en harmonie avec la nature et le présent dans un régime totalitaire qui oppresse ses citoyens, entre obligation à la reproduction et répression de l'homosexualité, le tout sur fond d'inaction climatique totale. Les frontières sont fermées, les véléités de communauté et de réflexion sont avortées. Bref, toute ressemblance avec nos sociétés occidentales actuelles est strictement exploitée.

Cet excellent roman éco-féministe est à la fois une dénonciation des dérives totalitaires de nos sociétés capitalistes et une ode à la liberté qui mêle des chants, des récits de communion avec la nature et de sexualité lesbienne exprimant un amour pur et bestial.

Un appel à la révolution et surtout à l'ouverture aux livres, la première porte d'entrée vers la liberté !

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Viendra le temps du feu nous plonge dans une société dystopique à bien des égards, en empruntant la forme originale d'un roman chorale.

Sur la forme,

Les chapitres, courts, se succèdent, donnant la voix à Louise, à Raphaël, à Grâce, à Eve, ...et à tant d'autres. Tous tentent de survivre à cette société qui étouffent les libertés, en empruntant divers chemins, dont certains s'entrecroisent.

La forme choisie confère au roman un ton à la fois réaliste et intime.
Réaliste, car les personnages s'épanchent sur leurs drames, leurs peurs, leurs façons de faire face au quotidien – tout cela est très concret.
Intime, car les personnages rédigent leurs textes à la manière dont on se confie à un journal – ce qui renforce l'empathie du lecteur.

Afin d'apprécier cette forme, je préconise des élans de lecture assez longs – qui permettent aisément de jongler entre les personnages, et qui aident à voir une vue d'ensemble. A l'inverse, une lecture, même régulière, mais souvent interrompue, est moins adaptée à ce roman choral, on se perd entre les personnages, on se focalise sur les individualités et on perd de vue le panorama global qui se dessine.

Sur le fond,

Je retiens de ce livre deux grands messages.
Le premier, le plus évident et le plus développé, concerne la dénonciation de la perte des libertés individuelles, sous toutes leurs formes, notamment : la liberté d'aller et venir, la libre disposition de son corps, la liberté sexuelle.
Le deuxième, s'étire plus discrètement en toile de fond, il s'agit du thème de la survie de la planète, de l'écologie. L'individualisme, l'hyper consommation, la pollution, ont conduit à l'épuisement des ressources, l'extinction des espèces, le réchauffement climatique.



En conclusion, un roman détonnant, solidement engagé.
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Viendra le temps du feu est notre futur, d'ailleurs l'autrice se sert de l'actualité pour poser les bases de son Etat totalitaire. Elle évoque, à travers les témoignages, les événements de notre monde réel qui se sont accumulés, et à partir desquels tout a commencé à partir en vrille.
C'est ça le principal point fort du roman : sa ressemblance avec notre monde actuel. C'est ce qui rend le texte si terrifiant. Plusieurs fois les personnages parlent d'ailleurs du passé (notre présent donc) en disant que tout le monde savait qu'on allait dans le mur, mais que personne n'a rien fait. Viendra le temps du feu est donc le mur et l'après-mur, ce qui nous attend.

Le roman décrit à travers les témoignages ce régime totalitaire à travers sa capitale, seul lieu que l'on va parcourir. Nulle mention d'autres villes, d'autres endroits de cet Etat. Cela pourra être un peu frustrant pour certaines personnes. Parce que ça manque de précisions. Mais dans le fond on n'a pas non plus besoin de plus pour se faire une idée de la vie dans cette ville.
Par ailleurs, celle-ci parait encore plus terrifiante par le contraste qu'elle offre avec la sororité en place de l'autre côté de la rive, et dont sont issues plusieurs des femmes qui rapportent leur témoignage. Deux systèmes de valeurs, deux mondes et deux fonctionnements différents, irréconciliables. On fait un va-et-vient constant entre avant et maintenant, la rive opposée et la ville, les femmes de la sororité et le mélange dans la ville.
Viendra le temps du feu montre alors une porte de sortie possible, mais sans le faire de manière manichéenne. Si la représentation des deux clans peut être assez schématique et tracée à gros traits, la vie dans la sororité n'est pas non plus idyllique. Ca ne fait pas rêver non plus. La violence est partout et même là. D'ailleurs, l'évocation a posteriori de cette sororité dont il ne reste que des vestiges en dit long sur la pérennité d'un tel modèle.

