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Léo Texier (Traducteur)
EAN : 9782743654429
208 pages
Payot et Rivages (13/10/2021)
4.04/5   12 notes
Résumé :
Partant de l’expérience de ses trente déménagements, dans un style de conteur très personnel, croisant les disciplines et analysant des sujets apparemment ordinaires comme la cuisine, les armoires, les lits, les couloirs et jusqu’aux salles de bains, sans négliger la parentalité, le sexe et le soin, Coccia aborde de manière passionnante un sujet ancestral et très moderne, qui nous concerne tous.
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
La philosophie n'est pas ma matière de prédilection, mais bon le billet de Patsales ( copine babeliote 😊) et le sujet « la maison » qui me tient à coeur, ont suscité ma curiosité. C'est un philosophe italien installé et enseignant à Paris qui nous en donne une perspective qui au départ semble intéressante par ces temps de Pandémie, où depuis deux ans nous sommes quasi en permanence assignés à domicile.
Il part du fait que la philosophie depuis sa naissance, a toujours privilégié la ville comme lieu d'habitation. Or dit-il, les seuls vrais habitants d'une ville sont les sans-toits , les clochards. le reste habite des maisons, des appartements, des studios, des cabanes….D'où cette incursion dans l'habitacle privé, qu'il isole de son contexte , l'endroit, la ville où il se trouve. Il ajoute, « Une maison est la domestication du monde pour le changer en un habit, un costume qui nous adhère parfaitement jusqu'à se confondre avec notre anatomie, notre imagination » , or nous l'avons négligée au point de le reléguer au résidu de notre vie, celle qui restait une fois le spectacle à l'extérieur terminé, celle qui pourtant renferme tout ce que nous ne pouvons partager avec les autres. À travers la maison on continue à créer notre intimité celle commencée à la naissance avec notre première respiration pour être vivant, s'approprier la vie, s'y trouver une place. Et c'est suite à ses nombreux déménagements qu'il a conclu que « la maison » correspond à «  faire maison », («  Il trasloco dimostra questo: non esistono case, esiste solo il far casa. »), une drôle d'expression 😊!
Pour ce philosophe considéré comme « un dandy de l'écologie, un ovni de la philosophie », après 30 déménagements, paradoxalement, tout l'univers est maison. Une conception vaste où il inclue, jardins, vêtements, forêts….Oui la maison est un univers que l'on s'approprie, oui plus qu'un artefact architectonique, elle est un artefact psychique qui nous permet de vivre mieux autant que la nature nous le permettrait, oui la salle de bain est l'endroit exceptionnel de la maison, oui pour l'animisme des choses de la maison « un espace d'animisme involontaire », oui pour les objets de l'habitacle y compris les vêtements qu'ils sont l'amplificateur de la personnalité,…..des perceptions qui font déjà parties de ma conception pour ne pas dire philosophie de la maison. Son mélange d'impressions intimes et de raisonnement , son approche de «  faire maison » des débuts , vers la moitié du livre peu à peu verse à la digression, où il identifie a «  la maison » , sa gémellité avec son jumeau disparu, partiellement compréhensible dans le fond, mais dans l'ensemble un peu tirée par les cheveux, pour aboutir à une hallucination et un raisonnement qui perd pied avec la maison du futur devenu planète, ressemblant à une extension et radicalisation du concept du Airbnb. Il pense qu'on devrait changer de maison à chaque saison comme on en a besoin de le faire avec nos habits. Que penser ? Il parle pour qui ? Pour une poignée de privilégiés ? Son final devient une prêche de prophète, « chaque portion du globe s'est transformée en chambre, en garage, en cuisine, en remise, en salle de bain cosmiques ». Pourtant il y a des choses intéressantes dans son livre, comme une définition du travail de l'Ecriture indirectement liée à la philosophie de la maison; l'écriture qui nous permet de nous retrouver, de passer d'un corps à l'autre, d'une espèce à l'autre, d'un temps à l'autre, de pénétrer d'autres vies, afin de changer d'espace et de temps dans notre tête, or conclut-il, on a besoin d'une maison comme de l'Ecriture pour les mêmes raisons….là il pousse le bouchon un peu trop loin. Et encore plus quand il dit que tout les habitacles urbanisés, fixes, sont une forme de « bovarysme végétale ». Bovarysme, se croire autre que ce qu'on est , comme Emma 😁, et végétal car la ville « est un groupe d'individus humains qui rêvent d'être une forêt ». Ici, mon Q.I. est insuffisant pour en saisir l'analogie et la subtilité 😁.

