[ Dans le métro] Il faut choper le bras du type et crier « à qui c’est cette main? ». Rita mime, bras levé. Sa main manucurée revendique. Et son beau visage marqué d’une acné ancienne, pas soignée, mal cicatrisée, semble s’ouvrir sur le visage rond, lisse, triste, d’une fillette qui n’a pas crié autrefois.
L’inconvénient du permis en accéléré, c’est qu’on a les bases, mais pas les créneaux.
Parfois Rose aperçoit l’enfant d’en face. Thierry. La mère de Solange le met à sécher. Droit et raide, sous le soleil qui peine à le colorer.
Candanchú vient de s’équiper de canons à neige: le paysage vert semble corrigé au Tipp-Ex.
Rose console Christian, qui préférerait être viril plutôt que consolé.
Tout le village est d’accord que les filles ont besoin de la force des garçons. On pourrait même dire que tout le village est bâti autour de ça.
Solange a cet air d’ennui et de pleine forme de volaille élevée en liberté, heureuse d’être paparazzée pendant sa digestion (…).
Pourtant, du vilain petit canard du village à cette poule hollywoodienne, la métamorphose laisse toujours Rose médusée.
Quand au père de Rose, il a disparu des radars. C'est-à-dire qu'il n'est pas mort, mais il semble captif de cette zone où se perdent les pères, ce triangle des Bermudes de leur milieu de vie, entre leur boulot, leur meilleur pote, et une ou des femmes quelque part.
La station passe en oscillant. Les sapins noirs, l'herbe verte, les rochers gris, le ciel bleu. Les Vuarnet métallisent les cimes en doré. Oxygène nuancé de gasoil. Un long sentier de traces, lièvre ou renard, suit le télésiège, petits mammifères dopés eux aussi par la chaleur, le bruit, et les miettes de barres énergétiques.