Enfin, Viendra le temps du feu est un roman choral, court, divisé en petits chapitres. de ce fait, il se lit très vite. La rapidité est accrue par la diversité des voix narratives et des temps. Les souvenirs s'entremêlent au récit du présent, à l'instantanéité.
Wendy Delorme offre ici un roman intimiste, la voix de corps qui s'expriment. Beaucoup de sensualité se dégage de ce roman, qui offre quelques passages assez crus. A la fois entiers et violents, car rien dans ce monde ne permet à la douceur de se répandre…


Cela aurait pu être vraiment chouette mais j'ai trouvé l'exécution moins parfaite.
D'abord parce que les dernières pages du roman proposent quelque chose de beaucoup plus guerrier, en total contraste avec le roman intimiste qui se dévoile de page en page. Ce que j'ai trouvé assez maladroit, car ce changement de cap et de ton tombe un peu comme un cheveu sur la soupe et est à la fois vite amené et vite torché. La précipitation finale m'a laissée perplexe, complètement à l'écart de ce que proposait le roman jusque-là.

Et ensuite, parce qu'il se dégage par ailleurs du texte une sorte de flou. On ne sait pas trop comment ni par quel biais les personnages s'expriment. Ni à qui. On ne sait pas non plus comment ces textes nous parviennent, comment ni par qui ils ont été assemblés, et dans quel but. L'absence de réponses à ces questions, même pas posées d'ailleurs, a généré chez moi une distance assez importance avec les propos, ce qui m'a empêché de ressentir de plein fouet les émotions partagées.

Enfin, j'ai trouvé que l'aspect choral était un peu loupé.
Parce que finalement, il n'y a pas vraiment de choeur. Plusieurs personnes racontent, écrivent et parlent, mais je n'ai pas ressenti non plus d'individualité particulière. Hormis lorsque « l'enfant » parle, chaque personnage est semblable à un autre.
C'est d'autant plus marquant que si la forme des témoignages diffère peu, le fond est également redondant. Les récits se ressemblent beaucoup.
Il n'y a pas vraiment de voix qui se détache des autres. On retrouve partout la même prose douce et poétique, qui relate l'horreur vécue. C'est certes beau à lire, mais je n'entends pas de choeur. Juste une voix; belle mais monocorde.
Mais cela pourrait être fait exprès, pour insister sur le poids du collectif plutôt que sur l'individu seul. En somme, un récit qui souhaite davantage mettre l'accent sur le groupe sororal, comme la voix unique de toutes ces femmes qui ont été meurtries de manière similaire par l'Etat totalitaire en place. Une manière de faire corps, de faire front uni. Quelque chose comme « nous sommes plusieurs, mais nous ne faisons qu'une ».
C'est d'autant plus pertinent que le roman n'est vraiment pas dans le détail des individus. Viendra le temps du feu peut alors se lire comme le schéma d'un système en place, qui regroupe ses différents acteurs à leurs fonctions actantielles. Ce faisant, même si cela peut sembler manquer de nuance et de finesse, le poids et la voix de chaque groupe est amplifiée, et le message du roman est limpide.
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Les dystopies me plongent toujours dans un certain malaise nauséeux car elles viennent cibler un avenir possible souvent glauque ,même s'il est parfois très lointain.
Et ce roman n'échappe pas à la règle,les projections résonnant particulièrement avec notre actualité climatique, démographique,et celles concernant les ressources de la planète.
Il n'en demeure pas moins que ce roman est fort bien construit,laissant la parole aux survivantes d'une ancienne société qui luttent et cherchent un sens à leur vie dans ce nouveau monde.
Beaucoup de thèmes sont abordés,celui de la place de la femme est particulièrement bien traité, celui de la privation de liberté dans une société menacée d'extinction vient nous questionner à bonne escient.Enfin la représentation des frontières est omniprésente dans tout le roman avec ce qu'elle suggère de séparation des autres pour maintenir ses privilèges.
J'ai traversé ce malaise indéfinissable avec cette dystopie mais je recommande ce livre !
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Bonjour, aujour'hui un énorme coup de coeur pour le nouveau roman de Wendy Delorme " Viendra le temps". Ce roman dystopique puissant parle d'émancipation des corps, de sororité et de la lutte contre toute forme de totaltarisme et cela à travers les destins croisés des différents personnages. Roman choral "Viendra le temps du feu" est aussi une magnifique déclaration d'amour à la littérature et son "pouvoir" émancipateur et fait étrangement écho à ce que nous vivons de nos jours.
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Je m'étais procuré Viendra le temps du feu car il faisait partie de mes recommandations de l'année dernière. Je ne l'ai pas lu dans les temps mais j'étais quand même curieuse de découvrir ce roman réputé de Wendy Delorme, une dystopie éco-féministe. Qu'en ai-je pensé ?

