On a certainement tous eu, au retour de voyages à l'étranger, la crainte de perdre rapidement souvenirs, anecdotes, impressions, sensations. Ce sentiment est sans doute exacerbé quant il s'agît de voyages lointains, longtemps espérés et rêvés, et dans des pays pour lesquels l'occasion d'y retourner relève de l'improbable. C'est ainsi que, de retour de son voyage au Japon,
Aurélie Conti a ressenti le besoin de rassembler ses notes, notes qui se sont transformées en récit.
Pour ceux qui, comme moi, auront la chance de tomber par hasard sur ce récit dans les rayons d'une librairie (elles sont visiblement peu nombreuses à proposer cet ouvrage),
Une nuit au Mont Fuji constitue le recueil de sensations (bien plus que de souvenirs) à l'issue du périple solitaire de la jeune femme à travers le Japon : de Tokyo à Kamakura, d'Osaka à Kyoto, d'Hakone à Nara. Mais surtout son expérience de l'ascension du Mont Fuji, ascension qui fait à elle seule l'objet de la deuxième partie de son récit, véritable temps fort et charnière du livre.
Cette deuxième partie est immanquablement la plus personnelle et la plus détaillée du récit, l'ascension du mont Fuji étant le véritable objectif idéalisé de ce voyage, pour cette jeune femme peu préparée physiquement (de son propre aveu) à une telle ascension. Or, ce chapitre-charnière est de fait, et paradoxalement, une tranche à part dans le recueil qui ne devrait enthousiasmer pleinement que les lecteurs aux objectifs similaires ou férus de randonnées à l'étranger. A l'inverse, le reste du récit entrera indéniablement en résonance avec tout lecteur rêvant de voyager au Japon sans pour autant intégrer à leur programme le Mont Fuji, encore moins l'ascension de ce dernier. Ces lecteurs seront certainement les plus nombreux tant la fascination de ce pays pour les occidentaux étant grande (cela a été mon cas jusqu'à ce que l'occasion se présente, un peu par hasard, d'y passer quelques jours). le récit est alors pour tous ceux-ci.
Loin d'être un guide touristique romancé ou un tripadvisor sur papier,
Une nuit au mont Fuji saute rapidement d'une sensation à l'autre comme le regard ébahi du voyageur au Japon saute d'un détail à l'autre. Il en résulte une écriture légère, flottante, aérienne, voire poétique. Les détails, les descriptions précises importent peu, au profit d'un sentiment de flottement, de rêve éveillé et de la succession de réflexions pour cette voyageuse solitaire.
Un joli récit à lire tout en rêvant de partir… et à relire au retour.