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sur 2482 notes
°°° Rentrée littéraire 2019 #1 °°°

Le voilà, mon premier coup de coeur de la rentrée littéraire, de la trempe d'un Né d'aucune de femme de Franck Bouysse.

L'histoire d'une lignée de femmes ( la grand-mère et la petite-fille ) qui renoncent à leur vie pour une terre, celle de la ferme du Paradis, comme une malédiction. Quasiment une tragédie grecque, presque un conte intemporel sous forme d'un huis clos au Paradis. La tension gonfle, l'angoisse sourde monte. Il est difficile de savoir quelle forme le Mal prendra, mais on sent une sorte de fatalité implacable qui va le faire surgir.

Chaque chapitre porte le nom d'un verbe «  Faire mal », « protéger », « construire », «  surmonter », «  grandir » ... «  venger », « surgir », « mordre », «  vivre » ... ils remontent des tréfonds des âmes pour parler de liberté, de fatalité, de renoncements, de passions, de trahisons, de vengeance dans un mouvement organique d'une rare densité.

Il y a beaucoup de chair dans ces pages, celles des corps qui s'aiment, celles des êtres qui souffrent. Les personnages de Cécile Coulon sont remarquablement caractérisés, d'une terrible humanité, psychologiquement intenses. Leurs tourments et leurs excès s'entrechoquent :

- la vieille Emilienne, la matriarche qui tient ferme l'exploitation agricole, elle dont le corps était celui « d'une ogresse affamée, d'une rudesse et d'une solidité à toute épreuve, capable de douceur comme de violence, capable de caresse comme de gifle, et tous autour d'elle s'appuyaient sur ce corps pour rester debout »

- Blanche, « depuis la mort de ses parents, elle restait aux yeux des autres une enfant seule que l'absence avait frappée au moment des naïvetés normales et nécessaires. Ce chaos avait fait de Blanche une guerrière de cinq ans ». Elle qui lorsqu'elle aime, c'est à la vie à la mort, pour toujours, droite dans son amour. Une héroïne absolue.

- Louis, le commis d'Emilienne, qui aime passionnément Blanche alors que pour cette dernière, « il n'avait aucun charme, aucun pouvoir érotique, il occupait la place d'un animal domestique, intelligent et docile. »

- Alexandre, le premier amour de Blanche, qui rapidement comprit que «  ses parents redeviendraient vite des gens dont on ne retient pas le nom, des gens qu'on appelle ceux qui ont la petite maison oui mais laquelle, la troisième avec le pré derrière, mais le pré n'est pas à eux, c'est tout de même dommage », celui qui construit son ambition de s'extraire de ce milieu dès l'enfance.

- Gabriel, le frère de Blanche, hanté par la tristesse, «  aussi frêle dans sa peau que gigantesque dans son chagrin » avançant sur le bas côté dans l'ombre de sa soeur et de sa grand-mère.

Tous inoubliables. Cécile Coulon veut que le lecteur ressente des choses pour eux, soit habité par eux. Et cela fonctionne parfaitement car cette très jeune auteure ( 29 ans seulement ) déploie une virtuosité narrative rare avec une écriture qui m'a râpé la couenne au plus profond et a fait vibrer chacune de mes cellules. Je me suis délectée de ses mots si bien lâchés, entre poésie et rudesse, violence tapie et lyrisme. C'est exactement ce que je recherche lorsque je lis, de l'organique, du tellurique, du vital. On sent à quel point l'auteure doit aimer Steinbeck, Faulkner, Tennessee Williams.

Cécile Coulon a dit qu'avec ce roman elle voulait arrêter d'être l'auteur très sage qu'elle est depuis 12 ans. Elle y est parvenue tant ce roman est plus noir, plus violent, plus sexuel aussi que ces précédents romans.

Un roman empli d'un souffle puissant, profond, hypnotique, à l'empreinte singulière.