Viendra le temps du feu est une dystopie qui donne la parole à de multiples personnages. Dans un futur proche, très proche du nôtre, une société est devenue obsédée de la sécurité et des naissances. Six narrateurs dévoilent l'histoire d'une communauté autonome de soeurs vivant en symbiose avec la nature dans le passé, tandis qu'au présent, elles font face à un régime totalitaire oppressant, imposant des contraintes à la reproduction et réprimant l'homosexualité. le contexte est marqué par une inaction complète face aux défis climatiques. Les frontières sont closes, et les aspirations à la communauté et à la réflexion sont étouffées. En somme, toute similitude avec nos sociétés occidentales contemporaines est délibérément soulignée.

Le point fort du roman est dans sa similarité avec le monde actuel. On nous parle de réarmement démographique, on se replie sur soi… Cette dernière apparaît d'autant plus effrayante en raison du contraste saisissant qu'elle forme avec la sororité florissante de l'autre côté de la rive, dont plusieurs femmes témoignent et sont originaires. Deux systèmes de valeurs, deux univers, et deux modes de fonctionnement se côtoient, accentuant la divergence entre les deux réalités. Un système oppressif qui ne peut que donner naissance à des résistances, composées de personnes hors système.

Le fond a tendance à prendre le pas sur la forme. Si j'apprécie habituellement l'aspect choral d'un récit, ici le style entre chaque voix est trop similaire pour être réellement distinct. On ne croit pas vraiment au fait que plusieurs personnes prennent la parole, ce qui nuit à l'immersion. le style est par ailleurs beau, précis et poétique. Seules les parties narrées par L'enfant prennent un peu de relief. D'autres éléments manquent un peu de nuance. L'État est décrit comme une masse informe qui prive les gens d'individualité, mais je n'ai pas saisi qui était l'ennemi tant le récit reste imprécis. Cela m'a donné l'impression d'une vision très manichéenne des choses.

Mais cette imprécision donne un côté fable qui ne manque pas d'intérêt quand on construit une dystopie qui se veut avant tout critique. Ceci dit, le roman a le courage d'aborder des sujets d'actualité, comme la question de l'homosexualité ou de la transidentité. Ces parties sont plutôt bien amenées. En parallèle, les motivations de certains personnages sont restées obscures, notamment Louise, à laquelle je ne me suis nullement attachée tant j'avais du mal à comprendre certaines de ses décisions.

