Pour cette Masse Critique privilégiée un peu particulière, Babelio (que je remercie bien sûr, ainsi que l'éditeur Belfond) nous demande de rédiger une critique sous forme de lettre à qui nous le souhaitons pour lui raconter notre ressenti sur cette lecture. J'ai choisi, une fois n'est pas coutume, d'écrire à ma mère, aussi grande lectrice que moi.
Maman,
Tu seras sans doute très surprise de recevoir cette lettre, alors que nous ne nous écrivons ces temps-ci que par textos, excepté mes traditionnelles cartes postales de vacances (elles risquent de se faire rares prochainement!). Mais tu es la première personne à qui j'ai pensé après ma dernière lecture, «
L'inconnu de la forêt », de
Harlan Coben, c'est d'ailleurs pour ça que je t'ai envoyé ce sms hier soir, te demandant s'il faisait toujours partie des auteurs que tu apprécies. Comme c'est le cas, je vais t'en dire un peu plus, pour t'aguicher ! de toute façon, te connaissant, je suis sûre qu'en faisant tes courses tu es passée au rayon librairie, et que sa couverture noire et jaune fluo t'a attiré l'oeil.
Moi j'ai eu la chance de le recevoir par l'intermédiaire de Babelio, ce site dont je t'ai déjà si souvent parlé. Ah...si seulement tu te connectais à internet, en plus tu as l'abonnement! Mais revenons à notre Coben. D'ailleurs je m'aperçois que j'ai encore «
Sans défense » et «
Disparu à jamais » qui t'appartiennent...
Dans ce nouveau roman, il y plein d'ingrédients qui devraient te séduire : une enquête autour de la disparition de deux adolescents, un mystérieux enquêteur au physique de Tarzan moderne, une avocate septuagénaire et très médiatique avec un franc-parler qui décoiffe, et un politicien pervers et manipulateur qui ne reculera devant rien pour arriver au sommet. Tu trouveras même un brin de romance pour épicer un peu tout ça. Comme je suis sûre que tu es déjà accrochée, j'en dévoile encore un peu, mais pas trop, hein !
Les personnages : Une ado de 15 ans, Naomi, qui est le souffre-douleur de sa classe, et dont la disparition semble ne pas étonner grand monde, excepté Matthew, son seul « ami » si on peut qualifier d'ami quelqu'un qui n'ose pas prendre sa défense pour ne pas devenir impopulaire à son tour. Mais il va quand même faire la démarche d'en parler à sa grand-mère, Hester Crimstein, la fameuse avocate déjà croisée dans plusieurs des romans de Coben. Hester va à son tour rameuter Wilde. Wilde, c'est un peu le personnage pivot de l'histoire. Au début du roman, une introduction nous raconte l'histoire d'un enfant sauvage, découvert dans une forêt à l'âge d'environ 6 ans, ignorant tout de lui-même y compris son prénom mais par contre très débrouillard et sachant lire. Tu as deviné, ce petit Mowgli est devenu le Wilde adulte de l'histoire. Après une période dans l'armée, il est retourné vivre en forêt, dans une « écocapsule » hyper-connectée qu'il déplace régulièrement pour ne pas être dérangé. Il est donc resté un peu sauvage, mais il ne dédaigne pas les aventures avec de jolies femmes, notamment la mère de Matthew, Laila, qui a perdu son mari (fils d'Hester) dans un accident des années plus tôt. On croise aussi Crash, le gosse de riches, vedette de la classe de Naomi et de Matthew, peut-être impliqué dans le disparition de l'adolescente. Ça va, tu me suis ? Là tu as tous les protagonistes principaux de la première partie, qui fait 125 pages.
Ensuite, ça se corse, l'ébauche d'un scandale politique se profile, et un autre ado, le fameux Crash, va disparaître à son tour, en lien avec de potentielles révélations que pourraient faire ses parents sur un candidat très controversé à la présidence des États-Unis. Mais non, je te vois venir, ce n'est pas Trump, même s'ils ont pas mal de côtés très désagréables en commun, notamment l'absence de scrupules et une faculté de manipulation très développée. Ce charmant bonhomme, c'est Rusty
Eggers, un ancien ami de Dash et Delia Maynard, les parents de Crash (on se demande où il trouve ces noms!). Wilde, aidé de Hester et de quelques relations va prendre les choses en main pour retrouver les deux jeunes disparus...Je te laisse sur ta faim !
Je t'ai promis un peu de romance, donc je te dévoile juste encore qu'une belle histoire s'ébauche entre Hester et Oren, un flic bientôt à la retraite qui participe de façon assez marginale à l'enquête.
Mais là, ça suffit, je ne te dis plus rien !
Sache juste que ce roman , même si c'est loin d'être le meilleur de Coben, a quand même pas mal d'atouts pour te plaire, notamment ce nouvel enquêteur un peu mystérieux, sur lequel on aimerait bien en savoir plus. D'ailleurs tout laisse supposer qu'on le reverra dans d'autres opus. Hester Crimstein par contre se dévoile beaucoup, on découvre certains aspects insoupçonnés de sa vie, et son caractère bien trempé nous la rend plutôt sympathique, en tout cas moi je l'aime bien. A l'inverse j'ai trouvé le jeune Matthew un peu fade et pas très courageux, mais bon c'est courant à cet âge-là ! Quand à l'intrigue,
Harlan Coben n'a pas pour habitude de faire simple, mais on ne se perd pas, même s'il y a quelques péripéties et personnages dont on aurait pu se passer. Et bien sûr la fin, notamment la très courte troisième partie est riche en rebondissements. Je n'avais pas tout deviné, c'est dire !
J'espère t'avoir appâtée avec ce petit aperçu, mais ne cède pas à la tentation de l'acheter, je te prêterai mon exemplaire, ou qui sait, peut-être que tu auras la surprise de le trouver dans ta boîte aux lettres un de ces jours...
Prends bien soin de toi en ces temps difficiles, j'espère qu'on pourra quand même se revoir d'ici quelques semaines. Bonnes lectures en attendant, et le bonjour à Elvis, ton futur compagnon à quatre pattes.
Affectueusement, ta grande
Sylvie
P.S. J'en profite pour te remercier de m'avoir inoculé ce virus bien plus sympathique que la Covid : le goût de lire, en coopération avec ta propre mère, ma grand-mère.