Disponible à partir du 21 août
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Cécile Coulon n'a pas peur de trancher dans le vif et dans le lard. Son écriture est parfois sobre souvent vive toujours directe.
Dès les premières pages on devine un drame.
Le livre débute par une scène d'amour entremêlée avec une scène de tue-cochon. L'odeur de la peau, de la sueur, la confusion des premières fois se mêlent à l'odeur du sang et des cris de l'animal. Mauvais présage.
Malaise du lecteur qui d'emblée plonge dans une atmosphère fiévreuse à la fois empreinte de sensualité et de brutalité.
Blanche et son frère Gabriel perdent leurs parents très jeunes et sont recueillis par leur grand-mère Émilienne dans la grande ferme familiale « Paradis ». Les rejoindra le commis Louis secrètement amoureux de Blanche.
Solide et courageuse Blanche est perçue comme une guerrière le travail à la ferme et sa terre deviennent son tout.
Elle voue un attachement profond à ce domaine avec lequel elle fusionne et sur lequel elle veille viscéralement.
Puis vient la rencontre avec Alexandre entre eux, l'attirance est fatale, leur relation débute par une alliance avant de devenir passion amoureuse.
Ambitieux, promis à un bel avenir il décide de quitter cette vie étroite et abandonne Blanche.
Comment faire le deuil d'un « amour vivant »? Voie sans issue. Début de la transformation.
Cet abandon déclenche un désespoir et une rage incontrôlables. Blanche devient une ombre « elle se déplace dans sa vie comme un fantôme dans une forteresse ».
La bête, c'est elle.
Dévastée par le chagrin elle perd pied, devient fuyante et silencieuse. Inconsolable elle tente pourtant de reprendre le contrôle de son corps disloqué et est en proie à des réactions extrêmes.
Le Paradis devient un tombeau dans lequel on côtoie « plus de fantômes que de vivants ».
Le retour brutal d'Alexandre quelques années plus tard et son comportement vont relancer un rouage temporairement désactivé et conduire à la mise en place d'une mécanique implacable.
Dans cette histoire la trahison, la manipulation et le désir de vengeance réveillent une animalité chez Blanche, pourtant non dénuée d'humanité, et donne une tonalité intéressante au récit.
Un bon moment de lecture.



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Ne pas se fier au panneau à l'entrée du chemin qui dit : Bienvenue au Paradis. Car il a tout l'air d'un enfer ce paradis là, où Emilienne élève comme elle peut les deux enfants de sa fille, décédée avec son époux dans un accident de voiture, à quelques centaines de mètres de la ferme. Elle-même veuve, elle accepte de bonne grâce l'offre spontanée de Louis : tout le monde y trouve son compte. Emilienne profite d'une aide précieuse pour cette lourde tâche qu'est le travail dans une ferme à l'ancienne et Louis est à l'abri de la violence de son père. C'est aussi pour les deux enfants un repère stable dans l'univers chaotique des deux orphelins.

Le temps passe et les enfants grandissent. Blanche ne résiste pas au charme d'Alexandre, le beau garçon ambitieux que toutes les filles convoitent. Et cela est loin de plaire à Louis…

Dans ce roman aux allures de fable, les femmes sont fortes et indépendantes, affirmées dans leurs choix et leurs passions. Et au contraire l'image de l'homme est associée à la violence ou à la vénalité. Pas de cadeau pour la gente masculine.

Le cadre de la ferme avant que l'on parle d'exploitation agricole est bien représenté, avec ses rites immuables, comme la fête autour de l'abattage d'un cochon, ou les routines du soin aux animaux.

C'est avec une plume claire, solide, que Cécile Coulon narre cette histoire de drames et de passions, au coeur d'un décor suranné mais fondateur.

Qui est la bête dans l'histoire? Au lecteur d'en tirer des conclusions
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Blanche et Gabriel ne sont encore que deux enfants quand leurs parents décèdent d'un accident de voiture, confiés à la grand-mère, à la ferme du Paradis. Blanche, car c'est surtout elle qu'on suit ici vouera un amour obsessionnel et fou pour cette ferme qui la verra grandir.

Coupée quasiment du monde, Blanche ne sera qu'une pauvre orpheline, pantin de terres qui font surgir la sueur sur les fronts, la petitesse agricole d'un monde fermé sur lui-même.
Blanche s'amourache très jeune d'Alexandre qui de son côté nourrit d'autres obsessions que des terres agricoles, au grand damne de la jeune fille.

Un roman de la terre, des bêtes qu'on égorge a sang, qu'on entend hurler pendant qu'Alexandre et Blanche font l'amour, des cochons qu'on affame pour aiguiser la vengeance, une grand-mère qui trucide les poules pour apprendre le respect à sa petite fille. Bref, les animaux dans Une bête au paradis sont de pauvres créatures utilisées par l'auteure pour refléter les facettes de cette humanité mise à mal.

