La philosophie n'est pas ma matière de prédilection, mais bon le billet de Patsales ( copine babeliote 😊) et le sujet « la maison » qui me tient à coeur, ont suscité ma curiosité. C'est un philosophe italien installé et enseignant à Paris qui nous en donne une perspective qui au départ semble intéressante par ces temps de Pandémie, où depuis deux ans nous sommes quasi en permanence assignés à domicile.
Il part du fait que la philosophie depuis sa naissance, a toujours privilégié la ville comme lieu d'habitation. Or dit-il, les seuls vrais habitants d'une ville sont les sans-toits , les clochards. le reste habite des maisons, des appartements, des studios, des cabanes….D'où cette incursion dans l'habitacle privé, qu'il isole de son contexte , l'endroit, la ville où il se trouve. Il ajoute, « Une maison est la domestication du monde pour le changer en un habit, un costume qui nous adhère parfaitement jusqu'à se confondre avec notre anatomie, notre imagination » , or nous l'avons négligée au point de le reléguer au résidu de notre vie, celle qui restait une fois le spectacle à l'extérieur terminé, celle qui pourtant renferme tout ce que nous ne pouvons partager avec les autres. À travers la maison on continue à créer notre intimité celle commencée à la naissance avec notre première respiration pour être vivant, s'approprier la vie, s'y trouver une place. Et c'est suite à ses nombreux déménagements qu'il a conclu que « la maison » correspond à « faire maison », (« Il trasloco dimostra questo: non esistono case, esiste solo il far casa. »), une drôle d'expression 😊!
Pour ce philosophe considéré comme « un dandy de l'écologie, un ovni de la philosophie », après 30 déménagements, paradoxalement, tout l'univers est maison. Une conception vaste où il inclue, jardins, vêtements, forêts….Oui la maison est un univers que l'on s'approprie, oui plus qu'un artefact architectonique, elle est un artefact psychique qui nous permet de vivre mieux autant que la nature nous le permettrait, oui la salle de bain est l'endroit exceptionnel de la maison, oui pour l'animisme des choses de la maison « un espace d'animisme involontaire », oui pour les objets de l'habitacle y compris les vêtements qu'ils sont l'amplificateur de la personnalité,…..des perceptions qui font déjà parties de ma conception pour ne pas dire
philosophie de la maison. Son mélange d'impressions intimes et de raisonnement , son approche de « faire maison » des débuts , vers la moitié du livre peu à peu verse à la digression, où il identifie a « la maison » , sa gémellité avec son jumeau disparu, partiellement compréhensible dans le fond, mais dans l'ensemble un peu tirée par les cheveux, pour aboutir à une hallucination et un raisonnement qui perd pied avec la maison du futur devenu planète, ressemblant à une extension et radicalisation du concept du Airbnb. Il pense qu'on devrait changer de maison à chaque saison comme on en a besoin de le faire avec nos habits. Que penser ? Il parle pour qui ? Pour une poignée de privilégiés ? Son final devient une prêche de prophète, « chaque portion du globe s'est transformée en chambre, en garage, en cuisine, en remise, en salle de bain cosmiques ». Pourtant il y a des choses intéressantes dans son livre, comme une définition du travail de l'Ecriture indirectement liée à la
philosophie de la maison; l'écriture qui nous permet de nous retrouver, de passer d'un corps à l'autre, d'une espèce à l'autre, d'un temps à l'autre, de pénétrer d'autres vies, afin de changer d'espace et de temps dans notre tête, or conclut-il, on a besoin d'une maison comme de l'Ecriture pour les mêmes raisons….là il pousse le bouchon un peu trop loin. Et encore plus quand il dit que tout les habitacles urbanisés, fixes, sont une forme de « bovarysme végétale ». Bovarysme, se croire autre que ce qu'on est , comme Emma 😁, et végétal car la ville « est un groupe d'individus humains qui rêvent d'être une forêt ». Ici, mon Q.I. est insuffisant pour en saisir l'analogie et la subtilité 😁.
Coccia me laisse dubitatif, je retourne à mes pénates et continue à faire maison avec ma propre philosophie humble de la maison fait maison 😁 . Étant une curieuse j'espérais y puiser des nouvelles perspectives, vu que j'ai aussi beaucoup déménagé et « fait maison » dans divers pays et villes. Mais sa philosophie digressive très subjective basée sur son expérience globe-trotter, sa conception de cybermaison futuriste déprimante, son attitude de prédicateur comme l'injustice qu'il dénonce entre les espèces, ne m'apportent rien de bien enrichissant , je n'ai rien trouvé à y puiser pour mon compte. « La maison du futur devrait être cette pierre philosophale : le principe permettant à toutes les choses de se transformer entre elles et à toute vie de se savoir équivalente à toute vie », propos de philosophe comme je ne les aime pas 😁!