Si le roman m'a globalement intéressé, je suis cependant beaucoup plus partagée que d'autres lecteurs. L'aspect dystopique cible avec lucidité certains travers de notre société, comme l'obsession pour la démographie et le contrôle du corps des femmes. L'écriture de Wendy Delorme est poétique mais manque de variété pour un roman choral, ce qui nuit à l'immersion globale et donne l'impression que l'aspect militant manque de nuance et prend le pas sur le roman. Pourtant, c'est une lecture qui est loin d'être privées d'attraits, car j'ai apprécié le discours avant-gardiste.

Lien : https://lageekosophe.com/202..
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La dystopie, ça me flanque le cafard, une roulette russe où l'abattement se loge dans le barillet. Tu y greffes du féminisme et là, d'un bloc, ça te pond Viendra le temps du feu.
Si j'étais assez douée pour écrire autre chose que des critiques, c'est au grand jamais que je me lancerais dans la dystopie. N'est-ce pas que la dystopie est exigeante ? Une forme de vérité des choses dramatisée au futur. Elle engage le lecteur sur un terrain politique, d'un éveil à la vigilance. Et puis on n'imagine pas un récit conçu à la va-vite, entrecoupé astucieusement de séances vidéo YouTube au mordant complotiste.

Puis fatalement vient le temps des comparaisons. Car s'il existe un genre aux gros cuissots, sorte de bordel encombrant qui fait flipper quand on veut se lancer au feeling, c'est bien celui-là. Tiens, par exemple, 1984, le meilleur des mondes, Fahrenheit 491 ou The Handmade's Tale, ça pleut dur, jusqu'ici certains ont bricolé plus que sérieusement.

Alors quid de notre bouquin ? Je ne suis pas une toquée de récit futuriste, d'un rétro post-apocalyptique piqué de technologies qui nous branlent tour à tour les neurones ou nous les lobotomisent.

À mon soulagement, le livre en est exempt. Ceinturé d'amulettes pour mieux asservir son peuple, l'impénétrable État balance ici un peu de tout en termes de mesures coercitives. L'épouvantail ultime, c'est le dehors, sorte de sombre far west où l'eau se fait rare, le sol infertile, en gros, tout est clamsé dans les terres inhospitalières.

Et c'est forcé, la liberté trinque, scalpée par un régime despotique sans visage. Alors on instruit aux têtes blondes une parfaite docilité d'esprit et de corps, l'épuration du langage en étant une facette, et on encourage la surveillance de ses pairs. Les classiques du genre sont bien là dans un pays qui ségrège la population, amas mou traversé d'une forme de renoncement neurasthénique.

Les femmes, sans surprise, sont les premières à dérouiller se dandinant tout contre la Père-patrie. Sur fond d'obligeances patriarcales, les nénettes suent, bassinées par un catéchisme nataliste où l'empowerment féminin prend un billet aller simple pour les chiottes, complété par un nationalisme bien trempé. Ainsi on ferme les portes, rien ne doit passer, l'étranger, ça dégage.

Aussi les LGBTQIA+ prennent leur mandale, c'est comme dans les fratries, pas de favoritisme, la distribution des dérouillées, c'est pour tout le monde. Il faut que ça file droit et en ligne droite, le contrat hétéronormatif ou rien. N'escomptez pas vous fendre la poire, la plume est de circonstance, aride et froide, l'ensemble roulé dans de courts chapitres extrêmement cadencés.

Dans le même temps, car on ne saurait imaginer une dystopie sans des lueurs d'espoir, des formes embryonnaires de résistance s'organisent. J'ai bien apprécié cette communauté de femmes, braves tailleuses de pierre se méfiant des hommes. Loin de lancer des confettis, Wendy Delorme dresse un portrait attachant d'amitiés et d'amours au féminin, de deuils douloureux, d'abandons à peine digérés, de vies de labeur où les corps se déploient dans leur pleine force physique, qualité trop souvent découplée du corps féminin.

J'ai aimé cette sororité aguerrie faite de rocs et de pieux, loin de la figure maintes fois singée de la féministe, celle de l'hystérique aux aisselles poilues, de sa voix de crécelle venant agacer les tympans fragiles de ces messieurs. Un bon bouquin à offrir à votre pote progressiste.

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