Si on parvient à percevoir ces subtilités métaphoriques, le roman est plutôt intéressant mais si on s'arrête à cette réalité archaïque du monde agricole, la lecture devient pénible.

C'est un roman qui ne m'aura pas touchée ni retenu mon attention au-delà d'une plume agréable et recherchée. L'atmosphère est sombre, les personnages m'ont semblé creux et insipides, et cette ferme au paradis qui semble patauger dans l'ombre, en enfer, sans la consistance d'un décor ancré, foisonnant d'émotions, de psychologie, et ce manque d'amour pour ces terres, ce chien sans nom, ces animaux qui croupissent dans un bouillon.

Pas convaincue.
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Un roman prenant et magnifique qui hante quelque temps, après sa lecture!
Dès les premières lignes, description est faite de ce qu'est ce Paradis : une ferme isolée au bout d'une route sinueuse, une cour avec au centre un arbre centenaire, des dépendances et une fosse à cochons.
Blanche, 80 ans se souvient.
Émilienne, la grand-mère est la gardienne du Paradis. À la mort de sa fille Marianne et de son gendre Étienne tués dans un accident de voiture, elle élèvera ses deux petits-enfants Blanche et Gabriel.
Louis, un adolescent qu'elle sauvera de la violence de son père viendra vivre à la ferme et lui sera totalement dévoué sans pour autant faire partie de la famille.
Puis, il y aura Alexandre, le bel Alexandre, doux séduisant mais ambitieux qui répugne à vivre la vie simple et résignée de ses parents. Ce sera l'amour de Blanche, le grand amour.
Cécile Coulon raconte une vie à la campagne avec le dur labeur que cela représente, l'isolement souvent, cet attachement à la terre qui fait oublier les peines, les fatigues mais aussi le plaisir et la joie de vivre dans un environnement unique. Malgré tout, c'est un investissement de chaque instant où il ya peu de place pour la vie personnelle. Cette vie rurale n'a pas été sans me rappeler le roman "Joseph" de Marie-Hélène Lafon
Ce qui est le plus remarquable c'est la façon dont elle dépeint chaque personnage. Ses portraits tant physiques que psychologiques sont particulièrement beaux, frappants et d'une étonnante justesse. C'est un roman qui se déroule en crescendo. Comment l'amour peut conduire jusqu'à la folie !. Dès le début, une once d'inquiètude, d'angoisse est latente sans qu'on puisse la définir. Bien vite, nous allons comprendre que cet amour entre Blanche et Alexandre pourrait devenir tragique. Car, si Blanche est folle d'amour pour Alexandre, elle l'est également pour sa terre.
Les sentiments qui vont animer tous les personnages de ce roman, l'amour, la passion, la jalousie, l'ambition, la haine, la trahison, le renoncement, la vengeance sont restitués avec une maîtrise parfaite.
Les titres des chapitres : Faire mal, Protéger, Construire, Surmonter, Grandir, Tuer, Naître... sont autant de verbes qui nous font monter en tension, et donnent un rythme haletant à ce roman.
Bien que connaissant avant de le lire, la trame du livre, j'ai été captivée de bout en bout par cette intrigue, et suis restée admirative devant cette écriture concise, précise, colorée, fluide et avant tout plaisante. Une bête au Paradis est une sublime tragédie, un roman sur la vie à la campagne, noir, mais éblouissant !

