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3,66

sur 573 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Si vous décidez d'ouvrir ce livre, d'écarter les larges feuilles vertes sur fond bleu turquoise de la couverture qui accroche l'oeil, sachez que vous entrerez symboliquement dans l'arbre du pays Toraja, c'est à dire dans la sépulture destinée aux très jeunes enfants de ce pays. Oui, carrément !
Mais non, votre lecture ne sera pas triste, morne et larmoyante, bien au contraire. C'est un arbre symbole de vie et d'espoir d'un pays où la mort côtoie la vie naturellement, où elle est longuement célébrée, contrairement à chez nous.

« Une cavité est sculptée à même le tronc de l'arbre. On y dépose le petit mort emmailloté d'un linceul. On ferme la tombe ligneuse par un entrelacs de branchages et de tissus. Au fil des ans, lentement, la chair de l'arbre se referme, gardant le corps de l'enfant dans son grand corps à lui, sous son écorce ressoudée. Alors peu à peu commence le voyage qui le fait monter vers les cieux, au rythme patient de la croissance de l'arbre. »

Le ton est donné dès le début : le style est beau, direct, l'histoire énigmatique et simple à la fois. Un quinqua cinéaste, le narrateur, s'interroge à la mort de son meilleur ami et producteur sur la place qu'il occupait dans sa vie, sur sa nouvelle « présence » auprès de lui, sur la force des liens amicaux même au-delà de sa disparition physique.

« Le texte est devenu l'arbre du pays Toraja. »
La métaphore, même évidente, est belle. Philippe Claudel a déposé dans son arbre-hommage des lambeaux d'âmes défuntes, des souvenirs de vie et de magnifiques interrogations sur les rameaux qui poussent…après, car la vie continue et doit continuer, car « Vivre, en quelque sorte, c'est savoir survivre et recomposer. »
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Le narrateur a parcouru, durant le printemps 2012, l'île de Sulawesi, en Indonésie. C'est ici qu'il a pu voir un arbre particulier et majestueux. Un arbre où reposent les très jeunes enfants venant à mourir au cours des premiers mois. Au fil des ans, l'arbre se referme, gardant ainsi le corps de l'enfant dans son grand corps à lui.
De retour chez lui, ce cinéaste apprend tragiquement le cancer de son producteur et meilleur ami, Eugène. Un cancer ordinaire, un débutant selon lui, pris à temps. Malheureusement, il n'aura rien d'ordinaire. Bien au contraire. Puisqu'Eugène meurt moins d'un an plus tard.
Ce sera l'occasion pour cet artiste, depuis qu'il a perdu une part de bonheur et d'équilibre, de méditer sur la mort. Sur la place qu'elle occupe dans nos vies. Sur le vide qu'elle laisse en perdant ceux qu'on aime. Sur la peine qu'elle nous afflige.