Coccia me laisse dubitatif, je retourne à mes pénates et continue à faire maison avec ma propre philosophie humble de la maison fait maison 😁 . Étant une curieuse j'espérais y puiser des nouvelles perspectives, vu que j'ai aussi beaucoup déménagé et « fait maison » dans divers pays et villes. Mais sa philosophie digressive très subjective basée sur son expérience globe-trotter, sa conception de cybermaison futuriste déprimante, son attitude de prédicateur comme l'injustice qu'il dénonce entre les espèces, ne m'apportent rien de bien enrichissant , je n'ai rien trouvé à y puiser pour mon compte. « La maison du futur devrait être cette pierre philosophale : le principe permettant à toutes les choses de se transformer entre elles et à toute vie de se savoir équivalente à toute vie », propos de philosophe comme je ne les aime pas 😁!
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« Philosophie de la maison »: les deux termes ici accolés forment une combinaison qui ne nous est pas familière. La maison est souvent synonyme de repli sur soi, tandis que la philosophie est née de la ville conçue comme l'espace du dehors, où tout se joue (travail, consommation, loisir, instruction, citoyenneté…).
Coccia commence par définir la maison, et ne cessera de revenir à cette définition initiale pour la marteler et l'enrichir : ce qui permet de « construire une intimité, nous assimiler à ce qui est proche, aimer et polir ce que nous aimons jusqu'à en faire notre propre peau. »
Cette intimité a notamment été exprimée par Le Corbusier et son Modulor, pour imaginer une demeure à partir du corps qui s'en servira. Mais la maison moderne trahit ce corps: l'intégration récente de la salle de bain à nos habitations, maison dans la maison, sphère privatisée au sein de la sphère privée, tente de nous faire croire que la solitude est nécessaire aux soins du corps alors même que nos organes sexuels sont les seuls qui ont besoin d'autrui pour fonctionner pleinement. Si la maison est bien le lieu de l'intime, peut-être faut-il repenser l'intimité.
Coccia s'efforce d'approcher la notion par l'intermédiaire de plusieurs métaphores. Ainsi, la maison est moins dans l'espace que dans les objets: elle est un musée personnel dans lequel nous contemplons notre âme. Elle est aussi semblable à un vêtement. Se créer une garde-robe, définir son lieu d'habitation, c'est dans l'un et l'autre cas transformer nos sentiments en matière tangible : « Nous fabriquons des vêtements et des maisons non pour protéger le corps, mais parce que le corps ne suffit pas à l'âme. »
Or, ni les vêtements ni la maison ne sont à l'usage de leur seul propriétaire : ils donnent à voir. Et c'est d'autant plus vrai à l'heure des réseaux sociaux. L'opposition entre le public et le privé a disparu. La maison doit donc cesser d'être comprise par rapport aux murs qui la sépareraient d'un dehors de plus en plus incertain. Vivre dans un immeuble, n'est-ce pas renouer avec l'extérieur, à se sentir comme perché à la cime d'un arbre? Plutôt que de concevoir la maison à partir de la salle de bain où nous nous enfermons solitairement, il faut la repenser sur le modèle de la cuisine : un lieu de fusion. Fusion entre le passé qui nous a permis d'apprivoiser le feu et la modernité des appareils techniques. Entre le dehors qui nous approvisionne et le secret de l'alchimie au creux de nos casseroles. Entre les ingrédients qui s'interpénètrent, que nous transformons et qui nous transforment.