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Bouleversant, émouvant, après avoir été attendrissant et m'avoir laissé beaucoup d'espérances, Une bête au Paradis, de Cécile Coulon - auteure découverte et appréciée avec Trois saisons d'orage puis rencontrée aux Correspondances de Manosque 2019 – m'a fait passer par tous les sentiments.
Ce roman tellement bien écrit m'a plongé en pleine campagne, dans cette ferme appelée le Paradis, à une époque non précisée que je situerais dans les années 1960. Comme cela arrive assez fréquemment, les premières pages sont prémonitoires mais comment s'y arrêter et même s'en souvenir lorsque, comme beaucoup de lecteurs, je suis impatient de plonger dans l'histoire ?
Cette famille Émard a été frappée par un terrible drame. Émilienne, la grand-mère, s'est retrouvée seule pour élever Blanche et Gabriel, orphelins, leurs parents s'étant tués en voiture, tout près de la ferme.
Après le texte introductif, débute une série de chapitres tous intitulés par un verbe laissant supposer ce qui va se passer mais sans rien révéler. Faire mal est le premier. Sans détour, Cécile Coulon présente ses deux héros, Blanche et Alexandre, à peine sortis de l'adolescence. Ils font l'amour pour la première fois dans la chambre de la jeune fille pendant que le cochon tué par Louis, le commis, hurle à la mort. Odeur de sang, atmosphère de drame, je sens bien que rien ne va se passer normalement dans cette histoire.
Si les personnages vieillissent, quelques retours dans le passé éclairent l'histoire de cette famille qui a recueilli Louis, jeune garçon violenté par son père. Dévoué corps et âme aux travaux et à l'entretien du Paradis, malgré une dizaine d'années de plus, il aime et désire Blanche qui le repousse.
Finalement, tout le drame est là car la jeune fille tombe raide dingue amoureuse d'Alexandre, un camarade d'école, beau garçon à défaut d'être brillant scolairement. D'ailleurs, elle l'aide à réussir ensuite au lycée puis…
Tout se joue dans ce Paradis, sorte de ferme idéale du temps passé où le modernisme agricole outrancier d'aujourd'hui ne semble pas s'être imposé encore même s'il est fait allusion à la concurrence et aux premiers suicides d'agriculteurs. L'auteure ne parle ni machines géantes, ni pesticides, ni engrais chimiques… Malgré tout, cette bête au Paradis est déjà confrontée à l'appétit de promoteurs voulant étaler villes et villages, construire, goudronner, bétonner les meilleures terres permettant de nous nourrir mais c'est un autre débat.
Je vous laisse découvrir, savourer, détester peut-être cette histoire peu ordinaire et très prenante qui confirme un peu plus le talent de Cécile Coulon.

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Je ressors toute déboussolée , chamboulée de cette histoire. L'auteure nous plonge dans un monde sombre oppressant , suffocant , laissant traverser une petite pointe rayonnante de lumière . Un huit clos, qui tourne autour d' Émilienne , la patriarche, qui fait régner l'ordre, tout doit fonctionner comme elle le souhaite, ange et démon, font partie intégrante de son être. Elle prend en charge , ses deux petits enfants Blanche et Gabriel, qui deviennent orphelins de père et mère , suite à un accident de voiture. Louis , enfant battu, va trouver le courage de partir et se réfugier chez Émilienne, ce dernier lui rendait quelques services. Il devient apprenti , il s'occupe des travaux d'un parfait fermier. Ces personnes vivent dans une propriété nommée "Paradis", Les années passent , Blanche devient une jeune fille attirante et tombe dans les bras d'Alexandre, son premier amour, amour avec un grand A, qui va vriller lorsque ce dernier lui annonce son départ pour ses études, une sorte de mélancolie va l'envahir . Va t'-elle réussir a reprendre les commandes de sa vie. Louis voue une soif de vengeance , de haine envers Alexandre, Lui qui rêve depuis des années former un couple avec Blanche, Ce roman est un véritable petit bijou, les chapitres courts donnent une sensation d'électrochoc. Une sensation intense se dégage de ce récit, L'auteure utilise des mots forts, elle les place avec une grande dextérité, là ou il faut quand il le faut . Elle travaille la psychologie des personnages avec minutie, dégageant ce sentiment d'empathie ,et un sentiment de révolte envers Alexandre Elle a l'art et la manière de nous enrober dans son monde, nous sommes hypnotisés , envoûtes, un ressenti de faire partie des membres de cette famille , avec leurs maux et leurs joies.
La plume de l'auteure est percutante, visuelle, subtile, saupoudrée d'un brin de sensibilité. Une lecture totalement addictive, captivante ,je viens de me prendre une véritable claque , j'en reste bouche bée . le titre du roman, résume à merveille le contenu de l'histoire.
deuxième roman de l'auteure, deuxième coup de coeur,
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Au Paradis, Émilienne élève seule ses deux petits-enfants, Blanche et Gabriel, depuis qu'un triste et fatal accident de voiture coûta la vie de leurs parents, à quelques centaines de mètres de la ferme. Elle eut très vite besoin de quelqu'un pour l'épauler. Pas pour les enfants, mais pour tout le reste. Aussi, lorsque Louis vint lui proposer son aide, elle accepta. le jeune garçon se démena et s'épuisa au Paradis. Mais lorsqu'un soir, il vint se réfugier un soir chez elle pour échapper aux coups violents et incessants de son père, il n'en repartit plus. La petite Blanche grandit sous l'oeil amoureux du commis. Aussi, lorsque cette dernière tomba amoureuse d'Alexandre, le plus beau garçon du village, il n'en fut que plus jaloux. Mais, Blanche aime son Paradis, sa terre, ses animaux, tandis que le jeune Alexandre rêve d'un ailleurs, de réussite et d'argent...