Philippe Claudel, dans ce récit quelque peu autobiographique, donne à voir, à réfléchir et à (re)penser. Autant de réflexions sur la vie, la mort, l'amour, l'amitié, dans ce qu'elle de plus intense et sincère, l'absence, la vieillesse, le temps qui passe, le bonheur, la maladie, le chagrin ou encore le cinéma et la littérature. Autant de sujets abordés avec finesse, émotion, lucidité et poésie.
L'histoire émouvante d'un homme, au mitan de sa vie, qui s'interroge sur sa propre place dans le monde. Un homme partagé entre le passé et l'avenir, représentés l'un et l'autre par les deux femmes de sa vie. L'une jeune, l'autre plus âgée.
Un bel hommage de la part de l'auteur à Jean-Marc Roberts.
Un hymne à la vie dans ce qu'elle a de plus précieux, lumineux et inattendu.
Un roman sur la mort, paradoxalement gorgé de vie.
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La mort, mort d'un inconnu,mort d'un ami,mort d'un proche,.....mort prématurée,mort voulue, mort attendue....suite à une maladie,un suicide,un accident,à la vieillesse....méditer,philosopher,lire des livres,fuir par tous les moyens.....rien ni fait,elle est là,nous attend un jour,et il n'y a.....aucun échappatoire....rien de nouveau sur ce que je radote ici....et c'est aussi le sujet de ce livre.
Ce livre ,à part que Philippe Claudel soit un auteur que j'affectionne beaucoup,m'a attirée par son titre, venant de rentrer d'un trés beau voyage en Indonésie et,ayant notamment passé quelques jours dans le pays Toraja,qui m'a comme Claudel,beaucoup impressionnée et touchée.Impressionnée et touchée surtout par leur approche à la mort et à leurs morts,l'intégrant dans le déroulé de leurs vies, trés loin de notre propre approche néfaste ,nous occidentaux.Mais de là ,s'ils sont plus à l'aise avec? Une autre question.Ni Claudel,ni nous ne le pourrions jamais savoir,même si on leur posaient la question....la réponse ne sera jamais le garant du ressenti.Du moins c'est mon avis.
Eugène,Jean Christophe,Gary....des amis morts, des disparitions à jamais.... comment s'y apprivoiser à cette fin inéluctable....Claudel,nous parle de sa propre vie et de ses tentatives de recherche d'apprivoisement("je dirais que je cherche à réfléchir sur la part que la mort occupe dans notre vie, comment nous l'intégrons à nos jours, à nos activités de vivants, à nos amours, à notre travail, et comme nous oeuvrons avec ou contre elle").
Imaginant un personnage de robot ,l'Écho 23 987, pour son prochain film, qu'il voudrait immortel et doté de tout ce qu'un mortel peut accumuler dans une vie,et plus, intelligence,mémoire....il se retrouve là aussi face à un mur.Comment parvenir à faire mourir ce qui n'est pas vivant.... Waouh! La contradiction ...on invente un robot d'apparence d'un vieux,doté d'un pouvoir surhumain, qui surpasserait tout humain existant sur terre,mais qu'il vit(?) éternellement ...non,non,non...Et la réaction truculente de Michel Piccoli à qui il propose le rôle:
« Je n'ai jamais joué Dieu. Un pape, oui, mais pas Dieu. J'attendais cela depuis une éternité". Comme quoi même si l'idée est terrible,on en rêve,Dieu et l'immortalité.....
Un texte un brin nombriliste,avec certains passages, dont détails sexuels,un brin too much ....des rites funéraires des Toraja ,au lit de Claudel ,on n'est plus tout à fait dans le même registre , ni niveau intellectuel,....je pense que c'est sa façon d'appréhender la mort ,du moins ,c'est ce que j'ai compris.Bien qu'il prétend d'avoir écrit ce texte pour son meilleur ami Eugène ("Eugène est là dans les pages,les lignes ou entre elles.Le récit est sa chambre plutôt que son tombeau....Eugène n'est plus en dessous.Il est ici.Le texte est devenu l'arbre du pays Toraya"),
il parle surtout de lui-même,de ses craintes,ses peurs, ses angoisses....face à son propre vieillissement,et celui de ses proches et bien sûr face à cette fin qui nous attend tous.

Un clin d'oeil aussi au trés beau film de Paolo Sorrentino," La Grande Bellezza", qui pourrait être une version cinématographique de ce livre.

"Mais, à mon âge, on ne vit plus au jour le jour", dit l'auteur,et se contredit ,terminant sur une note optimiste, qui confirme bien qu'on ne peut rien contrôler,au contraire mieux vivre au jour le jour,et adviendra ce qui adviendra....

Pour finir, je dirais pour celles ou ceux qui n'ont pas encore lu le livre,une phrase d'Eugéne au narrateur,chaque fois qu'il lui offrait un livre:
"Cela devrait vous plaire."
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L'arbre du pays Toraja est une sépulture pour les très jeunes enfants décédés au cours des premiers mois de leur vie ; Toraja est un peuple de l'île de Sulawesi pour lequel la mort occupe une place prépondérante. Philippe Claudel a été interpellé par ce lien très fort qui lie ce peuple à la mort. Cette partie du roman est le prémisse aux interrogations que l'auteur se posent sur la part que la mort occupe dans notre existence. Il assiste son meilleur ami qui meurt d'un cancer ; parle de ses deux femmes magnifiques qu'il côtoie, son ex-épouse et celle qui partage sa vie présente. L'arbre du pays Toraja, une séquence de vie avec les questionnements de Philippe Claudel, cinéaste au mitan de son existence.

Challenge Petits plaisirs - 209 pages
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Gros plan sur l'île de Sulawesi où vivent les Toraja. « L'existence de ce peuple est obsessionnellement rythmé par la mort ». L'auteur nous décrit à la fois le lieu et nous parle de la mort notamment l'arbre où l'on pose les nouveau-nés morts. La caméra s'éloigne un peu, montrant au passage, de vieilles Américaines siliconées qui se ressemblent toutes grâce à la chirurgie esthétique.