Originairement, les métaux sont issus de la terre. Avec les ordinateurs, nos cerveaux sont faits de la même substance que la planète. Il faut donc se rendre à l'évidence : notre maison s'est élargie aux dimensions du monde. Nous ne pouvons plus sortir de chez nous.
Des lors quelles habitations construire dans ce monde devenu liquide? Des lieux ouverts et renouvelés: Airbnb, nouvelle promesse de bonheur !
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Un essai sur l'espace domestique, la maison et ce qu'elle symbolise. Entre artefact et division de l'espace pour symboliser des moments de vie, confinement et accès à la rue et au monde, excroissance via les vêtements et les réseaux sociaux, l'auteur développe une vision de la maison multiple au travers de ses propres expériences. Souvenirs d'enfance, premiers habitats dans différentes villes d'Europe ou aux Etats-Unis (on passe de Milan à Berlin en saut de puces et anecdotes locatives), instants de vie au travers des yeux de sa fille (le moment avec l'amie imaginaire est très drôle), ce récit est à la fois sociologique, philosophique et porte en lui une touche romanesque pas déplaisante pour un essai. L'ensemble est divisé par thèmes reprenant les pièces d'une maison classique pour apporter des réflexions plus globales sur le genre, la cellule familiale, la mécanique de l'esprit. Je n'ai pas adhéré à tout car certaines remarques sont plus personnelles qu'universelles mais il s'agit clairement d'une lecture vers laquelle je reviendrai.
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critiques presse (2)
LesInrocks
17 janvier 2022
“Artefact psychique plus que seulement architectural, la maison est ce qui nous définit et nous dépasse”, rappelle Coccia. Dans les deux cents pages d’un livre stimulant et novateur, le philosophe déploie son approche déjà à l’œuvre dans ses précédents La Vie sensible ou encore La Vie des plantes.
Lire la critique sur le site : LesInrocks
LesInrocks
10 janvier 2022
Il n’y a au fond rien de plus passionnant, de plus urgent, de plus important à investir pleinement que son espace domestique. En renversant toutes les préconceptions sur le sujet.
Lire la critique sur le site : LesInrocks
Citations et extraits (5) Ajouter une citation
Intimità è il vero nome di quello che chiamiamo «coscienza» e «cura».
L’intimité est le vrai nom de ce que nous appelons « conscience » et « soin ».
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Toute lecture…est comparable à une prise de LSD ou à une session d’ayahuasca. Les mots sont de la poudre blanche ou une boisson à la saveur désagréable. Mais gorgée après gorgée, quelque chose apparaît devant nous, quelque chose qui n’a rien à voir avec notre corps ou avec le monde qui l’entoure. Avec une différence décisive : grâce à cette substance , nous pouvons dompter les visions, les induire de nous-mêmes et, surtout, les reproduire à volonté. (Page 115)
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Un vêtement est une maison retournée en une vitrine qui donne à voir son contenu hors de ses frontières, et une maison est un habit qui s’est élargi au point de devenir une armoire psychique couvant toutes les transformations de celui qui le porte.
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La maison correspond à une auto domestication de nous-mêmes pour nous adapter au monde dans lequel nous vivons, et inversement, à la domestication du monde pour le transformer en un vêtement, un costume qui adhèrerait à nous jusqu’à se confondre avec notre anatomie et notre image.
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La maison contemporaine est une sorte de caverne platonicienne, la ruine morale d'une humanité archéologique.
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Vidéo de Emanuele Coccia
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Cycle de quatre rencontres organisées par le LéaV-Ensa Versailles, l'École Camondo Paris-MAD, le Centre culturel suisse. On Tour. Sous la direction de Claire Hoffmann, Alexis Markovics et Annalisa Viati Navone.
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