Le Paradis, ses terres qu'on exploite, ses animaux que l'on soigne ou que l'on égorge et ses deux femmes, Émilienne et Blanche. Deux femmes de la terre, robustes, qui ne quitteront cet endroit pour rien au monde malgré les drames et les souffrances. Même l'amour ne semble pas y avoir sa place... Une bête au Paradis est un roman sombre, une véritable tragédie, un huis clos à l'atmosphère chargée et lourde et un drame que l'on pressent. Cécile Coulon dépeint, avec ferveur et densité, deux portraits de femmes puissantes, volontaires et entières, sculptées à la glaise. Autour d'elles, Gabriel, ange déchu bien trop tôt blessé ; Louis, le commis dévoué qui cherche une famille et Alexandre qui se veut un avenir hors de ces terres. L'auteure en saisit toutes les émotions, toutes les blessures et tous les ressentiments. Elle dépeint également deux mondes parfois inconciliables, celui de la terre et celui de la ville. le rythme soutenu servi par une plume d'une grande richesse donne à ce roman une dimension à la fois poétique, intense et rugueuse.
Tragiquement beau...
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Après la mort accidentelle de leurs parents pendant leur tendre enfance, Blanche et Gabriel ont été élevés par leur grand-mère Emilienne à la ferme du Paradis, où la vie n'aurait pu continuer sans Louis, commis dévoué corps et âme à la famille. A la sortie de l'adolescence, Blanche, indifférente aux sentiments de Louis, s'éprend du jeune Alexandre, qui ne tarde pas à lui préférer la vie de la ville où il compte bien réaliser ses ambitions.


Puisant au tréfonds de personnages façonnés avec une grande acuité psychologique, l'auteur nous livre un drame passionnel intense, qui voit sa violence décuplée par une atteinte à ce qu'ils ont de plus viscéral : l'attachement à la terre.


Le récit, qu'on pressent d'emblée dramatique, enveloppe peu à peu le lecteur dans une ambiance âpre et noire, où les fulgurances du bonheur ne rendent la tragédie que plus cruelle. Tout contribue à la puissance de cette histoire pourtant simple, mais développée avec une force et une profondeur hypnotiques : le scenario implacable et tragique, les personnages si humains dans leurs déchirements et leurs excès, l'atmosphère tellement prégnante et électrique qu'elle vous prend aux tripes, l'écriture sobre et précise qui excelle à faire sentir la tendresse sous la rudesse, la fragilité sous le courage et la détermination, le désespoir derrière la violence et la folie.


Une bête au paradis est de ces lectures qui vous marquent, vous imprègnent et vous submergent, de celles qui se lisent en un souffle et vous font guetter le prochain roman de l'auteur avec impatience. Coup de coeur.

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A la ferme du Paradis, hommes et bêtes ne sont pas à la fête. A force de malheurs et de travail au service des animaux, esprits et corps ont perdu leur humanité, se sont fondus avec la terre. A commencer par ceux d'Emilienne et de Blanche, sa petite-fille. Blanche l'orpheline qui après avoir aimé Alexandre « avec ses grandes idées, ses grands rêves et ses tout petits mots » a été trahie par lui et se venge comme un animal blessé.

La vision du monde rural de Cécile Coulon semble être celle d'une citadine très éloignée du monde qu'elle décrit. Les fermiers sont réduits à des humains sans âme dont les animaux, vaches, cochons et poules, sont les victimes. Quel éleveur affame ses cochons, se complaît à plonger les mains dans le sang des bêtes qu'il abat par nécessité, ou tue une de ses poules pour donner une leçon à une enfant ? de même, on imagine difficilement une jeune fermière qui se venge de la manière de Blanche. Dommage, car on sent qu'il n'en faudrait pas beaucoup à Cécile Coulon pour nous emporter. Comme un peu moins de phrases creuses et un peu plus d'authenticité. Mais ce n'est que mon avis, celui d'une citadine qui n'aime pas trop les romans du terroir, d'autres ont beaucoup aimé.

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