S'en suit une réflexion sur la vie, la mort, l'amour… car l'auteur, cinéaste de son métier, apprend qu'Eugène, son meilleur ami va mourir. Il est à une période de sa vie où l'on fait le bilan, il a divorcé mais continue à voir son ex, lors de rendez-vous dans la chambre d'un hôtel : « le couple de la 107 » qui aurait pu être le titre d'un film. En même temps, il observe une jeune femme jusque dans son intimité, dans un appartement situé juste en face du sien.

Comment se comporter vis-à-vis de quelqu'un qui va mourir ? Comment aborder l'autre ? Qu'est-ce que la maladie et la mort changent dans notre façon de nous comporter, de réfléchir…

Ce que j'en pense :

C'est une belle histoire que nous raconte Philippe Claudel, qui se trouve désemparé, en face de son ami Eugène. le mot cancer a été prononcé et tout bascule. En Occident on a beaucoup de mal à parler de la maladie, surtout le cancer : on parle d'une longue et douloureuse maladie, comme si le mot lui-même était dangereux, voire contagieux. D'ailleurs on a changé certains termes, le terme cancérologue a disparu, on parle d'oncologue, cela fait beaucoup moins peur…

C'est sa première expérience de la mort face au cancer. Il a perdu des amis déjà mais c'était par accident (alpinisme) ou suicide. Qu'est-ce que la mort, surtout quand il s'agit de quelqu'un de jeune encore

L'auteur va jouer avec les mots ; pronostic vital ? Rémission surtout pas guérison, la notion de durée aussi : J'ai toujours trouvé admirable la force qu'ont les hommes de « durer ». P 47. Préservation de l'espèce ?

Il se demande aussi pourquoi on devient malade. Est-ce une routine qui ferait qu'on baisse la garde ? L'auteur a besoin de réponses à ses questions, donc il va interroger le corps médical et c'est ainsi qu'il fait la connaissance d'Elena qui n'est autre que la voisine qu'il observe…

J'ai bien aimé ce livre mais… il y a un bémol. J'ai eu l'impression, malgré les réflexions profondes de l'auteur, d'être dans une salle de cinéma. Il y a beaucoup d'images, de zooms, de flash-back. J'ai eu souvent l'impression de lire un scénario.

Je pense que c'est délibéré car l'auteur est un cinéaste et il a voulu que l'histoire se déroule caméra au poing. Il en joue en quelque sorte : Je me rends compte qu'écrire est une inhumation qui ensevelit tout autant qu'elle met de nouveau au jour. le cinéma n'opère pas de la même façon, mais il est vrai qu'il n'est pas constitué non plus de la même matière. P 139

Cela me laisse une frustration. Néanmoins, son analyse me plaît car il aborde tous les sujets, toutes les réflexions sans tabous, avec une grande lucidité sur l'homme contemporain.



Note: 8/10
Lien : http://eveyeshe.canalblog.co..
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Savez-vous que près d'un village du pays Toraja en Indonésie, il existe un arbre particulier ? C'est un arbre-sépulture, un arbre qui accueille en son tronc les corps des très petits enfants décédés. Ainsi confiés à l'arbre, ces petits êtres continuent ainsi à grandir en même temps que lui...

C'est parce qu'il vient de perdre son meilleur ami, que le narrateur nous embarque dans une jolie réflexion sur l'amitié, l'amour, le vieillissement et la mort. Et contrairement au thème annoncé, la lecture n'est en rien morose, elle est en fait un hymne à la vie, un engagement à aller de l'avant, à oser poursuivre.

« Nous sommes tous des arbres qui accueillons en nous des présences. »
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Mon premier Philippe Claudel lu, pour moi n'est pas un roman, ni une biographie, ni un récit, ni un essai. C'est une tranche de vie, une conversation avec la mort, avec l'amour aussi.
C'est un texte sur la maladie et la vieillesse raconté avec pudeur et bienveillance mais sans concession, avec des mots aux images abruptes parfois.
Philippe Claudel perd son seul et meilleur ami, Eugène, son producteur aussi.
L'auteur dans sa souffrance sous-jacente brosse un tableau de son entourage, des femmes de sa vie, de ses rencontres. Tout est distillé, tamisé même par le curseur des âges et du temps qui passe inéluctablement avec son lot d'arcs en ciel et de nuages noirs.
J'ai apprécié avoir des réponses à des questions que je ne me posais pas ou pas encore.
C'est aussi un ensemble de réflexions toutes empreintes d'émotions tellement bien transcrites dans ses tournures que le philtre de nos sentiments le greffe sur notre vécu.
Pourquoi « L'arbre du Pays Toraja » ? Pour ce peuple, la mort se mêle à la vie et, la vie à la mort. Sans fin.
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Philippe Claudel s'attache tout d'abord aux habitants de l'île de Sulawesi et à leurs rites de la mort qui habitent toutes leurs vies.
Revenu chez nous, l'auteur est confronté à la maladie et la mort d'Eugène, un ami très proche.
Il fait ensuite le tour des différentes morts qui l'ont touché et approché : celle de son père, de sa fille à la naissance, de ses compagnons d'alpinisme, de suicides .
Il ne tombe jamais dans le pathétisme à outrance, il mène une réflexion bien utile pour lui à ce stade de son existence.
Il fait connaissance avec une jeune femme qui représente la vie mais c'est étonnant de voir comme il la voit avec recul.
J'ai été amusée par la considération qu'il a de son âge : il se voit trop vieux. Sans doute, est-ce l'épreuve de la perte de son ami?
C'est un livre très riche en réflexions, en tournures de phrases que j'ai relues à plusieurs reprises tellement je les aimais. Je les entendais en même temps que je les lisais.
Dommage que la toute dernière partie traîne un peu en longueur.
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La première page de couverture de ce livre est très belle. Les feuilles de cet arbre du pays Toraja sont comme un symbole de vie, un renouveau, un espoir.

C'est ainsi que j'ai envie de voir ce roman dans lequel le narrateur, cinéaste écrivain, parle beaucoup de la mort.
Celle de son ami Eugène, producteur de films. Celle de sa fille morte née. Celle de sa vie passée, aussi...

L'arbre du pays Toraja est un arbre particulier. " C'est une sépulture réservée aux très jeunes enfants venant à mourir au cours des premiers mois. [...] Au fil des ans, lentement, la chair de l'arbre se referme, gardant le corps de l'enfant dans son grand corps à lui, sous son écorce ressoudée. Alors peu à peu commence le voyage qui le fait monter vers les cieux, au rythme patient de la croissance des arbres."

Ainsi, la vie se nourrit de la mort. Et la mort de la vie...

De son écriture délicate et très intimiste, Philippe Claudel, à travers le personnage de ce cinéaste nous fait sans doute partager ses propres interrogations face à la mort, sa façon à lui de l'aborder.
Il n'y a rien de triste dans ce livre mais on y perçoit beaucoup de nostalgie. Entre la douceur des souvenirs et la tendresse d'un amour naissant et bien présent, le narrateur nous emmène sur un pont bien fragile, qui est propre à chaque existence. Un pont qui relie le passé et l'avenir, qui fait de nous ce que nous sommes, qui nous montre à quel point la vie est vulnérable mais tellement précieuse.
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Ouvrir un livre de Philippe Claudel est pour moi la promesse d'un grand bonheur littéraire.
Une fois de plus l'auteur de m'a pas déçue. Dès les premières pages j'ai succombé au charme de cette écriture si fluide qu'elle semble couler d'une source intarissable.
Après l'échec commercial d'un de ses films, le narrateur part pour l'Indonésie où il découvrira un bien étrange rituel.
Au pays Toraja, un arbre mystérieux sert de sépulture aux jeunes enfants, se nourrit de leurs âmes et les portent vers le ciel.
De retour en France, l'auteur est confronté à la mort d'Eugène, son meilleur ami et producteur, victime d'un « vilain cancer ».
A travers ces deux évènements, Philippe Claudel s'interroge sur la mort, mais aussi sur le vieillissement et la fragilité de l'existence.
Avec son écriture évocatrice, il nous livre le souvenir de son amitié avec Eugène source de joies infinies mais nous parle aussi de ses amours passées et présentes.
Des rencontres émouvantes jalonnent ce récit, notamment celle avec Michel Piccoli pressenti par le narrateur pour un rôle dans son prochain film. Et surtout l'évocation de Milan Kundera, auteur préféré d'Eugène, croisé dans un café dans une ultime rencontre.
Bien que la mort soit omniprésente, « l'arbre du pays Toraja », n'a rien de morbide, bien au contraire.
Ces pages sont habitées d'amour, d'amitié, de vie, d'espoir. Il y est aussi beaucoup question d'art, de création artistiques et de la place que tient la littérature dans la vie de l'auteur.

« La littérature parvient à rendre la vie plus vivante, à la réanimer, à chasser en elle, et pour un temps donné, hélas, ce qui la ronge, la mine et la détruit. »

Cette citation me paraît la meilleure des conclusions.

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